C’est une polémique de la semaine : la vidéo de Thomas Legrand et Patrick Cohen avec deux responsables du PS où le premier affirme « nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi ». France Inter a décidé de suspendre son chroniqueur sous la pression, malgré les dénégations de l’intéressé, et la défense de certains. Mais derrière ce fait divers, ne se cache-t-il pas un problème bien plus global ?
Le biais du « service public » pleinement exposé
La défense du journaliste est faible, entre points qu’il occulte, et réponses qui posent elles-même problème. D’abord, l’angle de la discussion privée est affaibli par le fait que certains scandales révélés par des journalistes se basaient sur des propos complètement privés : faudrait-il les exclure du champ des possibles pour les journalistes ? Et de toutes les façons, les propos ont été tenus dans un lieu public : les journalistes se sont exposés aux oreilles de ceux qui les entouraient et ils devraient connaître les risques auxquels ils s’exposaient. S’ils entendaient de la même manière un responsable politique tenir des propos intéressants, s’abstiendraient-ils de les révéler au motif que ces propos seraient privés ?
Mais le cœur du problème tient dans le fait de dire vouloir s’occuper d’un camp politique à un autre camp, puis de le faire, surtout quand cela va dans un seul sens, et que l’on officie dans ce que l’on appelle le service public. Que les journalistes veuillent traquer les mensonges des politiques est parfaitement légitime. Le problème est que trop de journalistes mènent cette chasse dans un seul sens. Et pour m’être infligé la matinale de France Inter pendant cinq ans, je peux témoigner que cette chasse est à sens unique. L’espace qui va du PS à la macronie est très largement protégé des décryptages que Thomas Legrand veut infliger à Rachida Dati. Rien sur les manipulations des statistiques du chômage pendant cinq ans, et donc relais de statistiques biaisées. Idem sur la compétitivité et la plupart des infox de l’exécutif.
Lors de la campagne des élections européennes, Sonia Devillers s’était montrée d’une partialité révoltante dans ses interviews, déroulant le tapis rouge à Raphaël Glucksman, quand elle avait fait le procès de Marion Maréchal. Le premier avait commencé son échange par des félicitations, quand la seconde avait affronté des comparaisons biaisées… Que des journalistes tiennent rigueur aux politiques de leur propos, c’est naturel, et même souhaitable, mais ce traitement doit être le même pour tous les politiques. Or, le service prétendument public ne soumet pas du tout le personnel politique au même traitement. PS et macronistes sont largement épargnés de leur bilan et arrangements avec la réalité, quand le reste du spectre politique est généralement soumis à un feu plus dur de questions. Le tout, dans une complaisance avec toute l’oligarchie économique, illustré par le choix de Dominique Seux comme titulaire de la chronique économie, ou alors, il y a quelques temps, l’interview peu mordante de Carlos Ghosn par Léa Salamé…
Ce faisant, l’arbre Thomas Legrand, même s’il venait à être coupé définitivement, ne doit pas faire oublier la forêt de ces rédactions de France Télévisions et Radio France, qui défend ouvertement l’agenda de l’oligarchie et ses expressions politiques que sont le PS et la macronie. Sur ce service du pouvoir, la diversité est partout, sauf dans les idées. Et les « journalistes » se comportent comme des partisans, voir des missionnaires tant la croyance de leur supériorité morale est ancrée dans une partie de la gauche.
Recevoir Marion Maréchal et discuter avec elle est déjà une honte absolue!
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