lundi 14 juillet 2014

Montebourg : de la démondialisation à la pensée unique ?


En prévision du discours du ministre de l’économie, j’ai fait un papier publié par le FigaroVox : « Toujours des mots, encore des mots », où je dénonçais le grand écart entre le discoure du troisième de la primaire socialiste. Il apparaît que cet écart s’est bien réduit, mais pas pour les bonnes raisons…



Des paroles et des actes

Bien sûr, on peut retenir du discours du ministre de l’économie des aspects positifs : sa critique de l’euro cher et sa demande d’action de la BCE, sa critique des politiques austéritaires de l’Europe, en se référant aux dernières études du FMI mais aussi la tonalité plus positive et volontariste, qui semble redonner ses lettres de noblesse à la politique et notamment son idée de passer de « pompier urgentiste à bâtisseur ». Mais cette vision des choses est sans doute un peu trop idéaliste. D’abord, il faut quand même reconnaître que les critiques du niveau de l’euro sont vaines, et que Nicolas Sarkozy nous l’a fait avant, sans doute un moyen de s’éxonérer un peu des difficultés actuelles à bon compte.

Ensuite, il est pour le moins paradoxal de critiquer les politiques d’austérité après l’avoir mise en place. En fait, juste après son élection, François Hollande a mis en place des hausses d’impôt aussi massives que Nicolas Sarkozy, ce qui a cassé la croissance des années suivantes. Bref, Arnaud Montebourg est complice des politiques qu’il dénonce. Ensuite, il s’est vanté de son intervention sur Alstom. Mais dans la pratique, GE a bien dévoré Alstom et récupéré environ les trois quarts de l’activité énergie d’Alstom (au lieu de la totalité) donc l’intervention du gouvernement a été moins bonne que celle de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était ministre de l’économie. La réalité infirme largement son discours…

Un vrai virage idéologique

Pire, outre le fait de continuer à dire une chose et en faire une autre, Arnaud Montebourg semble vouloir entreprendre une réduction de ce grand écart, mais pas en changeant ce qu’il fait, en adaptant son discours. En effet, ce discours marque des inflexions qui l’éloignent de son positionnement (puisque c’est ce que cela semble être avec du temps) de champion de la démondialisation. Car prendre exemple sur le dépeçage d’Alstom pour illustrer son patriotisme économique démontre que ce dernier n’est que de pacotille. Nous sommes très loin du flirt avec les idées protectionnistes (exprimées en anglais, en parlant de « made in France » il faut le rappeler, ce qui n’était guère prometteur).

En faisant de l’attaque des professions réglementées (même s’il y a sans doute des choses à faire dans ce domaine) et du « choix d’unir toutes les forces de la Nation autour de l’entreprise » avec les 40 milliards de baisse du coût du travail, qu’il a vanté, il tient un discours que n’auraient pas renié Jacques Attali ou Pascal Lamy, ce qui n’est pas peu dire… En effet, même s’il ne faut pas faire des entreprises les bouc-émissaires d’un système économique qui les contraint à faire ce qu’elles font, ce faisant, il accepte la mondialisation comme elle est au lieu de la remettre en question. Et en évoquant les professions réglementées, il reprend une antienne des plus libéraux, d’ou des félicitations sur le Figaro !

Arnaud Montebourg n’est pas Jean-Pierre Chevènement. Ce dernier avait démissionné du gouvernement pour marquer son désaccord avec la politique suivie et il ne mettait pas d’eau dans le vin de ses idées. Le ministre de l’économie ne fait que de la communication et commence à céder à la pensée unique.

28 commentaires:

  1. Chevènement avait certes démissionné au moment du "tournant de la rigueur" en 1983, mais il était revenu au gouvernement l'année suivante alors que la politique qu'il dénonçait se poursuivait...

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    1. La spécialité de JPC fût de démissionner pour mieux rentrer dans le rang comme un faux dur qu'il est.

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  2. Ce billet est franchement ridicule sur de nombreux points, c'est pathétique.

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    1. Message totalement inutile tant par son anonymat que par sa vacuité argumentaire... De "nombreux points", Какие ?

      Je devine que j'ai affaire à mon copain !

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  3. J'ai toujours vu en Montebourg un démocrate américain, atlantiste de surcroît, et n'ai jamais trop cru au républicanisme qu'il claironnait sur les estrades. C'est un vieux politique qui n'a aucun lien avec l'avenir de la gauche républicaine en France. On ne peut sérieusement faire partie du gouvernement Hollande et revendiquer un lien avec la gauche. Il est normal que celui-ci ait accepté d'intégrer le gouvernement Hollande dont le logiciel de "pensée" est finalement assez proche du Madelinisme..

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    1. « On ne peut sérieusement faire partie du gouvernement Hollande et revendiquer un lien avec la gauche ».

