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samedi 27 juin 2015

Les Etats-Unis : cow boys barbares et aristocratiques




Règne de l’arbitraire et de la barbarie

Dans la mythologie de l’Oncle Sam et de ses valeurs, le respect du droit est fondamental. Mais sa position de superpuissance a souvent fait oublier ses principes à Washington. Il y a les guerres arbitraires, qui foulaient au pied le droit international, en Irak, et qui n’ont laissé qu’un sanglant désordre. On peut aussi voir une chose similaire dans les 190 milliards de dollars d’amendes infligées aux banques depuis quelques années. Avant la crise de 2008, la justice étasunienne s’intéressait si peu à la finance qu’il est difficile de ne pas voir dans ces transactions une forme de racket, comme même The Economist avait fini par le dénoncer au sujet de l’amende contre BNP Paribas il y a un an.

Et le pays semble de plus en plus céder à une forme de barbarie, comme avec l’autorisation du port d’armes dans les universités du Texas. Parce que des fous surarmés, grâce au droit imprescriptible à avoir une arme, font des massacres dans les établissements scolaires, le Texas a jugé bon de permettre aux étudiants et aux professeurs de ses universités de venir armés pour pouvoir répliquer ! Bienvenue dans une société où l’Etat, abandonnant la sécurité de ses citoyens, leur offre comme issue une course à l’armement dont il est pourtant difficile de ne pas conclure qu’elle explique un taux d’homicide digne de la Palestine, 4 fois supérieur à l’Europe et 3 fois supérieur à l’Afrique du Nord.

Bienvenue au Moyen Age

dimanche 22 mars 2015

Un nouveau pas vers la fin de l’hégémonie de l’Oncle Sam ?

C’est une annonce qui est passée relativement inaperçue mais qui représente pourtant une nouvelle faille dans l’hégémonie des Etats-Unis, après la décisions de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie de concurrencer le FMI : les 4 principaux européens ont rejoint une initiative de la Chine en Asie.



Washington n’est plus seul

Après la chute de l’URSS, pendant quelques années, les Etats-Unis ont été la seule super-puissance. Et déjà que leur comportement avait été souvent très critiquable pendant la Guerre Froide, soutenant des dictatures militaires contre des démocraties penchant vers Moscou, le fait de se retrouver un peu seul au monde ne les a pas rendu plus responsables, déclenchant des guerres bien plus pour protéger leurs intérêts que par altruisme, faisant des centaines de milliers de morts. Et les Etats-Unis ont aussi la fâcheuse habitude de prendre leurs règles pour les règles du monde, n’hésitant pas à les appliquer par delà les frontières, pour l’impôt, comme pour sanctionner BNP-Paribas.

Si UE n’a pas permis aux pays européens de peser dans les relations internationales, semblant même les affaiblir plus qu’autre chose, l’ascension économique des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, semble devoir redessiner les rapports de force à l’échelle de la planète. Il y a moins d’un an, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie ont monté une banque concurrente du FMI, dotée de 100 milliards de dollars. Pour être honnête, à moins qu’elle finisse par intervenir en Grèce, si Tsipras voulait enfin desserrer le nœud coulant européen du cou de son peuple, elle n’a pas encore véritablement changé les rapports de force économiques de la planète, mais il s’agissait d’un premier pas.

L’Europe défie Washington en Asie

lundi 8 septembre 2014

The Economist flingue la justice étasunienne





« Extorsion de fonds et racket »



Etat, mesure et démocratie

vendredi 1 août 2014

Argentine : le choix juste et logique de ne pas payer les fonds vautours

Papier publié en avant-première sur le FigaroVox

Comme on pouvait s’y attendre depuis le jugement de la Cour Suprême des Etats-Unis en faveur du fond vautour NML Capital, l’Argentine a refusé d’obtempérer et de payer 1,5 milliards de dollars aux deux fonds vautours suite à l’échec des négociations avec eux.





