dimanche 31 mai 2015

Les Républicains : changer la forme pour ne rien faire sur le fond




Grosse ficelle de communication

L’ancien président de la République n’a pas négligé les effets de manche en publiant un « Appel à tous les républicains », inspiré dans la forme de l‘appel du 18 juin du Général de Gaulle : il ne fallait pas avoir peur de ne pas rentrer dans le costume du grand homme, et fermer les yeux sur la vraie trahison gaulliste que représente le traité de Lisbonne ! Ce changement de nom répond à un double objectif. D’abord, essayer de distancier cette écurie politique des affaires passées, dont les suites judiciaires risquent d’encombrer les années à venir. Ensuite, elle correspond à la volonté de se positionner sur les questions sociétales et de valeurs, ce qui semble le créneau le plus porteur, entre un FN au fumet toujours xénophobe et un PS ouvert au communautarisme (ce que Sarkozy était il y a 10 ans).

Cette stratégie démontre que, malgré les succès électoraux et les sondages apparemment favorables, les esprits ne sont pas vraiment sereins à droite. Le cap eurolibéral affiché par l’actuelle majorité ne laisse que très peu d’espace politique sur ces questions à Nicolas Sarkozy et le léger mieux du climat économique doit faire craindre à un changement de cap des vents de l’actualité. Du coup, après le débat sur le mariage et celui sur le collège, le choix de porter le combat électoral sur les valeurs peut sembler un pari gagnant pour l’ancienne majorité, qui pourrait se positionner profitablement entre PS et FN. D’où le choix de se nommer Les Républicains, choix que certains ont, et de manière aussi dérisoire que ridicule et un peu totalitaire, voulu interdire, ce que la justice a heureusement refusé.

Changer sans rien changer

samedi 30 mai 2015

Cette bulle financière qui s’est remise à gonfler

Cela était sans doute inévitable étant données les politiques monétaires menées par les banques centrales. Mais cela est rendu possible par le manque de réforme du système financier depuis la crise de 2008 et les nouvelles innovations. Et nous n’en sommes sans doute qu’au début…



Premiers signes de bulles


Les niveaux atteints par les bourses sont déjà une bonne indication. Toutes les grandes bourses du monde ont doublé par rapport au point bas atteint début 2009, certaines, comme New York, ayant déjà battu leur record historique. Mieux, si on regarde le niveau des cours par rapport aux bénéfices des entreprises, nous ne sommes que dans la moyenne historique, la globalisation ayant donné aux multinationales de nombreux moyens de faire toujours plus de profits, au point de même inquiéter The Economist ! Il y a donc de la marge et on peut raisonnablement croire que les bourses vont continuer de monter pour quelques temps encore. Le prix de l’immobilier est reparti à la hausse dans les pays où les prix avaient fortement baissé, avec la chute des taux, qui réduit le coût complet pour ceux qui empruntent.



Mais de nombreux signes devraient nous inquiéter, au-delà du niveau du bilan des banques centrales, ou même de la dette des Etats. Les récents records enregistrés sur le marché des œuvres d’art ou le regain des opérations de fusions et acquisitions sont des signes classiques de bulles. Et même si les records du passé sont battus ou en passe de l’être, la question est de savoir jusqu’où cela pourrait aller et comment pourrait se passer l’ajustement ? Un autre indicateur inquiétant est l’envolée de l’endettement global de la Chine par rapport à son PIB, d’autant plus que la richesse nationale du pays a beaucoup augmenté depuis: de 150% du PIB en 2008, il est passé à plus de 270% aujourd’hui selon une estimation de McKinsey. Et les innovations financières du prochain krach semblent déjà là.

A quand le prochain krach ?

vendredi 29 mai 2015

Les 10 ans d’une forfaiture démocratique

En 2005, nous étions prêts de 55% des citoyens à nous être déplacés (en plus grand nombre que lors des dernières élections départementales ou européennes), pour refuser le traité constitutionnel européen. Mais trois ans après, les parlementaires violaient la parole populaire en ratifiant le traité de Lisbonne.



