dimanche 30 septembre 2012

Europe, Bilderberg, Trilatérale : la nouvelle aristocratie


Dans « Circus Politicus », Christophe Deloire et Christophe Dubois ne se contentent pas de décrire la remise en cause de la démocratie, ils décrivent dans le détail les cénacles souvent assez mal connus où gravitent les élites européennes et mondiales, sans verser dans l’hystérie complotiste.

Opération transparence sur les cénacles ocultes

« Circus Politicus » est sans doute un des meilleurs livres pour en savoir davantage sur le Bilderberg ou la Trilatérale, ces cénacles discrets où l’élite de l’élite se côtoie et sur lesquels certains projettent des fantasmes. Dans une enquête fouillée qui révèle les patrons, les journalistes ou les hauts fonctionnaires qui y participent, les auteurs affirment : « il semble clair que le Bilderberg a été créé pour que l’Europe ne s’éloigne pas des Etats-Unis et surtout pas de ses entreprises ».

Ils parlent également du American Committee on United Europe (ACUE), une organisation comparable qui a existé de 1948 à 1960, dont l’objectif était de promouvoir une organisation européenne unie, dissoute peu après la naissance de la CEE. Les auteurs lèvent le voile sur les programmes d’influence des grands pays, et notamment le International Visitor Leadership Program des Etats-Unis qui invite tous les ans des leaders internationaux (dont 40 Français) pour leur faire découvrir le pays. Ils soulignent également que la France dispose d’un programme équivalent.

On retrouve la même méfiance à l’égard de la démocratie. David Rockefeller (à l’origine de la Trilatérale), disait dans Newsweek en 1999 : « ces dernières années, il y a eu une tendance vers la démocratie et l’économie de marché dans de nombreuses parties du monde. Cela a réduit le rôle des gouvernements, ce à quoi les hommes d’affaires sont favorables ». Il rapporte l’intervention d’Elisabeth Guigou à la Trilatérale de 2008 : « Sauvez l’Europe de la tyrannie des référendums ». Ils notent également la forte présence d’anciens de Goldman Sachs : Rubin, Paulson, Monti, Prodi, Draghi.

Les auteurs dénoncent un système où « le rôle des électeurs consiste à entériner la politique choisie pour eux par d’autres et qui sera bientôt la seule possible ». Mais ils ne cèdent pas aux sirènes complotistes, citant Pascal Lamy : « si on passe du temps dans un milieu, on finit par en adopter les codes et les croyances, qu’il s’agissen d’ouvriers ou de patrons ». Ils reprennent une citation d’Henry Ford : « c’est une chance que les gens ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin ».

La tour de Babel européenne

samedi 29 septembre 2012

Quand la politique n’est plus qu’un cirque


« Circus Politicus » est le complément idéal du dernier opus d’Emmanuel Todd, « Après la démocratie ». Il se lit comme un polar palpitant constitué de petits chapitres nerveux qui démontrent à quel point nos démocraties sont minées de l’intérieur. Un livre essentiel.

Une remise en cause de la démocratie

Le livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois commence par une recension stupéfiante de faits et de déclarations venus d’une partie des élites qui remettent en cause les principes même de la démocratie. Ils évoquent naturellement l’idée d’une suspension des droits de vote pour les pays qui conteviennent aux règles européennes, évoqué en octobre 2010 par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Cet apéritif n’est rien par rapport aux remises en cause consciente, comme Alain Minc, qui voyait en avril 2005 le référendum comme une « vérole antidémocratique » !

Ainsi, en novembre 2010, DSK évoquait une mise sous tutelle technocratique des budgets européens : « la solution la plus ambitieuse, largement discutée dans la littérature académique, serait de créer une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante politiquement que la BCE (…) elle fixerait les orientations budgétaires de chaque pays membre et allouerait les ressources provenant du budget central ». Pour Mario Monti : « cette démocratie est certes moins en prise avec les aléas de l’humeur de l’électorat (sic), mais elle est bien réelle ». On se demande comment !

Jean-Paul Fitoussi voit dans l’importance croissante des règles (notamment européennes) une remise en cause du libre-arbitre démocratique. Le gouverneur de la Banque de France juge que les non techniciens ne peuvent rien apporter à la définition des règles financières et évoque un « risque très fort d’interférence politique ». Pour Philippe Auberger, l’indépendance des banques centrales les met « à l’abri des fluctuations politiques ». Pour Michel Rocard « les souverainetés nationales ont dépassé leur stade d’efficacité et elles entrent dans la période de la nuisance ».

La contestation existe

vendredi 28 septembre 2012

Jean-Marc Ayrault, erreur de casting ?


Hier soir, le Premier Ministre, en difficulté dans l’opinion et au sein de sa majorité, a inauguré la nouvelle saison de Des Paroles des Actes. Combatif, il a cherché à rétablir son autorité tout au long de l’émission, mais il n’a pas vraiment levé le doute qui subsiste sur son choix pour Matignon.

Un gouvernement en grande difficulté

La situation actuelle rappelle celle du gouvernement Juppé en 1995 : l’arrivée d’une nouvelle équipe, qui avait promis plus de justice pendant la campagne électorale, et qui décide de mettre en œuvre un plan d’austérité pour respecter ses engagements européens dans un mauvais contexte économique, d’où un effondrement dans les sondages. Mais 2012 est pire que 1995 car le pays est en récession, le chômage va rapidement battre des records et la chute est encore plus brutale.

Mais outre le problème de contexte, s’est très rapidement posée la question du profil du nouveau président et de son premier ministre, qui semblent tous deux un peu trop apathiques face à l’urgence de la situation. Bien sûr, ils succèdent à un omni-président agité qui concotait une annonce par jour pour occuper le terrain, qu’importe que ces annonces soient mal ficelées ou ne règlent rien. Mais du coup, le tempo apparent de l’équipe au pouvoir apparaît en décalage avec la situation.

