lundi 30 avril 2012

L’Espagne, double victime de l’euro


Tous les jours ou presque, un flot de nouvelles dramatiques nous vient d’Espagne. Le taux de chômage y est encore supérieur à celui de la Grèce. Pire, le pays semble à peine au début d’une vague d’austérité suicidaire, selon les dires du « prix Nobel » d’économie Paul Krugman.

Acte 1 : l’euro pousse-au-crime

Nicolas Sarkozy cite parfois l’Espagne comme l’exemple d’un pays mal géré, pour sous-entendre que les politiques socialistes ne pourraient mener qu’à la catastrophe. Mais cette présentation des choses est totalement malhonnête. En 2007, l’Espagne était souvent présentée comme le pays modèle de la zone euro, qui avait su concilier forte croissance (plus de 3% par an) et gestion rigoureuse (dette inférieure à 40% du PIB, excédent budgétaire de 2005 à 2007).

En fait, on le sait aujourd’hui, l’économie espagnole vivait sous la perfusion d’une gigantesque bulle immobilière, dont l’explosion explique la crise d’aujourd’hui. Mais ce qui est intéressant avec l’Espagne, c’est que l’euro en est responsable. En effet, Madrid a fait tout ce qu’elle a pu pour limiter la bulle, en gérant son budget de la manière la plus rigoureuse de toute la zone euro et en imposant aux banques des réserves additionnelles pour limiter la croissance du crédit.

Mais le problème de l’Espagne est qu’elle avait renoncé à mener une politique monétaire indépendante et adaptée à son économie. Si Madrid avait conservé la peseta, alors, il aurait suffi de monter les taux et il n’y aurait pas eu de bulle. Mais en faisant partie de l’euro, l’Espagne s’est vue imposée des taux beaucoup trop bas, un argent beaucoup trop bon marché, qui a poussé les acteurs économiques à emprunter plus que de raison, provoquant une immense bulle immobilière.

Acte 2 : l’euro camisole

dimanche 29 avril 2012

Quand les économistes continuent à accabler l’euro


Il est vraiment incroyable que la campagne présidentielle n’ait pas permis un débat plus en profondeur sur la question de l’euro, dont la crise est tout sauf terminée. Encore une fois, Patrick Artus et le « prix Nobel » d’économie Paul Krugman critiquent la monnaie unique.

Patrick Artus tourne-t-il casaque ?

Le chef économiste de Natixis est réputé pour ses flashs économie qui fournissent souvent des arguments aux intellectuels alternatifs. Pourtant, s’il est critique de la mondialisation, il est toujours resté favorable au libre-échange et à la monnaie unique. Mais il a publié en avril plusieurs notes où il se fait plus critique, au point de se rapprocher fortement du Rubicon. J’avais déjà fait un compte-rendu d’une note qui défendait la baisse du taux de change par rapport à la dévaluation interne.

Le 18 avril, il a publié le flash économie N°288, intitulé « Zone euro : l’erreur de conception est l’oubli de l’hétérogénéité structurelle ; elle peut conduire à l’éclatement de l’euro ». Il souligne les 4 hétérogénéités de la zone euro : niveaux de revenu et de prix, dotations en facteurs de production, fonctionnements des marchés du travail et spécialisations productives. Pour lui, l’union monétaire est « incompatible avec les multiples hétérogénéités entre les pays de la zone euro ».

En l’absence de fédéralisme, il faudrait que les pays aient la même croissance, la même inflation, la même évolution de la compétitivité coût, les mêmes besoins en investissements publics et un solde extérieur équilibré ! Mieux, il souligne que « les divergences de croissance s’amplifient ». Pour lui « ni le taux de change ni le fédéralisme ne peuvent corriger les déficits extérieurs » des pays en crise, qui le paient par une « hausse insupportable des taux d’intérêt et du chômage ».

Et le 19 avril, dans son flash marché N°291, il se demande « quelles possibilités de couverture contre un scénario d’éclatement partiel de la zone euro ? ». Patrick Artus commence par dire que « la sortie de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne présente un risque fort, tout en restant probable » car « en l’absence de taux de change comme variable d’ajustement », « ces pays ne supporteront probablement pas que le chômage soit la variable d’ajustement ».

Paul Krugman éreinte les politiques européennes

samedi 28 avril 2012

Le candidat Sarkozy, encore plus détestable que le président


On pouvait anticiper que la campagne d’entre deux tours serait dure. Nicolas Sarkozy n’a rien à perdre car il a beaucoup de retard. Il cherche le KO tout en essayant d’attirer l’électorat du Front National. Mais cette stratégie semble bien hasardeuse. Cela promet pour le 2 mai !

Une offensive tous azimuts

Pour être honnête, je n’ai jamais apprécié Nicolas Sarkozy. Le contentieux est ancien, il remonte à la présidentielle de 1995. Mais pire à mes yeux, il a trahi tout ce qui fait le gaullisme tout en prétendant parfois en être un héritier. En 2007, j’avais même consacré la bagatelle de quinze papiers pour « faire barrage » au candidat d’alors, développant tous les angles morts de son bilan, de son programme, de son caractère, de sa façon d’être ou de ses motivations.

Depuis dimanche soir, sa stratégie de campagne a trois volets. Tout d’abord, cogner sur tout ce qui bouge, les médias et les socialistes en se posant en victime. Puis, se présenter comme le candidat antisystème, qui se soucierait des petits, des ouvriers. Enfin, il a encore accentué son virage ultra droitier pour séduire les électeurs de Marine Le Pen, en déclarant son parti républicain, en reprenant de nombreux élément de son discours et en attaquant son adversaire sur l’immigration.