La démocratie bafouée et bâillonnée

Ce qui s’est passé depuis le 29 mai 2005 est grave. Bien sûr, d’un strict point de vue constitutionnel, cela était sans doute possible et ne violait peut-être pas les textes qui régissent notre organisation politique, encore que cela est sans doute plus que questionnable. Mais si le même scénario s’était produit ailleurs, qu’aurions-nous dit ? Imaginons un instant que Poutine ait perdu un référendum de la même façon, puis, que trois ans plus tard, il ait fait valider le même texte, à peine remanié pour vaguement donner le change, par les parlementaires. Serge July, qui avait littéralement insulté les Français qui avaient eu l’audace de ne pas suivre les lumières des penseurs correcto-maximo, n’aurait-il pas hurlé au fascisme, à la dictature, au viol inacceptable de la volonté populaire exprimée par référendum ?

Imagine-t-on le Général de Gaulle, après le référendum perdu d’avril 1969 revenir quelque temps plus tard avec un texte à peine remanié pour le faire passer par les parlementaires ? Il est bien évident que cette voie est une vraie forfaiture démocratique. A minima, nos dirigeants devaient proposer le nouveau texte, même à peine modifié, au suffrage populaire, comme le font l’Irlande ou le Danemark. Ce qui a été décidé par les citoyens ne doit pouvoir être défait que par eux. Ce faisant, PS, UMP, Centristes et écologistes ont trahi la démocratie en s’asseyant sur la volonté populaire pour adopter un texte similaire à celui refusé le 29 mai trois ans après. Cela est d’autant plus choquant que ce référendum avait provoqué un immense débat dans le pays, aboutissant à une très forte participation le jour du vote.

Ce que cela dit de l’Europe et de nos dirigeants

jeudi 28 mai 2015

Najat Vallaud-Belkacem, pseudo intellectuelle, ministre et communicante

Le débat sur la réforme du collège a mis en lumière Najat Vallaud-Belkacem. Mais si par certains aspects, elle la prend bien, pour beaucoup d’autres, ce débat a révélé une femme dogmatique, superficielle, hautaine  et caricaturale, comme le montre sa fameuse interview dans GQ.



Grosse ficelle caricaturale et suffisante

Ce n’est pas peu dire que la ministre de l’éducation utilise de grosses ficelles pour défendre la réforme du collège. Après avoir monté une ligne de défense sur la xénophobie supposée de ses critiques, leur niveau (les pseudo intellectuels) et un soit-disant élitisme conservateur, moyen commode de détourner le débat des éléments concrets de la réforme, elle est allée encore plus loin sur le dernier élément dans GQ. Le journal lui  a demandé à quoi elle reconnaît quelqu’un qui vote à gauche et quelqu’un qui vote à droite. Pour le premier, elle dit « il y a toujours des exceptions qui confirment la règle, mais je dirais au fait qu’il parle exactement de la même façon à un chef d’entreprise du CAC 40 et à un chauffeur de taxi. Avec le même respect, en étant tout autant intéressé par ce que l’autre a à lui dire ».

Elle poursuit sur celui de droite : « de manière générale, je dirais à une forme d’indifférence ou d’acceptation voire de légitimation des inégalités (…) tous ceux qui plus généralement se fichent comme d’une guigne que seuls 20% des élèves réussissent parfaitement pendant que tous les autres sont à la traîne ». Ce faisant, la ministre vise Eric Ciotti, qui dénonçait « l’égalitarisme forcené, le nivellement par le bas ». Dans le monde tel qu’elle le décrit, les personnes de gauche seraient respectueuses des autres (sous-entendu, ce n’est pas le cas des personnes de droite) quand ces dernières seraient indifférentes aux difficultés de ceux qui ont du mal à réussir. Quand on pense que la ministre a osé réduire ses critiques à des « pseudo-intellectuels », voilà une façon bien peu intellectuelle de débattre

