jeudi 31 janvier 2013

ELLE lance l’anorexie pour toutes


Il y a quelques jours, ELLE avait fait l’actualité en prenant position en faveur du « mariage pour toutes » et en mettant en couverture un couple de jeunes femmes. Mais le dernier numéro tombe dans les travers les plus scandaleux de la mode en mettant en scène un mannequin maladivement maigre.



Le diktat de la maigreur

Bien sûr, une journaliste de ELLE pourrait répondre que la mannequin est très jeune et que sa maigreur n’est que passagère, que la photo accentue la réalité, voir même que Photoshop a permis de tricher en allongeant plus encore son corps. Enfin, le journal pourrait aussi s’abriter derrière ses unes avec des mannequins plus « rondes » (par rapport aux standards de la profession s’entend) ou les quelques photographies sans retouche qui avaient été mises en une.

Cependant, le choix d’une couverture est engageant car c’est le visage que l’on donne à son journal. Et là, comment ne pas être totalement scandalisé par ce choix ? Car il ne s’agit pas d’une mannequin très mince, mais d’une jeune femme à la maigreur maladive, qui semble tellement décharnée que les proportions de son physique paraissent irréelles : des avant-bras squelettiques, des chevilles et des poignets tellement fins qu’ils semblent fragiles, pas de poitrine, pas de hanches. Bref, un physique qui donne envie de l’envoyer en cure chez Maïté pendant un mois.

Mais le pire est que les éclairages et les retouches du célèbre logiciel permettent très probablement d’améliorer et d’unifier le teint de sa peau, pour qu’il soit celui d’une personne en bonne santé, ce qu’elle n’est sans doute pas. Dans la réalité, sa peau est sans doute beaucoup moins télégénique… Il est vraiment lamentable qu’un magazine de mode choisisse de mettre une telle photo sur sa couverture, faisant de la maigreur extrême et maladive un modèle de beauté.

Mettre fin au laisser faire

mercredi 30 janvier 2013

Renault, PSA : Hollande rattrapé par l’agenda social


L’intervention militaire réussie au Mali et les débats sur le projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous les couples à l’Assemblée Nationale ne parviennent pas à effacer de l’actualité les vagues de plans sociaux, démontrant l’impuissance et l’inaction du gouvernement dans ce domaine.



L’automobile dans l’œil de la tourmente

Cette semaine, les mouvements sociaux de PSA et de Renault se rejoignent pour dénoncer les plans de restructuration en cours chez les deux constructeurs automobiles. La réouverture lundi du site d’Aulnay, qui doit fermer en 2014, a été perturbée par les grévistes, malgré des mesures exceptionnelles de la direction pour essayer de permettre la production : recrutement de vigiles privés, renfort de 200 personnes venues d’autres sites pour protéger la remise en marche des lignes.

Du côté de Renault, les salariés sont en grêve pour dénoncer la suppression de plus de 8000 postes en France d’ici à 2016, plus de 15% des effectifs de la marque dans l’hexagone. Ils protestent également contre le projet d’accord de compétitivité proposé par la direction qui garantirait les volumes pour les années à venir contre des concessions de la part des salariés pour améliorer la compétitivité des sites français, sur le modèle de l’accord trouvé en Espagne récemment.

Les deux constructeurs hexagonaux sont pris en tenaille par un triple phénomène. Tout d’abord, le marché européen, leur premier débouché, a reculé de plus de 20% depuis 2008. Ensuite, les marques généralistes souffrent plus que la moyenne du fait de l’essor continu du haut et du bas de gamme, qui leur taillent des croupières. Enfin, elles subissent durement la concurrence internationale, sur un marché ouvert, et avec des bases de production où les salaires sont 5 à 10 fois plus bas.

Une logique mortifère

mardi 29 janvier 2013

Le coming-out germanophobe et néolibéral du Monde



Le Monde en perd son latin

Il faut vraiment lire la tribune d’Arnaud Leparmentier dans le Monde. Il parait un peu perdu car s’il semble dénoncer « l’antigermanisme et la critique contre le supposé impérialisme économique allemand », il précise qu’il « est tentant de balayer le reproche d’un revers de main ». A contrario, cela indique qu’il ne fait pas vraiment et qu’il y a donc une part de vérité dans les critiques portées contre l’Allemagne, et dont Jacques Sapir a sans doute été un des meilleurs avocats.

Tout d’abord, il souligne que « les modalités d’application de l’Ordnungspolitik (politique économique générale) ne sauraient se faire aux conditions allemandes », ce qui signifie aussi tout d’abord que la France (de Nicolas Sarkozy, comme de François Hollande) cède trop aux exigences allemandes, mais également que la construction européenne actuelle permet cela. Ensuite, il rappelle que l’Allemagne a tendance à appliquer un deux poids deux mesures à l’échelle européenne.

En effet, Arnaud Leparmentier rappelle que « les Allemands veulent imposer les règles européennes à condition de ne pas y être complètement assujettis » et prend exemple sur l’union bancaire, qui n’inclut pas les caisses d’épargne et les banques régionales d’outre-Rhin. Il souligne également que l’Allemagne a refusé les règles qu’elles imposent aux autres concernant la fusion EADS-BAE du fait du risque que cela faisait porter sur les implantations industrielles allemandes…

En creux, un discours néolibéral et contradictoire

lundi 28 janvier 2013

Crise : quand le Japon fait l’inverse de l’Europe


Si le Japon ne représente pas forcément un modèle pour nos pays, The Economist avait souligné que le pays ne va pas si mal. Et il n’est pas inintéressant de constater à quel point le nouveau gouvernement pousse la politique économique du pays dans un sens inverse de celui de l’Europe.