Ayrault affirme son autorité


Des Paroles et Des Actes est l’émission idéale pour reprendre la main, par son format et son horaire. La dizaine de ministres convoqués donnait l’image d’une équipe soudée derrière son chef. La communication n’était pas très subtile mais elle peut fonctionner pour les non spécialistes. Comme François Hollande dans son débat face à Nicolas Sarkozy, Jean-Marc Ayrault avait sans doute comme premier objectif de contrecarrer l’accusation de mollesse et d’affirmer son autorité.

Et sur ce point, on peut penser qu’il a rempli son objectif. Les journalistes ont été incapables de lui couper la parole, le premier ministre imposant son rythme et tançant même David Pujadas, accusé de défaitisme. Face à une NKM visiblement peu à l’aise, le débat sur les réformes fiscales, assez brouillon, a plutôt tourné à son avantage en pointant l’injustice de l’équipe précédente, même s’il a manqué de réparti (en oubliant d’évoquer l’ISF ou le manque de professeurs dans le primaire).

Le malaise persiste

jeudi 27 septembre 2012

Le chômage, variable d’ajustement des gouvernants


Selon les chiffres officiels, le nombre de chômeurs (dans une définition très stricte qui ne les prend pas tous en compte), vient de repasser le cap des 3 millions en métropole. Pourtant, demain, le gouvernement présentera un budget va très largement aggraver la situation.

Le cancer oublié de notre société

La question du chômage et de l’emploi est sans doute celle qui me révolte le plus, depuis plus de 20 ans. Car cela fait maintenant plus de trente ans que notre pays subit un chômage de masse, et que ce chômage abîme notre société en créant beaucoup de malheurs. En 1983, le PS a préféré défendre le cours du franc face au mark plutôt que de soutenir la croissance. En 1991, rebelote, la parité monétaire passe avant le destin de centaines de milliers de citoyens et de leur famille.

En 1995, pourtant élu sur le thème de la fracture sociale, Jacques Chirac donne la priorité au redressement rapide des finances publique. Le gouvernement Jospin fut extrêmement passif sur le sujet. Seul Villepin a semblé un minimum volontaire sur le sujet et obtenu quelques résultats. Quant à l’agitation et les quelques coups d’éclat de Nicolas Sarkozy, ils servaient surtout à donner le change dans les médias, en l’absence de véritable politique destinée à promouvoir l’emploi.

Alors bien sûr, ce gouvernement va parler des emplois de génération, des contrats aidés ou de la Banque Publique d’Investissement. Tout ceci est mieux que rien, mais malheureusement, cela est très largement insuffisant, surtout dans un contexte récessif, que l’équipe au pouvoir va très largement aggraver l’an prochain avec le budget d’austérité qui sera présenté demain. Bref, dans deux ans, notre pays pourrait bien compter au moins un demi-million de chômeurs de plus !

Le gouvernement hors-sujet

mercredi 26 septembre 2012

Moscovici et Hollande nous plongent dans la récession


37 milliards d’euros : c’est l’ajustement budgétaire que Pierre Moscovici prépare pour 2013. Cela revient à près de 2% du PIB et devrait pousser notre économie, qui ne croit plus depuis quelques trimestres, vers une nouvelle récession. Quand des socialistes mènent une politique profondément antisociale.

Comme un parfum des années 1990

La situation est extrêmement paradoxale. En effet, la plupart des pays européens décalent aujourd’hui leurs objectifs de réduction des déficits budgétaires, mais l’équipe au pouvoir tient absolument à baisser le déficit à 3% du PIB dès 2013. Son calcul politique est sans doute assez simple : autant essayer d’équilibrer les comptes le plus vite possible, quite à être impopulaire, pour se donner le temps de reconquérir l’opinion dans la seconde moitié du mandat et gagner en 2017.

Mais ce calcul n’est pas sans poser de gros problèmes. En effet, tous les économistes sérieux conviennent qu’un tel ajustement, qui s’ajoute aux plans de presque tous nos voisins devrait pousser notre économie, déjà pas bien vaillante, dans la récession, comme le dit Jacques Sapir sur son blog. En clair, cela devrait pousser des centaines de milliers de personnes de plus au chômage, tout cela pour tenir un objectif que les marchés auraient sans doute accepté de voir différer d’un an.

Cet épisode rappelle le début des années 1990, quand les gouvernements socialistes avaient préféré sacrifier l’économie réelle, et donc provoquer une envolée du chômage, plutôt que de remettre en cause la parité du franc avec le mark, propulsant les taux d’intérêts à des niveaux aberrants, qui permettaient de confortablement s’enrichir en dormant pour toute personne fortunée (taux directeurs supérieurs à 8% pour une inflation à 2%, soit un rendement net à 6% sans risque).

L’incroyable bêtise économique du PS

mardi 25 septembre 2012

TSCG : le débat débute enfin


Malheureusement, c’est par le petit bout de la lorgnette, puisqu’on parle de ce traité européen du fait que le bureau politique d’Europe Ecologie Les Verts s’est prononcé contre sa ratification, mettant en difficulté la majorité. Mais cela permet au moins d’en parler.

La majorité en porte-à-faux

Et comment ne pourrait-elle pas l’être ? Ce n’est pas pour rien que François Hollande cherche par tous les moyens à le faire ratifier le plus vite possible, avançant même de 15 jours la rentrée parlementaire pour accélérer le processus de ratification. Car ce débat renvoit le PS à sa mauvaise conscience. L’Europe est le veau d’or pour lequel les socialistes ont tout sacrifié, et notamment le peuple, abandonné aux conséquences d’une mondialisation que cette Europe épouse avec bonheur.