Apprentie communicante

mercredi 27 mai 2015

Du mariage pour tous, de la GPA et des mères de 65 ans




Une belle victoire de la démocratie

Le résultat est spectaculaire pour un pays qui n’a décriminalisé l’homosexualité qu’en 1993. Pour la presse locale « les analystes politiques qui couvrent les référendums en Irlande depuis des décennies s’accordent pour dire que la victoire écrasante du ‘oui’ marque un important tournant générationnel par rapport aux années 1980, lorsque les électeurs soutenaient toujours fermement les traditions catholiques et votaient en grand nombre contre l’avortement et le divorce ». Et ceci, alors que l’avortement est toujours interdit, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme.  Mais cela n’a pas empêché 62% des Irlandais de voter pour autoriser le mariage de 2 personnes de même sexe.

Ce choix représente une double victoire. D’abord, on peut considérer qu’il est positif de demander au peuple de se prononcer sur cette question de société. Quand on se souvient de la manière dont le débat s’est passé en France, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il aurait été plus sain d’organiser un référendum, ce qui aurait sans doute calmer des esprits un peu trop échauffés par la longueur du débat ou le choix d’y adjoindre la question de l’adoption. S’en remettre au peuple aurait sans doute poussé les croisés de chaque camp à se retenir pour ne pas perdre ceux qui hésitaient. Et puis, je continue à penser que cette extension du droit du mariage est le contraire bienvenu du communautarisme.

Des excès du laisser-faire absolu

mardi 26 mai 2015

Quand les Echos maquillent la bonne performance du Japon

Au premier trimestre, la croissance a atteint 0,4% dans la zone euro, et le PIB a seulement été stable aux Etats-Unis. Au Japon, la croissance a atteint 0,6%, mais les Echos la juge « molle » dans un premier papier puis « fragile et portée par les invendus » dans un second. Sacrée mystification !



Nouveau succès des Abenomics

Bien sûr, la croissance du Japon est assez erratique. La perspective de la hausse de la TVA a boosté la croissance fin 2013 / début 2014, avant qu’elle ne retombe aux second et troisième trimestres. Et, passé l’effet de la hausse des taxes, l’économie a rebondi, avec une croissance de 1,1% en rythme annuel au quatrième trimestre 2014, et 2,4% au premier trimestre 2015. Et avec une croissance supérieure à celle des Etats-Unis ou de la zone euro, comment dire que la croissance du Japon est molle ou fragile ? Bien sûr, les Echos pointent l’effet de la hausse des stocks au dernier trimestre, mais malgré tout, la croissance reste positive sans cela et les investissements ont progressé.

Mais en plus, les Echos oublient une précision de taille : le différentiel d’évolution démographique entre le Japon et les autres pays. Quand la population augmente de 0,5% par an en France, ou 0,7% aux Etats-Unis, elle recule de 0,2% au Japon. Bref, les chiffres d’évolution du PIB doivent être évalués en fonction de l’évolution du PIB par habitant, comme l’avait expliqué The Economist fin 2011, dans un papier qui montrait que les deux dernières décennies n’avaient pas été si mauvaises que cela pour l’archipel. La croissance du PIB par habitant est largement supérieure au Japon que dans la zone euro, et pas si éloignée des chiffres des Etats-Unis, tempérés par la croissance démographique.

Pourquoi les Echos sont de mauvaise foi ?

