mercredi 25 avril 2012

Les sondages rendent-ils fous ?


Bien sûr, la critique des sondages est un peu facile. Néanmoins, l’analyse des résultats du premier tour démontre de manière éclatante leur influence trop importante. Les votes de dimanche sont beaucoup trop analysés par rapport aux derniers sondages.

Politique fiction…

Flashback. Vendredi 20 avril, la moyenne des derniers sondages indiquent que François Hollande est en tête autour de 28%, devant Nicolas Sarkozy à 25% et Marine Le Pen à 22%. François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon sont au coude à coude autour de 10%. Tous les journaux titrent sur le risque d’un 21 avril à l’envers et la dynamique de campagne de la présidente du FN, qui annonce qu’elle sera présente au second tour à ses troupes dans un dernier meeting.

Dimanche 22 avril, François Hollande atteint 28,6%, Nicolas Sarkozy 27%, Marine Le Pen, 18%, Jean-Luc Mélenchon 11% et François Bayrou 9%. A l’UMP, c’est le grand soulagement : les militants craignaient que leur candidat soit éliminé comme Lionel Jospin. Au FN, la déception est palpable. Les journalistes parlent d’un plafond de verre insurmontable et souligne que Marine Le Pen fait moins que le score cumulé de son père et de Bruno Mégret en 2002 (19,2%).

Au Front de Gauche, le score à deux chiffres, le fait de devancer François Bayrou, mais aussi le score décevant du Front National électrisent les militants, même s’ils regrettent le score élevé de Marine Le Pen. Une grande fête est improvisée place de la Bastille. Tous les journalistes insistent sur l’immense succès de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, qui a triplé son score en six mois et signe un score inédit depuis 1981 pour la gauche de la gauche.

Un autre regard sur les résultats

Ce petit exercice de politique fiction a pour objectif d’essayer de prendre un peu plus de recul sur les résultats. Car j’ai l’impression que beaucoup de commentaires sont faits en fonction des derniers sondages, sans même prendre en compte la dynamique de long terme. C’est pourquoi je trouve qu’il amusant d’imaginer les commentaires qui auraient été donnés si on avait inversé les erreurs de sondage, notamment sur le Front de Gauche et le Front National.

Car dans l’absolu, le résultat de Jean-Luc Mélenchon est très bon, mais il a été en bonne partie éclipsé par le fait qu’il était annoncé au coude à coude avec Marine Le Pen. Alors que Marie-Georges Buffet était arrivée derrière Olivier Besancenot et Arlette Laguillier en 2007, le Front de Gauche a fait une OPA sur la gauche de la gauche, qui n’avait plus atteint de score à deux chiffres depuis 1981. Il est proprement incroyable que cela n’ait pas été plus souligné.

Idem sur le score de Marine Le Pen, qui était proche du second tour et au-delà des 20% il y a six mois. Si elle avait conservé de tels sondages pendant la campagne, le score de dimanche aurait été une déception, du fait de la très grande distance avec la qualification pour le second tour et le maintien sous le plafond de verre des 20%. Là encore, c’est le fait qu’elle était donnée entre 14 et 16%, en lutte pour la troisième place, qui accentue sa perception de réussite.

Bref, il est important de prendre du recul sur les résultats de dimanche et ne pas se limiter à seulement les mesurer avec les sondages de la dernière semaine. Une remise en perspective sur une plus longue durée a tendance à donner une interprétation assez différente du vote d’il y a quelques jours…

10 commentaires:

  1. Un sondage est précis à plus ou moins 3%, beaucoup l'oublient. Pour avoir une quasi certitude qu'un candidat passe devant un autre, il faut 6 points d'écart, ce n'est pas rien...

    RépondreSupprimer
  2. Pour moi il est évident que les sondages influent terriblement sur les votes. De nombreuses personnes hésitent entre plusieurs candidats, et consciemment ou pas, l'information du score probable peut faire pencher la balance pour l'un ou l'autre.

    Si les sondages avaient annoncé une présence de Marine Le Pen en compagnie de Nicolas Sarkozy au second tour, nul doute que beaucoup d'électeurs de Mélenchon auraient décidé de voter pour Hollande pour éviter un nouveau 21 avril.

    Sans entrer dans ces situations extrêmes, beaucoup d'électeurs aiment "gagner" les élections. Beaucoup de personnes de centre droit n'ont pas voté Bayrou parce qu'il n'allait faire que 10%.

    Il ne devrait pas y avoir de sondages pendant la campagne électorale. C'est sans doute une utopie à l'heure de Twitter, mais vu leur manque de fiabilité et leur influence, ce serait plutôt une bonne chose.

    RépondreSupprimer
  3. Je partage l'avis de Anonyme,car il m'est insupportable d'entendre des partis ou des hommes politiques parler de gagner ou perdre une élection. A mes yeux ils n'ont juste qu'à changer le mot "élection" par "poste" et ils diront réellement ce qu'ils pensent.
    Pour moi je reste convaincu qu'un parti qui veut un avenir se doit de respecter les gens qui croient en ses idées, et le but d'un parti (au niveau communication) doit être clairement de défendre les idées des Français qui y adhèrent, en assumant cette lourde responsabilité.
    Je reste convaincu que les Français (soit disant désintéressés par la politique) attendent que quelqu'un leur montre que le combat est pour eux et non pour gagner une élection, je pense d'ailleurs que le score de Jean-Luc Mélenchon va dans ce sens.

    RépondreSupprimer
  4. Nicolas Gonzales25 avril 2012 à 11:15

    Je suis tombé sur cette étude qui démontre que les sondages influencent le choix des gens. Enjoy !

    http://www.mediamento.com/actualites120420.html

    RépondreSupprimer
  5. les sondages c'est un peu comme l’économie c'est extrêmement complexe et difficilement saisissable et en même temps tout un chacun peut en parler a sa guise car tous les avis sont recevables et critiquables ; in fine tout ne s'annule t'il pas ?

    RépondreSupprimer
  6. j'ajoute qu'un sondage c'est une photographie c'est a dire une représentation du passé n'importe quel événement peut le faire mentir dans l'actuel en quelques secondes voit l'affaire DSK

    RépondreSupprimer
  7. @ Patrice

    Très juste. Après, malheureusement, on passe beaucoup trop de temps à commenter les sondages et pas assez à parler du fond.

    @ Nicolas

    Merci

    @ Franck du 60

    Très juste. Mais y-a-t-il autre chose que des personnes qui pensent aux postes au PS ou à l'UMP. Je ne le pense pas.

    @ Anonyme et Olaf

    Il faudrait sans doute imposer aux sondeurs de publier des fourchettes au lieu d'un score pour donner une vue plus juste de la réalité. Enfin, il faudrait sans doute également imposer de publier les scores bruts.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Laurent
      Tout à fait de ton avis dans ta réponse à Olaf.

      Supprimer
    2. C'est aussi pour cela que je suis venu à DLR

      Supprimer
  8. Je pense surtout que les sondages sur les intentions de votes et autres pouvant avoir un lien direct avec un vote devraient être interdits y compris pour les candidats pour éviter TOUTES les manipulations. En revanche celles qui ont trait avec la vie du peuple français, OUI ! afin que les gens puissent avoir une bonne analyse de leur pays et pouvoir ainsi voter avec de vraies informations.

    RépondreSupprimer