mercredi 26 octobre 2011

Le calvaire des professeurs


Il y a deux semaines, un professeur s’immolait par le feu dans son lycée de Béziers. Parallèlement, le Monde faisait un article sur une étude qui révèle que 17% des professeurs souffrent de « burn out », un grave épuisement physique et mental.

Quand l’Etat abandonne les professeurs

L’étude révélée par le Monde est proprement effrayante. Un professeur sur six serait dans un état très difficile. En clair, n’importe quel élève de collège ou de lycée a un ou deux professeurs qui souffrent d’un grave épuisement physique et mental. Cela est doublement révoltant. Tout d’abord, il est inacceptable que l’Etat laisse ainsi les personnes en charge de l’éducation de la jeunesse à l’abandon, mal à l’aise dans leur métier, 30% souhaitant même le quitter.

Il n’est pas acceptable que tant de personnes souffrent à cause de leur travail du fait des frustrations et des difficultés que ce noble métier provoque aujourd’hui. Il est primordial que le métier de professeur soit épanouissant non seulement pour eux, mais aussi pour leurs élèves. Comment espérer que l’éducation nationale fasse bien son travail si les professeurs sont si mal dans leur peau, comme le montrent ces quelques témoignages récoltés par le Figaro ?

Et ces témoignages ne sont malheureusement pas anecdotiques. D’innombrables articles dans les journaux ou les magazines rappellent à quel point la condition de professeur est aujourd’hui difficile. Absence d’autorité sur des élèves qui n’ont plus le moindre repère, manque absolu de soutien de la part d’une administration qui préfère trop souvent ignorer les problèmes. Aujourd’hui, il faut un sacré courage et une belle vocation pour continuer à exercer dans de telles conditions.

Améliorer les conditions de travail

En outre, il faut reconnaître que le niveau de rémunération est bien faible par rapport au niveau d’études et à l’investissement demandé à l’immense majorité des professeurs. Tout cela créé un cocktail détonnant pour l’Education Nationale. Malgré un niveau de chômage extrêmement élevé et la sécurité procurée par le fait de devenir professeur, le nombre de candidats ne cesse de baisser, réduisant dramatiquement le niveau de sélectivité et illustrant le manque d’attrait de la carrière de professeur.

En fait, nous assistons depuis quelques années à une grande déconstruction de l’éducation nationale, qui était pourtant une des grandes forces de notre pays. Le niveau baisse avec des méthodes d’éducation qui ne fonctionnent pas, les professeurs se sentent mal, et il n’y a plus d’autorité dans les cours. Pourtant, les gouvernements ne font presque rien pour régler les problèmes. Le PS a cédé à un pédagogisme imbécile et refuse l’autorité nécessaire pour faire fonctionner l’école.

L’UMP se contente de réduire le nombre de professeurs pour donner des gages aux agences de notation et marquer sa différence avec les socialistes. Et pendant ce temps, les professeurs et les élèves trinquent. En fait, il faudrait à la fois améliorer les conditions de travail des professeurs, remettre de l’autorité dans les classes et revoir les méthodes d’enseignement et les programmes. Les solutions existent, comme l’avait montré la Convention Nationale de DLR du début d’année.

Il est extrêmement préoccupant de constater à quel point les grands partis semblent ignorer l’immense malaise de l’ensemble du corps professoral, qui ne cesse de grandir. Avec la lutte contre le chômage, la refonte de l’éducation nationale doit être la priorité des prochaines années.

17 commentaires:

  1. Les grands partis étant là pour se débarrasser des pauvres, leur attitude est cohérente. Ce qui m'étonne est que les enseignants aient laissé faire. Ne représentent-ils pas une part importante des cadres socialistes? Soi,t ils ont été écarté des prises de décision, soit, nous avons là une belle démonstration du goût à la souffrance des girondins. Et s'ils sont capables de s'auto-détruire par idéologie, on peut imaginer ce qu'ils peuvent nous faire.

    Question: avez-vous fait le pari d'écrire le maximum de fois le mot "professeur" dans votre texte?

