lundi 8 septembre 2025

Le dérisoire aggiornamento budgétaire du PS

Alors que François Bayrou devrait perdre le vote de confiance aujourd’hui, une alternative semble se dessiner du côté du PS, qui a proposé un contre-budget, qui se s’affiche moins austéritaire et plus égalitaire. Mais bien des propositions sont timides et ne marquent pas une véritable rupture avec la politique de l’offre que François Hollande, conseillé par Emmanuel Macron, avait mis en place dès 2012.

 


Virage impressionniste sans vraie remise en question

 

Bien sûr, le PS a trouvé deux mesures phares à même d’incarner un vrai virage à gauche : la baisse de la CSG pour les salaires compris entre 1 et 1,4 SMIC, qui apporterait 900 euros de salaire net en plus par an pour une personne, couplée à la mise en place d’une taxe Zucman. Voilà qui pourrait donner des gages à ceux qui voudraient rompre avec ses politiques oligarchistes du passé, d’autant plus que le PS réclame une réduction moins rapide du déficit. Et sur ce point, avec la croissance anémique de notre pays, cela fait du sens d’être prudent dans le rythme de ralentissement des déficits publics, qui a un effet profondément récessif sur l’économie, comme l’a reconnu le FMI, pour qui un euro de baisse des déficits génère entre 0,9 et 1,7 euro de PIB en moins (ce que l’on appelle le multiplicateur budgétaire).

 

Si donner plus de pouvoir d’achat aux classes populaires me semble positif, le moyen peut poser problème : les exonérations de charges sociales peuvent finir par peser sur le financement des retraites et de la santé. Et si le PS déshabillait plus encore la Sécurité Sociale de la sorte ? En effet les classes populaires pourraient bien être rattrapées rapidement après par un gel des pensions ou des déremboursements de leurs dépenses de santé… La taxe Zucman est plus intéressante, même si j’ai une préférence pour les prélèvements sur les revenus que sur les actifs. Mais on peut penser à un effet d’affichage s’il n’y a pas de majorité pour la voter à l’Assemblée… Remonter le PFU de 30 à 32% est dérisoire car cela signifie un niveau d’impôt sur les revenus du capital d’à peine 15% pour les dividendes des milliardaires.

 

Ici, le PS devrait aller beaucoup plus loin : abroger le PFU et traiter les revenus du capital comme les revenus du travail : je ne vois pas pourquoi les premiers devraient être moins taxés que les seconds… En outre, cela révèle une propension aux schémas bureaucratiques complexes et à raisonner généralement sans remettre en question la direction générale (sauf la taxe Zucman). De même, vouloir réduire d’à peine 2,9 milliards les exonérations de charges sociales des entreprises est totalement dérisoires alors qu’elles pèsent 91 milliards par an et que le total des aides atteint environ 200 milliards (desquelles le PS veut retrancher 2,5 milliards de plus). De même, rien n’est mentionné sur l’IS, qui a pourtant été divisé par deux depuis les années 1970. Les niches fiscales sont à peine égratignées dans le projet du PS.

 

Bien évidement, pas de taxe Tobin sur les transactions financières, pas de protectionnisme, pas de remise en cause de la contribution toujours plus importante de la France à une UE qui joue pourtant si souvent contre nous. Et si le PS propose un retour à l’âge de la retraite à 62 ans, sans remise en cause de la réforme Touraine, qui porte l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans, l’impact sera limité puisqu’une grande majorité des Français sera contraint d’aller bien au-delà des 62 ans pour toucher une retraite pleine. Mais surtout, quel crédit accorder à un parti qui tient toujours des discours plus à gauche dans l’opposition, pour revenir à la doxa oligarchiste une fois élu, comme l’a si bien incarné François Hollande, ennemi de la finance en campagne, avant d’aller bien loin que Sarkozy sur la politique de l’offre

 

Bref, pour qui rentre dans le détail du contre-budget, on peut penser que c’est surtout une posture destinée à donner à croire que le PS est revenu à gauche économiquement. Car les mesures sont souvent superficielles, ce qui incite à une grande prudence. Ne s’agit pas seulement du énième programme prétendument social de ce parti prétendument socialiste, pour gagner le pouvoir, avant de trahir de nouveau ?

3 commentaires:

  1. Mettre la retraite à 67 ans pour tout le monde serait un vrai progrès!

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    1. le vrai progrès serait de passer à la retraite par capitalisation

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  2. HERBLAY
    "je ne vois pas pourquoi les premiers devraient être moins taxés que les seconds…"
    Ils ne sont pas moins taxés. Ils le sont même davantage, si vous n'oubliez pas comme vous faites que les revenus du capital ont déjà subi d'autres prélèvements.
    Par exemple, les dividendes d'actions ont déjà subi l'impôt sur les sociétés.

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