OGM : ni excès d'honneurs, ni excès d'indignité (billet)

Billet invité de Jean-Louis Porry, complément au débat suscité par mon papier « A quand l’interdiction du Roundup de Monsanto ? »



Contrairement aux annonces récurrentes de nouvelles applications, la quasi totalité des plantes génétiquement modifiées -PGM- utilisées dans l'agriculture appartiennent à la même génération que celles qui ont été mises en marché à la fin du siècle dernier. Les gènes qui leur ont été transférés leur confèrent des propriétés insecticides ou leur permettent de résister à un herbicide. Il y a une confusion sur le terme de "générations" d'OGM. Pour certains, on doit parler de "deuxième, troisième... génération" dès que plus d'un caractère a été transféré, par exemple la capacité de produire deux sortes de protéines insecticides, ce qui leur confère un spectre de résistance plus large. Par exemple, le maïs TC 1507, qui a défrayé la chronique, relève de cette catégorie (une propriété herbicide et une propriété insecticide). En fait, de tels OGM ne présentent pas de différences significatives avec la première génération, que ce soit pour leur utilisation ou pour les méthodes de transgénèse utilisées. Il est préférable de réserver ce terme à des OGM où les caractères introduits, souvent avec des méthodes plus sophistiquées, modifient le comportement d'ensemble de la plante, par exemple en lui permettant de résister à la sécheresse.

lundi 25 mai 2015

La réjouissante victoire de Podemos à Madrid et Barcelone

Et si, même si ce n’est pas illogique, le réveil démocratique était proportionnel à la dureté de la crise ? Après la victoire de Syriza en Grèce, qui peine encore à trancher la route à prendre, Madrid pourrait se diriger vers une révolution démocratique avec le nouveau succès électoral de Podemos.



Réveil démocratique ibérique

Selon la european social survey (l’UE n’étant que le paravent à une uniformisation linguistique anglophone), de 2006 à 2012, le pourcentage d’Espagnols intéressés par la politique a doublé, ce qui explique la force du mouvement des Indignados. Cela s’est vu hier avec le niveau de participation, en hausse, contrastant avec l’évolution des autres pays européens. Les victimes sont le PP et le PSOE, qui rassemblaient encore 84% des voix aux élections législatives de 2008, pèsent moins de la moitié des voix. La vie politique du pays est bouleversée par l’émergence de Podemos, allié de Syriza, la gauche réelle, étant donné ce que le PSOE est devenu, comme les autres partis « socialistes », même si certains les qualifient d’extrême-gauche. Et le pays a vu l’émergence des centristes de Ciudadanos (Citoyens).

Les élections régionales et municipales ont profondément rebattu les cartes du paysage électoral espagnol puisque le PP et le PSOE ne disposent presque plus jamais d’une majorité dans les Assemblées et devront gouverner différemment, avant des élections législatives en fin d’année dont l’issue semble très incertaine. Les résultats sont les plus frappants à Madrid et Barcelone, où Podemos arrive très largement en tête. Dans la capitale, sur des résultats partiels, Podemos dépasse 34% contre 26% au PSOE et 23% au PP. Podemos obtient 27% des suffrages à Barcelone, contre 20% au parti régionaliste. Dans les communautés, Podemos obtient entre 8 et 21%, contre 8% aux élections européennes de l’an dernier. Ciudadanos obtient entre 4 et 12% dans les régions comme dans les grandes villes.

L'euro, également en procès

dimanche 24 mai 2015

A quand l’interdiction du Roundup de Monsanto ?




L’histoire effarante de Monsanto

Monsanto, c’est un peu comme le chef des dealers après la dépénalisation des drogues. Ses produits sont hautement addictifs puisqu’il vend un herbicide (le Roundup) auquel résistent certaines de ses semences OGM, programmées pour ne pas donner de semences ensuite, imposant par conséquent de racheter année après année ses semences. Outre la privatisation du vivant, on rentre dans un système totalement fermé, et très profitable, puisque son chiffre d’affaire est passé de 5 à 16 milliards de dollars depuis 2003, et son résultat de 0,1 à 2,7 milliards. Le niveau de marge en dit long sur le modèle d’affaire de l’entreprise, et il est effarant que Monsanto espère aujourd’hui racheter Syngenta.

