samedi 3 octobre 2020

Le révoltant TINA communautariste de Mélenchon

Papier publié mardi dans le FigaroVox

 

Le mot « créolisation », utilisé par Mélenchon a suscité des polémiques, auquel il a répondu dans l’Obs. L’occasion de clarifier, s’il y en avait encore besoin, le virage communautariste de La France Insoumise, aggravé par une nouvelle importation anglo-saxonne, le refus de toute alternative. Pour lui, « la créolisation n’est ni un projet, ni un programme. C’est un fait qui se constate ».

 


Le modèle français et le français au rebut

 

Au moins, la citation d’Edouard Glissant a le mérite de la clarté, évoquant une « transformation continue », des « chocs de culture » ou « la création d’une culture ouverte et inextricable ». C’est la logique très anglo-saxonne où plusieurs cultures coexistent et où la culture nationale serait à la fois en retrait, et en mutation permanente, sous l’influence d’autres cultures. C’est ce que confirme cette autre citation de Glissant : « la créolisation est un mouvement perpétuel d’interpénétrabilité culturelle et linguistique qui fait qu’on ne débouche pas sur une définition de l’être ». Cette vision, c’est celle d’un monde globalisé sans frontières où tout se mélange, tout a la même valeur, où les racines finiraient par être complètement oubliées, l’être ne pouvant être défini. C’est bien le melting-pot anglo-saxon, par opposition au creuset républicain Français. C’est ce type de discours qui créé l’insécurité culturelle.

 

De manière révélatrice, Mélenchon ne voit rien à redire à l’invasion linguistique du globish, soutenant que « les références culturelles anglo-saxonnes qui étaient très minoritaires sont devenues majoritaires et une forte imprégnation en est résultée. Elle se lit sur les façades des commerces, le vocabulaire ordinaire, les émissions de télé, les modes et la musique. De fait, il s’agit de la forme de créolisation la plus aboutie et elle surplombe toutes les autres ». Il est tout de même assez incroyable qu’un homme qui a une certaine culture comme lui ne soit pas choqué par cet aplatissement linguistique, qui va du commerce à toute la culture. Cette seule perspective linguistique infirme la citation de Glissant puisque cette évolution aboutit à une uniformisation et un appauvrissement de nos cultures.

 

Mélenchon a raison de pointer la tension qui existe entre l’universalisme et les différences. Mais justement, c’est là qu’il y a des projets différents. Et ceux de la France ne sont pas ceux du monde anglo-saxon. Dans notre pays, l’universalisme prime sur les différences. Comme le notait bien Malika Sorel dans « Le puzzle de l’intégration », son premier livre, même s’il ne s’agit pas d’oublier ses racines, dans notre modèle un plus grand effort d’assimilation est demandé aux immigrés. Mais en contre-partie, l’intégration y est bien meilleure. Si le modèle anglo-saxon demande moins d’efforts, en préservant des communautés plus distinctes, en revanche, l’intégration est nettement moins bonne. C’est ce que montre l’effarante condition des noirs outre-Atlantique, qui souffrent encore de ségrégation, cette ségrégation qui y était encore légale quand Gaston Monnerville était le président du Sénat en France...

 

Le modèle républicain français impose aux individus de mettre le commun universel avant les différences. C’est pour cela que nous avons la loi de 1905, et que les religions sont consignées à la sphère privée. Sans craindre d’être contradictoire, Mélenchon critique la volonté d’assimilation qui impose « un renoncement à ce qui les distingue de la culture dominante » en évoquant le « corps, à ce qu’on en montre ou pas, ce que l’on en affiche selon qu’on est un homme ou une femme », évoquant à mi-mot le voile. Mais ce faisant, il utilise le grand détournement des mots bien décrypté par Fatiha Agag-Boudjahlat. Il parvient à sous-entendre que l’interdiction de la burqa, du burkini ou du voile serait un comportement de dominants, alors même que ces bouts de tissus sont des moyens de la domination patriarcal islamiste sur les femmes ! Au contraire, c’est leur interdiction qui libère les femmes dominées de leurs dominants.