Bien sûr, le président de la République peut arguer du plan de croissance européen obtenu fin juin. Mais comme l’a souligné Paul Krugman, ce plan est « un pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge ». 120 milliards sur 3 ans, c’est 0,4% du PIB de relance par an, un montant absolument dérisoire par rapport à celui des plans d’austérité, qui portent sur plusieurs centaines de milliards d’euros. En outre, la moitié de ces crédits sont d’anciens crédits qui n’avaient pas été dépensés.

Bref, Frédéric Lordon avait bien raison quand il prévoyait en mai que le nouveau président poursuivrait l’œuvre désatreuse de son prédécesseur : « les socialistes font savoir que la verroterie avec laquelle on les achète est toujours aussi modique : comme en 1997, des mots suffiront ». Il était sacrément malhonnête de la part des socialistes de critiquer le traité signé par Nicolas Sarkozy pour l’accepter en quelques jours. Pour le coup, les Verts ont au moins le mérite de la cohérence.

Un débat ubuesque

lundi 24 septembre 2012

La victoire temporaire des démagogues


Après avoir étudié le divorce entre les élites et le peuple, Vincent Coussedière poursuit son analyse en en décrivant les conséquences sur la société, l’impasse politique actuelle et esquisse une issue.

Une société et une nation abîmées

En fait, son analyse rappelle celle de Jacques Généreux dans « La dissociété », même si son discours l’ancre à droite puisqu’il écrit : « le gauchisme est justement l’adaptation du marxisme à l’absence de classe et de conscience de classe. Ce sont les individus désocialisés que le gauchisme entend promouvoir et réunir. Ce qui est politique n’est pas ce que les individus ont en commun, mais ce qui les singularise au contraire, et les différencie ». Pour lui, c’est « la communauté de l’absence de communauté ». Dommage qu’il ne note pas que le néolibéralisme de droite pousse dans le même sens.

Il voit dans la revendication individuelle de mai 68, qui donne la priorité aux droits sur les devoirs, une remise en cause de «  la conception classique et républicaine de la liberté politique. Il ne s’agit pas de s’arracher à l’intérêt particulier, de le mettre de côté pour accéder au commun, il s’agit au contraire de forcer le commun, le collectif, à reconnaître ce qui est le plus privé ». Pour lui, « La coexistence des identités est le programme multiculturaliste et communautariste commun au gauchisme et à l’européisme. La loi devient le garde-fou des identités, toutes également respectables en théorie ».

Il critique « les mouvements identitaires (qui) procèdent de la décomposition des mouvements politiques. Devant l’impossibilité d’adopter librement des fins communes, ils recherchent la transcendance d’une fin indiscutable qui refasse l’unité de la communauté ». Mais il note que « ce que la construction européenne propose en substitution à l’appartenance citoyenne, c’est l’appartenance à n’importe quelle collectif identitaire », sauf national bien sûr. Il rappelle que Mitterrand disait en 1971: « s’il est interdit d’envisager une Europe socialiste à court terme, à partir d’une France socialiste, l’évolution s’accélerera ». Quarante ans après, rien n’a bougé en Europe et le PS tient le même discours.

Quelle issue politique ?

dimanche 23 septembre 2012

Faut-il faire l’éloge du populisme ?


C’est un terme sulfureux et qui fait débat. Certains l’utilisent comme un synonyme de démagogie, mais cela porte intrinsèquement un jugement assez suffisant contre le peuple, qui serait trop bête pour comprendre. Vincent Coussedière propose ainsi de le réhabiliter dans un essai revigorant.

Du divorce entre le peuple et les élites

Pourquoi ce terme est-il si connoté ? Est-ce juste ? L’auteur rapporte les partoles de Pierre-André Taguieff pour qui « ne peut-on, plus largement, faire l’hypothèse que le populisme est quelque chose comme la démagogie propre à l’âge démocratique ? ». Dans le débat public, le terme « populisme » est presque toujours connoté de manière négative. Il qualifie le comportement démagogique de politiciens qui cherchent à obtenir des voix par des procédés « électoralistes ». Il est d’ailleurs intéressant de constater que le terme « électoraliste » soit lui-aussi connoté de manière négative.

L’auteur affirme que « nos gouvernants ne veulent plus nous gouverner, ils ne veulent plus de ce peuple devenu populiste, de ce peuple qui n’est plus un peuple –disent-ils- parce qu’il est populiste ». Pour lui, « ce n’est pas forcément une aspiration à plus de démocratie directe, (…) ce n’est pas non plus une idéologie, (…) c’est un moment de crise de l’être ensemble d’un peuple », mais donc également « un moment où l’essence du politique est encore abritée dans le peuple ». Pour lui, « le démagogue (Nicolas Sarkozy) ne peut tromper qu’un moment l’exigence de bien commun ».

Il soutient que « l’explication de la réussite des démagogues en termes de populisme permettait d’éviter de poser la question de la responsabilité de la classe politique, et plus généralement des élites, dans la conduite de politiques inacceptables. Les démagogues ne prospéraient pas sur l’irresponsabilité des élites mais sur l’irresponsabilité du peuple lui-même ». Le populisme est aussi une réaction à la destruction de l’être social du peuple, fondement de sa capacité politique. C’est une réaction à la perte de prise sur son destin. Et si le peuple voulait simplement être dirigé ?

Une crise profonde de la société

samedi 22 septembre 2012

Corrida : merci le conseil constitutionnel !


Hier, le Conseil Constitutionnel a jugé la corrida conforme à la constitution. Au grand dam des opposants et à la satisfaction des partisans de cette tradition du Sud de la France. A titre personnel, je m’en réjouis, et pas uniquement comme enfant de la plus vieille place taurine de France, Bayonne.

