mercredi 12 septembre 2012

Islande : l’exemple venu du froid


C’est un cas dont on parle insuffisamment. Alors qu’en Europe, on sauve à tout prix les banques, et que l’on glorifie la rigidité monétaire de l’euro, qui rend impossible toute dévaluation, le cas de l’Islande démontre qu’une autre voie est possible, comme le rapporte Paul Krugman dans son dernier livre.

Un plan B face à la crise

Si les Islandais n’ont pas fait pareil que les autres pays, c’est à cause de la taille des problèmes qu’ils affrontaient avec un secteur bancaire dont les actifs représentaient 11 fois le PIB avant la crise, dont une fameuse banque Icesave, populaire en Grande-Bretagne. Le cas Islandais a été mis en avant par Paul Krugman début 2011, qui avait fait un parallèle entre la situation du petit pays scandinave et de l’Irlande pour souligner que le premier s’en sortait bien mieux.

Deux décisions expliquent la réussite du pays. Le premier est une dévaluation de 60% de la couronne pour relancer les exportations et rééquilibrer son commerce extérieur. Cela permet au pays d’afficher un taux de croissance de 3% cette année, contre une plongée en dépression dans la zone euro, comme le rapporte la Tribune. Mais ce n’est pas tout, alors que tous les pays sauvent leurs banques, l’Islande les a laissé faire faillite, puis les a nationalisé et n’a sauvé que les épargnants.

Cela n’était pas neutre car les banques islandaises s’étaient beaucoup développées à l’étranger et avaient beaucoup de créances à l’étranger. Dans un premier temps, le gouvernement islandais avait décidé de les honorer, parvenant à un accord avec Londres notamment. Mais un référendum d’initiative populaire, gagné à 93% a bloqué le plan gouvernemental. Les Islandais ont notamment refusé d’honorer les créances dues aux créanciers et épargnants étrangers, provoquant un scandale.

Les leçons venues du Nord

Le cas de l’Islande démontre à nouveau qu’une dévaluation bien gérée est le meilleur moyen pour relancer la croissance d’un pays en difficulté, soulignant encore une fois les problèmes posés par la monnaie unique. Mais il démontre également que la plupart des pays ont sans doute été beaucoup trop indulgents avec le secteur bancaire pendant la crise. Bien sûr, il ne fallait pas seulement laisser faire faillite les banques, mais aussi les nationaliser juste après pour sauver un système bancaire.

Les solutions où les banques centrales fournissent des centaines de milliards de liquidités aux banques (1000 milliards en trois mois dans la zone euro) sans la moindre contrepartie, sont une énorme subvention au système bancaire. La solution islandaise est beaucoup plus juste car elle préserve l’intérêt des déposants (dont l’épargne est protégée), de la société (en nationalisant le système bancaire) tout en sanctionnant les banques (par des faillites, moins coûteuse pour la collectivité).

Bref, il n’y a pas d’aléa moral pour le système bancaire, ce qui est essentiel pour prévenir un retour des comportements spéculatifs, alors que tout semble fait en Europe pour continuer dans l’impasse actuelle. L’expérience islandaise est aussi intéressante d’un point de vue démocratique car la population s’est révoltée contre ses dirigeants avec un référendum d’initiative populaire, suivi d’une grande réforme des institutions du pays, comme cela est rapporté sur le blog d’Olivier Berruyer.

Bref, nous n’avons pas à nous résigner aux politiques d’austérité pour le peuple et de casino gagnant à tous les coups pour les banques. La voie du « barbarisme », pour reprendre le mot de Paul Krugman dans son dernier livre, peut être abandonnée, à condition d’une vraie volonté populaire.

Demain, je m’exprimerai sur les propos de NDA sur le Front National

15 commentaires:

  1. Une île de 300.000 habitants en exemple pour des peuples de 60.000.000 des personnes. Toujours plus amusant.

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    1. Très fine remarque mais:
      - les comparaisons absurdes du même genre sont légion chez les libéraux quand il s'agit de vanter tel modèle économique, éducatif, culturel etc afin de présenter la France comme le dernier des Mohicans. Soit on les accepte en pointant les différences autant que les convergences, soit on les refuse par principe. mais dans ce cas on ne discute de rien.
      - La comparaison avec l'Argentine, 30 000 000 d'habitants, qui a suivi le même scénario avec un décalage de quelques années vous paraît-elle plus acceptable? Quel paramètre pointerez-vous pour refuser la conclusion logique parce qu'elle ne vous plaît pas ?...
      Francis Commarrieu.

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    2. @ Fiorino

      Si Paul Krugman fait la comparaison, on peut lui faire confiance.

      J'ai supprimé votre commentaire suivant, totalement ridicule comme si souvent. J'ai en ras le bol de devoir infirmer des affirmations complètement farfelues.