Outre cette position de prédateur capitaliste, qui devrait interroger aussi les vrais libéraux qui défendent un minimum de compétition, l’autre problème posé par Monsanto, ce sont les nombreux scandales sanitaires qui l’ont éclaboussé, comme le rapportait Le Monde dans un papier effarant il y a trois ans. Le professeur Séralini avait déclenché une énorme polémique en pointant le danger du Roundup. Il trouve ses travaux confirmés par l’avis de l’agence de l’Organisation Mondiale de la Santé le 20 mars qui a classé le Roundup comme « cancérogène probable ». Quand on pense que Monsanto faisait la publicité de ce désherbant en disant qu’il ne posait aucun problème pour l’os du chien !

Pour une interdiction complète

samedi 23 mai 2015

Avis de mascarade démocratique au PS

Jeudi, les militants socialistes, pour beaucoup des élus, se sont exprimés en vue du Congrès à venir. Les résultats sont conformes à ce qui était attendu et satisfont presque tout le monde. Le débat a été inexistant, ce Congrès étant principalement un balet gouverné par les egos et les intérêts personnels.



Un faux débat idéologique

Les résultats de ce Congrès ne sont pas surprenants. La motion A, du premier secrétaire, qui soutient le gouvernement, est arrivée largement en tête, ce qui n’est pas une surprise étant donné le relatif anonymat des trois autres porteurs de motions concurrentes. Le vote aurait eu une autre portée si Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon avaient porté la motion B. Et que dire si Martine Aubry avait décidé de ne pas se ranger derrière Jean-Christophe Cambadélis ? Ce faisant, tous ces éléphants préfèrent privilégier les intérêts de leur parti et les places qu’il peut procurer aux idées… En outre, la concurrence des deux autres listes permettait de diviser l’opposition à la ligne gouvernementale.

Et cela est d’autant plus habile que la motion Christian Paul était prise en sandwich entre la motion C, de Florence Augier, marquée à gauche, et la fausse motion d’opposition de Karine Berger, dont on se demande bien ce qui peut la séparer de la motion A. En fait, on pourrait ajouter le score des motions A et D pour bien mesurer le poids de la ligne eurolibérale au PS. On peut aussi questionner la sincérité des frondeurs tant ils n’ont aucun poids sur la ligne de leur parti depuis plus de 30 ans. Ne se complaisent-ils pas dans une opposition tellement improductive qu’on peut se demander s’ils sont véritablement sincères pour rester dans un parti qui ne mène pas la politique à laquelle ils disent croire ?

Une vraie quête de places

vendredi 22 mai 2015

Cannabis : toujours plus de raisons de l’interdire

Malgré la tentation d’une partie du PS et le soutien effarant du Monde, les preuves s’accumulent sur la très grande nocivité du cannabis. Le fait qu’il pénalise la croissance des adolescents, outre le fait de réduire leur QI, plaide plus que jamais pour une interdiction extrêmement stricte.



Plus petit et moins intelligent !


Cette étude complète une autre étude publiée en 2012, selon laquelle, sur 20 ans, la consommation de cannabis peut provoquer une baisse du Quotient Intellectuel de 8 points. En outre, le cannabis provoque des troubles de la mémoire et de l’attention, qui perdurent quand les sujets ont commencé à en consommer dès l’adolescence. Le cannabis créé de la dépendance, et peut aussi faire perdre jusqu’à 50% de la mémoire immédiate pour les gros consommateurs. Enfin, cerise sur le gâteau, il peut provoquer une augmentation de 50 à 200% des maladies mentales et des troubles comme la schizophrénie ou les psychoses, ainsi qu’une réduction du cortex ! Bref, le cannabis est très dangereux.

La folie de la dépénalisation

jeudi 21 mai 2015

A Londres et Washington, la reprise en trompe-l’oeil

Les chiffres de croissance du premier trimestre aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ont beaucoup déçu. Londres affiche seulement 0,3% de croissance quand Washington atteint à peine 0,2% en rythme annuel. Dans une série de papier, The Economist donne une perspective intéressante à leur reprise.