Une situation complexe

Bien sûr, l’Argentine a une part de responsabilité. Après tout, les titres en question ont été émis à New York à l’époque et sont donc soumis à la législation étasunienne, ce qui explique en partie l’impasse dans laquelle se trouve le pays. Mais, même si cela n’est pas totalement faux, parler de « défaut » de l’Argentine est un peu réducteur, comme même Standards & Poors le suggère en ne parlant que de « défaut sélectif ». En effet, les fonds NML et Aurelius n’ont jamais prêté 1,5 milliards de dollars à l’Argentine, qui refuserait de payer aujourd’hui ce qu’elle leur devrait légitimement. Après le défaut de Buenos Aires sur sa dette en 2001, ces fonds ont racheté des créances du pays dont ils réclament aujourd’hui le paiement, en s’appuyant notamment sur le fait que certaines créances ont été émises aux Etats-Unis pour attirer les investisseurs de l’époque.

Personne ne semble savoir à quel prix les fonds vautours ont acheté ces créances. Ils pourraient parfaitement les avoir rachetées à 10 ou 20% de leur valeur nominale du fait du défaut de 2001 et vouloir maximiser le retour sur investissement en en obtenant 100% au lieu des 30% que l’Argentine a accordé à 97% de ses créanciers qui l’ont accepté quelques années après. Si leur attitude n’est pas illogique (après tout, le seul objectif d’un fond est de faire un maximum de profits), cela pose un problème de différenciation du traitement des créanciers, comme l’Argentine l’a plaidé, en vain, auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis. En effet, si certains fonds parvenaient à obtenir 100% de la créance originelle, les autres créanciers ne pourraient-ils pas se retourner contre Buenos Aires et demander un traitement similaire, ce que le pays ne peut pas assumer ?

De la politique et de la justice



mercredi 30 juillet 2014

Un pas vers la fin de l’hégémonie du dollar ?

C’est un évènement passé un peu inaperçu, mais qui représente pourtant potentiellement une avancée majeure dans la remise en cause de la suprématie monétaire étasunienne : la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie ont monté une banque concurrente du FMI dotée de 100 milliards de dollars.

 

Une remise en cause de l’impérialisme étasunien

« Le dollar, c’est notre monnaie mais c’est votre problème » : c’est par cette phrase que le secrétaire d’Etat au Trésor de Richard Nixon, John Connally aurait accueilli une délégation européenne inquiète des fluctuations du dollar depuis que l’administration étasunienne avait décidé de le laisser flotter. Il faut dire que, comme le rapporte Michel Aglietta dans la Tribune, le statut du billet vert est ambigu : à la fois monnaie d’un pays mais aussi principale monnaie des échanges internationaux, capitaux comme biens. Keynes avait promu une autre organisation (avec le bancor) au sortir de la guerre, mais Washington n’était guère partageur et avait préféré capitaliser sur sa domination du moment pour pousser à la mise en place d’un système monétaire à son avantage.

La réforme du Système Monétaire International est un serpent de mer depuis les évènements du début des années 1970. L’euro a logiquement échoué dans sa remise en cause du dollar comme la monnaie des échanges internationaux. Les Etats-Unis bloquent toute réforme du FMI qui remettrait en cause leur suprématie (donnant de facto un droit de regard à Washington sur tout plan du FMI). Mais l’absence de prise en compte du poids grandissant des pays émergents (les BRICS cumulent 10% des droits de vote pour 24% du PIB) a fini par les pousser à créer cette Nouvelle Banque de Développement, dotée de 100 milliards de dollars, basée en Chine et présidée par un Indien, une décision qui pourrait préfigurer un nouvel ordre monétaire.

Vers un nouvel ordre monétaire


vendredi 18 juillet 2014

BNP-Paribas : « proche d’un racket d’extorsion » pour The Economist !


Ce n’était pas un allié auquel je m’attendais, mais la lecture du compte-rendu de l’accord entre BNP Paribas et la justice étasunienne par The Economist, l’hebdomadaire des élites globalisées, pourtant très favorable par principe aux Etats-Unis, apporte de l’eau à mon moulin.



Un abus de pouvoir caractérisé

Quelle agréable surprise que la lecture des deux papiers de The Economist consacrés à l’accord passé par BNP Paribas avec la justice étasunienne dans son édition daté du 5 juillet. Le journal donne une importance particulière à cette affaire puisqu’il y consacre un papier dans sa première section, consacrée aux principaux évènements de la semaine « Pas une façon de traiter un criminel », qui donne le ton, suivi d’un autre article dans la section finance, intitulé « La punition capitale ». Cette prise de position me surprend en partie car The Economist a tendance à soutenir l’impéralisme étasunien et a plusieurs fois indiqué que Washington pouvait chercher à imposer ses vues à la planète, du moment qu’elles servent sa conception du monde. Du coup, le journal n’est guère sensible à l’argument d’extraterritorialité.