Les juges ont tranché

Il y a aujourd’hui une forte pression publique pour interdire la corrida. Il y a deux ans, la Catalogne a décidé d’y mettre fin par un vote du parlement. L’opinion publique en France est très divisée sur le sujet avec deux sondages où une majorité semble y être opposée. Il faut néanmoins mettre un bémol à ces études du fait de la formulation des questions, qui n’est pas neutre dans le résultat. Une question plus simple du Figaro donne 52% à ceux qui ne souhaitent pas l’interdire.

Le législateur l’autorise par « principe de tradition locale ininterrompue ». Le Conseil Consitutionnel a jugé qu’il n’était pas pas anticonstitutionnel de prévoir de telles différences de traitement, qui s’appliquent également aux combats de coqs aux Antilles, déboutant les associations qui l’avaient saisi pour essayer de l’interdire. Il faut noter que la corrida est une question qui transcende le spectre politique avec des opposants et des partisans à droite comme à gauche.

Une tradition et un art

Francis Marmande, un grand aficionado, a signé un beau papier dans le Monde sur le sujet. La corrida est un art traditionnel, un duel esthétique entre un homme et un toro où, dans une société où nous cherchons sans cesse à éliminer tout risque, le matador risque sa vie à tout moment. A ceux qui en doutent, il y a le cas de Padilla, encorné une fois à la trachée, une autre fois dans l’œil et qui, à chaque blessure, n’a eu d’autre obsession que de reprendre la cape et l’épée.

Sébastien Castella, un matador français qui fait partie des meilleurs mondiaux, a reçu plus d’un coup de corne par saison. Il y a un côté à la fois primitif et mystique dans la corrida qui nous renvoie à des temps immémoriaux. C’est un spectacle unique où la beauté le dispute à la peur de voir le matador blessé ou pire. Mais la corrida, c’est aussi un élément de la culture du Sud de la France, une partie de notre identité nationale par conséquent, une tradition à préserver donc.

Aux opposants de la corrida

vendredi 21 septembre 2012

Et si les OGM étaient dangereux ?


Cela fait bientôt quatre ans et demi que Monsanto essaie d’imposer la commercialisation de ses maïs transgéniques en France. Devant l’opposition des gouvernements, la multinationale utilise toutes les ficelles mises à disposition par l’Europe. Mais une récente étude pourrait bien lui couper les ailes.

Une étude extrêmement inquiétante

Il faut être honnête : il est difficile d’y voir clair parmi les études contradictoires sur la toxicité supposée des OGM Monsanto quand on n’est pas scientifique. Cela est d’autant plus compliqué que celles qui concluent à l’absence de danger sont souvent financées par les entreprises qui commercialisent les semences, ce qui pose un évident problème de confit d’intérêts. Du coup, la publication d’une étude conduite par un biologiste de l’université de Caen a fait l’effet d’une bombe.

Comme le souligne Le Monde, le protocole de cette étude est très ambitieux puisqu’il concerne plus de 200 rats sur deux ans (bien plus que les autres études) avec un budget de 3 millions d’euros, financé par plusieurs organismes (Etat, association de distributeurs, mais aussi une association qui milite contre les biotechnologies). Les rats ont reçus un régime alimentaire composé de trois doses différentes d’un maïs transgénique Monsanto, associé ou non avec l’usage du Round Up.

Alors que « 30% des mâles et 20% des femelles du groupe témoin sont morts spontanément (une fois la période moyenne de survie écoulée), jusqu’à 50% des mâles et 70% des femelles sont morts dans des groupes nourris avec l’OGM ». Il n’y a pas de différence en fonction de la part d’OGM dans le régime alimentaire. En fait, les OGM auraient perturbé le système hormonal des animaux et entrainé la modification d’une enzyme impliquée dans la protection contre le cancer.

L’urgence du principe de précaution

jeudi 20 septembre 2012

Maastricht, euro : il y a 20 ans nous avions raison !


Il y a exactement 20 ans, je plaçais mon premier bulletin dans l’urne. Convaincu par Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement, c’était un « non » de conviction. Si la monnaie unique a vu le jour, les Français regrettent aujourd’hui leur choix mais ne sont pas encore convaincus par le démontage de l’euro.

Une première bataille gagnée

Bien sûr, le sondage du Figaro indique que 65% des Français ne souhaitent pas abandonner la monnaie unique. Néanmoins, la situation a beaucoup changé en seulement trois ans : en 2009, on nous répétait encore en boucle que l’euro nous avait protégé pendant la crise. Aujourd’hui, même ses défenseurs les plus farouches ont reculé et préfèrent faire peur en affirmant qu’une sortie serait calamiteuse plutôt que de défendre la pertinence du passage à l’euro.

Il faut dire la littérature expliquant précisément pourquoi la monnaie unique est mauvaise pour les pays européens s’accumule de plus en plus. Je participe à ce débat fréquemment. Mais des économistes comme Jacques Sapir (dont le dernier papier mémystifie les arguments des partisans de la monnaie unique), ou même Paul Krugman, « prix Nobel d’économie », dans son dernier livre, donnent crédibilité et pédagogie à la critique de l’unification monétaire européenne.

Résultat, les Français regrettent l’adoption du traité de Maastricht. Pas moins de 64% des citoyens voteraient « non » aujourd’hui, un immense signe de défiance qui montre que la France regrette son choix de 1992. Tous les voyants sont au rouge pour l’Europe : 76% pensent que l’Union Européenne n’agit pas de façon efficace contre la crise, 67% pensent que l’Europe va plutôt dans la mauvaise direction. 45% pensent que l’euro est un handicap contre 23% un atout.