Hyper menteur

Mais un des aspects les plus incroyables de ces derniers jours est le déluge de mensonges du président. Il a nié avoir parlé de « vrai travail » sur TF1 alors qu’il avait employé le terme plusieurs fois. Vendredi matin, il a annoncé sur RTL que François Hollande allait régulariser tous les sans papier, alors qu’il explique depuis des mois qu’il ne le fera pas. De même, il soutient qu’il va donner le droit de vote aux étrangers, sans préciser qu’il s’agit uniquement des élections municipales.

D’ailleurs, il y a seulement quatre ans, il se déclarait favorable à une telle mesure, qu’il dénonce avec force aujourd’hui. Et ceci vient après d’autres mensonges sur Fukushima, où il avait dit qu’il était allé, ou sur les allocations familiales, dont il prétend que François Hollande veut les supprimer alors qu’il ne veut que réduire leur plafond. Pire, Nicolas Sarkozy a le culot de déclarer en meeting qu’il place sa candidature sous le signe de la « sincérité » !

Une campagne détestable

vendredi 27 avril 2012

Et si la fin de l’euro commençait le 6 mai ?


Naturellement, ce n’est pas le résultat du second tour de l’élection présidentielle Française qui risque d’accélérer la fin de la monnaie unique. Mais les Grecs votent pour leurs élections législatives le même jour et le résultat pourrait provoquer le début du démontage de l’euro…

Une saignée pour rester dans l’euro

Les nouvelles statistiques du chômage sont purement effrayantes : 21.8% de la population est sans emploi (contre 11.3% en janvier 2010). Pire, plus de 50% des jeunes sont également sans emploi. A la fin de l’année, le PIB aura reculé de près de 20%. Plus d’un quart des capitaux du pays sont partis depuis 2009. Bref, la Grèce traverse une crise économique encore plus violente que celle de l’Argentine, comparable à la Grande Dépression des Etats-Unis.

Tout le problème vient du fait que le pays aurait besoin de dévaluer pour sortir de la crise et relancer sa production. Les potions amères qu’il accepte de prendre depuis deux ans ne font qu’aggraver le mal. Et le dernier plan européen va à nouveau infliger des souffrances inutiles car les baisses de salaires vont accentuer la récession et alourdir le poids relatif de la dette. Bref, la Grèce est aujourd’hui saignée pour rien, ce qui est une véritable honte pour l’Europe.

Patrick Artus a récemment publié une note qui étudiait les deux options pour sortir d’une crise de la balance des paiements : la dévaluation de la monnaie ou la dévaluation interne (baisse des salaires). Pour lui, « il semble bien nettement moins coûteux en emplois de réaliser une dépréciation réelle du change (…) que par une baisse des salaires ». Bref, comme je le soutiens depuis plus de deux ans, avec d’autres et NDA, la Grèce (et sa Banque Centrale) prend la mauvaise voie.

Une population à bout

jeudi 26 avril 2012

Comprendre le vote Front National


Le score de Marine Le Pen, même s’il faut le relativiser par le fait qu’il est inférieur d’un point au score de son père et celui de Bruno Mégret en 2002, n’en reste pas moins important. L’occasion de se pencher sur les raisons qui expliquent ce vote qui a rassemblé près d’un Français sur cinq.

Un vote qu’il faut écouter

Le score du Front National est un des faits marquants du premier tour, qu’analyse de manière très intéressante le blog Mes élucubrations. Encore une fois, quelques bonnes consciences, à gauche, n’ont pas hésité à attaquer de manière violente ce vote, notamment sur Canal Plus. Ce mépris et cette suffisance sont inacceptables, comme le rapporte Aurélien Denizeau. Si on peut critiquer les politiques, en démocratie, il n’est pas normal de critiquer un vote, qui doit avant tout être entendu.

Emmanuel Todd avait dit que les électeurs du FN ne sont pas racistes, mais qu’ils sont malheureux. J’ajouterai qu’ils sont en colère, en colère (légitime) contre deux partis dominants qui les ont abandonnés face à une mondialisation qui détruit leurs emplois et leur pouvoir d’achat. Ils sont également en colère contre les mensonges et le double langage de ces gouvernements qui ont échoué depuis trente ans à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Ils sont également en colère contre le laxisme de nos dirigeants face à la montée continue de l’insécurité depuis quinze ans, face au sentiment d’impunité qui se développe chez certains délinquants, face aux remises en cause de notre République et un certain laisser-faire sur l’immigration, malgré les beaux discours. Et il faut être clair, toutes ces préoccupations sont parfaitement légitimes. Et le FN est pour l’instant le principal réceptacle de ces électeurs.

Les électeurs ne sont pas le parti

mercredi 25 avril 2012

Les sondages rendent-ils fous ?


Bien sûr, la critique des sondages est un peu facile. Néanmoins, l’analyse des résultats du premier tour démontre de manière éclatante leur influence trop importante. Les votes de dimanche sont beaucoup trop analysés par rapport aux derniers sondages.

Politique fiction…

Flashback. Vendredi 20 avril, la moyenne des derniers sondages indiquent que François Hollande est en tête autour de 28%, devant Nicolas Sarkozy à 25% et Marine Le Pen à 22%. François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon sont au coude à coude autour de 10%. Tous les journaux titrent sur le risque d’un 21 avril à l’envers et la dynamique de campagne de la présidente du FN, qui annonce qu’elle sera présente au second tour à ses troupes dans un dernier meeting.

Dimanche 22 avril, François Hollande atteint 28,6%, Nicolas Sarkozy 27%, Marine Le Pen, 18%, Jean-Luc Mélenchon 11% et François Bayrou 9%. A l’UMP, c’est le grand soulagement : les militants craignaient que leur candidat soit éliminé comme Lionel Jospin. Au FN, la déception est palpable. Les journalistes parlent d’un plafond de verre insurmontable et souligne que Marine Le Pen fait moins que le score cumulé de son père et de Bruno Mégret en 2002 (19,2%).