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  2. Et les policiers, et les pompiers, et les imfirmières, et moi et moi et moi....
    Moi je ne suis pas au chômage parceque je n'y ai pas droit. Mes revenus mensuels du moment: 0€. Et je ne parle même pas de ces armées de caissières, femmes de ménage de bureau, balayeurs, serveurs de café et autres professions tout aussi bandantes...
    Ah c'est sur, nous ne cristallisons pas sur eux notre peur de demain et l'absolue nécéssité de résussite de nos chères têtes blondes, mais leurs conditions et horaires de travail sont au moins aussi éprouvants.
    Alors reparlez moi des martyrs de l'Education Nationale..... qui ont laissé faire ce qui leur arrive au nom d'un 'pédagogisme imbécile' bien réel lui, et qui a eu pour mérite de rabaisser tout le monde! Désolé s'ils n'ont plus que les cancres à former, ils se sont bien démerdés pour que les bons élèves foutent le camps dans le privé.

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  3. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/206301;mort-d-une-prof-a-beziers-c-est-le-desespoir-qui-tue-l-enseignement.html

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  4. Ce qui est étrange, c'est que cette crise de l'enseignement semble toucher surtout la France, ils semble qu'ailleurs dans l'UE, les conditions de travail et rémunérations soient meilleures.
    On retrouve aussi un écart similaire pour la justice, la justice allemande par exemple est bien dotée de moyens. On se demande pourquoi autant de différences.

    Olaf

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  5. @Jardidi, Kama

    "Ce qui m'étonne est que LES enseignants aient laissé faire"... "s'ILS sont capables de s'auto-détruire par idéologie, on peut imaginer ce qu'ILS peuvent nous faire."..."reparlez moi DES martyrs de l'Education Nationale..... QUI ont laissé faire"..."ILS se sont bien démerdés pour que les bons élèves foutent le camps dans le privé"

    Vos généralisations sont assez insupportables. Vous jetez l’opprobre sur une profession sans autre argument que son incapacité à stopper la logique néolibérale. Citez-moi une seule profession qui ait jusqu'à présent mené à bien une telle résistance ou qui vote massivement contre l'UMPS ! La vérité est que les enseignants sont dans le même bateau pourri que tout le monde, ils écopent comme ils peuvent, privés d'alternative politique. Mais concernant les professions d'autorité - les profs, les flics... il y a toujours du monde pour ressasser ses rancunes d’adolescent. Ces réactions puériles amènent à dresser les professions les unes contre les autres, ce qui a toujours été le jeu des conservateurs. Le problème est politique, pas catégoriel !

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  6. A J.Halphern.

    Non, je précise assez bien que s'ils représentent une part importante des cadres du PS alors ce sont des girondins masochistes et sadiques, de gros méchants tout plein.

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  7. @ J Halpern.
    D'accord sur le fait que personne ne peut (n'a pu) résister à la vague libérale. Mais personne ne les a forcés à accepter sans rechigner réforme sur réforme du contenu pédagogique. Que les profs n'aient pas de moyen, que nous leur demandions sans cesse plus, que la société favorise le laisser-aller qui se ressent dans les classes (comme dans les comissariats d'ailleurs), soit! Mais qu'au nom du progrès imbécile de la pédagogie on nous invente sans cesse de nouvelles règles d'apprentissage qui n'en ont que le nom.... désolé, mais je ne peux les plaindre. Le B-A BA a disparu au profit de la méthode globale (au nom de quoi on se demande bien), et il aura fallu une décennie de ravages pour qu'ici et là des voix s'élèvent en contre, puis une décennie de plus pour qu'à force de compromis on promeuve une méthode mixte (qui s'adapte aux styles d'apprentissage des uns et des autres), sans à priori dogmatique. Et bien pour des pros de l'apprentissage, c'est 20 ans de trop, et bien trop d'élèves sacrifiés au nom de l'experimentation et ammélioration (sic) pédagogique.
    Que par ailleurs l'Education Nationale soit le receptacle premier et le deversoir naturel des maux de la Société, j'en convient bien aisément. Cela n'enlève en rien qu'une partie de nos soucis provient aussi d'un certain positionnement dogmatique (pour ne dire politique et social) que L'Educ Nat n'a pas su remettre en cause (et continue de ne pas le faire). Et je suis le premier à vouloir une Education publique de bon niveau et ne comprend même pas qu'on laisse se développer le privé sur les lacunes de nos administrations et faute de politique digne de ce nom.