La bataille qu’il faut encore gagner

mercredi 19 septembre 2012

Ne pas confondre islamisme et islam


La publication d’un film islamophobe enflamme la planète. Mais depuis l’attentat qui a coûté la vie de l’ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi, les évènements montrent bien la ligne de fracture qui existe entre l’Islam et les islamistes intégristes, totalitaires et meurtriers.

Combattre l’islamisme

Bien sûr, ce film représente une offense à l’égard de la religion musulmane et est à ce titre regrettable. Mais, comme l’a affirmé Nabil Ennasri, responsable du Collectif des musulmans de France sur twitter : « au lieu de crier leur colère, les musulmans auraient mieux fait d’ignorer ce film minable ». On peut se demande si les réactions de certains n’ont pas surtout fait de la publicité pour le film… Elles ont aussi montré l’agressivité et même la folie meurtrière des islamistes intégristes.

Car il est totalement scandaleux de tuer en réaction à la diffusion de ce film. La colère anti-étasunienne qui se répend au moyen-orient est totalement disproportionnée par rapport à ce qu’est ce film, l’œuvre de quelques individus isolés. Certes, il faut reconnaître que les guerres d’Irak et d’Afghanistan n’aident sans doute pas à calmer les esprits, mais le fait de tuer pour ce que l’on considère comme un blasphème montre à quel point les intégristes islamistes peuvent être dangereux.

C’est pourquoi il convient d’être extrêmement ferme contre toute dérive islamiste. La manifestation de deux cent personnes samedi place de la Concorde près de l’ambassade des Etats-Unis et les prières de rue qui y ont été organisées ne sont pas acceptables. Heureusement, l’Etat a fait preuve de la plus grande fermeté en interpellant 152 participants, dont deux femmes couvertes d’un voile intégral. C’est aussi pour cela qu’il était important d’interdire le port de la burqa il y a deux ans.

Tendre la main à l’Islam de France

mardi 18 septembre 2012

Violences à l’école : le calvaire des professeurs


La semaine dernière, deux enseignants ont été gravement aggressés par des élèves à Bordeaux et près de Poitiers. Comme d’habitude, les politiques réagissent avec compassion mais aucune mesure concrète ne semble vouloir être mise en place pour mettre fin à cette chienlit.

Des professeurs abandonnés

Comme le rapporte la Dépêche, mercredi dernier, c’est une enseignante de la Vienne qui a été agressée, en pleine classe, par une mère de famille qui n’était pas contente d’une remarque faite à son enfant. Il y a quelques décennies, quand un professeur faisait une remarque à un élève sur son bulletin ou ses copies, les parents demandaient des comptes à leur progéniture. Maintenant, malgré un sérieux relâchement de la notation, ce sont les professeurs qui sont mis en cause !

L’aggression de Bordeaux a été extrêmement violente puisqu’un élève de 18 ans, qui avait contesté la présentation du système politique du Maroc, dont il est originaire, a littéralement passé à tabac son professeur après avoir été convoqué par le principal. Si le papier de la Dépêche dénonce clairement la violence de cette agression, d’autres comptes-rendus laissent songeur. La Nouvelle République affirme que « l’élève aurait voulu approfondir le débat, l’enseignant aurait refusé et sa colère aurait été provoquée par le fait que le professeur a menacé de prévenir son père ».

Certes, il n’y a pas justification de l’aggression mais la mise en perspective n’en est pas loin… Le Parisien rapporte les propos du professeur agressé, qui évoque « un raidissement momentané de son élève, en proie à des difficultés familiales et personnelles. Il ne m’a pas cassé la gueule, mais il m’a brisé le cœur ». C’est à peine s’il n’excuse son agresseur pour son geste pourtant totalement inadmissible. Cette tolérance et ce relativisme à l’égard de la violence des jeunes sont proprement stupéfiants.

Que faire ?

lundi 17 septembre 2012

Pays-Bas : vers une alliance UMP-PS


La nouvelle a été éclipsée par la richesse de l’actualité (annonce de la Cour de Karlsruhe, puis de la Fed), mais aux Pays-bas, les élections législatives ont donné des résultats très différents de ce qui était anticipé il y a seulement quinze jours avec une victoire du centre-gauche et du centre-droit.

Une vraie surprise électorale

Je vous invite, si vous avez le temps, à lire ce très bon papier des Echos d’il y a 15 jours, qui offre une présentation assez détaillée du paysage politique néerlandaise. Il explique bien à quel point la vie du pays n’est pas un long fleuve tranquille. Les précédentes élections législatives de juin 2010, avaient abouti à une coalition hétéroclite et instable, qui comptait sur le soutien du PPV, parti populiste de Geert Wilders, en échange, entre autre, d’une interdiction de la burqa.

Mais cette coalition a explosé en avril dernier du fait d’un double désaccord, à la fois sur les politiques d’austérité, dont l’objectif est de parvenir à un déficit de 3% du PIB en 2013, mais aussi des différents plans d’aide européens. Geert Wilders s’est opposé au premier ministre Mark Rutte, du PVV (centre-droit) et s’oppose fortement à l’Europe. Parallèlement, la gauche radicale (le SP) s’est envolée dans les sondages, avec un même discours critique à l’égard de l’Europe.

Il y a 15 jours seulement, le SP était au coude à coude avec le PVV, mais les résultats finaux ne sont pas du tout conformes à ces pronostics puisque le PVV arrive en tête avec 41 sièges, devant le PdVA (centre-gauche), 39, le PPV (15 sièges au lieu de 24 en 2010) et le SP (15 sièges, comme en 2010). Comme le parlement compte 150 membres, le plus probable est une Grande Coalition, similaire à celle qu’a connu l’Allemagne, entre le centre-gauche et le centre-droit.