      @ Francis

      Deux papiers sur l'Argentine :

      Un exemple :

      http://www.gaullistelibre.com/2011/12/largentine-est-bel-et-bien-un-exemple.html

      Qui n'a pas que des forces :

      http://www.gaullistelibre.com/2012/08/la-faille-du-modele-argentin.html

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  2. Petite remarque de langue. Cela fait plusieurs fois que vous utilisez le terme de "barbarisme" emprunté à Paul Krugman, j'ai bien peur qu'il ne s'agisse d'un anglicisme du plus mauvais aloi (peut-être dû à la traduction). "Barbarism" signifie barbarie en anglais, tandis qu'en français un "barbarisme" correspond à l'utilisation d'un mot qui n'existe pas ou à l'utilisation d'un mot dans un faux sens (souvent par emprunt à une langue étrangère). En somme, en reprenant Krugman (ou son traducteur), vous vous mettez en position de commettre un barbarisme au carré!

    Emmanuel B

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  3. Les banques, ce sont les riches. Une île produit un effet d'isolement qui est peut-être plus favorable à la démocratie.

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  4. Un papier intéressant du CEPII sur la comparaison entre dévaluation externe (Argentine et Islande), avec ses effets rapides et une véritable reprise, et dévaluation interne (Irlande et Lettonie), avec ses effets limités.

    http://www.cepii.fr/francgraph/publications/lettre/resumes/resume_lettre.asp?NoDoc=4615

    Conclusion en queue de poisson : les auteurs reconnaissent que la dévaluation externe (càd le démontage de l'Euro) serait bien plus efficace que le maintien de la monnaie unique, mais soutiennent qu'une telle solution, sans le justifier ("les coûts d'une sortie sont considérables"), n'est pas possible.

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  5. @ Emmanuel B

    Merci pour l'information. Je devrais parler de monstruosité sans doute.

    @ Paul

    Merci. On peut leur rétorquer la très bonne étude de Jonathan Tepper :

    http://www.gaullistelibre.com/2012/02/comment-sortir-dune-monnaie-unique.html

    @ Fiorino

    J'ai supprimé votre commentaire de troll qui n'avait rien à voir avec le sujet... etc

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    1. Je ne me rappelle plus ce que j'avais écrit, mais j'ai vu que vous avez la censure facile même dans l'autre post, on va voir si vous allez supprimer le commentaire qui montre votre incohérence.

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    2. Si je voulais le faire, je n'aurai pas dit que je l'ai supprimé...

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    3. @Fiorino :

      vous êtes ici ce que l'on appelle un "troll" :

      TOUJOURS agressif, voir arrogant, déviant le sujet quand ca vous arrange, quitte a émettre des contre-vérités, vos interventions ne sont pas des critiques au sens réflexif du terme, mais tenant le plus souvent de la méchanceté gratuite et haineuse.

      Haineuse parce que visiblement DLR, pour on ne sait quelle raison, vous donne des boutons : aucune parole ou écrit de LP ne saurait trouver grâce a vos yeux, quand bien même vous partageriez, au fond, leur pertinence.

      Vous ne faites JAMAIS aucun compliment, n'abondez JAMAIS dans son sens.

      Aussi vos critique dénotent un sectarisme tenant du culte de la personnalité.

      Preuve en est, vous ne faites même pas la différence entre censure (secrète, qui ne se dit pas, donc LP ne l'aurait même pas évoquée, et n'aurait même pas laissé votre réponse visible) et modération (qui a pour but d'éclairer la discussion en écartant les trolls et autres inepties).

      Bref, vous devriez prendre une douche froide a chaque fois que vous lisez un texte... ou je sais pas, faites vous plaisir, sortez un peu, faites vous des amis, prenez un chien ... ça fait du bien je vous assure ...

      dubitativement,
      Age

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    4. @ age
      J'ai plutôt l'impression que votre message est du à votre déception hier pour la décision de la cour allemande et la victoire des pro-européens donc je vous conseil d'appliquer vos conseils à vous même.

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  6. Une question sans doute naïve, mais avec une dévaluation de 60%, les produits importés par l'Islande ne sont-t-il pas inaccessibles ?

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  7. Scepticisme allemand :

    Il n'y a pas de solution dans le système actuel. Il faut réduire la zone euro. D'abord, la Grèce doit quitter la zone d'ici à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine. Les effets seront douloureux mais digérables.

    http://www.lepoint.fr/economie/zone-euro-nous-sommes-dans-un-veritable-crime-monetaire-12-09-2012-1505356_28.php

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  8. @ Leulier

    Bien sûr, le prix des produits importés s'envolent (comme en Argentine). Mais c'est cela qui fait que les importations diminuent et sont en partie substituées par des productions locales. Et cela booste les exportations, permettant de rééquilibrer le commerce extérieur.

    @ Olaf

    Que l'agonie de la monnaie unique est longue...

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    1. Oui c'est marrant ceux qui disent "oulalala" les importations vont s'envoler c'est n'importe quoi le retour au franc. Mais messieurs, les plans d'austérité qui ne régleront rien vont tous nous pousser au fond du trou.. alors à choisir, faisons une dévaluation qui sera rude sur l'import mais qui nous permettra de mettre un terme au cercle vicieux et nous permettra de repartir vers le positif ! C'est simple à comprendre... Dans les deux cas va falloir serrer les dents, sauf que dans e 1er cas on ne sortira pas de la crise et on ne réglera pas le problème, dans le second si.

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