dimanche 26 février 2012

La double faillite de l’éducation nationale


Presque tous les indicateurs sont au rouge pour notre système éducatif, entre notre classement PISA, le fait que 20% de nos élèves quittent le système éducatif sans maîtriser les savoirs fondamentaux, mais aussi la démoralisation profonde de nos enseignants.

Un problème de contenu…

Les raisons de cet immense malaise sont multiples et de nombreux intellectuels se sont penchés sur ces problèmes. Les méthodes d’éducation sont en cause : l’apprentissage de la lecture par la méthode globale a démontré de graves limites sans que les ministres n’aient réussi à véritablement l’éradiquer du fait de la résistance de l’administration de la rue de Grenelle. Paradoxalement, nous multiplions les enseignements exotiques alors que les bases ne sont pas possédées.

Chaque année, les ministres de l’éducation successifs se félicitent de l’augmentation du pourcentage de réussite au baccalauréat. Malheureusement, cette « réussite » s’explique surtout par une baisse générale du niveau. Il y a aujourd’hui autant de mentions très bien que de mentions bien il y a vingt ans, ce qui en dit long sur l’évolution de la notation. La prédominance de la filière S s’impose pour la plupart des élèves, réduisant les autres filières à de simples voies de garage.

L’autre problème est la remise en cause de l’autorité des professeurs. L’administration centrale ne cesse de la remettre en cause (refus de la correction en rouge, sanctions disciplinaires, décisions d’orientation). Résultat, entre un salaire dérisoire pour leur rôle, un manque de considération et  une détérioration continue de la discipline, les professeurs se sentent abandonnés. Pas étonnant que tant d’eux abandonnent leur carrière et que le nombre de candidats au CAPES s’effondre.

Et aussi un problème de moyens

Bien sûr, une remise à niveau des méthodes pourrait faire beaucoup, mais il faudra également se poser la question des moyens. Nicolas Sarkozy a supprimé 60 000 postes d’enseignants, feignant d’ignorer que l’enseignement n’est pas une activité industrielle. L’augmentation du nombre d’élèves par classe n’est pas neutre pour la qualité de l’enseignement. Nous consacrons 3,9% de notre PIB à l’éducation nationale (4,5% en 1995) et nous sommes passés du 2ème au 11ème rang de l’OCDE.

Pire, il ne faut pas oublier que la démographie de notre pays nous impose des investissements plus importants : nous avons 50% d’élèves de plus que l’Allemagne à PIB équivalent ! Du coup, si la France a un encadrement supérieur à la moyenne dans le secondaire (12,2 élèves par enseignant contre 13,5 dans l’OCDE en 2009), notre pays est très mal classé sur le primaire (19,7 contre 16). Et trois années supplémentaires de RGPP ont encore dégradé ce chiffre.

Entre le manque de professeur et les bas salaires, il faudra investir dans l’éducation nationale pour ne pas laisser se détériorer notre système éducatif. C’est pour cela qu’en faisant le chiffrage du programme présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan, nous avons prévu une croissance volume des crédits de 1.5% par an, pour revaloriser le traitement des professeurs, ainsi que le recrutement de 30 000 professeurs pour le primaire, soit 5,7 milliards de crédits additionnels en 2017 par rapport à 2012.

Aux réformes méthodologiques catastrophiques promues par le PS (et aussi une partie de l’UMP) et le refus de l’autorité, s’ajoute depuis cinq ans des coupes sombres dans les moyens qui achèvent de déconstruire notre éducation nationale. Sa reconstruction devra être une priorité pour ne pas hypothéquer notre avenir.

9 commentaires:

  1. Encore faudrait-il vouloir un avenir! J'ai l'impression d'une élite ou d'une génération qui veut tout détruire.
    Jard.

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  2. Ce n'est pas uniquement dans l'administration de l’éducation nationale mais dans toutes qu'il faut une reprise en main et ceci dès qu'un nouveau gouvernement se met en place bien sur il y aura un cortège de grève mais la rapidité fait que la Nation suit le gouvernement car avec le temps la légitimité se délite et d'ailleurs un referendum sur la réorganisation doit faire avancer les choses rapidement

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    1. Tout à fait, il y a longtemps que je propose un "grenelle" de la simplification administrative: on en crève de ces règlements et superpositions.

      Savez vous que l'affectation es HLM est réservée par quotas aux associations, à la municipalité, à la région, au département et que si un de ces bénéficiaire n'a pas de candidat à un logement, il ne peut pas "transférer" simplement son droit .

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    2. bien sur et également simplification et dépoussiérage de la loi qui devrait être compréhensible pour tout citoyen et pas un moyen de la détourner pour les avocats

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  3. Mes amis enseignants m'ont toujours dit que la méthode globale avait été abandonnée depuis longtemps au profit d'une méthode semi-globale et plus classique. Le problème résulte plus de la démocratisation de masse, du pédagogisme et non plus de la transmission de savoirs essentiels et de l'autorité des enseignants non seulement au sein de l'école mais dans toute la société. Alors qu'ils sont fondamentaux pour l'éducation des générations montantes donc de l'avenir, ils sont mal payés et discrédités actuellement d'où la crise des vocations. A leur égard une alternative politique doit se traduire par deux gestes forts: affirmation de l'autorité dont ils sont détenteurs et revalorisation de 25% de leur traitement.

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  4. Il y a peu, lors d'une discussion avec une institutrice, j'avais utilisé le mot "notion". Le simple fait d'utiliser ce mot, apparemment trop sophistiqué, pourtant je ne faisait pas du Derrida, m'avait valu une bordée d'accusations sur le thème de l'élitisme. C'est dire le niveau de réflexion qui règne chez certains enseignants.

    Olaf

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  5. "nous avons 50% d’élèves de plus que l’Allemagne à PIB équivalent !" ==> il y a quand même une différence sensible de richesse entre l'Allemagne et la France. Cela dit, je suis d'accord sur le fond.

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  6. @ Anonyme

    La France a 20% d'enfants de plus que l'Allemagne et un PIB 20% inférieur (grosso modo), donc nous avons 120 / 80 = 150%, soit 50% d'élèves de plus que l'Allemagne à PIB équivalent.

    @ Patrice @ A-J

    Complètement d'accord. Mais pour simplifier, je crois qu'il faudrait paradoxalement créer un Ministère de la Simplification Administrative qui ne serait chargé que de cela car demander aux administrations de simplifier leurs procédures, c'est un peu leur demander de scier la branche sur laquelle elles sont assises.

    @ Olaf

    Toujours plus bas...

    @ Cording

    D'accord sur les propositions, mais 25%, cela ne peut pas se faire tout de suite. Cela peut être l'objectif d'un quinquennat en revanche. Lors de la convention nationale sur l'éducation, il m'avait semblé qu'elle n'était pas complètement abandonnée.

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  7. Il n'y a pas de bon système de recrutement, au niveau des ministres-de-gouvernement comme au niveau des enfants-des-écoles comme au niveau du corps enseignant, sans porte de sortie : crûment mais gentiment, que fait-on des garçons qui ne veulent plus de l'école ??? Côté enseignants, que fait-on des lettrés distingués qui n'en peuvent plus de se colleter à l'illétrisme ? Viser cent pour cent de bacheliers, même symboliquement, n'est-ce pas précisément une forme de totalitarisme ?!?
    Bien pis, bien mieux, et si j'en crois mon expérience personnelle, tout ce que j'ai appris à l'école, c'était des mensonges : les vrais autodidactes seront donc d'autant plus précieux qu'ils seront rares, notamment en sciences : ce sont eux, les découvreurs.

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