Au Front de Gauche, le score à deux chiffres, le fait de devancer François Bayrou, mais aussi le score décevant du Front National électrisent les militants, même s’ils regrettent le score élevé de Marine Le Pen. Une grande fête est improvisée place de la Bastille. Tous les journalistes insistent sur l’immense succès de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, qui a triplé son score en six mois et signe un score inédit depuis 1981 pour la gauche de la gauche.

Un autre regard sur les résultats

mardi 24 avril 2012

Compagnons, le combat continue !

Dimanche soir, la campagne pour les élections présidentielles s’est terminée. Nicolas Dupont-Aignan a rassemblé plus de six cent mille voix, soit 1,8% des électeurs. Même si nous espérions plus, ce score nous permet d’envisager l’avenir avec espoir, même s’il y aura beaucoup de travail.

Un résultat très honorable

Il faut être honnête, nous espérions réunir davantage de voix dimanche. Personnellement, j’espérais que nous pourrions accrocher le cap des 3% et dépasser Eva Joly. Malgré tout, il faut prendre du recul sur ce résultat, qui reste très honorable, comme la plupart des médias le soulignent. Après tout, nous avions réuni trois cent mille voix en 2009, nous avons plus que doubler notre score avec cette élection présidentielle, ce qui est un beau résultat. NDA termine en 7ème position.

En outre, il ne faut pas oublier que cette campagne ne s’est pas faite à armes égales d’un point de vue médiatique (à part pendant les deux dernières semaines). En quatre mois, NDA n’a eu droit qu’à un seul plateau de journal de 20H sur TF1 et aucun sur France 2. Le service public a fait le service minimum pendant la campagne officielle en accordant royalement seize minutes et quelques secondes de temps de parole en début de soirée à chaque candidat.

Du coup, les cinq grands candidats, qui avaient eu droit à au moins une émission complète de Des Paroles et des Actes avant le début de la campagne officielle (soit plus de deux heures pour expliquer leurs idées) plus Paroles de Candidat sur TF1 et de nombreux plateaux télévisés ont été très largement favorisés. Les médias ont décidé qu’il y avait deux classes de candidat et quand les règles étaient contraignantes, certains ont carrément choisi de réduire les programmes politiques !

Cinq nouvelles années de combat

lundi 23 avril 2012

Ceinture rose ou ceinture bleue ?


C’est donc le choix que nous aurons à faire (ou pas, d’ailleurs) le 6 mai pour le second tour de l’élection présidentielle. Quel sera le président qui aura la charge de mettre en place la rigueur exigée par les traités européens pour essayer de faire fonctionner la zone euro ?

Une finale malheureusement attendue

Bien sûr, il est rageant de constater que notre pays aura encore le choix entre les deux partis qui dominent notre vie politique depuis 30 ans. Mais cela n’est pas totalement illogique pour deux raisons. Tout d’abord, même si beaucoup de Français souffrent, nous n’en sommes pas encore arrivés à la situation espagnole. Il faut vraiment que la crise soit extrêmement grave pour qu’un peuple décide de se détourner des grands partis traditionnels, comme en Grèce aujourd’hui.

En outre, les choix alternatifs n’étaient pas à la hauteur. Le Modem peine d’autant plus à expliquer sa différence qu’elle est ténue, si ce n’est une volonté assez terrifiante d’austérité budgétaire (que François Bayrou présentait pourtant comme peu douloureuse). Nicolas Sarkozy a aussi pillé une partie de ses idées avec les débauchages, tout le monde parle du besoin d’acheter français. Et le reste de sa ligne politique est beaucoup trop proche de celle du PS et de l’UMP.

Le Front de Gauche réalise un bon résultat, que des sondages surévalués font oublier, mais son programme est pour le moment trop radical pour rassembler. Enfin, si le FN réalise un bon score, il ne faut pas oublier que cela reste inférieur au cumul des scores Le Pen – Mégret de 2002, dans un contexte pourtant bien plus favorable. L’impression de réussite de Marine Le Pen tient davantage au facteur sondages. Le plafond de verre n’a absolument pas été franchi.

Finalement, parce que les trois principaux outsiders n’ont pas suffisamment fait envie aux Français, nos concitoyens ont propulsé au second tour les deux vieux chevaux fatigués que sont le PS et l’UMP. Et les cinq plus petits candidats ont été affaiblis par le vote utile, en faveur des cinq plus gros. Et le rejet de Sarkozy a favorisé la mobilisation de la gauche pour sortir le sortant quand la peur du parti socialiste a réussi à mobiliser la droite autour d’un président, malgré tout.

François Sarkozy ou Nicolas Hollande ?

dimanche 22 avril 2012

Un divorce, de la résignation, de la colère et un espoir

Les premières estimations des résultats de l’élection présidentielle viennent de tomber. L’échec de Nicolas Sarkozy le 6 mai est inscrit dans les résultats d’aujourd’hui, qui ont permis aux Français d’envoyer un grand nombre de messages, d’autant plus clairs que la participation est forte.

Un divorce et une victoire par défaut

Le fait marquant de ce premier tour, c’est le résultat de Nicolas Sarkozy. Jamais un président sortant n’avait été devancé dès le premier tour. Même Valéry Giscard d’Estaing pouvait garder un certain espoir au lendemain du premier tour de l’élection de 1981. Mais là, tout indique que le président sortant sera sorti dans quinze jours. Avec un style et un bilan calamiteux sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité et l’éducation, finalement, tout ceci est parfaitement logique.

En outre, Nicolas Sarkozy y a ajouté une campagne hallucinanteil n’a pas hésité à promettre des choses qu’il avait déjà promises et qu’ils n’avaient pas tenues. Du coup, François Hollande n’a pas eu grand chose à faire pour tirer les marrons du feu. Et d’ailleurs, il n’a pas fait grand chose, préférant capitaliser sur le rejet de son adversaire. Et le candidat de l’UMP a été sauvé par le vide du candidat socialiste qui a permis une certaine mobilisation de la droite au premier tour.