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  8. @ Kama

    Vos critiques sont justes mais vous les affaiblissez vous-même en faisant porter une responsabilité collective à la profession. le pédagogisme est une politique, qui a pu être mise en œuvre par DES mais certainement pas par "LES" enseignants. Quand vous écrivez "personne ne les a forcés à accepter sans rechigner réforme sur réforme du contenu pédagogique", c'est bien mal connaître la réalité du terrain ! En réalité les enseignants sont des salariés comme les autres, tenus de suivre les consignes de leur hiérarchie, avec la même proportion d'imbéciles ou des gens géniaux qu'ailleurs. Ils s'adaptent tant bien que mal aux injonctions contradictoire dont ils sont l'objet, de la part de l'administration, des parents, du reste de la société, etc. La majorité est victime de la contradiction entre le discours dominant - qu'ils subissent ni plus ni moins que les autres - et les ravages qu'il produit à l'école comme ailleurs. D'ailleurs la dénonciation du pédagogisme vient AUSSI d'enseignants (allez voir par exemple http://bonnetdane.midiblogs.com/).
    Là où votre discours est contre-productif, c'est que vous attaquez par amalgame des gens qui n'ont aucune responsabilité dans les politiques menées, qui parfois les combattent, et sur qui nous devrons nous appuyer quand nous serons en position de réformer l'E.N.

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  9. Vous ne parlez pas de la responsabilité des syndicats qui refusent que certains enseignants puissent , en étant volontaires , travailler dans des zones difficiles avec un meilleur salaire et moins d'élèves. En préférant envoyer de jeunes enseignants au "casse-pipe" . Et la responsabilité de certains parents qui ne veulent pas exercer une quelconque autorité sur leurs enfants ....et de ce fait placent les professeurs dans des conditions difficiles ?

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  10. Las, personnellement, je n'ai jamais bien aimé l'école, ni les enseignants...et cependant ne leur en voulais point : je les plaignais plutôt : leur grand malheur serait d'abord un mode de recrutement scholastique qui privilégiait tout sauf l'essentiel...ce don de la transmission.
    Ensuite, d'une obligation scolaire critiquée en pédo-psychiâtrie, on était passé à l'obligation de réussite...tous ministre...intenable.
    Enfin, les années d'étude n'ouvrant plus à l'emploi, les enseignants pouvaient de moins en moins surfer sur la terreur de rater sa vie : il fallait être bon.
    Ici, c'est le concours d'entrée qu'il faut changer en priorité.
    Grande force du pays...en 1950...en 1960...oui mais à condition d'avoir largué les deux-tiers des écoliers en cours de route !!!

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  11. @ Geneviève

    "Vous ne parlez pas de la responsabilité des syndicats qui refusent que certains enseignants puissent , en étant volontaires , travailler dans des zones difficiles avec un meilleur salaire et moins d'élèves."

    Là encore, renseignez-vous ! Un enseignant volontaire peut enseigner en ZEP sans la moindre opposition de personne, avec une prime et des effectifs réduits !

    Seulement cela ne marche pas ! Être prêt à se faire cracher dessus pour quelques dizaines d'euros de prime n'est pas un gage de qualité, si c'est cela qui doit motiver. Les "profs expérimentés" fuient les ZEP, ce n'est pas un scoop. Peut-être avec une prime plus élevée, mais ce n'est pas la mode en ce moment... et de toute façon ce n'est pas l'essentiel de la solution.