Les cycles des marchés du travail

Outre-Manche, on débat beaucoup du manque de productivité, qui fait dire à l’hebdomadaire que « les Français pourraient ne pas travailler le vendredi et toujours produire plus que les britanniques. Au contraire des stéréotypes, les Italiens sont 9% plus productifs ». En effet, si le taux de chômage britannique a beaucoup baissé, c’est grâce à des emplois peu qualifiés et peu payés, et notamment des immigrés puisque le pays compte un demi-million de travailleurs immigrés de plus depuis 2010, un tiers de la croissance du nombre d’emplois. Le PIB par heure travaillée est le même qu’en 2007, alors qu’il a progressé de 5% dans les autres pays du G7. La reprise est loin d’être brillante.

La situation outre-Atlantique est proche. Des économistes ont montré que la crise a d’abord frappé les bas salaires, premières victimes des licenciements, quand les hauts salaires étaient davantage épargnés, au point que le salaire médian a bondi de 4% de 2008 à 2009. Depuis, il a perdu 3% puisqu’environ la moitié des emplois créés sont à bas salaires, contre 10 à 20% pendant la crise. Cela se retrouve également dans les statistiques du temps partiel, passé de 3 à 6% des emplois, et revenu à 4% aujourd’hui. The Economist note également que la réduction des allocations chômage (passées de 53 à 25 semaines) pèse sur la capacité des travailleurs à négocier de meilleurs salaires.


Crise inégalitaire pour reprise inégalitaire

mercredi 20 mai 2015

Réforme du collège : le niveau baisse ? Continuons !




Continuer ce qui ne marche pas

Le plus effarant dans cette réforme finalement, c’est que ce projet prétend corriger les carences de notre système éducatif, tout en continuant dans le même sens que les réformes menées depuis 30 ans et qui ont produit la baisse de niveau que l’on constate tous les jours. Pour le baccalauréat, elle est camouflée par une baisse des exigences plus forte encore… Mais une étude du ministère montre une dégradation du niveau en mathématiques de 2008 à 2014 puisque le taux d’échec à la résolution d’un problème de CM2 est passé de 15 à 19,5% quand le taux de bons élèves passe de 18,6 à 15,3%. Et le classement PISA, même s’il a des carences, affirme aussi que le niveau des petits Français baisse.



Le projet de la ministre de l’éducation nationale reprend et amplifie toutes les réformes qui ont mené à cet échec de plus en plus patent. Comme le souligne Jean-Pierre Chevènement, elle continue de grignoter l’unicité des programmes en donnant toujours plus de latitude pour choisir ce qui est enseigné, fragmentant la République. Et alors même que le niveau baisse pour les matières classiques, on continue à développer les nouvelles formes d’apprentissages, comme les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. Comme le note Vincent Malliet, « si les élèves s’ennuient, c’est qu’il leur a été donné un pouvoir dévastateur : celui de ne rien faire (…) depuis la loi d’orientation de 1989, dite ‘loi Jospin’ ».

Une faute de fond et de forme

mardi 19 mai 2015

Pourquoi il faut s’opposer à la fusion Aviron Bayonnais / Biarritz Olympique




Destruction de bien culturel et de lien social

Un club de rugby, dans une ville comme Bayonne, dont je suis originaire, a une place particulière dans la vie d’une grande partie de la population. L’Aviron Bayonnais est au cœur de l’ADN de la ville et de bien des habitants qui se passionnent pour la vie du club, souvent en famille. Le club anime les discussions et les repas, tout comme le BO à Biarritz également. Et parce que le club a été fondé en 1904, des générations de Bayonnais se sont transmises la passion du club. L’Aviron Bayonnais fait partie de l’identité, de ce que sont, de nombreux habitants de la ville, et je peux imaginer qu’il en va de même pour le Biarritz Olympique. D’où la grande émotion suscité il y a plus d’un an quand le premier projet de fusion avait émergé avant d’échouer et à nouveau aujourd’hui, comme le manifeste la mobilisation de jeudi.