 

Et pour couronner le tout, Mélenchon fait un décalque du discours économique de Thatcher, selon laquelle « il n’y aurait pas d’alternative », pour sa vision communautariste. Pour lui, la créolisation ne serait pas un projet ou un programme, mais un fait. S’il a raison de dire que « le peuple français actuel n’est plus le peuple de 1958 », cette constatation ne clôt pas le débat, au contraire. Non seulement cette évolution peut pousser, a contrario, à réaffirmer plus fortement en quoi nous tenons à notre modèle républicain universaliste opposé au communautarisme. Mais en plus, il est extrêmement clair que c’est le projet de certains, comme lui, de le remettre en cause et de pousser une évolution à l’anglo-saxonne. Ce faisant, il exprime une forme de déni du débat démocratique. Libre à lui de défendre un projet communautariste de créolisation de notre société, mais libre aussi à d’autres de défendre une autre voie.

 

Par-delà l’opposition complète à ce funeste projet de société, il est frappant de constater la dérive personnelle de Jean-Luc Mélenchon. Si la créolisation existe, attisée par certains, elle n’est qu’un projet qui peut parfaitement être combattu démocratiquement. Le simple fait de le refuser confirme la tonalité totalitaire inquiétante du personnage, que les insultes outrancières contre Isabelle Saporta n’arrangent pas…

17 commentaires:

  1. Ce que dit Mélenchon, c'est que cette créolisation n'est pas un projet ni un programme mais une évolution qui résulte des évolutions démographiques et sociologiques.

    Il dit à propos de ses détracteurs : « Veulent-ils s’opposer au processus spontané de la créolisation ? Mais alors il faudrait qu’ils disent pourquoi. Et surtout comment comptent-ils s’y prendre. » De ce point de vue, vous le critiquez sans répondre à sa question. Que proposez-vous ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le point de départ du raisonnement de Mélanchon est un postulat parfaitement contestable, pas un fait démontré. Il n'y a pas processus spontané, accéléré et avancé de créolisation, mais des évolutions lentes, progressives, limitées de la société française, qu'on ne peut tenter de forcer sans la violenter, selon un mode qui n'est effectivement pas sans rappeler la prétention des totalitarismes fascistes et communistes à contraindre l'émergence d'un "homme nouveau", au prétexte que là résiderait le sens inéluctable de l'évolution historique.

      En quoi les transformations constatables de la société française légitiment-elles le concept de "créolisation", qui est en fait un projet de "re-racialisation" des catégories de la pensée politique et sociologique ? Pourquoi un projet politique, celui de la République, qui n'a pas été conçu sur la base de la couleur de la peau ou de l'adhésion confessionnelle des membres de la communauté citoyenne, mais au contraire a pour finalité de permettre leur transcendance, devrait-il se saborder du fait des évolutions récentes liées aux flux migratoires ou à la mondialisation ? Il n'y a pas à répondre aux questionnements de Mélenchon mais à dénoncer le pseudo-constat sur l'évolution inéluctable de la société française qui prétend les fonder. Le projet républicain n'a pas pour caractéristique première d'être un projet conçu pour les blancs ou pour les chrétiens. Dès lors que l'on rejette la pseudo-évidence du postulat inverse, les questions de Mélenchon n'ont plus aucun sens.

      YPB

      Supprimer
    2. Merci YPB pour votre réponse. J'ajouterai qu'une société peut parfaitement décider de faire reculer certains processus de créolisation. Je pense par exemple qu'il faudrait renforcer considérablement la loi Toubon pour faire reculer le globish des publicités et des façades des commerces et m'oppose donc fondamentalement à Mélenchon ici.

      De même, sur le port du voile, qui s'est beaucoup développé en 20 ans, même si la France a déjà une législation restrictive, nous pouvons parfaitement renforcer ces restrictions.

      Bref, si les sociétés évoluent, il peut être très antidémocratique de refuser tout contrôle à ces évolutions. La France peut choisir de refaire reculer la créolisation. Je pense que nous aurions intérêt aujourd'hui.

      Supprimer
    3. A ma connaissance, Mélenchon ne dit pas qu'il est contre la loi Toubon ni qu'il est pour le communautarisme anglo-saxon. Il parle de créolisation, ce qui est autre chose.

