mardi 1 janvier 2019

Les gilets jaunes : hommes et femmes de l’année 2018



Refuser l’injustice sociale

Il est assez incroyable que le thème des inégalités et de la grande injustice sociale qui caractérise nos sociétés depuis la révolution oligo-libérale ne soit pas parvenu à davantage s’imposer dans le débat politique. Le sujet commence à percer dans les pays anglo-saxons, avec Corbyn et Sanders. Il émerge dans certains pays asiatiques. Mais en France, à part la campagne de Chirac en 1995, il est resté bien trop confiné à la sphère intellectuelle, même Mélenchon s’en emparant de manière un peu superficielle et caricaturale, se limitant à dire qu’il y a de l’argent, sans expliquer en profondeur les mécanismes à l’œuvre et comment cette globalisation enrichit les 1%, au détriment des 99%.



Gràce à l’action des gilets jaunes, bien des questions mises sous le tapis ont ressurgi. Bien sûr, le pouvoir et des média sidérés ont tenté de travestir le message de ce mouvement, ne manquant aucune occasion de le rapprocher de l’extrême-droite ou habillant un désir de justice sociale et fiscale en ras-le-bol fiscal bien plus compatible avec l’agenda oligo-libéral de recul de l’Etat. Mais les Français n’ont pas été trompés par le prisme médiatique déformé, continuant à soutenir dans leur grande majorité le mouvement, malgré les violences et les débordements, souvent le fait de casseurs et d’extrémistes sans aucun rapport avec les gilets jaunes. La fracture sociale s’est incarnée en 2018.

Il faut dire que Macron est le meilleur catalyseur de ce réveil politique. Sa politique de classe assumée, son mépris aristocratique de la France du bas, « gaulois réfractaires », « gens de rien », à qui il faudrait dire de traverser la rue pour trouver du travail, exprime plus que jamais la coupure des élites d’avec l’ensemble du peuple. Cette présidence agit comme un révélateur, non seulement d’une coupure, mais du mépris d’une partie des élites pour leurs propres compatriotes, comme l’a exprimé le patron des députés de la majorité, pour qui le gouvernement aurait été « trop intelligent » dans sa réponse aux gilets jaunes, manière de dire qu’ils sont trop bêtes pour comprendre le phénix élyséen.

Cette rupture s’illustre aussi dans les réactions violentes d’une partie des commentateurs à un article du Monde sur un couple de gilets jaunes ou l’incompréhension d’une grande partie de la haute fonction publique. L’historien Gérard Noiriel a bien raison de dire que « les élites continuent à dire au peuple, vous n’avez pas compris, on va vous expliquer », comme l’ont illustré les appels à cesser le mouvement avant l’acte V, de la part de la majorité, comme de certains éditorialistes. Encore une fois, dans un entretien au FigaroVox, l’auteur de la France périphérique Christophe Guilluy voit juste en soulignant que « ce n’est pas au peuple d’écouter les prescripteurs d’opinion mais l’inverse ».


Face à une classe politique incapable de changer leur vie, les gilets jaunes ont permis à la France de refaire corps politique, d’exprimer qu’une grande majorité d’entre nous refuse l’oligo-libéralisme destructeur à l’œuvre depuis trop longtemps. Merci d’avoir permis cela, car, même s’il n’y a pas de conséquence concrète à court terme, ce réveil sera forcément le prélude à des choses plus grandes.

11 commentaires:

  1. "En se conservant, les élites croient conserver tout ce qu'elles représentent, mais elles ne se demandent jamais si elles sont encore des élites, c'est-à-dire si elles en remplissent les devoirs ; je ne me lasserai point d'insister sur ce point capital. Une société où le prestige ne correspond plus exactement aux services rendus, où les classes dirigeantes reçoivent plus de la communauté qu'elles ne lui donnent, est une société vouée à la ruine."

    Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 1942.

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    1. On pourrait citer aussi Confucius :

      Dans un pays bien gouverné, être pauvre est une honte. Dans un pays mal gouverné, être riche est une honte.

      Ivan

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  2. Macron et ses sbires peuvent s'attendre à un certain renouvellement des exaspérations avec l'IR à la source tel que conçu qui va attiser la rage des GJ:

    "Enfin, il existe des variations de revenus qui ne conduisent pas à un changement de taux mais donneront lieu à des régularisations. Il existe aussi des cas où la forte précarité (par exemple pour les intermittents du spectacle ou les intérimaires) entraîne des variations de revenus sur un an et à l’intérieur d’une année. Le prélèvement à la source aura du mal à s’adapter à ces cas.