Bien sûr, certains trouveront qu’il y aurait plus de sens à n’avoir qu’un seul grand club de rugby sur la Côte Basque, plutôt que deux, étant données les difficultés du BO, rétrogradé l’an dernier, et de l’Aviron, qui se bat pour son maintien. Mais après tout, Oyonnax, avec ses 22 000 habitants, réussit bien comme d’autres « petites » villes en football comme en rugby. Ensuite, il est tout sauf évident que le produit de la fusion soit un succès : je vais y revenir. Mais surtout, cela nécessite la mise à mort d’au moins un des clubs, voir plus probablement des deux dans les conditions actuels. Et cela n’est pas acceptable car ces clubs ont un rôle trop important dans la vie sociale locale pour laisser faire des expérimentations hasardeuses vouées à l’échec qui ne laisseront qu’un champ de ruine dans le cœur de beaucoup.

Quand 1 + 1 = 0, ou le Titanic financier à venir

Nouvelle Réforme de l’Education nationale (billet invité)

En ce jour de manifestation, vous pouvez également relire mes papiers sur le sujet :

Billet invité de Marc Rameaux, auteur de « Portrait de l’homme moderne »



Le retour à la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture sera désormais obligatoire. De véritables scientifiques et non de pseudo-pédagogues ont tranché depuis longtemps sur ce sujet :

Les mathématiques seront à nouveau enseignées comme la maîtrise de concepts, non comme une série de « recettes de cuisine » à appliquer sans compréhension. La portée de généralité d’un théorème sera à nouveau expliquée, distinguée d’une série de cas particuliers.

Le programme « la main à la pâte » de Georges Charpak sera réactivé pour l’ensemble des sciences expérimentales, et étendu à la totalité des collèges.

L’histoire de France enseignera à nouveau les grandes étapes de constitution de la nation. Les origines gauloises, judéo-chrétiennes, grecques et romaines de la France seront rappelées et réaffirmées. Il sera également montré comment la connaissance de ces quatre origines est indispensable à la compréhension du patrimoine artistique, littéraire et philosophique de la France.

L’apprentissage du Latin et du Grec seront à ce titre des enseignements à part entière de l’éducation nationale.

lundi 18 mai 2015

Le libre-échange, source des inégalités




Le côté obscur du libre-échange


On peut aussi rappeler les travaux de Maurice Allais, dont les conclusions vont dans le même sens. Enfin, le contre-exemple le plus criant est la réussite du modèle de développement asiatique qui profite de l’ouverture de ses clients tout en limitant les importations. De plus, même si le libre-échange génèrerait de la richesse, il faudrait encore qu’elle soit relativement bien répartie. Or l’explosion des inégalités, et l’appauvrissement de plus en plus patent des classes populaires, voir moyennes, des pays dits développés démontre bien que le libre-échange ne leur profite pas, mais pèse sur leur condition de vie, du fait de la mise en concurrence avec des travailleurs dont les salaires peuvent être 10 à 20 fois plus bas.

Des bénéfices totalement irréalistes

L’anomie sociale érigée en norme (Les Nouveaux inquisiteurs) (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Cet ostracisme de toute forme de dissonance à la pensée unique s’étend, de bien entendu, à tous les pores de la société.

Les débats autour de la création du « mariage gay » en furent une excellente illustration. Il fut en réalité impossible de débattre sereinement (et philosophiquement n’en parlons même pas ! [i]) du sujet[ii]. L’invective des quelques extrémistes qui avaient pris l’ensemble en otage en finit par décourager, voire dégouter, jusqu’aux partisans même de la mesure[iii].