Leçons électorales bataves

dimanche 16 septembre 2012

Fed, BCE : ces banques centrales qui nous gouvernent


Jeudi soir, Ben Bernanke a annoncé une nouvelle vague de mesures de soutien à l’économie. Devant des gouvernements impuissants et souvent résignés à l’austérité, le poids pris par les banques centrales pose un immense problème démocratique, récemment souligné par Joseph Stiglitz.

Après la BCE, la Fed à la rescousse

Il y a une semaine, c’était Mario Draghi qui annonçait des mesures de « soutien » à la zone euro. Passons sur le fait que beaucoup de journalistes relaient extrêmement mal l’information, le Figaro évoquant un « programme de rachat illimité de dettes d’Etat en faveur de l’Espagne et de l’Italie ». En réalité, ces deux pays ne peuvent pas encore en profiter (il faudra passer par les fourches caudines du MES) et cela ne concerne que les obligations de 2 à 3 ans.

Cette semaine, c’est la Fed qui a annoncé de nouvelles mesures de soutien à l’économie. Comme le rapporte le Figaro, la banque centrale étasunienne avait déjà consacré la bagatelle de 2300 milliards de dollars au rachat de créances publiques en 2008 et 2010. Ben Bernanke avait également lancé l’opération Twist, qui consistait à vendre des titres à court terme pour acheter des titres à long terme et faire baisser le taux de ces derniers pour faciliter le financement de l’économie.

Là, il a annoncé un programme de rachat d’obligations immobilières, à hauteur de 40 milliards de dollars par mois, ainsi que la poursuite de l’opération Twist et le maitien de taux au plancher jusqu’à mi-2015 au lieu de mi-2014. Le président de la Fed a souligné que ces mesures étaient prises dans le cadre du double mandat de la Fed, qui, contrairement à la BCE, ne se limite pas à la maîtrise de l’inflation, mais a également pour objectif un soutien au plein emploi, en souvenir des années 30.

Un immense problème d’aléa moral

samedi 15 septembre 2012

Mythes et préjugés entourant la création et l'existence de la monnaie unique

Par Jacques Sapir


Le débat sur l’avenir de la zone Euro est encombré de mythes et de préjugés liés à l’existence même de la monnaie unique.
L’euro suscite en effet une série de fantasmes, dont certains sont repris dans des déclarations très officielles, et cette situation dure depuis maintenant plus de quinze ans. Dans cette note, on s’attachera à comparer les prédictions issues de ces mythes à la réalité économique de ces dernières années.


I.             L’euro, c’est la croissance…


Ce mythe peut s’appuyer sur  des éléments de théorie économique. On considère en effet que plus grand est le marché, plus grandes sont les perspectives de croissance. Dans ce contexte, le passage à la monnaie unique était censé faire disparaître les coûts de transaction, liés au change. D’où les déclarations de 1998 et 1999 annonçant que l’entrée en vigueur de l’Euro s’accompagnerait d’un surcroît de croissance. Or, c’est le contraire que l’on a constaté (Graphique 1)


Graphique 1

Sources : Données de l’OCDE

On constate qu’à l’exception du Japon, qui a connu une longue période de stagnation, tous les pays ont fait mieux que la zone Euro. Les pays « émergents » n’ont pas été inclus dans ce graphique car leur croissance est véritablement explosive sur la période. Une comparaison aurait été cruelle. Au sein des pays de l’OCDE, l’écart de croissance cumulé sur 1998-2011 (en pourcentage) est de 28 points pour l’Australie, 20 points pour la Suède, 18 pour le Canada, 10 pour les Etats-Unis.

Il convient dès lors de réviser certaines affirmations.
La baisse des coûts de transaction a un effet positif « en général », mais le calcul de ces coûts est très aléatoire. En la circonstance, ils s’appliquaient aux différences potentielles de change dans le commerce intra-(future) zone Euro. Or, plusieurs des pays concernés faisaient partie du SME, un système qui, déjà, lissait les mouvements de change. L’effet positif semble donc avoir été très réduit.

vendredi 14 septembre 2012

Le verrou de Karlsruhe


Comment interpréter la décision de la Cour de Justice de Karlsruhe ? S’agit-il d’une étape clé dans la construction de l’Europe fédérale voulue par Barroso, ou un simple épiphénomène prévisible, qui, au contraire, rend la crise de la zone euro totalement insoluble.

Un autre regard sur cette décision

Beaucoup se sont contentés de se féliciter de l’accord de la cour constitutionnelle allemande. Il faut dire qu’une décision négative aurait sans doute provoqué une énorme crise qui aurait pu aboutir à la fin de la monnaie unique. Car si l’Allemagne n’avait pas pu y participer, alors le fonds perdait son principal soutien financier et ne pouvait tout simplement pas se mettre en place, puisqu’il fallait réunir 90% du capital et que Berlin assume plus d’un quart des fonds apportés.

Mais le jugement rendu par les juges allemands lie les mains des futurs gouvernements de manière assez stricte puisqu’il sera impossible à Berlin d’aller au-delà de l’engagement actuel sans passer par un vote du Parlement. On souhaite bien du plaisir à un premier ministre qui souhaiterait demander une rallonge financière pour le MES ! En clair, la cour de Karlsruhe met une limite aux engagements financiers  de l’Allemagne vis-à-vis des fonds européens.

Et cela n’est pas neutre car aujourd’hui, le MES ne dispose pas d’un arsenal suffisant pour affronter un refinancement massif de l’Espagne et plus encore de l’Italie. Les besoins de financement de ces pays, additionnés aux engagements précédents, dépassent de loin les montants que le MES a à sa disposition. En outre, la cour de Karlsruhe a jugé que « l’Allemagne doit s’assurer d’une clause d’exemption si elle estime que ses intérêts ne sont pas pris en compte ».