      Supprimer
    4. Ce qui compte n'est pas ce que dit ou veux Mélenchon, mais bien ce que d'autres feront avec ce qu'il dit. Il ne dit pas bien sûr qu'il veut une atomisation communautariste du pays. Mais il ajoute de l'eau au moulin de ceux qui travaillent à cette fin. De même, tous ceux qui dénoncent l'islamophobie ne le font pas nécessairement pour empêcher que l'on regarde en face les dangers de l'islamisme. Cela n'empêche pas que le résultat concret de leur discours soit de conférer un semblant de légitimité à cette opération d'escamotage (le contrepied ne consiste évidemment pas à promouvoir l'islamophobie, mais à refuser que l'on fasse passer la lutte contre le séparatisme islamiste pour de l'islamophobie).

      La réflexion de Mélenchon sur la construction d'une "culture ouverte" relève du déni de réel borné : ce qu'il désigne par là prend plutôt la forme, partout où l'on a prétendu accueillir favorablement et aménager ce processus, d'une fermeture, non pas la construction d'une société plus ouverte et plus tolérante, mais la mise en concurrence d'un projet universaliste et de projets communautaires qui finiront inéluctablement par mettre le premier en échec. Lorsque Mélenchon, en résumé parle de "créolisation", la définition même qu'il en donne montre qu'il désigne par ce terme quelque chose qui n'a rien de nouveau, puisqu'il a construit historiquement la société et la culture françaises, mais qui est aujourd'hui menacé par le communautarisme qu'il refuse de désigner comme l'ennemi : " la créolisation est un mouvement perpétuel d’interpénétrabilité culturelle et linguistique qui fait qu’on ne débouche pas sur une définition de l’être". Ce qui est menacé par la remise en cause du modèle assimilationniste, c'est justement la possibilité de préserver l'interpénétrabilité culturelle qui a construit historiquement la culture française.

      De fait, ce n'est pas la créolisation qui est en jeu dans les tensions qui agitent aujourd'hui la société française, tout simplement parce qu'elle a déjà largement été entamée, mais bien plutôt la fermeture à l'autre du communautarisme communautarisme et son assignation des individus à une identité non seulement prédéterminée par la communauté, mais spécifiquement par ce qu'il y a de plus fermé, de plus intolérant, au sein de cette communauté. Mais il n'est pas étonnant que Mélenchon se révèle incapable d'assumer ces contradictions. Il affirme que le peuple français d'aujourd'hui n'est pas celui de 1958, après avoir abreuvé de son mépris les Lituaniens, sous prétexte des compromissions de ce peuple avec l'Allemagne nazie, entre 1941 et 1945... L'idée que les Baltes d'alors n'étaient pas ceux d'aujourd'hui (tout comme les Allemands, les Russes, etc.) ne semble pas l'avoir effleuré. C'est éclairer suffisamment sa cohérence intellectuelle et son rapport à l'histoire.

      YPB

      Supprimer
    5. @ Moi

      Mélenchon ne dit pas être contre la loi Toubon ou pour le communautarisme anglo-saxon explicitement, mais il écrit : « les références culturelles anglo-saxonnes qui étaient très minoritaires sont devenues majoritaires et une forte imprégnation en est résultée. Elle se lit sur les façades des commerces, le vocabulaire ordinaire, les émissions de télé, les modes et la musique. De fait, il s’agit de la forme de créolisation la plus aboutie et elle surplombe toutes les autres ». Je suis effaré qu’il ne voit aucun problème à l’invasion linguistique du globish, et pire, qu’il la juge positive puisque c’est pour lui « la forme de créolisation la plus aboutie », alors qu’il défend la créolisation.

      Et sur le communautarisme, il me semble implicite à la vision de Glissant et à tout le texte de Mélenchon. Du moment qu’il refuse que les « dominants » imposent leur vision du vivre ensemble aux « dominés », n’aboutit-on pas forcément au communautarisme ?

      Supprimer
  2. "et où la culture nationale serait à la fois en retrait"

    Euh... c'est quoi la culture nationale, sachant qu'il s'y trouve de nombreuses cultures différentes selon les régions ? Vous brassez du vent, les principales différences viennent des classes sociales comme diraient Bourdieu ou Marx. Vous brassez du vent comme cette raclure de Zemmour.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Citer Marx ou Bourdieu comme des références sur la question nationale... Faut oser ! Et l'URSS, la Yougoslavie ou la Chine de Mao sont de beaux exemples de dépassement de la notion de nation sans doute ? Il faut croire qu'elle n'est pas facilement soluble dans la lutte des classes. On reconnaît l'art de brasser du vent du troll de service.

