dimanche 21 septembre 2025

Affaire Legrand/Cohen : les dénis misérables du service audiovisuel du pouvoir

Dans un premier temps, le service public, service audiovisuel du pouvoir a accusé le coup face à la vidéo de la discussion de deux de ses journalistes avec des dirigeants socialistes, sanctionnant même Thomas Legrand. Mais depuis quelques jours, tous les différents acteurs ont pris une posture plus offensive, qui ne fait qu’illustrer davantage leurs biais et leurs positions de plus en plus insupportables.

 


Détournement de débat et vraie question

 

L’offensive est montée en puissance en quelques jours. D’abord Thomas Legrand y a répondu dans Libération, réduisant le problème au fait qu’il a « pris un café avec deux socialistes », consacrant la première moitié de sa réponse au fait que les journalistes rencontrent les politiques, point que personne de censé ne remet en cause. Puis, il soutient que « ce qui peut choquer, c’est le fait de cibler (Dati) spécialement et de vouloir contribuer à sa défaite », tout en se protégeant en parlant de « propos à l’emporte-pièce ». Mais ensuite, il justifie finalement son combat politique contre Rachida Dati, du fait de ses mensonges, et conclut en revendiquant « le droit d’exercer (sa) fonction d’éditorialiste, une branche du métier de journaliste (…), libre des opinions qu’il affiche dans ses billets ». En clair, il admet faire du journalisme d’opinion, du militantisme, sans poser la question de le faire sur le prétendu « service public ».

 

Patrick Cohen a réagi un peu plus tard, défendant à nouveau les échanges entre politiques et journalistes, ce qui ne pose pas problème, mais pointant qu’un « journaliste peut avoir le cœur à droite, à gauche ou nulle part », avant de dénoncer un montage destiné à nuire et de demander la vidéo complète, fournie depuis par l’Incorrect. En clair, il reprend la même ligne de défense que son collègue, justifiant ses opinions personnelles, et ignorant le problème que pose le biais idéologique plus ou moins revendiqué des journalistes du service audiovisuel du pouvoir. Puis, c’est le directorial éditorial de Radio France qui est monté au créneau dénonçant « un oligopole hostile vouland étendre son influence ». Il faut être d’une sacrée mauvaise foi pour parler d’oligopole au sujet des média Bolloré : Europe 1, c’est 5% d’audience, Radio France, plus de 20%, CNews, c’est 3%, France TV 28%. S’il y a un oligopole, c’est le prétendu « service public », d’autant plus, que, comme il le pointe, il partage les mêmes valeurs que TF1, M6 ou BFM-RMC

 

Ce discours anti-Bolloré est effarant de la part du premier acteur médiatique français. C’est comme si Goliath s’en prenait à David, ou un lycéen à un élève de primaire. Mais ce faisant, ils déplacent le débat et ignorent la question fondamentale pointée par la vidéo : le biais manifeste d’une grande partie des journalistes du service public, en faveur du centre gauche, et leur action plus militante que journalistique. En faire une guerre entre le service public et les médias Bolloré permet d’effacer cette question. C’est sans doute pour cette raison que les dirigeants de France Télévisions et Radio France poursuivent dans cette direction, en dénonçant « une campagne de dénigrement systématique (…) par un autre groupe de médias », avant que Delphine Ernotte en rajoute en qualifiant CNews de média d’opinion, d’extrême-droite dans une interview au Monde, restant dans le confort de ces médias de centre-gauche

 

Moi qui crois au service public, plus le temps passe, plus je me demande s’il est bon d’avoir un service public audiovisuel, tant les travers de France Télévisions et Radio France grandissent. Privilèges monstrueux par rapport à leurs collègues du privé, fermeture et intolérance crasse à toute opinion sortant de l’espace PS / macronie, biais caricatural du traitement de l’information, illustré par la différence extravagante de traitement entre les têtes de liste lors des élections européennes par France Inter. Je ne vois pas pourquoi certains journalistes bénéficieraient du confort du public alors qu’ils sont à des années lumières de leur mission de service public, qui impliquerait une ouverture et une diversité dans le traitement des opinions. Il n’y a que s’il était possible de les garantir, et d’éviter de manière durable un tel biais dans le traitement de l’information qu’un service public de l’information est acceptable en démocratie.

 

Ce que révèle cette vidéo, et les réactions qui ont suivies, c’est que le service audiovisuel du pouvoir ne remet en aucun cas en cause son biais oligarchiste cosmopolite. Et ses dirigeants usent d’artifices grossiers pour déplacer le débat sur une guerre dérisoire avec les médias Bolloré, pour ne pas remettre en cause leur traitement si partial de l’actualité. Il est à craindre que l’Arcom n’y trouve rien à redire…

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