lundi 12 mars 2012

Le scandale du temps de parole


Cette semaine, nous aurons encore droit à une indigestion de bipartisme avec le second Des Paroles et Des Actes de François Hollande et le Face aux Français de Nicolas Sarkozy. Comment ne pas être scandalisé par les temps de parole de cette période sensée être l’équité ?

UMP, PS en entrée, plat et dessert

Normalement, de janvier au 19 mars, nous aurions du être en période d’équité des temps de parole. Mais quand on examine les temps de parole, on se demande bien en quoi la répartition est équitable. Nicolas Sarkozy a eu droit à 30 à 38% du temps de parole dans tous les grands médias, soit plus que ce que lui donnent tous les sondages, plus que François Hollande, sans que l’on puisse comprendre pourquoi le président sortant a droit à 20% de temps de parole supplémentaire.

Les quatre candidats suivants ont droit à 5 à 10% du temps de parole sans que l’on sache bien pourquoi Eva Joly a droit à autant de temps que des candidats qui rassemblent beaucoup plus de sondés. En outre, l’écart entre ces candidats et les deux premiers est totalement anormal quand on voit les écarts dans les sondages. Pire encore, les « petits » candidats ont été extrêmement mal servis, ne leur permettant absolument pas d’émerger et de se faire connaître.

Du silence comme acte

A ce titre, le service public n’est pas vraiment à la hauteur de la mission qui lui est confiée. Déjà, il était extrêmement choquant que les patrons des radios du service public réclament de réduire la durée de la phase d’égalité de temps de parole. Pire, il semblerait que les émissions politiques soient réduites au minimum pendant la phase d’égalité de temps, dans une conception bien étrange de ce que devrait être le service du public pendant une campagne présidentielle.

L’UMP et le PS auront donc eu droit à cinq heures de prime time avec leurs DPDA, sans compter les émissions spéciales ou les journaux télévisions. En tout, 300 à 400 minutes pour exposer leurs idées, que tout le monde connaît. En face, les « petits » candidats n’ont eu droit qu’à des miettes. Nicolas Dupont-Aignan n’est plus passé depuis le 9 décembre. Il aurait au moins du avoir droit à 15 minutes minimum. Et l’équité aurait exigé une durée bien supérieure encore.

De l’équité et de l’égalité

En cette période d’équité, on ne pouvait pas forcément demander à France Télévisions d’accorder une émission complète de Des Paroles et Des Actes à tous les candidats présumés, mais une édition spéciale d’au moins 30 minutes aurait été beaucoup plus juste et plus proche de l’équité qui était sensé être la règle pendant ces deux mois et demi. Au  lieu de cela, on nous sert PS et UMP matin midi et soir, comme cette semaine avec Nicolas Sarkozy lundi et François Hollande mardi.

A partir du 19 mars, deux options justes se présentent au service public. La première consisterait à organiser 10 DPDA pour chacun des candidats. On peut comprendre néanmoins que cela ferait beaucoup en cinq semaines, encore qu’en campagne présidentielle, cela semblerait juste. L’autre option, plus légère, consisterait à organiser cinq émissions qui seraient partagées par deux candidats avec éventuellement un débat entre ces deux candidats au milieu.

Il est encore temps d’avoir une campagne à la hauteur des enjeux dans les cinq dernières semaines. Mais il faudra des émissions pour le faire. Si les candidats s’unissent pour le demander, alors, il y a peut-être encore la possibilité d’avoir le débat dont nous avons bien besoin.

6 commentaires:

  1. Vu la bourde récemment commise par NDA, il vaut peut-être mieux pour lui qu'il ne s'exprime pas trop ?

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  2. Les vérités successives de Nicolas Dupont-Aignan :

    "Le Figaro fait un raccourci qui dénature l’esprit de ma réponse. Il choisit de ne retenir que le nom de Marine Le Pen, mais a oublié de citer les autres patriotes que j’avais évoqués : Montebourg ou Chevènement, par exemple." (http://www.marianne2.fr/NDA-le-Fig-Mag-a-denature-mes-propos_a216225.html)


    « Il y a deux mois, j’ai donné une interview à un journaliste du Figaro. A la question "qui choisiriez-vous comme premier ministre, j’ai répondu, pour plaisanter, "Marine Le Pen…" mais j’aurais pu aussi bien dire Chevènement ou Montebourg ! Le journaliste devait me rappeler pour que je précise ma pensée, il ne l’a pas fait, et moi entre-temps j’ai oublié. Voilà tout ! » (http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2012/03/12/dupont-aignan-et-le-fn-une-boutade)

    Il les a évoqués, Montebourg et Chenèvenement, ou il ne les a pas évoqués ? Monsieur le porte-parole, on aimerait entendre votre voix.

    Sibuet

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  3. J'ai travaillé au Figaro pendant quelques temps. Je sais que les journalistes qui font correctement leur boulot se voient changer le titre de leurs articles par la direction au moment de la parution du journal sans que les auteurs en soient informés! Et bien souvent le titre de l'article est en décalage profond avec le contenu ! Amis citoyens et lecteurs de la presse ne vous laissez pas avoir par la manipulation d'un journal dont la ligne est ultra-sarkozyste et veut disqualifié tout ceux qui ne sont pas de l'avis du Chef de l'UMP !

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  4. NDA explique bien le déroulé de l'ITW dans ce papier :

    http://www.liberation.fr/politiques/01012395674-dupont-aignan-une-le-pen-a-mes-ordres-cela-ne-me-gene-pas

    Il s'agit clairement d'un acte de malveillance du Figaro. A qui profite le crime ?

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  5. Je ne sais pas si les sondages sur NDA représentent la réalité relativement au corps électoral, comme ceux sur Arthaud, Poutou et Villepin qui avoisinent les 0,5 % à 1 % ou bien s'il faut mettre en cause le temps de parole.

    A propos de NDA nous aurons la réponse bientôt puisqu'en effet lundi 19 mars ouvre une nouvelle séquence dans la campagne électorale. Si NDA plafonne toujours à 1% d'ici 3 semaines, il faudra tout de même non pas s'inquiéter, certains partis français ont bien attendu 20 ans pour cristaliser un électorat mais en tirer certains enseignements ...

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    1. La qualité des propositions n'est pas en elle-même un argument électoral. Je me souviens de la même discussion après l'"échec" de Chevènement en 2002. Ce que ne comprenaient pas la plupart des militants du MRC c'est que la politique n'a jamais été de la guerre-éclair. Constituer une identité politique forte, une référence pour polariser le besoin de changement, c'est une affaire de long terme. Le MRC a considéré comme un échec ce qui aurait pu être un excellent début... si Chevènement avait persisté. Mais il croyait plus dans ses stratégies d'influence sur le PS que dans l'indépendance politique, et cela l'a finalement mené à l'insignifiance.
      Nous allons certainement nous poser les mêmes questions, à 0,5% ou à 5%. La seule réponse c'est qu'il faut construire et ancrer une identité politique nouvelle, c'est une entreprise de longue haleine. Je comprends bien l'urgence d'inverser la décomposition de notre société, mais il ne sert à rien de s'énerver et de chercher des raccourcis qui ne sont que des impasses.

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