Dans quelques
décennies, quand les historiens se pencheront sur les plans mis en place en
Grèce dans les années 2010, nul
doute qu’ils seront très sévères avec ces créanciers tortionnaires, et
s’interrogeront sur les
raisons qui peuvent pousser un peuple à accepter une telle tutuelle. Le
pire est que nous
étions nombreux à avoir vu venir ce funeste scénario, dès 2010, y
compris au FMI.
Un rapport
de force brutal et mortifère
Berlin
utilise la Grèce pour mettre au pas le reste de la zone euro, en démontrant
qu’y appartenir impose de suivre ses directives, aussi arbitraires et
inhumaines soient-elles. Et cela est possible parce que l’Allemagne est prête à
expulser un membre de la zone euro qui ne lui obéirait pas, voir
même à la quitter, alors que les membres de la zone n’ont pas de plan B. Du
coup, un rapport de force extrêmement brutal se fait jour, comme
en décembre, où les créanciers avaient vivement réagi à l’annonce de
l’utilisation de 20% d’un excès d’excédent (au-delà des objectifs) pour revaloriser
les petites retraites, après avoir déjà imposé une
baisse des l’impôt sur les millionnaires à l’été 2015…
Le pire est
que tout ceci était prévisible, comme
je l’avais écrit fin 2009 et en 2010, mais aussi comme le FMI le pensait à
cette époque, ainsi
que le révèle la récente fuite d’un mémo d’Olivier Blanchard, alors son chef
économiste, comme le rapporte Romaric Godin. Le FMI avait compris que les prévisions
de la commission étaient totalement irréalistes : rappelons
ici que début 2011, elle prévoyait une croissance de 2,5% en 2012 et début
2012, 2,5% de croissance en 2014. Depuis le début, une partie du FMI
propose une restructuration de la dette Grecque, à
laquelle DSK, la BCE de Trichet et l’Allemagne se sont opposés, amenant la
Grèce dans la triste situation dans laquelle elle est depuis 7 ans.
Car ce que
l’on oublie un peu trop, c’est la réalité humaine de ce qu’ont produit ces
politiques depuis 2010 : chômage de masse, pauvreté, suicide, dégradation
de l’état sanitaire, un
véritable crime contre l’humanité, comme je l’avais écrit fin 2013 devant les
descriptions horrifiantes de ce qui se passe dans ce pays. C’est toute la
population de la Grèce qui subit une politique qui devrait faire honte à ceux
qui la proposent et la mettent en place. Si l’idée européenne est née en Grèce,
elle y est morte aujourd’hui quand on voit ce qu’elle pousse à faire. L’Union
Européenne et l’euro finiront par être jetés dans les poubelles de l’histoire, ce
que le Brexit devrait accélérer dans les prochaines années.
L’épisode
Grec nous impose un double questionnement. D’abord, comment et pourquoi les
créanciers d’Athènes ont pu se transformer en de tels tortionnaires brutaux,
anti-démocratiques et arbitraires ? Ensuite, même
si le contexte national particulier Grec l’explique, comme je le souligne
depuis 2010, pourquoi un pays peut en venir à accepter aussi longtemps une
tutelle aussi violente et humiliante ?
Pourquoi vouloir toujours confondre "l'Europe" avec cet "UE" qui n'est qu'une zone administrative! Car ce n'est pas l'Europe que vous voulez déconstruire mais cet administration (ce syndic)!
RépondreSupprimerNe parlez pas de "crime contre l'Humanité", vous me faites penser à Macron :)
RépondreSupprimer"un véritable crime contre l’humanité"
SupprimerVous dénigrez Macron quand il emploie la même expression pour les massacres réels, enfumades, esclavage, opérations militaires, razzias... de la colonisation francaise et vous faites pire en appliquant cette expression à la Grèce, c'est grotesque.
D'autant plus que la Grèce est libre de quitter l'Euro sans craindre la moindre repression militaire.
Bruxella delenda est
RépondreSupprimerPas d'accord, les bruxellois sont des braves gens qui ne méritent pas d'être assimilés à l'UE ou à l'OTAN.
SupprimerEn plus ils sont opprimés dans leur propre pays. Pouvez-vous citer un autre aéroport au monde où les avions au décollage survolent la ville pour épargner la campagne et non l'inverse ?
http://www.lacapitale.be/1792325/article/2017-02-20/nuisances-des-avions-a-zaventem-la-reunion-du-comite-de-concertation-n-a-produit
Oui mais voilà autour de l’aéroport de Zaventem la campagne est flamande et la ville bruxelloise. Les vaches flamandes ont plus de droits que les citadins coupables du crime d'être francophones.
Les médias belges parlent de ces problèmes depuis des années. Il est impossible que les eurocrates bruxellois qui nous bassinent sans cesse avec l'Europe symbole de paix, d'amour, et d'harmonie entre les peuples ignorent ce qui se passe autour de leurs bureaux et hémicycles. Ils peuvent y aller à pied si ils veulent.
Je parierais que le le quartier des institutions européennes, lui, n'est pas survolé. Pour des raisons de sécurité, bien sûr.
Ivan
Au point où ils en sont, il n'est pas sûr que la Grèce soit beaucoup plus appauvrie par une sortie de l'Euro. Pourquoi ils acceptent un tel traitement ? Le souvenir des dévaluations à répétition j'imagine. Au-delà de ça on peut fortement attaquer Merkel : pour légitimer aux yeux d'une opinion rétive le versement d'aides, elle a fait croire que la Grèce "rembourserait tout". Enfermée dans son mensonge, elle se retrouve forcée de demander des sacrifices de plus en plus durs. Et d'être otage d'une opinion publique qui veut que "le FMI reste" car cette dernière a plus confiance en Washington pour pousser la Grèce à se réformer. Je ne nie pas Schaüble (et les enjeux de politique intérieure d'Outre-Rhin) ni les Pays-Bas (le supposé laxisme du pouvoir en place vis-à-vis d'Athènes est un angle d'attaque de l'extrême-droite locale). Je nie encore moins des tabloïds allemands en pointe pour faire des articles sur les "Grecs fainéants". Mais le mensonge fondateur de la Chancelière est fortement responsable d'un tel engrenage.
RépondreSupprimerSur le futur de l'UE, je suis bien moins "optimiste" que LH. L'Euro est une monnaie de vieux, la stabilité de la monnaie maintenant intactes la valeur de l'épargne et celle du patrimoine déjà constitué. Or la démographie vieillissante du Continent lui va comme un gant. Un Brexit réussi pourrait contrer les arguments d'apocalypse des europhiles mais peut-il aller contre la démographie? La Grèce est d'ailleurs déjà l'otage du retraité allemand qui forme la base électorale de la CDU.
JZ
@ Anonyme
RépondreSupprimerL’Europe est et restera un continent, que l’on ne peut pas quitter en effet. L’UE finira dans les poubelles de l’histoire.
@ Moi
J’en avais parlé fin 2013 et je souscris toujours à ce terme pour les raisons expliquées dans le papier d’alors, même si Macron l’a repris.
@ Jacques
UE delenda est
@ JZ
Cela finira par exploser car il y a des contradictions trop profondes. L’Allemagne est prête à l’abandonner, même si ce serait en dernier recours. Et j’espère que les peuples opprimés finiront par se lever et se rendre compte du marché de dupe qu’est cette construction.
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