lundi 9 juillet 2018

35 ans de recherche désespérée de politique sociale…

Aujourd’hui, notre jupiter de pacotille va confortablement faire son discours de l’Etat de l’Union au lieu de répondre démocratiquement à des journalistes, alors que quelques députés macronistes appellent à un rééquilibrage social. Un appel ridicule à celui qui dénonçait le « pognon dingue » que coûteraient les aides sociales, qui assume complètement l’absence de politique sociale.


Trois décennies et demie de politiques antisociales

Pour qui prend un peu de recul, l’absence de vraies politiques sociales depuis si longtemps est stupéfiante. On pourra objecter qu’il y a eu le RMI, mais le passif de ceux qui l’ont voté est tellement lourd (marché unique européen, libéralisation de la finance et du commerce, franc cher, indépendance de la banque de France), que ce legs paraît bien léger. Puis, le Chirac de la « fracture sociale », s’il fut au début plus généreux sur le SMIC que Hollande, fut l’homme d’un virage austéritaire brutal pour mettre à notre pays les menottes monétaires européennes. Jospin, l’homme des 35 heures qui profitèrent aux cadres, fut l’homme du laisser-faire qui privatisa plus que Juppé et Balladur réunis !


Bref, pas la moindre conquête sociale depuis trois décennies, alors même que le chômage est resté massif, que les inégalités ont explosé, multipliant les sujets où une politique sociale aurait pu être menée. Il y a quelque chose de comique à voir le PS critiquer le caractère antisocial de Macron, après avoir mené une politique économique plus à droite que Sarkozy… Et que dire des marcheurs présidentiels ? On sent bien que leurs déclarations sont purement électoralistes, pour la forme, et pas le fond, pour tenter de donner un peu le change. La seule chose que l’on peut reconnaître à Macron, c’est d’assumer assez largement son programme anti-social et profondément oligarchique.

On atteint un point où le progressisme social est même sorti des média, qui véhiculent très majoritairement l’agenda économique du Medef et des plus riches, comme avec le conflit sur la réforme de la SNCF. Et même si les peuples, par des mécanismes bien décrits par Jacques Généreux, suivent parfois cette voie, on voit tout de même que les braises progressistes et sociales ne sont pas éteintes. Quelques que soient les limites de Mélenchon, il portait ce discours et n’a pas été très loin du second tour. Et les succès de Sanders et Corbyn, qui n’hésitent à tenir un discours très radical par rapport aux standards de leurs pays, montrent que les peuples dits occidentaux attendent autre chose.


Bien sûr, le contexte actuel semble bloqué en France, mais Macron pourrait aussi être le catalyseur d’un vrai changement tant il représente la caricature de tout ce qui ne marche pas depuis si longtemps, notamment économiquement. Et parce que nous avons déjà une droite assez radicale et antisociale au pouvoir, je ne vois pas en quoi un rassemblement plus à droite encore serait la solution.

8 commentaires:

  1. "35 ans"... Vous situez donc l'inflexion en 1983.
    Il est certain que ce fut une rupture majeure.

    Mais il ne faut pas perdre de vue qu'elle a été accélérée avec la chute de l'URSS. Un moment où beaucoup de choses auraient dû s'apaiser mais, comme d'habitude, nos "zélites" ont fait exactement le contraire. Au lieu de faire disparaître l'OTAN, ils l'ont étendu ; au lieu de clore la guerre froide, ils l'ont poursuivie. Et, en France, cela aurait dû être le moment de la disparition de l'anticommunisme primaire : c'est au contraire la période où tout le monde est devenu anticommuniste.

    J'ai même vécui une anecdote qui résume tout. Dans le bus scolaire, il y avait un type qui me harcelait parce que j'étais en collège privé et que ça coûtait 300 balles le trimestre (50 euros). 7 ans plus tard, le même était dans une école privée à 30.000 francs l'année et moi à l'université publique, il m'expliquait que c'était une honte que je paie si peu de frais de scolarités.

    A cette accélération anti-sociale, c'est ajoutée le paradigme néoconservateur, avec la "tolérance zéro", dont le point de départ a été le permis à point et les menaces de répression de Bérégogvoy.

    depuis, la tolérance zéro s'est mariée de façon incestueuse avec le laxisme judiciaire, donnant : condamnation à du ferme d'un SDF qui fouille dans une poubelle, condamnation de mamie Loto, condamnation à du ferme pour le volm d'un frmage de chèvre et d'un paquet de pâte. Mais, dans le même temps, l'assassin de Mireille Knoll avait violé une fille de 12 ans en 2017 : libre en 2018.

    Le syndicat de la magistrature est une véritable saloperie qui vient appuyer le système néolibéral pourri tout en poursuivant, mais seulement pour les criminels, le laxisme... Je vomis sur ces juges pourris qui devraient être révoqués.

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  2. Je ne vois pas d'où vient l'idée que les 35 heures n'auraient profité qu'aux cadres.

    Y-a-t-il des études prouvant que les 350 000 emplois créés auraient bénéficié plus que proportionnellement aux cadres ? Et dans l'affirmative, comment expliquer une telle chose ?

    Ivan

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    1. Et même, pour les besoins de la discussion, admettons que les 350 000 emplois créés grâce aux 35 heures aient tous été des postes de cadres.

      Ce serait toujours bon à prendre pour les ouvriers et les employés, car cela fait 350 000 cadres qui ne sont plus acculés à "abaisser leurs prétentions" comme on dit à Pôle Emploi, c'est-à dire disputer les postes du bas de l'échelle aux ouvriers et aux employés.

      Pour la même raison il n'y a aucun mal à construire des logements de luxe en ville, à la seule condition, mais impérative, qu'ils viennent s'ajouter et non se substituer aux logements existants.

      Ce qui est impossible tant que les normes d'urbanisme malthusiennes resteront en vigueur.

      Ivan

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  3. "Bref, pas la moindre conquête sociale depuis trois décennies"

    Et la CMU ?

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    1. La généralisation de l'assurance maladie c'était déjà une promesse électorale de Giscard en 1974.

      Ivan

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  4. Finalement les emplois aidés n'ont pas encore été tous supprimés :

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quand-l-hopital-de-mulhouse-se-205840

    Ivan

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  5. Le mot "droite" ne signifie pas obligatoirement rapace sur le plan fiscal.

    C'est en faisant semblant de croire que c'est le cas que vous aboutissez à votre erreur de raisonnement.

    Ainsi, la moyenne pondérée des programmes de Fillon, DLF 2017 et FN 2017 donne un programme économique plus doux que celui de Macron ou du seul LR.

    Mais par contre, la même moyenne pondérée donne un programme plus souverainiste et plus opposé à l'immigration.

    Cela montre que, l'espace d'un quinquennat, cela permet de donner une meilleure alternative sur les critères dont vous dites qu'ils vous tiennent à coeur.

    Et puis, cela vous laisserait un peu de temps pour construire la puissante alternative politique dont vous nous causez régulièrement, tandis que, pendant ces cinq ans, l'essentiel (souveraineté et homogénéité de population) ne sera pas compromis.

    Bien sûr, on peut toujours s'agiter en niant les évidences, mais il parait qu'il n'y a pas de politique qui tienne en dehors des réalités...

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