Keynes à la rescousse

9.8% : tel est le déficit budgétaire du Japon pour l’année 2012 ! Trois fois plus que la zone euro, qui devrait être à 3.3%, et bien davantage encore que les Etats-Unis, qui sont à 7%. Qui plus est, la dette du Japon dépasse aujourd’hui les 200% du PIB. Théoriquement, ce cocktail explosif devrait pousser les taux d’intérêts à des niveaux punitifs. Pourtant, à 0,75% sur les emprunts à 10 ans, ils sont les plus bas du monde, après la Suisse. Plus surprenant, le pays prépare un grand plan de relance.

Il faut dire que, comme ses consœurs britanniques et étasuniennes, la Banque du Japon ouvre grand les vannes monétaires pour soutenir l’économie. En décembre, elle a annoncé un nouveau programme de rachat de bons du Trésor de 10 000 milliards de yen puis elle a relevé son objectif de taux d’inflation de 1 à 2% par an pour enfin casser les attentes déflationnistes sute à la victoire du LDP aux élections législatives qui souhtaite pousser encore plus loin l’agenda keynésien.

En effet, le pays semble décider à actionner tous les leviers de la politique contra-cyclique pour relancer son économie. Outre la monétisation de la dette et la volonté affichée (et couronnée de succès) de faire baisser le yen pour aider les entreprises qui exportent, Shinzo Abe a annoncé un plan de relance de plus de 100 milliards de dollards (plus de 10 000 milliards de yen), comme le rapporte The Economist. Plus incroyable, il a évoqué 200 000 milliards d’investissements d’ici à 2020.

Mars européen contre Vénus japonaise ?

dimanche 27 janvier 2013

Gérard Lanvin, ou le diktat de la liberté sur Canal Plus


Mardi 22 janvier, Gérard Lanvin était invité sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus. Il a pris la défense de Gérard Dépardieu, dénoncé les impôts confiscatoires du gouvernement et fait un éloge de la liberté sans la moindre contradiction. Un condensé de l’esprit libéral-libertaire.

Il est interdit d’interdire (et de trop taxer)

Même si cette émission est un condensé de la pensée unique et politiquement correcte qui sévit dans trop de médias, cette interview en est sans doute un condensé tellement parfait qu’il vaut le coup d’être regardé. Gérard Lanvin a affirmé « défendre l’idée de la liberté : on a le droit d’aller où on veut, quand on veut et avec ce qu’on veut » pour justifier le comportement de Gérard Depardieu et a estimé qu’une tranche marginale à 45% est suffisante et qu’à 75%, cela est confiscatoire.

Naturellement, Gérard Lanvin a le droit d’exprimer une telle opinion. Cependant, la solidarité nationale devrait imposer de respecter les choix démocratiques faits par le peuple. C’est trop facile d’être là pour profiter de l’aide publique au cinéma et de déserter quand les impôts sont augmentés temporairement pendant une crise (et encore surtout pour les revenus allant au-delà d’un million d’euros par an, ce qui laisse de la marge). Mais naturellement, personne ne lui a dit.

Michel Denisot, partisan autoproclamé de la liberté, s’est permis de critiquer ses concitoyens en affirmant : « les Français n’aiment pas ce qui dépasse, et chez Depardieu, tout dépasse » et Mouloud Achour a battu tous les records de complaisances avec l’introduction de sa question sur le mariage pour tous (auquel Lanvin est favorable) en disant : « je vous aime beaucoup parce que vous êtes concernés par l’actualité, que vous n’hésitez jamais à donner votre avis et qu’il est rarement inintéressant », confirmant que le Grand Journal n’est pas du journalisme, mais une église libérale-libertaire.

L’oubli du citoyen et de la République

samedi 26 janvier 2013

Tapie-Adidas : une affaire d’Etat qui n’en finit pas


Connaîtra-t-on un jour la vérité dans les affaires Tapie ? Difficile de le savoir. Cela fait 20 ans que le Crédit Lyonnais a racheté Adidas à l’homme d’affaires. Après une procédure judiciaire pleine de rebondissements et un arbitrage décidé par Christine Lagarde, de nouvelles perquisitions relancent l’affaire.

Soupçons sur la procédure d’arbitrage

En 2008, après une procédure judiciaire débutée en 1995, une cour arbitrale de la République conclut largement en faveur de l’homme d’affaire et lui permet d’encaisser plus de 400 millions d’euros, dont 40 au titre de dommages et intérêts. Très rapidement, le jugement et la procédure sont contestés. En effet, la procédure choisie favorisait clairement Bernard Tapie puisqu’elle permettait de mettre fin rapidement aux poursuites tout en ne permettant pas d’appel.