    Bercy répond à ces objections en indiquant qu’en cas de baisse de revenus, l’impôt avancé par le prélèvement à la source sera abaissé puisque désormais, le calcul s’effectue par un pourcentage du revenu. C’est vrai, mais ceci ne vient pas en contradiction avec le fait que l’impôt sur le revenu en France étant progressif et non proportionnel, celui qui a un taux erroné ne paiera pas l’impôt juste et devra attendre un an et demi la régularisation de sa situation."

    https://www.mediapart.fr/journal/france/010119/prelevement-la-source-une-revolution-fiscale-inutile-et-dangereuse?onglet=full

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  3. "La Ve République, qui voit le jour dans un contexte de guerre, il ne faut jamais l’oublier, accentue un processus de concentration du pouvoir de décision et de sélection sociale des gouvernants. Elle aboutit à exclure presque totalement les classes populaires des assemblées, en faisant primer le critère de la compétence, voire de la technicité, sur la question de la représentativité sociale des élus. Et c’est ce modèle, que certains auteurs qualifient de « post-démocratique » (une démocratie sans les classes populaires), qui montre aujourd’hui ses limites de manière exacerbée."

    https://www.mediapart.fr/journal/france/311218/un-systeme-politique-inegalitaire-produit-des-politiques-injustes?onglet=full

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    1. Loin de moi de rejeter a priori les analyses de sociologues comme Desage. Mais les institutions de la Ve République ont bon dos. Je pense qu'elles doivent être réformées, mais aussi que ces réformes ne produiront pas les fruits miraculeux escomptés par certains.

      La dérive technocratique qui tend à faire primer le critère de technicité des questions à traiter sur le critère de représentativité sociale n'est pas nouvelle, n'est en rien spécifiquement française, et la littérature sociologique internationale la documente depuis près d'un siècle. Cette évolution qui caractérise le mode de gouvernement contemporain se retrouve partout, dans des pays dont les institutions ne présentent pas les mêmes caractéristiques de concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif, qui est pourtant le trait cardinal des institutions de la Ve République (voir la bibliographie non-francophone sur la question du défi posé à la démocratie par le mode de gouvernance technocratique : https://ecpr.eu/Events/PanelDetails.aspx?PanelID=6812&EventID=112).

      Ce que nous savons des assemblées de la IIIe République ou de la IVe République ne permet certainement pas d'affirmer d'ailleurs qu'elles étaient socialement plus représentatives pour des motifs institutionnels. Le rétablissement du régime des partis qui a discrédité les deux régimes précédant la Ve République risque de décevoir assez rapidement les partisans irréfléchi de certaines réformes (proportionnelle...). On peut regretter que les assemblées soient dépossédées par des technocrates du pouvoir réel de décider. Mais il est aussi paradoxal de le déplorer alors même qu'on déplore la faible représentativité sociale de ces assemblées...

      Ce qui a rendu les assemblées sans doute moins représentatives socialement est le déclin de la notion de classe. Les élus communistes étaient souvent issus d'un milieu ouvrier et, à ce titre représentatifs de leurs électeurs. Mais cela supposait l'existence d'une classe ouvrière à peu près cohérente, définie par un ensemble de critères identitaires (éducation, conditions de travail, mode de vie, représentations...) et d'une conscience de classe. Ce qui a disparu à cet égard dans nos sociétés du XXIe siècle ne sera pas recréé par une réforme de la Constitution, parce que le problème que pose à la démocratie l'autonomisation d'élites hors-sol n'est pas exclusivement ni même essentiellement d'ordre institutionnel.

      Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à réformer les institutions. Mais il ne faut pas attendre des réformes préconisées autre chose que ce qu'elles peuvent donner. La mystique de la VIe République qu'on voit se développer depuis plusieurs années est lourde de futures déceptions. Modifier la Constitution, les institutions, est ce qu'il y a de plus simple. Fort logiquement, c'est donc ce que l'on proposera... Transformer les rapports sociaux, dans un contexte où la vraie fracture n'est peut-être plus d'ordre socioéconomique (dans la vision marxienne : le rapport aux moyens de production), mais éducative (c'est le point de vue de Todd), sera une autre affaire.

      YPB

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    2. "Transformer les rapports sociaux, dans un contexte où la vraie fracture n'est peut-être plus d'ordre socioéconomique (dans la vision marxienne : le rapport aux moyens de production)"

      C'est bien, vous n'avez strictement rien compris aux évolutions productives actuelles à l’ère du numérique, vous êtes complètement à côté de la plaque.

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    3. Troll de 16:40

      Le passage que vous citez ne donne nullement mon avis sur les évolutions productives à l'heure du numérique, à part pour constater que des conceptions anciennes des rapports sociaux ne sont plus directement transposables dans la société actuelle. Que dites-vous d'autre ? Rien, en fait.

      Merci d'avoir joué. Le trollage habituel, rien de plus.

      YPB

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  4. À quoi servirait de changer les institutions si la France reste dans l'UE et dans l'OTAN? Nous serions toujours gouvernés par les mêmes! Quittons l'UE et l'OTAN et nous pourrons ensuite parler de réformes.

    Antoine

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  5. @ Anonyme 11h12

    Merci pour la citation. La désertion fiscale de certains montre justement ce qu’ils font de leurs devoirs…

    @ Anonyme 12h24

    Je suis d’accord avec le commentaire d’YPB. La Ve République n’est pas responsable, car c’est un phénomène qui se retrouve dans bien des pays. L’accroissement des inégalités est plus fort ailleurs qu’en France, ce qui pourrait signifier qu’au contraire, la Ve République modère les dérives produites par les politiques oligo-libérales. Plus important encore, elle permet à un Président qui voudrait un vrai changement de le mettre en place.

    @ Anonyme 19h38

    Assez juste

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  6. Salve
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