      C'est exact. Mais au-delà, le problème de nos « élites » politiques et qu'elles ne sont plus à même de revendiquer un lien quelconque avec la France…

      YPB

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    2. Correction : « est » et non pas « et »…

      YPB

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    3. @YPB,

      Absolument d'accord avec vous YPB, et vous avez tout à fait raison de compléter selon cette remarque d'ordre générale qui explique parfaitement les éléments que je note à propos de cette """"""""gauche"""""""".

      Cordialement.

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  4. Montebourg ne fait pas que commencer à céder à la pensée unique, il est rentré dans le rang dès son entrée au gouvernement.

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  5. "DiscourE", troisième ligne.
    N'essaie-t-il pas de faire une synthèse pour attirer une grande partie de son camp, celui de la petite bourgeoisie? Vu le conformisme absolu et la veulerie des Français, cela me paraît une stratégie intéressante.
    jard

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  6. Ce papier ne me parait pas convainquant.
    Montebourg essaie d'appliquer au mieux ses idées avec les contraintes qui sont les siennes (maastricht, lisbonne...).
    Taper sur le seul de la bande qui a l'air d'avoir un peu compris ce qu'il se passe, ce n'est pas tres fair-play.
    Il faut lui reconnaitre d'avoir brisé de nombreux tabous dans son camp (protectionnisme, europe, gaz de schiste...) tout en ayant gardé une stature d'homme d'état, au contraire de Mélenchon qui s'est laissé prendre au piege d'une radicalisation excessive.

    Talisker.

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    1. "radicalisation excessive" ? Je lui reprocherai tout le contraire : s'être cantonné au rôle de "grand méchant mou", incapable de traduire ses fulminations en orientation clairement alternative au PS.

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    2. Radicalisation excessive dans la forme, pour compenser un manque de courage politique sur le fond, effectivement. Rien ne sert de "gueuler"et d'insulter les commissaires bruxellois de tous les noms, mieux vaut proposer, simplement et sobrement, la dissolution de la monnaie unique.

      Talisker.

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  7. Montebourg fait ce qu'il peut, mais il peut peu.
    Sa stratégie consiste à rester au PS pour être présidentiable en 2017. S'il rompait maintenant, il se marginaliserait comme Chevènement après 2002 et Mélenchon aujourd'hui.

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    1. Dans une perspective de carrière administrative, il a raison. Mais même dans l'hypothèse où cela le porterait jusqu'à l'Elysée, il ne disposera pas d'autres soutiens que ceux qu'il sollicite aujourd'hui. Ce "réalisme" à courte vue n'offre aucune perspective à nos idées, il les instrumentalise tout au plus.
      Les stratégies de rupture : NDA, Chevènement, peut-être Mélenchon, sont beaucoup plus risquées mais seules sont porteuses de changement.

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    2. @ J. Halpern14 juillet 2014 13:40
      Je ne suis pas d’accord, car nous sommes dans un régime présidentiel et c’est le président de la République qui décide de la ligne politique. On voit bien aujourd’hui que Hollande mène une politique plus à droite que celle qui était contenue dans le programme du PS, ce qui provoque une fronde dans sa propre majorité. En sens inverse, si Montebourg devenait président, il pourrait mener une politique plus à gauche, qui serait peut-être mieux acceptée par le parti que la politique actuelle.

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    3. Aucune politique "plus à gauche" que celle de Hollande n'est concevable dans le carcan européen. Si vous voulez relancer l'activité, soutenir l'industrie, augmenter les salaires, etc. vous vous heurterez immédiatement aux traités européens, ou bien à la fuite des capitaux que ces mêmes traités interdisent de réguler. Soit on se prépare à sortir de ces traités, soit les jolis discours sur la politique "plus à gauche" ne sont que des escroqueries. Et pour sortir des traités, il faut préparer l'opinion, les militants et les alliances qui permettront de le faire.

      Pour en venir à Montebourg, il ne remet pas en cause le cadre - même posture que Hollande avant 2012. Et même aurait-il par extraordinaire des velléités d'en sortir les "frondeurs" européistes actuels et les lobbies financiers le bloqueraient immanquablement. Pour changer de politique, il faut une autre majorité, une rupture radicale, la route des petites inflexions et combinaisons est bouchée.

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    4. @ J. Halpern14 juillet 2014 17:40
      Certes, Montebourg n’est pas un souverainiste comme peut l’être Dupont-Aignan, néanmoins je vous rappelle le programme qu’il défendait lors de la primaire socialiste :
      - mise sous tutelle des banques et interdiction par la loi la spéculation financière ;
      - défense d’un protectionnisme européen ;
      - nouvelle constitution (6ème république).
      Quant à l’euro, Montebourg à ce que je sache ne demande pas sa dissolution (cela lui serait difficile dans sa position) mais dénonce sa surévaluation.
      Je ne pense pas que la fin de l’euro puisse être préparée et annoncée à l’avance, je crois que c’est une décision qui devra être prise très rapidement (pour prendre de court les anticipations des marchés) lors d’une crise.