Néanmoins, beaucoup de soupçons pèsent sur cet arrangement. En effet, Bernard Tapie a soutenu Nicolas Sarkozy en 2007, en ayant des mots très durs contre Ségolène Royal. Le Monde évoque plusieurs entrevues entre les deux hommes dès le début 2007. Du coup, certains se demandent s’il n’y a pas eu un arrangement entre eux. En août 2011, une instruction a été ouverte par la Cour de Justice de la République pour « complicité de détournement de biens publics » et « complicité de faux » à l’égard de Christine Lagarde, qui avait accepté l’arbitrage privé et refusé tout recours.

Le procureur général accuse l’ancienne ministre d’avoir « constamment exercé ses pouvoirs ministériels pour aboutir à la solution favorable à Bernard Tapie ». En revanche, une note blanche, qui avait été remise à François Bayrou, accuse directement Jean-Louis Borloo (ancien avocat de l’homme d’affaire) et Nicolas Sarkozy qui auraient imposé la décision. C’est dans ce cadre là que se sont faites les perquisitions aux domiciles de Bernard Tapie et de l’ex directeur de cabinet de la ministre.

Une triple affaire d’Etat ?

vendredi 25 janvier 2013

Londres, le talon d’Achille de l’UE


Comme il l’avait sous-entendu à l’automne, David Cameron a annoncé publiquement qu’il organisera un référendum sur la sortie de son pays de l’UE s’il conserve le pouvoir en 2015. Une nouvelle faille dans le château de cartes qu’est cette Union Européenne.

La tentation du large

L’annonce de David Cameron est extrêmement intéressante. Tout d’abord, il convient de souligner que le référendum est un moyen de pression autant externe qu’interne. C’est un outil politique interne dans la mesure où cela vise à couper l’herbe sous le pied de UKIP, qui vient d’arriver second lors d’une élection législative partielle, derrière le parti travailliste, mais devant les conservateurs, et dont l’adn politique est justement la critique de cette UE. En musclant son discours, il espère sans doute limiter l’hémorragie, mais aussi reprendre l’avantage sur des travaillistes plus europhiles.

Mais cette annonce a aussi une utilité externe dans la mesure où elle doit contraindre les pays européens à entamer des négociations avec la Grande-Bretagne pour redéfinir sa participation à l’Union Européenne. Car l’objectif affiché de David Cameron n’est pas de quitter l’UE. Pour lui « quand nous aurons négocié un nouvel accord (…) nous offirons aux Britanniques un référendum avec un choix très simple : rester au sein de l’UE sur cette nouvelle base ou en sortir complètement ».

Ce faisant, les conservateurs rentrent dans une discussion plus virile avec les autres pays européens. En clair, soit ils obtiennent un aménagement de leur participation et ils soutiendront le maintien de leur pays dans l’UE, soit, s’ils n’obtiennent pas grand chose, il est probable que les britanniques choisiront alors de faire le chemin inverse à celui de 1973. Et étant donnée l’opinion publique du pays, la convaincre d’y rester ne sera pas une mince affaire : un récent sondage indiquait que 49% des britanniques étaient favorables à une sortie et seulement 28% pour un maintien.

Une Europe qui doute

jeudi 24 janvier 2013

LIBOR, subprimes, normes Bâle : des banques hors de contrôle !


Il y a quatre ans, après avoir provoqué la plus grande crise économique depuis 80 ans, au bord de la faillite, le secteur bancaire était en procès, y compris au niveau des plus grands dirigeants de la planète. Mais, aujourd’hui, tout indique que les leçons de la crise n’ont pas été retenues.

Entre délits et adaptation des règles

L’actualité récente charrie en effet des informations absolument hallucinantes sur les pratiques du monde bancaire et il est dommage que l’on n’en parle pas davantage que les histoires de traders véreux. Tout d’abord, il y a eu l’histoire des malversations dans la fixation du LIBOR par 16 grandes banques. Il a été prouvé par la justice qu’elles manipulaient ce taux qui sert de base pour des contrats portant sur 800 000 milliards de dollars d’actifs, 10 fois le PIB de la planète !

Ensuite, il y a eu l’accord de 8,5 milliards aux Etats-Unis au sujet des pratiques illégales pour saisir les maisons des ménages surendettés. Cet article du Huffington Post souligne que « les banques ont fait de nombreuses erreurs dans la gestion des prêts immobiliers, et que dans certains cas, ces erreurs ont poussé des ménages à la liquidation de leur bien » ! Il complète un autre accord où cinq banques avaient accepté de verser pas moins de 25 milliards de dollars pour les mêmes raisons.

Et quand les banques n’ont pas des pratiques illégales, elles parviennent à agir pour adoucir les contraintes réglementaires, comme le rapporte The Economist. En effet, le comité Bâle, qui fixe les normes bancaires, a annoncé un assouplissement des règles concernant les liquidités. A l’origine, l’idée était d’imposer aux banques de détenir suffisamment d’actifs hautement liquides pour pouvoir couvrir leur besoin de liquidités pendant un mois, et ainsi limiter les risques de crise.

Les banques ont obtenu trois changements majeurs. Tout d’abord, une définition plus large des actifs hautement liquides, puisqu’ils pourront inclure jusqu’à 15% d’actions, MBS ou créances d’entreprises au moins notés BBB (sic). Ensuite, elles ont obtenu que les prévisions de besoins mensuels de liquidités soient basées sur des modèles internes, dont elles auront la complète maîtrise… Enfin, ces changements ne seront mis en place qu’en 2019 et non en 2015 !