1/3 des Français en colère

L’autre phénomène de cette campagne est la progression du Front de Gauche, donné autour de 5% en début de campagne, et qui a plus que doublé son score dans la campagne, même s’il ne devance pas le FN. Cet avènement d’un pôle fort à la gauche de la gauche est un résultat important. Mais ce score ne sera sans doute pas suffisant pour influencer François Hollande et il s’agira sans doute principalement d’une réserve de voix pour le second tour.

Malheureusement, le Front de Gauche n’a pas réussi à dégonfler la bulle Front National. Marine Le Pen réussit plutôt un bon score, autour de 20%, mais il faut noter que ce score est l’équivalent du score cumulé de son père et Bruno Mégret en 2002. Et pourtant, le contexte était éminemment plus favorable en 2012, avec la crise économique qui dure depuis près de quatre ans. Le plafond de verre est toujours aussi solide pour Marine Le Pen que pour son père.

Un espoir gaulliste se lève


La déconstruction européenne d’Eric Juillot (1/2)


C’est un livre passionnant qui est sorti à l’automne dernier, écrit par Eric Juillot, titulaire d’un Master d’études politiques sous la direction de Marcel Gauchet. L’auteur propose une analyse de la construction européenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le délitement de l’idée de nation

Dans le début du livre, Eric Juillot rappelle qu’en 1954, quand l’Assemblée Nationale rejette la CED (qui plaçait, déjà, les armées européennes dans l’orbite de l’OTAN), « les députés MRP quittent l’hémicycle pour protester contre son résultat, tandis que les députés communistes et gaullistes entonnent une marseillaise victorieuse ». Pendant une longue époque en effet, le sentiment national était fort, y compris à la gauche de la gauche, comme l’illustre le discours du PCF il y a trente ans.

Mais si l’Europe supranationale a pu avancer, l’auteur souligne le rôle de la mutation du sentiment national. Pour lui, la nation s’est désacralisée après la Première Guerre mondiale du fait des 1,4 millions de morts pour la Patrie : « le sacrifice de la vie des hommes va apparaître comme un prix trop lourd à payer pour une nation qui n’en vaut pas la peine ». Pour lui, cette guerre a fait émerger « le sacré de l’individu dont la vie doit être préservée ». On passe des devoirs aux droits.

Pour lui, cela explique le comportement de nos dirigeants avec Hitler, citant Blum, qui, après les accords de Munich écrivait se sentir « partagé entre la honte et un lâche soulagement ». Pour lui, en 1940, « les Français ont préféré survivre à leur pays », « la France a viscéralement refusé la guerre ». Il souligne que tout cela explique sans doute que ce soit un Français, Aristide Briand qui, le premier, a évoqué une construction fédérale de l’Europe, en 1929.

Puis, nous rentrons dans une phase de mythification de la nation après 1945. Naturellement, la période gaulliste constitue une parenthèse avec le Général de Gaulle qui refuse toute dérive supranationale de l’Europe, allant jusqu’au conflit avec la politique de la chaise vide. Mais ce sursaut patriotique prend fin avec le départ du Général et on passe carrément au déni de la nation pour laquelle ce dernier portait une « piété un peu idolâtrique » selon Beuve-Méry.

L’Europe contre les nations

vendredi 20 avril 2012

Nicolas Dupont-Aignan, le vote utile


Ce matin, j’ai développé les raisons pour lesquelles je pense qu’il faut voter Nicolas Dupont-Aignan. Mais beaucoup peuvent questionner ce choix du fait des sondages, même si la tendance est quasi unanimement à la hausse depuis le début de la phase d’égalité totale.

Un vote utile pour vos idées

Tout d’abord, s’il y a deux tours pour l’élection présidentielle, c’est justement pour permettre à chacun de défendre ses idées et ses convictions. Et cela est d’autant plus possible en 2012 que tout semble indiquer que les jeux sont faits. Nicolas Sarkozy et François Hollande seront au second tour et le président sortant sera logiquement sorti le 6 mai. Les calculs des uns et des autres ne changeront pas grand chose à une dynamique que l’on pouvait largement anticiper.

Mais surtout, il y a d’une part les partis de la résignation à la mondialisation et la casse sociale, salariale et environnementale qu’elle provoque : l’UMP, le PS, le Modem et les Verts. Pour reprendre la formule de Nicolas Dupont-Aignan au Bataclan, choisir ces partis, cela revient essentiellement à choisir la couleur de la ceinture qu’il faudra se serrer après les législatives car ils ne remettent absolument pas en cause le cadre économique dans lequel nous sommes.

De l’autre côté, il y a les partis plus protestataires, même s’il faut les distinguer. J’ai déjà expliqué pourquoi le FN est une impasse à mon sens car Marine Le Pen est une politicienne amatrice et extrémiste. Nathalie Arthaud et Philippe Poutou défendent des idées communistes totalement irréalistes. Jean-Luc Mélenchon a soulevé un grand espoir grâce à une bonne campagne mais j’ai de points de désaccords fondamentaux et je vois des angles morts dans son programme.

NDA représente une voie véritablement alternative par le primat qu’il donne à l’Etat-nation, seul garant de l’intérêt général. Cette alternative ne s’inscrit pas dans une rupture avec l’économie de marché, à laquelle je ne crois pas, mais propose néanmoins de remettre l’économie au service de l’homme. C’est l’abaissement des frontières qui a libéré de manière anarchique les forces du marché. Leur rétablissement permettra de réguler l’économie au service de tous.