Berlin, décideur de dernier ressort

jeudi 13 septembre 2012

Ma règle d’or : pas de dialogue avec le FN


La semaine dernière, les propos de Nicolas Dupont-Aignan sur le Front National ont déclenché une grosse polémique sur laquelle je n’ai voulu revenir qu’après en avoir discuté en interne. Deux commentaires : il faut veiller à bien rester sur ce que NDA a dit, et le FN reste, pour moi, totalement infréquentable.

Un parti, ce n’est pas ses électeurs

J’ai toujours distingué les électeurs du FN du parti. Il faut écouter les électeurs, même dialoguer avec eux, essayer de comprendre les raisons de leur vote, le respecter, même si on essaie de les convaincre de l’impasse qu’il représente. D’ailleurs, quand Sophia Aram les avait insultés, j’avais dénoncé ses déclarations. Je crois, que, comme Todd l’avait souligné, ils sont surtout maheureux politiquement, et j’ajouterai, en colère, devant des grands partis qui les laissent à la merci des conséquences de la globalisation néolibérale. C’est bien pour cela que le vote FN est un vote social.

Dialoguer avec les électeurs est une chose, mais dialoguer avec le parti en est une autre, radicalement différente. Certes, des conditions strictes (non réunies à ce jour, et sans doute jamais) sont posées à ce dialogue mais ce coup médiatique me met mal à l’aise. Pour moi, on débat avec le FN, on ne dialogue pas avec lui, même de manière hypothétique. Car un dialogue peut indiquer une possibilité d’accord. Et c’est dommage car nous avions été plus clair que l’UMP lors des élections législatives et avions évité toute ambiguité. Il est donc malheureux de brouiller notre message.

De plus, il faut être clair, quand un parti dix fois plus petit qu’un autre évoque un dialogue avec ce dernier, cela donne fortement l’impression qu’il est prêt à lui donner un coup de main ou le rallier, même si cela est faux ici. En outre, comment expliquer aux électeurs pourquoi nous soutenir plutôt que le FN si on semble s’en rapprocher ? Par delà le jugement que l’on porte à l’égard de ce parti (je vais y revenir), je crois que c’est un véritable suicide électoral. Le rapport de force actuel rend le discours totalement inintelligible et, pire, il semble donner une caution positive au FN.

Le loup déguisé en blonde ?

mercredi 12 septembre 2012

Islande : l’exemple venu du froid


C’est un cas dont on parle insuffisamment. Alors qu’en Europe, on sauve à tout prix les banques, et que l’on glorifie la rigidité monétaire de l’euro, qui rend impossible toute dévaluation, le cas de l’Islande démontre qu’une autre voie est possible, comme le rapporte Paul Krugman dans son dernier livre.

Un plan B face à la crise

Si les Islandais n’ont pas fait pareil que les autres pays, c’est à cause de la taille des problèmes qu’ils affrontaient avec un secteur bancaire dont les actifs représentaient 11 fois le PIB avant la crise, dont une fameuse banque Icesave, populaire en Grande-Bretagne. Le cas Islandais a été mis en avant par Paul Krugman début 2011, qui avait fait un parallèle entre la situation du petit pays scandinave et de l’Irlande pour souligner que le premier s’en sortait bien mieux.

Deux décisions expliquent la réussite du pays. Le premier est une dévaluation de 60% de la couronne pour relancer les exportations et rééquilibrer son commerce extérieur. Cela permet au pays d’afficher un taux de croissance de 3% cette année, contre une plongée en dépression dans la zone euro, comme le rapporte la Tribune. Mais ce n’est pas tout, alors que tous les pays sauvent leurs banques, l’Islande les a laissé faire faillite, puis les a nationalisé et n’a sauvé que les épargnants.

Cela n’était pas neutre car les banques islandaises s’étaient beaucoup développées à l’étranger et avaient beaucoup de créances à l’étranger. Dans un premier temps, le gouvernement islandais avait décidé de les honorer, parvenant à un accord avec Londres notamment. Mais un référendum d’initiative populaire, gagné à 93% a bloqué le plan gouvernemental. Les Islandais ont notamment refusé d’honorer les créances dues aux créanciers et épargnants étrangers, provoquant un scandale.

Les leçons venues du Nord

mardi 11 septembre 2012

Pourquoi nos idées ne gagnent pas (encore) ?


C’est un commentaire que je vois assez souvent, à savoir pourquoi les idées alternatives sur l’Europe et la libéralisation néolibérale ne parviennent-elles pas au pouvoir ? Est-il seulement possible espérer changer les choses ? Une remise en perspective permet de rester plus optimiste.

Une question de circonstances

De telles questions doivent être remises dans une perspective plus longue qu’une simple élection, y compris celle de 2012. En fait, la révolution néolibérale a commencé dans les années 1970 pour triompher dans les années 1980, avec concomitamment les élections de Margaret Thatcher puis Ronald Reagan et la chute progressive de l’URSS. L’ultralibéralisme triomphant n’a alors plus eu de retenue et a pu imposer son agenda, y compris au sein de la gauche non communiste.

Le retour des crises financières (en 1987, puis les caisses d’épargne aux Etats-Unis) ainsi que la crise économique de 1991-1993 ont permis de faire émerger une critique du néolibéralisme dont Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement ont été les figures de proue. Tous les débats qui nous animent aujourd’hui étaient déjà là. Malheureusement, cette critique n’a pas réussi à s’imposer. La chute du mur de Berlin était peut-être trop proche pour une vraie remise en question.

La crise des pays émergents en 1997 était sans doute trop lointaine pour nous faire douter et si l’explosion de la bulle Internet en 2001 a rappelé la folie des marchés, la phase de croissance qui l’avait précédée et la sortie de crise finalement aussi rapide qu’illusoire a pu maintenir l’idée que notre système économique n’était peut-être pas si vicié que cela, malgré de gros disfonctionnements (baisse du pouvoir d’achat) qui étaient en réalité camouflés par une bulle de dettes privées.