Un système bancaire inique !

mercredi 23 janvier 2013

Traité franco-allemand : le triste anniversaire


Hier avaient lieu les célébrations des 50 ans du traité de l’Elysée. Malheureusement, les choix malheureux réalisés pour cet anniversaire et plus encore le déséquilibre croissant dans les relations entre nos deux pays montrent que nous sommes sur une mauvaise voie, malgré l’annonce de quelques mesurettes.

Quand la France rapetisse

Le traité de 1963 signé par le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer était d’une importance capitale. Même s’il fut en partie vidé de son sens par le Parlement Allemand, il signifiait que nos deux pays oubliaient les guerres passées pour se tourner vers un avenir de coopération. On ne se rend pas assez compte de la révolution que représentait cette réconciliation qui suivait trois guerres entre nos deux pays en moins d’un siècle. Il fallait le Général de Gaulle pour réaliser un tel geste.



L’amitié franco-allemande (terme que nos voisins préfèrent au terme de « couple », qui n’est pas sans poser quelques problèmes symboliques) est essentielle. Malheureusement, la relation entre nos deux pays est de plus en plus déséquilibrée. Le traité de Nice, qui a accordé à Berlin plus de droits de vote qu’à Paris a mis fin à la tradition égalitaire entre nos deux pays. Et depuis 2007, il est difficile de ne pas constater qu’Angela Merkel a plus de poids que nos dirigeants en Europe.



C’est pour cela que la symbolique de la célébration est maladroite. Bien sûr, le traité initial avait été signé en France, mais que tout se passe aujourd’hui en Allemagne semble confirmer qu’aujourd’hui, le centre de décision est bien outre-Rhin. Il aurait été plus habile de faire un sommet gouvernemental dans un pays et une rencontre des parlementaires dans un autre, plutôt que de tout faire en Allemagne, en envoyant le message que c’est là que se prennent les décisions.

Une Europe déséquilibrée


mardi 22 janvier 2013

Les incroyables profits de JP Morgan Chase


La banque étasunienne a récemment communiqué ses résultats pour l’année 2012. Comme le souligne son PDG, « pour la troisième année consécutive, le groupe a publié un bénéfice net record ». Une performance trop bonne pour ne pas se poser beaucoup de questions.

Des profits faramineux

Il suffit d’aller sur le site de JP Morgan Chase pour trouver les informations financières sur le groupe. Les chiffres sont plus que parlants. En 2007, la banque avait réalisé un profit de 15,4 milliards de dollars, divisé par 3 en 2008 du fait de la crise financière. Dès 2010, un nouveau record était atteint, puis battu en 2011 et en 2012, pour culminer à 21,3 milliards, une performance d’autant plus exceptionnelle que la banque a perdu plus de 6 milliards avec l’affaire dite de la baleine.



Il faut néanmoins tempérer ces chiffres en prenant en compte le rachat de la banque Washington Mutual, qui avait permis d’augmenter le chiffre d’affaire de 50% en 2009 (100,4 milliards de dollars) par rapport à 2008 (67,3 milliards). Du coup, le niveau du résultat net en fonction du chiffre d’affaires reste encore légèrement inférieur en 2012 (22%) au niveau atteint en 2006 (23,2%) mais supérieur à celui de 2007 (21,6%), alors que cela prend en compte de nombreuses pertes exceptionnelles.

Bien sûr, le chiffre d’affaire stagne depuis 2009 autour de 100 milliards de dollars, mais la profitabilité de la banque ne cesse de progresser. Du fait de la perte de 6 milliards par un trader français de Londres, le PDG  a perdu la moitié de son bonus au titre de l’année 2012 : il ne touchera « que » 10 millions de dollars en plus de son 1,5 millions de revenus fixes. Il faut noter que sans cette perte, la banque aurait théoriquement réalisé 27 milliards de profits, plus de 28% de son chiffre d’affaire !

Où est la réforme de la finance ?

lundi 21 janvier 2013

Retraites, marché du travail : la grande régression est en marche


Qu’aurait-on dit si cela avait été fait par Nicolas Sarkozy ? Au final, parce que ce sont les socialistes qui la mettent en place, la grande régression des droits sociaux avance de manière assez discrète, même si la récente sortie de Jérôme Cahuzac sur la désindexation des retraites semble plus risquée.

Haro sur les retraites

C’est un très bon papier de Laurent Mauduit sur Médiapart qui nous alerte sur les menances qui planent actuellement sur les retraites. Comme il l’explique très bien, après un début de quinquennat qui avait vu un relèvement de l’imposition sur les entreprises et les entrepreneurs, le gouvernement semble avoir changer de fusil d’épaule devant la révolte illustrée les polémiques sur la taxation sur les cessions d’entreprises ou celles sur les départs de riches contribuables hors de France.

En effet, à la surprise générale, le gouvernement a largement adopté les conclusions du rapport Gallois, allant jusqu’à mettre en place un dispositif de crédit d’impôt de 20 milliards, au fonctionnement néanmoins compliqué. Les partenaires sociaux ont aussi conclu un accord pour flexibiliser le marché du travail. Mais un troisième volet semble se dessiner avec le déséquilibre de la branche retraites, qui devrait atteindre 20 milliards en 2020, signe patent de l’échec prévisible de la réforme Sarkozy.