Un vote utile pour l’avenir

Pourquoi je soutiens Nicolas Dupont-Aignan


Dimanche 22, nous voterons pour le premier tour des élections présidentielles. Bien évidemment, je voterai pour Nicolas Dupont-Aignan, le candidat dont j’ai l’honneur d’être un porte-parole. L’occasion pour moi de revenir sur les raisons qui me poussent à le soutenir.

Un peu d’histoire…

Je ne vais pas ici développer le programme que Nicolas Dupont-Aignan a défendu pour cette élection. Je le partage et le défends depuis longtemps, plus longtemps encore que le début de mon premier blog, plus longtemps encore que quand j’écrivais dans des journaux étudiants. A dire vrai, j’ai trouvé en lui l’héritier idéologique de Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement, les deux hommes qui ont le plus compté dans ma construction idéologique.

Mais dans mon parcours personnel, il y a eu un avant Séguin, un avant Chevènement. Quand j’étais encore tout jeune, j’étais chiraquien. Mon premier souvenir politique remonte à 1985 (j’avais 11 ans) avec le débat entre le Premier Ministre de l’époque, Laurent Fabius et celui qui allait le devenir, Jacques Chirac. Et j’avais été séduit, comme on peut l’être à cet âge, par celui qui était alors président du RPR. Je me souviens avoir été passionné par les élections de 1986.

Et en 1988, alors que je n’avais pas encore 14 ans, je me souviens que je barrais le nom de Raymond Barre sur les affiches pour le remplacer par Jacques Chirac. C’est bien pour lui que j’ai pris ma carte du RPR en 1991. Paradoxalement, je n’avais pas encore découvert le gaullisme. Je ne l’ai finalement découvert qu’à la veille de mes 18 ans, grâce au débat sur le traité de Maastricht et l’autre politique (opposée à la politique de franc cher incarnée par Bérégovoy puis Balladur).

Ces deux débats ont finalement posé toutes les bases de ma pensée politique, que ce soit sur le primat du politique, le protectionnisme, la monnaie ou la finance. En suivant Philippe Séguin, j’ai soutenu Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1995, présidant son comité de soutien à l’ESSEC, lancé dès la fin 1994, à un moment où personne ne lui donnait la moindre chose. Par la suite, j’ai naturellement été déçu par les choix politiques faits au début de son septennat.

Un alliage des bons côtés de Chirac et Séguin

jeudi 19 avril 2012

Le Pen, Mélenchon, l’impasse de la protestation


Bien sûr, ce titre est réducteur et je ne souhaite en aucun cas paraître insultant à l’égard des électeurs de ces candidats. Néanmoins, après avoir rejeté les candidats de la résignation, il est essentiel de faire un point sur les candidats plus protestataires.

L’impasse frontiste

Je ne vais pas m’attarder très longtemps sur Marine Le Pen puisque j’ai consacré de nombreux papiers à son sujet depuis deux ans. Et ma ligne de conduite n’a pas varié, soutenue qu’elle a été par de nouveaux dérapages extrémistes qui montre que sous le nouveau Front National, c’est bien l’ancien qui sommeille : candidat nazillon, article sur Nations Presse, le site de Louis Alliot, glorifiant Bastien-Thiry, celui qui avait organisé l’attentat du Petit Clamart…

Et même Marine Le Pen, malgré sa volonté de dédiabolisation, n’est pas exempte de dérapages, quand elle confie une « certaine admiration » pour Poutine, fait une déclaration ambiguë sur l’Occupation, pose toute sourire au côté d’un nazillon ou ment en disant que « la France est championne d’Europe de l’immigration ». Bref, d’innombrables éléments démontrent que la normalisation du Front National est surtout un habillage communicant, un vernis sur l’ancienne façade.

D’ailleurs, hier, interviewée sur RTL, elle a affirmé que la France avait accueilli pas moins de 15 millions d’immigrés ces 35 dernières années. Un simple examen des chiffres de l’INSEE montre que c’est une exagération grossière : la France en a accueilli 2,4 millions d’immigrés. Et même en ajustant les chiffres selon les critères de Michèle Tribalat, souvent citée par le FN, on dépasserait à peine les trois millions. Bref, cette affirmation est totalement farfelue et mensongère.

Qui plus est, les carences du FN ne s’arrêtent pas à cela. Si Marine Le Pen a fait marcher la photocopieuse sur les programmes du MRC et de DLR, le 180° sur les questions économiques laisse songeur. Quelle crédibilité accorder à ce parti qui était ultra-libéral il y a 18 mois. D’autant plus qu’elle peine toujours à maîtriser ces questions, qui sont pourtant au cœur de son entreprise de dédiabolisation. Marine Le Pen, c’est Sarkozy en moins compétent et plus extrémiste.

La voie sans issue du Front de Gauche

mercredi 18 avril 2012

L’actualité du gaullisme


Discours prononcé hier soir pour le meeting de fin de campagne de NDA au Bataclan

« Le laissez-faire et le laissez-passer appliqué à l’économie (…) a souvent donné (…) au développement une puissante impulsion. Mais on ne saurait méconnaître qu’il en est résulté beaucoup de rudes secousses et une somme énorme d’injustices ».

On ne fait pas meilleur résumé de la situation économique actuelle. En fait, cette phrase aurait pu être prononcée par Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau, ou même Paul Krugman et Joseph Stiglitz, deux prix Nobel d’économie. En effet, ils affirment tous que la liberté économique est porteuse de progrès économique. Mais ils expliquent aussi que quand elle vire à l’anarchie, les crises reviennent toujours et les inégalités explosent.

Alors, me direz-vous, qui l’a prononcé ? La réponse, c’est le Général de Gaulle, en 1965. A une époque où le rôle de l’Etat évitait justement les travers qu’il décrivait.