      Allez, je prends du pop corn et je m'installe. On va avoir droit à du sport avec ce clown inculte.

      Supprimer
    2. Ca y est j'ai fini mon porn corn en lisant vos propos de prank clown.

      Supprimer
    3. Marx, dont la réflexion sur la question des nationalités a été aussi tardive que lacunaire (voir https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1968_num_7_1_1104), pensait que les "petites nationalités", comme les Tchèques ou les Croates, étaient sans avenir et avaient vocation à être assimilés aux "grandes nationalités" qui les avaient historiquement soumises à leur domination (les Allemands en premier lieu), comme l'avaient subi, en leur temps, d'autres groupes minoritaires (Bretons, Gallois, Catalans, Basques...). Il ne faisait une exception que pour les Polonais, parce qu'ils s'étaient autrefois constitués en État.

      Pour ce qui du mouvement communiste peu après la mort de Marx, sa réflexion sur la question nationale est résumée dans un ouvrage de Staline publié en 1913, Le Marxisme et la Question nationale, où il définit la nation comme "une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture". Ben oui : "communauté de culture". Voilà la réponse marxiste à ta question stupide : "c'est quoi la culture nationale ?". Je rappelle pour les ignorants de ton calibre qu'en 1913, personne ne contestait l'orthodoxie marxiste de Staline.

      Mais je n'attends qu'une chose, Dutroll : que tu nous régale de ta science marxienne ou bourdieusienne. Moi, j'ai pas fini mon popcorn. Vu le niveau de tes bouffonneries ignares, il vaut mieux prévoir des stocks.

      Supprimer
  3. Herblay,

    Pourriez-vous détailler les mesures que vous avez prévues, afin de permettre de concilier le merveilleux enrichissement culturel par l'immigration et le modèle herblayblicain ?

    En effet, M. Vanneste comme d'autres sont un peu perplexes, comme l'indique le titre de son article ci-dessous :

    http://www.christianvanneste.fr/2020/10/04/la-france-pratiquait-lassimilation-et-en-est-a-lutter-contre-le-separatisme/

    RépondreSupprimer
  4. @Laurent Herblay,
    Sans tomber dans le TINA, il faut bien constater que la population française est plus hétérogène qu'autrefois, qu'il s'agit d'une tendance lourde qui s'affirme sur le temps long, et ce ne sont pas des mesures prises par un gouvernement qui peuvent y changer quelque chose. Il faut donc se demander ce qui peut cimenter la nation, autour de quelles valeurs, de quels principes peut se fonder le nouveau lien social. La religion ne peut plus assurer ce rôle, et en réalité cela fait bien longtemps qu'elle ne le joue plus puisque nous sommes une société laïque depuis plus d'un siècle. Mélenchon fait le constat de la créolisation, ça ne signifie pas qu'il faut s'abandonner au communautarisme et au délitement de la nation, mais au contraire qu'il faut la raffermir avec ce que nous avons encore de commun. Je pense que, dans sa diversité actuelle, la nation française a encore un sens et un avenir, mais il ne se fera pas sur un déni des réalités démographiques. Puisque vous êtes gaulliste, souvenez-vous de cette phrase du général de Gaulle : « il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. »

    RépondreSupprimer
  5. @ Moi

    Oui, la population est plus hétérogène qu’avant. Néanmoins, il faut noter que le mouvement en France est beaucoup plus lent que pour la plupart de nos voisins européens, donc il faut relativiser cette hétérogénéisation. Ensuite, il ne faut pas oublier qu’une grande partie de ceux qui viennent en France et sont d’une culture différente sont aussi très heureux de vivre dans notre pays et peuvent être les premiers défenseurs de notre modèle (cf Malika Sorel, Fatiha Boudjahlat, Zineb El Rhazoui…). Enfin, plus globalement, je reste persuadé qu’un pays et ses citoyens peuvent parfaitement vouloir non seulement faire une pause dans l’évolution de la société, et même revenir sur certaines évolutions. De manière pas si anecodtique, je pense qu’il faut considérablement renforcer la loi Toubon pour interdire toute communication en anglais et limiter drastiquement l’emploi de l’anglais pour les enseignes commerciales ou les noms de marque.