Jérôme Cahuzac, ministre du budget, a évoqué une désindexation des retraites de l’inflation, une grosse source d’économie qui viendrait raboter chaque année le pouvoir d’achat des retraités (indexé sur l’évolution des salaires jusqu’en 1994). A croire qu’ils se sont concertés, Laurence Parisot, elle, propose de repousser à 64 ans l’âge de départ à la retraite pour 2027 et un dispositif proche de celui avancé par le ministre, à savoir une baisse de 5,5% du pouvoir d’achat des retraites en 5 ans.

Le marché du travail, version institut Montaigne

dimanche 20 janvier 2013

Vers une sortie illusoire de crise en 2014 ?


La prévision économique est une science extrêmement délicate. Même si nous sommes entrés depuis 2012 dans une nouvelle phase récessive dans la zone euro, la question qui se pose, c’est de savoir s’il pourrait y avoir un rebond en 2014, aussi illusoire soit-il, pour bien anticiper l’évolution du débat public.

Des facteurs de reprise pour 2014

Bien sûr, aujourd’hui, avec la récession, l’effondrement économique des pays « aidés » par l’Europe et la hausse continue du chômage, parler de reprise économique pour l’année prochaine peut faire sourire. Néanmoins, il convient de se poser la question pour ne pas faire des annonces qui se révéleraient fausses et pourraient nuire à la crédibilité de notre discours. Et si l’année 2013 a toutes les chances d’être une nouvelle année de crise, cela est moins évident pour 2014. En effet, un certain nombre de facteurs semblent indiquer que nos économies pourraient légèrement repartir.

Tout d’abord, il y a un effet mécanique : la baisse actuelle de la consommation peut favoriser une reprise dans un second temps. Comme je l’avais anticipé en 2009, c’est ce que l’on a vu aux Etats-Unis en 2010, où, une reprise mécanique a fait suite à l’effondrement des marchés automobile et immobilier. Les ventes de voitures progressent depuis trois ans outre-Atlantique et le marché immobilier s’est repris l’an dernier. En Europe, la baisse continue du marché automobile depuis 2008 peut provoquer mécaniquement un rebond, du fait qu’au bout d’un certain temps, les acteurs économiques qui ont décalé leurs achats, finissent bien par être contraints de les effectuer. Cela pourrait arriver en 2014.

L’autre facteur est paradoxalement la vigueur des plans d’austérité mis en place par les gouvernements européens. En effet, le gouvernement Hollande a décidé de coller à son objectif de 3% du PIB de déficit en 2013, en faisant un effort de plus de 30 milliards. S’il y parvient (à peu près), alors, il y aura moins d’efforts à faire à partir de 2014 et la politique gouvernementale ne pèsera plus autant sur la croissance. En outre, l’Allemagne et l’Italie (1ère et 3ème économies du continent) ont déjà des déficits sous les 3% du PIB, protégeant ces économies de nouveaux plans d’austérité.

Enfin, il ne faut pas oublier que la demande internationale et la croissance mondiale pourraient finalement aider l’Europe. Bien sûr, le libre-échange avec des pays dont les conditions salariales et sociales sont largement inférieures au nôtre pèse sur l’emploi, le pouvoir d’achat, et, in fine, la croissance. Une étude récente indique que le libre-échange avec la Chine a coûté 30% des emplois industriels aux Etats-Unis. Néanmoins, une partie de nos exportateurs pourrait profiter de la croissance des Etats-Unis, portée par l’immobilier, ainsi que de la Chine, où les signes de reprise se multiplient.

Croissance et illusion de croissance

samedi 19 janvier 2013

Faut-il restaurer le service militaire ?


En 1996, fidèle à sa promesse de campagne, Jacques Chirac avait mis fin au service militaire, une institution de deux siècles. Plus de quinze ans après sa suppression, on peut se demander aujourd’hui si ce n’était finalement pas une mauvaise idée et s’il ne faudrait pas le restaurer.

Un outil de la République

Le service militaire avait plusieurs utilités. La première était d’assurer la défense de la France en fournissant des contingents plus importants que ne le permet la seule armée de métier ainsi qu’assurer une formation militaire à tous les jeunes hommes, permettant ainsi de les mobiliser de manière plus efficace en cas de conflit. Ce besoin d’assurer la défense de notre pays semble aujourd’hui moins critique (de manière illusoire ?) près de 60 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

La deuxième utilité du service militaire était d’instaurer un lien charnel entre la France et ses citoyens. En effet, en prenant près d’un an de la vie de tous les jeunes français, ceci montrait que l’appartenance à la collectivité nationale avait un prix et impliquait des devoirs et pas seulement des droits. La mise en place du droit du sol s’explique en partie par le service militaire puisque c’était un moyen d’augmenter le nombre de conscrits par rapport au droit du sang mis en place à la Révolution.

La troisième utilité du service militaire était l’intégration républicaine des citoyens. Tout d’abord, il permettait un brassage social d’autant plus utile aujourd’hui avec le phénomène d’homogénéisation des différentes parties du territoire. Ensuite, il pouvait servir de séance de rattrapage pour les jeunes qui avaient de fortes carences scolaires. Enfin, il permettait aussi de cadrer certains jeunes, de leur apprendre la discipline et à respecter les règles, une sorte de formation citoyenne.