L’échec provisoire de la Grande Récession

lundi 10 septembre 2012

Le suicide du Parti Socialiste


Un « coup de pouce » au SMIC trois fois moins important que celui de Jacques Chirac en 1995, un gel de l’indice de la fonction publique et des coupes drastiques dans les effectifs, l’acceptation de la camisole budgétaire, l’austérité en temps de crise : François Hollande est dans une impasse.

Des causes et des conséquences de la mondialisation

Hier, le Point annonçait que le rapport commandé par Arnaud Montebourg sur la fermeture de l’usine PSA, et qui devait être initialement publié le 25 juillet, devrait, malheureusement mais logiquement, valider le choix du constructeur automobile, comme je l’avais annoncé en juillet. Encore un signe de l’incapacité chronique du gouvernement socialiste à sortir du cadre intellectuel dans lequel il s’enferme et qui fait qu’il ne traite que les conséquences des problèmes et non pas les causes.

Il est tout de même incroyable que le premier gouvernement socialiste depuis 10 ans donne un coup de pouce au SMIC trois fois moins important que celui donné par Jacques Chirac en 1995. Il est aussi assez incroyable de voir que le PS accepter le logiciel intellectuel néolibéral d’interprétation de la crise, réduire les déficits de 30 milliards et rejetter la lecture d’économistes comme Paul Krugman, qui dénonce dans son dernier livre les plans d’austérité appliqués en Europe.

Voici le parti qui a libéré les échanges et la finance qui joue à l’infirmière des conséquences de cette libéralisation. Pire, cette libéralisation et le cadre européen le privent tous les jours davantage des moyens pour faire cela. En fait, le PS traite les conséquences de la mondialisation en semblant à peine se soucier des causes des problèmes et dans tous les cas, sans jamais avoir rien fait pour les remettre en cause, du fait d’un fond idéologique trop internationaliste et libertaire.

Le PS sur la voie du PASOK

dimanche 9 septembre 2012

Faut-il interdire les caisses automatiques des supermarchés ?


Dans son dernier livre, Joseph Stiglitz affirme « qu’il est curieux qu’à une époque où le chômage est si élevé, les supermarchés remplacent les caissiers par des caisses automatiques ». La remarque du « prix Nobel d’économie » amène à se poser la question de l’interdiction de ces caisses automatiques.

Une brèche importante dans la guerre contre le chômage

L’emploi est la mère de toutes les batailles. Il est essentiel de pouvoir trouver un emploi de manière à s’insérer dans la société. Le chômage de masse déstructure la société et provoque de véritables drames humains, désocialisant les personnes qui y restent trop longtemps. Cette urgence de la bataille contre le chômage n’a pas été suffisamment saisie et les derniers chiffres du chômage montre une détérioration inquiétante de la situation de l’économie.

Mais alors que le cap des trois millions chômeurs est passé, la grande distribution poursuit l’automatisation des caisses de ses magasins. Cette automatisation permet de réduire de manière importante les coûts des supermarchés en supprimant des emplois de caissières. Mais cette évolution technologique pèse et va peser fortement sur les chiffres du chômage dans les prochaines années, à un moment où la France aurait pourtant besoin de protéger ses emplois.

Faut-il s’opposer à ce progrès technologique ? Après tout, il y a quelques années, des pompistes servaient aux stations-service et nous nous sommes habitués au libre-service, comme dans le commerce alimentaire. Ces évolutions ont permis des gains de productivité importants. En outre, on peut argumenter que ce sont des emplois moins qualifiés, qui ne sont pas forcément les emplois sur lesquels il faut se battre. Et surtout, mettre un frein à une telle évolution représente un frein à la liberté.

L’Etat doit-il agir ?

samedi 8 septembre 2012

Quand on casse l’histoire, on casse la France


C’est un scandale absolument incroyable dont il est dommage qu’on n’en parle pas davantage : depuis quelques années, le charcutage des programmes d’histoire fait que les enfants n’apprennent plus des épisodes de base de l’histoire de France. Retour sur une polémique importante.

C’est l’histoire de France que l’on assassine

Les ministres ont-ils seulement conscience de l’énormité de ce qu’ils laissent faire ? Le pire est que l’on peut croire que oui. Après tout, l’équipe précédente avait tellement peu de respect pour l’histoire qu’elle en avait fait une option en terminale S (où la majorité des lycéens vont), malgré l’opposition de l’Association des Professeurs d’Histoire et Géographie. Malheureusement, ceci n’était que le sommet de l’iceberg, la partie apparente de mesures beaucoup plus graves encore.

En effet, le ministère de l’éducation nationale est en train de nettoyer au karcher les programmes d’histoire. Comme le rapportait déjà le Figaro dans un long papier il y a un an, « Clovis, Saint Louis ou François Ier, mais aussi Henri IV, Louis XIV ou Napoléon ne sont plus étudiés dans les collèges français ! (…) Raison invoquée par l’éducation nationale : il faut consacrer du temps (…) à l’enseignement des civilisations extra-européennes, de l’empire du Mali à la Chine des Hans ».

Mais ce n’est pas tout. Cette année, c’est au tour de la Première Guerre Mondiale de passer à l’essorage de cette révision lamentable des programmes d’histoire, au profit du génocide arménien ou du peintre Otto Dix. Le Figaro avait à nouveau alerté l’opinion par un long papier fin août « Qui veut casser l’histoire de France ? », dénonçant cette révision aberrante des programmes scolaires. Il y a deux ans, Claire Mazeron avait tenu des propos très proches dans Marianne.

L’histoire, pilier de notre République