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    5. On peut imaginer le scénario que vous décrivez, c'est un peu la démarche de Todd avec son "hollandisme révolutionnaire"... mais c'est s'en remettre aux événements, qui décideraient pour nous, ou à l'homme providentiel qui n'abattrait ses cartes qu'arrivé à l'Elysée. Mais non seulement ce scénario est hautement improbable, mais surtout il nous inciterait à ne plus préparer l'opinion (et nous même) à la nécessaire rupture. Or le développement des idées et du mouvement souverainiste est sans doute une condition des fractures à venir dans l'oligarchie.

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    6. @ J. Halpern14 juillet 2014 19:07
      Lorsque je dis que la sortie de l’euro ne peut pas être annoncée à l’avance, je parle bien entendu des responsables gouvernementaux, mais cela n’interdit pas aux citoyens que nous sommes de nous préparer à cette éventualité, bien au contraire. On peut le regretter mais c’est une décision qui ne se prendra pas à froid, sinon ce serait déjà fait.

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    7. @ Moi
      « Je vous rappelle le programme qu’il défendait lors de la primaire socialiste ». Ah bon, est-ce vraiment là un argument convaincant ? Peux-tu nous rappeler par exemple le programme d’Hollandréou en 2012 ?

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  8. Pour la BNP :

    sur des dossiers comparables (concernant des montants beaucoup plus réduits, et des faits qui concernent aussi le non-respect d’embargos), RBS et Standard Charterel se sont vus infligés, par « dollar illégal » une amende de 3,13 dollars pour le premier et 1 dollar pour le second.

    http://www.lacrisedesannees2010.com/2014/07/affaire-bnp-quelles-lecons.html

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  9. Sapir prône une monnaie commune, mais aussi du protectionnisme. Ce qui n'a aucun sens, car une politique protectionniste est totalement incompatible avec l'UE, quand bien même serait acceptée une monnaie commune.

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    1. Sapir envisage une renégociation globale des traités européens.

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  10. Gilbert Perrin
    À l’instant ·

    IINFLATION ! ma logique, faites comme moi, comparez les hausses et les baisses ....
    Les BAISSES concernent en particuliers les importations ???, les grandes surfaces et frappent la production intérieure, alimentent le chomage ???
    Les HAUSSES, concernent en majorité des productions intérieures qui subissent la rafale de hausse d'impots et de charges par ce gouvernenent, supportées tant par les consommateurs que les entreprises ... (ne pas se tromper les allègements promis (mais pas encore acquis) des impots sur les ménages ne renverseront pas les choses et ne diminueront pas les DEPENSES PUBLIQUES !!! cause de notre incompétitivité ....
    Mes propos confortent mes précédents ... Alignement PUBLIC/PRIVE sur les salaires, les avantages et privilèges, les impots et les retraites....
    DEMANDEZ MOI, je ne parel pas à la légère, je n'ai rie n à défendre ?
    PROTECTIONISME sur la qualité et les PRIX - Egalité et justice pour tous les travailleurs français !!
    Gilbert Perrin

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  11. Gilbert Perrin
    À l’instant ·

    déclaration choquante !!

    Je pensais que notre république était laÏque. Je me suis trompé ?

    Monsieur le premier ministre n'a t'il pas déclaré que 's'attaquer à une synagogue, c'était s'attaquer à la république" ... J'ai beaucoup de mal à comprendre ?

    Des attaques aux églises ?, des démolitions sans scrupules ?, qu'a t'il dit ?

    Il y a certainement une raison, je ne pense pas, en effet, qu'un premier ministre puisse ainsi faire des déclarations "tête en l'air", partisanes ? OU ALORS, dans quel pays vit on ?

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  12. @ Moi

    Il est allé aux présidentielles en 2002…

    @ Rodolphe

    Merci

    @ Georges & YPB

    Bien d’accord

    @ Talisker

    Je note une forte inflexion de son discours dans cette intervention, guère annonciatrice de bonnes choses pour l’avenir. Pas sûr qu’il ait compris quoique ce soit, sinon la tactique politicienne pour émerger…

    @ J Halpern

    Bien d’accord

    @ Anonyme

    Merci pour l’information (papier de Werrebrouck)

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  13. Gilbert Perrin a partagé un lien.
    il y a 2 heures
    Mieux s'informer, pour mieux comprendre !!!! Toutes les vérités sont bonnes à dire....
    Journal du mercredi 16 juillet 2014 | TVLibertés - Nous, c'est vous
    www.tvlibertes.com
    1) Justice / Peine de mort sociale pour l’ex FN A.S. Leclere 2) Réforme territoriale / Le grand n’importe quoi ! 3) UE /

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