Peut-on le remettre en place ?

vendredi 18 janvier 2013

Renault, PSA : 15 500 emplois perdus par la faute du PS et de l’UMP


C’est une véritable saignée pour notre industrie automobile. Après les 8000 emplois du plan social de PSA d’il y a six mois, Renault double la mise avec 7500 suppressions de poste en France. Pire, le ministre du renoncement productif, Arnaud Montebourg juge cela « normal » !

L’effondrement productif, c’est maintenant !

Il va falloir penser à rebaptiser le ministère d’Arnaud Montebourg car l’actualité fait plus que mettre à mal l’intitulé pompeux qui lui avait été donné il y a quelques mois. Avec 15 500 suppressions de poste dans la première industrie de notre pays (sans compter les emplois qui seront perdus par les sous-traitants, ce qui peut facilement doubler la mise), la saignée est violente et sans doute inédite à l’échelle de notre pays, à part si on la compare à la sidérurgie dans les années 1980…

Il faut dire que le marché automobile européen a baissé pour la 5ème année consécutive en 2012, avec un recul de plus de 8% par rapport à 2011 et de plus de 22% depuis 2007. Les ventes sont tombées à leur niveau le plus bas depuis 1995. Pire, le recul de 2012 a été plus marqué sur les marchés où PSA et Renault sont forts: France (-14%), Italie (-20%) et Espagne (-13%). Encore pire, nos marques généralistes sont coincées entre un haut et un bas de gamme plus dynamiques.

Alors que le gouvernement avait fait mine de vouloir faire revenir PSA sur sa décision, avant de reculer piteusement devant l’évidence des comptes dégradés de l’entreprise, pas question de prendre des risques cette fois-ci. Arnaud Montebourg a ainsi fait cette déclaration : « ces suppressions font partie du cadre normal dans lequel une entreprise peut décider de gérer par avance ses effectifs et son personnel. (…) Il n’y a pas de lignes rouges qui ont été franchies ».

Qui est responsable de cette débacle industrielle ?

jeudi 17 janvier 2013

Mariage pour tous, homoparentalité : assez des caricatures !


Décadent ! Arriéré ! Si certaines personnes parviennent à garder leur calme dans ce débat, ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Des excès sont réalisés de part et d’autre, crispant un débat qui aurait nécessité une plus grande sérénité pour permettre un véritable échange.

La porte ouverte à la polygamie ?

C’est un argument souvent avancé : le fait d’accorder le droit au mariage des couples homosexuels pourrait nous mener à d’autres évolutions plus contestables. Théoriquement, l’argument semble aller de soit : ce ne serait qu’une étape de plus vers une levée de tous les interdits de notre société. Cependant, ce mode de raisonnement n’est pas juste. Si l’âge de la majorité a été baissé à 18 ans en 1974, il n’a pas été baissé depuis. Les sociétés établissent aussi des règles qui peuvent rester en place ou ne pas être indéfiniment abaissées dans une perpétuelle quête libertaire.

Mieux, l’expérience démontre qu’il n’y a aucun lien entre l’alignement des droits des couples homosexuels sur ceux des couples hétérosexuels et la reconnaissance de la polygamie. Bien au contraire. Les pays qui reconnaissent la polygamie interdisent presque toujours le mariage pour les couples homosexuels et inversement. En fait, en pratique, on constate que l’un semble interdire l’autre, ce qui devrait au contraire rassurer ceux qui craignent une telle évolution.

Une demande libertaire ?

L’autre antienne traditionnelle des opposants au projet gouvernemental est qu’il ferait partie d’un vaste mouvement libertaire où toutes les communautés et tous les individus demandent sans cesse plus de droits à la société, une pente qui pourrait déconstruire les fondements de notre vie commune. Mais cette interprétation du débat sur le mariage pour tous les couples est incomplète. En effet, le mariage, ce n’est pas seulement un droit, ce sont aussi des devoirs.

Accorder le droit de se marier aux couples homosexuels, ce n’est pas seulement leur donner un droit que les couples hétérosexuels ont déjà et ainsi faire en sortie que la République ne fasse plus le tri entre ses enfants selon leur sexualité, mais c’est aussi leur en donner les devoirs. Le mariage, ce sont autant des droits que des devoirs à l’égard de sa ou son conjoint et des enfants, bien loin du fantasme libertaire véhiculé par certains opposants à cette réforme.

Vers une décadence de la société ?

mercredi 16 janvier 2013

Le nouveau billet de 5 euros : un symbole raté


La semaine dernière, la Banque Centrale Européenne é dévoilé le nouveau billet de 5 euros. Un acte qui peut sembler symboliser la fin de la crise de la zone euro pour ceux dont le regard n’est braqué que sur les marchés. Mais les amateurs d’histoire ou d’économie auront une autre interprétation



Des symboles malheureux

En effet, ce nouveau billet comprend la princesse grecque Europe. S’il semble logique de reprendre le personnage de la mythologie grecque qui a donné son nom au continent, le symbole est ambivalent. En effet, l’orgine de la princesse est à double tranchant. Elle peut représenter une sorte d’hommage au fait qu’Athènes soit (pour l’instant) restée dans la monnaie unique. Néanmoins, c’est peut-être à Athènes, et prochainement, que l’euro pourrait commencer à être démonté.