    La religion, il est bien évident depuis 1905 qu’elle ne doit pas jouer ce rôle. En revanche, je pense que le projet républicain français traditionnel peut parfaitement être ce ciment, en le réaffirmant plus vigoureusement. Je crois que si une majorité reprend véritablement le pouvoir (en quittant l’UE et l’euro) et définit un projet purement français et mène une politique nationale qui n’est pas qu’une variante indistincte des politiques néolibérales, alors la communauté nationale, dans sa diversité, mais dont la diversité vient après notre commun, se ressoudera.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Oui, la population est plus hétérogène qu’avant. Néanmoins, il faut noter que le mouvement en France est beaucoup plus lent que pour la plupart de nos voisins européens, "

      C'est factuellement inexact, et vous ne pouvez l'ignorer.

      "La religion, il est bien évident depuis 1905 qu’elle ne doit pas jouer ce rôle."

      Vous considérez donc qu'une loi ne pourrait être reconsidérée, alors qu'un referendum (celui de 1992) peut l'être.
      C'est une conception possible, mais qui n'est pas gaulliste.

      Sur le fond, de Gaulle est aussi en désaccord avec vous, puisqu'il écrit dans ses Mémoires d'espoir que les pays européens sont de race blanche, de religion chrétienne, de culture grecque et latine ; et qu'il utilise cette affirmation pour justifier leur rapprochement.

      Vous pouvez tout à fait avoir une autre opinion sur le sujet (même si elle est suicidaire) ; par contre, factuellement, elle n'est pas gaulliste.

      Supprimer
    2. @Anonyme du 7 octobre 2020 à 07:34

      Votre lecture du gaullisme est au moins aussi discutable que celle que vous prétendez dénoncer. Au vu de l'opinion du général sur la construction européenne, il est clair qu'il ne jugeait pas l'unité de culture de l'Europe suffisante pour lui permettre de se constituer en union politique. Et il y aurait tant à dire sur la "culture grecque et latine" de l'Allemagne ou de la Pologne... Il y a moins de deux siècles, le prince de Metternich aurait dit que l'Asie commençait dans les faubourgs orientaux de vienne.

      De plus, la laïcité n'est pas qu'un projet politique républicain porté par une loi. Vous oubliez qu'en 1905, la loi ne peut passer que parce que le pays est, au fond, déjà très largement déchristianisé, à l'issue d'un processus qui remonte au moins au siècle des Lumières. Vous n'êtes pas obligé d'être totalement d'accord avec Michel Vovelle, qui inscrit ce processus dans ce long terme antérieur à la révolution française, mais vous ne pouvez pas non plus esquiver ce qu'il observe.

      Les lois de laïcité de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ne visent pas à déchristianiser d'en haut un pays réel qui serait resté très majoritairement croyant dans ses profondeurs. Leur finalité est d'aménager juridiquement et socialement un processus déjà très avancé, mais qui se heurte encore à des fortes résistances, en faisant en sorte que l'affrontement entre laïcards et catholiques ne tourne à la guerre civile, au contraire de la forme prise par la vague de déchristianisation révolutionnaire de l'An II.

      Vous voulez réactiver l'idéologie laïcarde en prétendant et ressouder autour d'elle les restes moribonds de la gauche française ? Allez-y, mettez en cause la loi de 1905. Vous n'allez certainement pas rechristianiser la France par ce biais. Vous rendrez par contre un service signalé à l'Islam politique qui présente la laïcité comme une arme de guerre dirigée contre lui.

      YPB

      Supprimer
    3. Une phrase inachevée : "Vous voulez réactiver l'idéologie laïcarde en prétendant rechristianiser".

      YPB

      Supprimer
  6. Comme le notait bien Malika Sorel dans Buy Customized Essays même s’il ne s’agit pas d’oublier ses racines, dans notre modèle un plus grand effort d’assimilation est demandé aux immigrés.

    RépondreSupprimer