    Tant que les élèves en difficulté seront concentrés dans les mêmes classes des mêmes établissements avec le même quartier autour, on retrouvera l’effet-ghetto, la contre-culture antiscolaire des jeunes et souvent des familles.Tant qu'on enjoindra aux profs de "s'adapter à leurs élèves"au lieu de les adapter à ce qu'ils sont supposés apprendre, on produira de l'échec scolaire. Tant qu'on réduira l'encadrement des jeunes - profs mais surtout surtout surveillants - la "discipline" sera un problème (et les trafics aussi).

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  12. L'éducation nationale est la seule administration créatrice de richesses,
    nos enfants étant la richesse du futur de ce pays
    les administrations qui restent sont pour la plupart des parasites du réel où elles devraient mettre du fonctionnement en lieu et place de cela elles en sont devenues le parasite,tout comme les banques.voir le système de l'argent dette et l'autorisation de création monétaire par les banques en France loi du 3 janvier 1973 articles 123 de la Convention de Lisbonne

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  13. @ Tous

    Attention aux généralisations. Une mauvaise politique a été suivie. Une partie des syndicats a suivi, mais c'est l'Etat, seul décisionnaire in fine, qui a tranché et décidé et qui est responsable de cette chienlit. En outre, les syndicats de parents d'élèves ne sont sans doute pas les moins toxiques sur cette question...

    En revanche, on peut malheureusement assez justement généraliser sur le malaise des profs et la déconstruction de l'éducation nationale.

    Il y aura beaucoup de choses à reconstruire demain. Peut-être est-ce le destin de la France de descendre très bas pour rebondir ?

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  14. A l'évidence le pouvoir actuel déconstruit le système éducatif. Il y a cependant deux choses à savoir, la première est que les systèmes éducatifs s'effondrent de partout dans le monde, ce qui ne présage rien de bon, au rythme de la mondialisation. La seconde est que la succession continue de réformes accroît les problèmes plus qu'elle ne les résout. Les enseignants doivent toujours s'adapter aux réformes en cours.
    L'éducation est toujours en phase avec la société : si celle-ci se délite, l'éducation suit le mouvement. Tant que la société n'emprunte pas d'autres voies sur le plan économique et social, l'éducation continuera à se dégrader. A quoi bon étudier si c'est pour être au chômage et qu'il semble que la magouille, le banditisme ou la politique sont les seuls moyens de se faire une place au soleil ? Que dire à un étudiant en sciences dures pour le motiver quand il voit des imbéciles gagner des millions de la plus mauvaise manière ?
    Dans une société où l'argent devient le seul et unique critère de réussite, il n'y a aucune perspective pour intéresser les plus jeunes à l'accumulation des savoirs.

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  15. Lisant bien tardivement ce billet et ses commentaires, que des observations contradictoires qui s'imposent à moi :
    - Oui ! Gare aux généralisations et pour tant bien difficile de traiter l’Éducation Nationale au cas par cas !
    - oui, tout le monde a son avis, son vécu de cette institution et tout le monde croit la connaître ce qui n'empêche les poncifs de pleuvoir.
    Laurent a raison de pointer ce "mal-être" de pas mal d'enseignants et son importance ne peut croître quand on fait de l'école le nec plus ultra d'une sortie de crise sans dire qu'alors c'est sur une ou 2 générations qu'il faudra agir avant d'en voir les premiers effets...

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  16. @ Kama et pour infos, la méthode globale date à peu près des années 20 et n'a pratiquement jamais été utilisée. Il y a eu et il y a toujours des méthodes mixtes et en soi ce n'est pas un mal. Essayez de faire déchiffrer un enfant de CP le mot "est", le mot "avec", le mot "des" et j'en passe. Juste pour voir.
    Quant à ce que des enseignants ont bien pu faire il y a 20 ou 30 ans, je ne vois pas bien le rapport avec ceux qui sont en poste actuellement.

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  17. Effectivement , je viens de quitter le navire éducation, sans regret,persuadé que je distribuais des perles à des cochons dont l'essentiel de l'existence consiste à consommer, dans une société en déliquescence et en décadence, ne gardant en mémoire que mes premières années d'enseignement ,loin, dans une société pas encore ravagée par l'idée de l’argent déifié.

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