En effet, en juin 2012, les Grecs ont été à deux doigts de mettre au pouvoir Syriza, dont le refus radical d’appliquer les plans d’austérité européens aurait sans doute conduit le pays à sortir de cette construction monétaire qui la contraint à se torturer économiquement. Pire, la solidité de la majorité parlementaire est loin d’être garantie puisque récemment, deux députés en ont quitté les rangs en dénonçant les politiques suivies, phénomène qui pourrait mener à de nouvelles éléctions…

En outre, le mythe d’Europe peut révéler une double lecture troublante. La princesse Europe a été enlevée par Zeus, transformé en taureau blanc. Si l’Europe est cette princesse, qui est Zeus ? En outre, de leur union naissent deux juges des Enfers. On imagine assez bien la BCE, la Commission ou la Cour de Justice dans ces rôles. Et le destin de leur troisième rejeton n’est guère riant, tout comme Europe, donné par Zeus comme femme au roi de Crète…

Une crise qui n’est pas finie

mardi 15 janvier 2013

Le côté obscur du « modèle » irlandais


C’est un article passionnant de The Economist qui revient sur les failles du modèle de développement irlandais, même s’il accorde globalement un satisfecit au plan d’ajustement, tout en appelant à un effort de la part de l’Union Européenne pour alléger le fardeau de sa dette.

Une crise du « laisser faire »

Le tigre irlandais a connu une très forte croissance dans les années 1990 et 2000 grâce à la conjonction de plusieurs facteurs. Tout d’abord, un taux d’imposition des bénéfices des entreprises, à 12,5%, contre plus de 30% sur le continent, qui a poussé de nombreuses multinationales (notamment dans l’informatique et la pharmacie) à s’implanter. Cela a été favorisé par l’intégration européenne, qui garantissait un marché de 500 millions de consommateurs et des taux d’intérêts faibles.

Mieux, l’Irlande a longtemps bénéficié des subsides européennes pour financer son développement. Enfin, le « laisser-faire » du pays a également permis le développement d’une sphère financière importante. Le problème est que cela a abouti à une bulle immobilière et financière colossale (les actifs des banques finissant par représenter 10 fois le PIB, contre 4 en France et 3 en Allemagne). L’explosion de cette bulle a logiquement provoqué une immense crise économique.

Contrairement à l’Islande, l’Irlande a sauvé ses banques, quitte à engager des sommes colossales pour les recapitaliser et faire exploser la dette publique. Résultat, le pays se retrouve aujourd’hui avec un niveau de dette publique parmi les plus élevés de la zone euro, alors qu’il faisait partie des trois pays les moins endettés (avec la Grande-Bretagne et l’Espagne) en 2007. En 2013, la dette publique devrait atteindre 120% du PIB, dont au moins un quart vient du sauvetage des banques.

Une richesse bien mal partagée

lundi 14 janvier 2013

Immobilier : la menace d’un krach se précise


En octobre dernier, j’avais écrit un papier qui s’interrogeait sur la possibilité d’un krach immobilier en 2013-2014. Depuis trois mois, de nouveaux éléments confirment le risque d’un ajustement sévère sur le marché français, qui reste encore protégé par le faible niveau des taux d’intérêts.

Le seuil d’alerte est franchi

Il ne faut pas oublier ici que le marché immobilier français avait connu un très fort ajustement à la baisse, de 1991 à 1998, perdant alors un tiers de sa valeur. Depuis, les prix se sont envolés, notamment à Paris, où le mètre carré est passé de 2400 à 8500 euros, une progression de 250% ! En outre, comme le rappelle The Economist, la France est un des pays où les prix de l’immobilier sont les plus surévalués, de 50% au regard du niveau des loyers et de 35% par rapport aux revenus.

Pire, et c’est un signe avant-coureur traditionnel de retournement de marché, « le nombre de transactions de logements anciens en France s’est élevé à 650 000 en 2012 » selon le président du réseau Century 21, cité par le Huffington Post, soit une baisse de 25% par rapport à 2011. En effet, en général, avant une baisse des prix, le nombre de transactions baisse, à la fois par une baisse de la demande et une restriction volontaire de l’offre, pour éviter de faire baisser les prix.

Mais en général, cela ne dure pas du fait des ventes dites « forcées », qui finissent par provoquer un déséquilibre entre l’offre et la demande. D’ailleurs, au global, les prix ont baissé de 1,6% en 2012. Encore pire, le gouvernement semble avoir pris conscience des problèmes posés par des prix de l’immobilier trop élevés, qui pénalisent la compétitivité de la France (en Allemagne, les loyers sont nettement plus faibles) et a indiqué son souhait d’une baisse des prix.

Le krach est-il certain ?

dimanche 13 janvier 2013

Le franc, une monnaie d’avenir


Déjà, en 2005, lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, on avait pu constater une forte fracture sociale entre opposants et soutiens au projet de traité européen. Un nouveau sondage réalisé par l’Ifop pour Atlantico révèle que le fossé se creuse de plus en plus.