Cette phrase montre la profonde actualité de la pensée gaulliste. Bien sûr, certains nous disent que la référence au gaullisme est dépassée, que les temps ont changé. Mais posent-ils la question aux socialistes ou aux libéraux ?

La pensée libérale remonte au 18ème siècle. Ceux qui soutiennent le libre-échange ose citer Ricardo, qui vivait il y a 200 ans, une époque qui n’a rien à voir avec la nôtre. La pensée socialiste et sociale-démocrate remonte au 19ème siècle. Le gaullisme, lui, est un courant de pensée de la 2ème moitié du 20ème siècle. Les idées que nous défendons sont bien plus modernes, bien plus adaptées au monde d’aujourd’hui que celles du PS ou de l’UMP.

mardi 17 avril 2012

Sarkozy, Hollande, les candidats de la résignation


Hier, Nicolas Sarkozy et François Hollande, imitant Jean-Luc Mélenchon, ont fait deux grands meetings en plein air à Paris pour mobiliser leurs troupes. Ils ont proposé deux discours très volontaristes dans les mots qui contrastent fortement la résignation de leurs actes.

Nicolas Sarkozy, candidat du vent

Le président sortant, et bientôt sorti, a un sacré culot ! Après avoir évoqué une renégociation du traité de Schengen, il a affirmé dimanche que « si la Banque Centrale Européenne ne soutient pas la croissance, nous n’aurons pas assez de croissance », moyen commode de repousser la responsabilité de la crise sur d’autres que lui. Nicolas Sarkozy poserait à nouveau la question de la parité surévaluée de l’euro et de l’intervention de la BCE sur les marchés.

Je vous invite à revoir son film de 2007 « On a pas fait l’euro pour que l’euro soit surévalué et détruise des emplois en Europe. Je poserai la question de la surévaluation de l’euro (…) l’Europe, je veux qu’elle protège de la mondialisation. Je veux une Europe qui n’ait pas peur de parler de la préférence communautaire pour défendre notamment nos agriculteurs. Parce qu’une France sans ouvriers, sans usines, une France sans paysans (…) ce serait une France appauvrie ».

La mise en parallèle de son discours de 2007 avec celui de 2012 démontre qu’il ne s’agit que de postures, pour ne pas dire d’impostures. En 2007, Nicolas Sarkozy avait toutes les cartes en main pour renégocier les traités européens après le « non » de 2005. Il a trahi le vote des Français sans rien obtenir de ce qu’il promettait officiellement. Quel crédit accorder à un tel candidat qui n’hésite pas à promettre ce qu’il a déjà promis il y a cinq ans et qu’il n’a pas tenu ?

François Hollande, candidat du vide

lundi 16 avril 2012

Spéculation, protectionnisme : les Français oubliés

Aujourd’hui, Eurex lance un nouvel outil de spéculation contre la dette française. La semaine dernière, un nouveau sondage confirmait que les Français sont partisans du protectionnisme. Pourtant, les « grands » candidats ignorent totalement le souhait de régulation des Français.

L’anarchie financière à l’œuvre

Marianne a été le premier grand média à relayer l’information avec Médiapart, avant que Le Monde ne finisse par y consacrer un court papier assez neutre. L’information est d’importance puisqu’Eurex, filiale de Deutsche Börse, a lancé aujourd’hui un outil de spéculation sur la dette publique française. Hervé Nathan et Philippe Cohen l’expliquent sur Marianne 2 : cet outil permettra de parier sur la hausse ou la baisse des taux des bons du Trésor français.

Bien évidemment, cet outil utilise l’effet de levier puisque dix mille euros permettront d’en parier cent mille. Cela semble totalement hallucinant à un moment où de si nombreux économistes évoquent la fin de l’euro. En effet, le montant de capital nécessaire semble bien faible en cas de restructuration… Selon les deux journalistes, l’Agence France Trésor, que Nicolas Dupont-Aignan avait épinglée dans son avant-dernier livre, a donné son aval à ce nouvel instrument de spéculation.


Il est proprement sidérant de constater que Nicolas Sarkozy laisse encore faire cette spéculation qu’il dénonce pourtant depuis quatre ans. Où est la moralisation du capitalisme ? Où est le nouveau Bretton Woods ? Dire qu’il a eu le culot de dire hier qu’il allait demander une renégociation des statuts de la BCE, comme en 2007, alors qu’il n’a rien fait ! Même François Hollande a demandé à l’Allemagne d’annuler l’introduction de cet outil spéculatif.

Le protectionnisme, oublié de la campagne

dimanche 15 avril 2012

Artus explique pourquoi l’euro ne marche pas


Patrick Artus, le chef économiste de Natixis a une position à part dans le monde des économistes. Ses constats sont très proches des alternatifs comme Sapir, Lordon, Gréau ou Cotta. Mais il ne franchit le Rubicon sur les propositions. Nouvel exemple avec sa dernière note sur l’euro.

Taux de change et balance des paiements

La démonstration de Patrick Artus, dans un papier de 13 pages, est absolument limpide. Le chef économiste de Natixis étudie les deux voies possibles pour sortir d’une crise de la balance des paiements : la baisse du taux de change, ou la baisse des salaires. Il étudie de nombreux cas historiques récents : l’Espagne et de l’Italie en 1992-1993, le cas du Mexique en 1994, la Corée du Sud et de la Thaïlande en 1997, le Brésil en 1998 et l’Argentine en 2001, avant d’étudier la zone euro.

Pour ces premiers cas, le scénario est identique, avec une détérioration de la balance courante (entre -1 et -10% du PIB), du fait d’une monnaie surévaluée, qui provoque une montée de l’endettement extérieur, une spéculation financière qui pousse les taux à la hausse. Dans tous ces cas, les pays ont fini par dévaluer. Après un pic de chômage (provoqué par la hausse des taux), la dévaluation permet de faire redémarrer l’économie et provoque rapidement une décrue du chômage.