Lieu stratégique pour l’avenir de la République s’il en est, l’école est aussi clairement prise en otage par quelques idéologues pédagogistes de ministère[iv]. Coupés des réalités mais certes pas des dogmes. Comme celui du raz-de-marée numérique à l’encontre duquel nul esprit critique ne doit s’opposer, sous peine, là aussi, d’ostracisme et de censure[v]. L’école, n’est-ce pas justement ce qui devait nous ouvrir à l’esprit critique ? Hors-là ! Le pédagogisme, dont on sent bien qu’il n’est que l’avatar éducatif de la (non-)pensée libérale-libertaire, se porte au même niveau de tolérance que l’ensemble de la soupe idéologique dont il est issu. Et ici aussi, on trouvera de zélés éditorialistes, bien mâtiné d’esprit de cour, se faire le relais de la pensée unique, comme celui du Point, pour qui  « l’abolition des notes » s’inscrit dans la longue suite du « progrès », « comme l'abolition des sacrifices humains, comme l'abolition de la peine de mort, comme l'abolition de l'esclavage, comme le droit de vote des femmes, comme l'abolition des châtiment corporels »[vi]. Une sortie qui se passe de commentaires, mais qui en dit long sur le niveau de nuance et de réflexion de son auteur.

dimanche 17 mai 2015

Refus de livrer les Mistral : la faute de Hollande




Deux poids, deux mesures

Mais comment notre gouvernement peut ne pas se rendre compte du ridicule complet qu’il y a de refuser de livrer des navires commandés par la Russie en 2011, tout en signant en grande pompe une vente d’avions de chasse au Qatar ? A supposer qu’il faudrait juger les régimes des autres pays (ce que le gaulliste que je suis a tendance à largement refuser), la comparaison entre la Russie de Poutine et le Qatar devrait quand même largement tourner en faveur du premier. La Russie, c’est l’Europe, c’est l’allié qui a permis de vaincre Hitler, c’est une démocratie, très imparfaite selon nos standards certes, mais plus proche de notre façon de vivre que la monarchie absolue qatarie, où la charia s’applique.


Ni russophobie, ni russolâtrie

samedi 16 mai 2015

La défense indécente de la réforme du collège

La réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem a déclenché une vive polémique. La majorité a déclenché une contre-offensive dont les principales lignes de défense ne sont pas la défense des mesures mais bien plus une caricature outrageuse de ceux qui osent s’y opposer.



Insultes et caricatures

Le débat sur la réforme du collège prend une mauvaise tournure, avec l’alliance de la droite, plus par réflexe d’opposition que par réflexion puisqu’elle prolonge ses propres réformes, ainsi que le note Natacha Polony, et d’une partie de la gauche, avec la pétition lancée par Marianne notamment (que j’ai signée et que je vous invite à signer également). De nombreux intellectuels sont montés au créneau pour en dénoncer les dangers ainsi que l’argumentation effarante de la ministre, qui y voyait un moyen pour lutter contre l’ennui des élèves à l’école. Pour sauver cette réforme, la majorité n’a plus recourt désormaisqu’à l’anathème et la caricature, se contentant d’essayer de disqualifier les opposants.

Trois lignes de front ont été ouvertes, aussi ridicules l’une que l’autre. D’abord, on instille le soupçon que les opposants seraient racistes et viseraient la ministre pour cette raison. Argument effarant pour la quasi totalité des opposants, de Marianne à Jean-Pierre Chevènement en passant par Natacha Polony. Puis, la ministre a osé qualifier les opposants de « pseudo-intellectuels ». Argument aussi effarant quand on parle de Marcel Gauchet, Jean-Paul Brighelli ou Alain Finkelkraut. Enfin quelques membres de Terra Nova et des amis ont écrit dans le Monde pour dire « Halte à l’élitisme conservateur » et ainsi sous-entendre que tout opposant refuserait de vouloir traiter l’échec scolaire par refus arriéré du progrès.

Un problème de fond et de forme