62% des Français regrettent le franc

Voici un sondage qui permet de mieux comprendre le sentiment des Français, bien différent de celui de l’élite politico-médiatico-économique, euro-béate. En effet, alors que 39% des Français regrettaient le franc début 2002, signe qu’une majorité était satisfaite du passage à l’euro, aujourd’hui 62% de nos compatriotes le regrettent signe « d’insatisfaction vis-à-vis de l’euro » pour Jérôme Fourquet, de l’Ifop, un score équivalent à celui de 2005, mais inférieur à celui de 2010.

Depuis huit ans, ce sondage indique qu’au moins six Français sur dix regrettent le passage à la monnaie unique et auraient sans doute préféré que l’on garde notre monnaie nationale. Cela démontre cruellement à quel point la propagande pro-euro, pourtant ultra-majoritaire dans les médias, n’a pas réussi à convaincre. L’euro ne nous a pas protégé, contrairement à ce que l’on disait en 2009 ou en 2010, les trois dernières années indiquent au contraire qu’il nous fait du mal.

Mais puisque seulement à un tiers des Français déclarent soutenir un retour à la monnaie nationale, cela signifie également qu’environ la moitié de nos concitoyens qui regrettent le franc pensent malgré tout qu’une fois le passage à la monnaie unique fait, même s’il s’est révélé néfaste, il ne vaudrait mieux pas revenir en arrière. Pourtant, l’histoire démontre que cela n’a rien d’extraordinaire, comme l’a prouvé Jonathan Tepper au regard de la fin d’une centaine d’unions monétaires.

La fracture sociale et générationnelle

samedi 12 janvier 2013

Le FMI lève le pied sur l’austérité, pas l’Europe ou le PS !


Après la publication d’une première étude début novembre, Olivier Blanchard, chef économiste du FMI vient de publier un papier qui critique plus encore les politiques d’austérité longtemps défendues par son employeur, et appliquées sévèrement en Europe malgré de nombreux avertissements.

Pourquoi l’austérité ne marche pas

C’est une véritable révolution copernicienne qu’a faite le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, (qui avait proposé de remonter l’objectif d’inflation). Alors que l’institution de Washington a toujours plaidé pour des politiques d’ajustement extrêmement sévères d’un point de vue budgétaire, il vient de reconnaître que l’expérience démontre que ces politiques peuvent être contre-productives du fait de leur effet récessif, qui avait été largement sous-estimé dans les modèles économiques.

Pour être un peu plus technique, comme je l’avais expliqué en novembre, dans ses modèles antérieurs, le FMI estimait qu’un plan d’ajustement budgétaire de 1% du PIB avait un multiplicateur de 0,5, c’est à dire provoquait une baisse du PIB de 0,5%. Du coup, du fait de l’impact d’une moindre croissance sur les recettes fiscales et les dépenses fiscales, l’effet net de cet effort atteignait environ 0,75% du PIB. Bref, les pays souffraient, mais l’effort semblait efficace.

Le problème est que l’expérience a démontré que ces modèles théoriques étaient faux. Olivier Blanchard estime que désormais que le multiplicateur est plutôt de 0,9 à 1,7. Le problème est que quand il est dans le haut de l’échelle, l’effort d’austérité est extrêmement contre-productif, la contraction de l’activité étant très forte et la réduction du déficit limitée. C’est exactement ce qui se passe en Grèce, en Espagne ou au Portugal, où le déficit ne baisse pas plus qu’aux Etats-Unis.

L’Europe dans une impasse

vendredi 11 janvier 2013

Les banques dans le viseur de la justice


Ce n’est pas trop tôt ! La justice commence enfin à s’intéresser plus sérieusement aux dérives des banques. L’affaire de la manipulation du LIBOR n’en finit plus de rebondir avec l’amende de 1,5 milliards de dollars à UBS. Et en France, BNP Paribas est poursuivie pour ses pratiques commerciales.



Le grand scandale du LIBOR

J’en avais parlé début juillet, avec la condamnation de Barclays à payer une amende de 450 millions de dollars au titre de la manipulation du LIBOR. Et encore, comme pour UBS, la banque britannique bénéficie du fait qu’elle collabore avec la justice, ce qui en dit long sur les bénéfices tirés par les banques avec cette manipulation. Le LIBOR est un taux de référence sur lequel sont basés pas moins de 800 000 milliards de dollars de contrats, 10 fois le PIB de la planète !

Ce taux est fixé tous les jours en compilant le coût de financement déclaré par 16 banques en prenant les 8 taux médians. Tout ceci pose beaucoup de problèmes puisque les 16 banques sont à la fois juges et parties, que les chiffres donnés sont purement déclaratifs, sachant qu’en outre, déclarer un chiffre élevé revient à dire que l’on a du mal à se financer. Dans son numéro du 5 janvier, The Economist révèle que 2000 documents révèlent la manipulation des taux au sein d’UBS !

L’hebdomadaire britannique soutient que RBS devrait écoper d’une amende de 500 millions de dollars et que plus de vingt banques sont aujourd’hui sur le banc des accusés. Tout ceci est un nouvel exemple extrêmement grave, et dont on ne parle vraiment pas assez, des dysfonctionnements de ce système financier où les banques sont juges et parties, où elles créent de la monnaie assez librement et où l’Etat finit par assumer leurs erreurs quand la crise devient trop grave.

Les banques en accusation