Puis, Artus étudie le cas de la zone euro, où les pays dont la balance des paiements est déséquilibrée doivent faire baisser les salaires pour retrouver leur compétitivité, et équilibrer leurs comptes extérieurs. Conclusion sans appel : « il semble bien nettement moins coûteux en emplois de réaliser une dépréciation réelle du change dans un pays touché par une crise de balance des paiements par une dépréciation nominale du change que par une baisse des salaires ».

L’euro en question

samedi 14 avril 2012

Du besoin de nation

Discours prononcé hier à Saint Prix pour un meeting de soutien à Nicolas Dupont-Aignan

Mes chers compagnons, aujourd’hui, je veux vous parler de la France. Pourquoi ? Parce que la France est le point cardinal de notre programme. En effet, la grande question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir si nous décidons à Paris ou si nous laissons les choses se décider à Bruxelles, Francfort ou Luxembourg. Voilà la grande question que nous devons poser aux Français.

Depuis l’Acte Unique, les socialistes, les centristes et l’UMP ont accepté que la France abandonne des attributs essentiels de la souveraineté. Négociations commerciales, normes, contrôle aux frontières, citoyenneté, monnaie, contrôle de notre budget : tout y passe.

Cette fuite en avant est d’autant plus inacceptable que nous l’avions refusé en 2005. Une grande partie d’entre nous avait participé à ce combat. Et NDA y avait gagné ses premiers galons nationaux. Le 29 mai 2005, nous étions près de 55% des Français à dire STOP à cette course folle de l’Europe supranationale. Le message était clair, limpide.

Malheureusement, les Français ont été trahi. Par Nicolas Sarkozy qui a fait ratifier un traité absolument identique dans notre dos par le Parlement
Pourtant, il avait promis un « mini traité limité aux questions institutionnelles et prenant en compte le « non » des Français. Quel crédit donner aujourd’hui à ses promesses de renégociations des traités européens !
Mais nous avons aussi été trahi par le PS et le Modem qui ont voté ce traité scélérat et donc accepté de trahir le référendum de 2005.

La question qu’il faut poser aujourd’hui, c’est quel est le bilan de ce transfert de pouvoir massif vers Bruxelles, Francfort ou Luxembourg ?


vendredi 13 avril 2012

Les chiffres partiels et partiaux de François Lenglet


Avant-hier soir à Des Paroles et Des Actes, François Lenglet, qui est pourtant un critique du maintien de la Grèce dans l’euro, a eu recours à des chiffres extraordinairement biaisés pour essayer de défendre la monnaie unique devant NDA. Retour sur une argumentation particulièrement malhonnête.

Un usage biaisé des statistiques

François Lenglet a montré un tableau indiquant la croissance de 2004 à 2011 selon l’OCDE. La France a fait 7,3%, l’Allemagne 10,6%, le Royaume Uni 5,4% et les Etats-Unis 8,8%. Puis, il a utilisé un second tableau indiquant l’évolution de l’emploi industriel de 2002 à 2009 dans ces quatre pays : -18% en France, -7% en Allemagne, -24% en Grande-Bretagne et -21% aux Etats-Unis. L’objectif : démontrer que l’euro ne serait pas un fardeau pour l’économie.

Mais cette démonstration est totalement biaisée. Le premier indice vient du fait qu’il prend des séries de chiffres différentes selon les statistiques, 2004 à 2011 pour la croissance et 2002 à 2009 pour l’emploi industriel. En allant sur le site de l’OCDE, en prenant les chiffres de 2002 à 2011, soit dix années, on constate que la croissance est plus faible dans la zone euro (11% pour la France, 11,3% pour l’Allemagne) qu’au Royaume Uni (12,3%) ou aux Etats-Unis (16,5%)…

En outre, prendre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne comme exemples de pays qui n’ont pas l’euro est totalement biaisé. Le débat doit être européen et donc les Etats-Unis n’ont pas leur place. Ensuite, ces pays mènent des politiques à mille lieues de ce que nous proposons avec Nicolas Dupont-Aignan puisqu’ils abandonnent en partie leur industrie au nom du libre-échange. Enfin, ils sont le centre des marchés financiers, ce qui biaisent les chiffres avec la crise de 2008.

Une présentation tronquée

jeudi 12 avril 2012

Il faut sauver l’histoire et la géographie


Hier, je représentais Nicolas Dupont-Aignan à une réunion de l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie (l’APHG) qui faisait un point sur ses initiatives pour sauver ces matières essentielles des réformes scandaleuses menées depuis cinq ans.

Des matières essentielles

J’étais particulièrement heureux de représenter NDA hier soir car le sujet me touche particulièrement. En effet, j’ai fait une terminale scientifique (C à l’époque) et pourtant l’histoire géographie a fini par devenir ma matière préférée (et l’est restée en classe préparatoire commerciale). En fait, ce sont sans doute ces matières qui m’ont détourné d’une carrière d’ingénieur à laquelle je me destinais depuis le début du collège. Des matières qui ont éveillé mon goût pour la politique.

L’histoire et la géographie sont des matières essentielles. Des matières qui permettent aux élèves de mieux comprendre le monde qui les entoure, de leur donner de la perspective, de pouvoir exercer ensuite leur esprit critique sur l’information qu’ils reçoivent. En fait, ce sont les matières qui forment les citoyens de demain. En cela, il est particulièrement importants de les conserver en terminale, à un âge où les élèves vont accéder, ou viennent tout juste d’accéder, au droit de vote.

Mais l’histoire et la géographie, ce sont aussi des matières qui enseignent la culture d’un pays, son histoire, ce qui réunit une nation et ses habitants. Elles sont donc profondément constitutives de notre identité. Elles sont une partie du ciment qui lie un Etat et ses citoyens. Elles nous enseignent également la différence avec les autres nations. En fait, elles nous enseignent une partie de ce que nous sommes. Voilà pourquoi elles ne sauraient être optionnelles au lycée, quelque soit la classe.

Des réformes révoltantes

mercredi 11 avril 2012

Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro


Depuis deux ans que dure la crise de la zone euro, si l’hebdomadaire britannique a toujours été très critique à l’égard de la politique suivie par l’Union Européenne, il est toujours resté un soutien farouche à la monnaie unique. Une tribune publiée vendredi semble indiquer une vraie inflexion.

Un véritable revirement

C’est la chronique Charlemagne du 7 avril qui marque un changement de tonalité dans le discours de The Economist. Jusqu’à présent, le journal défendait mordicus l’euro en affirmant qu’il suffisait de mettre en place des euro obligations, de mutualiser les dettes ou d’augmenter les moyens du FESF pour permettre à la zone euro de sortir de la crise dans laquelle elle est enfermée depuis plus deux ans, d’où une critique sévère des dirigeants qui ne prennent pas les bonnes décisions.

Outre le fait que l’on peut fortement contester le fait que la mise en place d’euro obligations permettrait de résoudre quoique ce soit à la crise de la zone euro, The Economist fait un virage radical. Pour eux « L’histoire est remplie d’unions monétaires qui se sont rompues. Pourquoi pas l’euro ? Si ses fondateurs avaient prévu la tourmente actuelle, ils ne se seraient peut-être pas aventurés dans une telle union monétaire, ou en tout cas, pas de cette manière ».

The Economist soutient que « les Etats endettés pourraient se lasser de la dévaluation interne. Les Etats créditeurs pourraient vouloir arrêter de soutenir les autres. Et les 17 membres de la zone euro pourraient hésiter devant la perte de souveraineté impliquée par le sauvetage de l’euro ». Pour eux, « un processus concerté augmente les chances de sauver de ce démontage les autres grains de l’intégration européenne, notamment le marché unique ».

Pourquoi un tel revirement ?

mardi 10 avril 2012

Morad El Hattab anticipe la prochaine crise


Dans « La vérité sur la crise », Morad El Hattab nous avait offert une somme résumant les aspects de la crise, parlant des excès de la finance, revenant sur l’histoire des crises, et décrivant l’impasse de l’Europe. Dans « Kriz », il revient sur les développements des deux dernières années.

Une crise dont nous ne sommes pas sortis

Si nous sommes sortis du gros de la première phase de la crise, fin 2008, début 2009, Morad El Hattab et Philippe Jumel expliquent bien que nous sommes sur une phase intermédiaire, qui nous mènera inexorablement à une nouvelle phase. Ils citent l’ancien PDG de Citigroup pour qui « si vous restez assis devant une bulle que vous voyez trop risquée, vos clients sont furieux du manque à gagner et s’en vont », une autre version des esprits animaux de Keynes.

Ils démontent l’argument selon lequel nos traverserions une crise des dettes souveraines. Si cela vaut pour la Grèce, ils soulignent la responsabilité des marchés qui lui prêtaient de manière laxiste. Ils rappellent que cela n’est pas le cas pour l’Espagne à l’origine et que l’Italie avait déjà l’excédent primaire le plus élevé d’Europe et que ses ménages sont « des fourmis peu endettées ». Pour eux, « cette crise provient des grandes déréglementations des années 1980 ».

Ils expliquent très clairement le rôle des ratios prudentiels et des agences de notation, soulignant que les 8% théoriques de fonds propres variaient en réalité entre 1,6 et 12% en fonction de la note de l’actif concerné. Avant la crise, un actif grec ne nécessitait ainsi que 1,6% de fond propre selon les normes bancaires internationales… Ils évoquent l’étude de la Banque d’Angleterre de David Miles, pour qui il faudrait passer entre16 et 20%, soit les chiffres d’il y a un siècle !

lundi 9 avril 2012

Paul Krugman réclame plus d’inflation


Heureusement que le « prix Nobel » d’économie 2008 a bonne presse. Celui lui permet de remettre en cause toutes les vaches sacrées de l’économiquement correct. Après le libre échange et l’euro, il vient d’affirmer qu’il n’y a pas assez d’inflation sur son blog.

Pas assez d’inflation

Ce qui fait plaisir, c’est que le statut d’homme progressiste de Paul Krugman et l’aura de sérieux de son « prix Nobel » font que même les médias hostiles aux idées alternatives développent malgré tout sa pensée. C’est ainsi que le Monde a fait un papier reprenant les idées avancées par Paul Krugman sur son blog. Quel plaisir de lire un tel papier dans un quotidien, qui, s’il reste encore de référence, est beaucoup trop politiquement correct sur de nombreux sujets.

Le Monde cite Paul Krugman pour qui « nous irions beaucoup mieux si la Réserve Fédérale se préoccupait moins de l’inflation et plus de l’emploi » et « depuis au moins trois ans, les économistes de droite, les experts et les politiciens nous ont avertis que l’inflation pouvait débouler du coin de la rue et ils ont eu tort (…) Finalement, l’inflation se situe une fois de plus un peu en dessous de la cible, choisie par la Fed, des 2% d’inflation ». Pour lui, le pays est loin du plein emploi.

Il affirme que « certains voudraient appuyer à fond sur le frein alors qu’il faudrait au contraire mettre plein gaz ». Provoquant, il reconnaît que cela pourrait faire augmenter l’inflation à 3 ou 4%, « mais, est-ce que ce serait vraiment un drame ? Au contraire, cela aiderait presque certainement l’économie ». Pour lui, cela allègerait les dettes de tous les acteurs économiques, qui en ont besoin, et pousserait les entreprises à investir plutôt que de voir fondre leurs réserves.

Une pensée alternative