Mais il questionne la mesure de la justice étasunienne : « la banque française méritait une sanction, mais le système légal des Etats-Unis est proche d’un racket d’extorsion ». The Economist insiste sur le fait que BNP Paribas a aidé un régime monstrueux. Il soutient qu’il « est également vrai que les transactions en cause n’avaient rien à voir avec les Etats-Unis, mais parce qu’elles étaient en dollars, elles devaient être arbitrées à New York, ce qui a permis aux hommes de lois étasuniens de mettre un pied dans la porte ». Il poursuit « même si BNP Paribas mérite pleinement sa sanction, le système légal qui l’a produit est plus proche d’un racket d’extorsion que de la justice (…) Tout processus qui peut faire paraitre les affaires de la BNP avec le Soudan autrement qu’une honte, doit définitivement être très défectueux ».

Entre gris clair et gris foncé

mardi 15 juillet 2014

BNP Paribas : les deux oublis de Lordon et Berruyer


Décidément, l’amende acceptée par BNP Paribas déchaine les passions sur Internet. Encore une fois, de nouveaux éléments ont été portés au débat dans mon papier de la semaine dernière, qui était lui-même une réponse aux commentaires sur mon papier sur l’Argentine.



Lordon et Berruyer n’ont pas tort

Je remercie les commentateurs de m’avoir indiqué les papiers de Frédéric Lordon et Olivier Berruyer, que j’estime beaucoup, qui donnent une perspective différente à ce débat. Frédéric Lordon s’en réjouit pour deux aspects cohérents avec son discours (et sur lequel je le rejoins) : l’affirmation de l’autorité de l’Etat sur le capital mais aussi la sanction d’une finance peu regardante avec l’argent qu’elle fait. Et ces points sont justifiés. Dans ce monde où l’on négocie un traité transatlantique qui pourrait mettre les multinationales sur le même plan que les Etats, il n’est pas inintéressant de constater qu’un Etat, fusse-t-il le plus puissant (ce qui limite tout de même un petit peu la portée de la démonstration de Frédéric Lordon), impose une amende de 9 milliards à une banque. Et on se demande s’il ne serait pas possible pour la banque d’aller contester ceci devant un tribunal spécial (le fameux RDIE) dans un prochain avenir…

Olivier Berruyer, qui argumente toujours de manière très documentée et rationnelle, souligne que BNP Paribas ne peut pas être très fière de ce qu’elle a fait en devenant l’un des principaux financiers du Soudan. Et il note justement que la banque avait conscience du danger légal puisqu’elle camouflait ces transactions pour éviter que les Etats-Unis en soient au courant. Et sur le fond, moi, qui suis un critique régulier du monde de la finance depuis l’ouverture de mon premier blog, je suis parfaitement d’accord pour dire que la finance doit être sanctionnée quand elle commet des actes répréhensibles par les juridictions des endroits où ces actes ont été commis. Et je n’ai pas d’état d’âme face à des banques qui utilisent largement les parasites fiscaux pour contourner les règles et les impôts. Je suis partisan d’une réglementation beaucoup plus stricte du monde financier pour éviter toutes les dérives passées.

Les angles morts de leur argumentation

jeudi 10 juillet 2014

Pourquoi l’amende de BNP Paribas est un scandale


Mon papier sur le jugement de la Cour Suprême étasunienne en faveur d’un fond vautour contre l’Argentine a déclenché une avalanche de commentaires sur l’affaire BNP Paribas auxquels il était difficile de répondre rapidement.J’ai donc préféré reprendre le dossier après m’être renseigné davantage. Il est bien évident que je ne défends pas ici les banquiers, dont j’ai souvent dénoncé les excès ici.



Toujours un problème de mesure et d’arbitraire

Bien sûr, un commentateur anonyme a pu s’appuyer sur le jugement d’un rédacteur en chef d’Alternatives Economiques, Christian Chavagneux, qui, sur son blog, relativise et justifie l’amende infligée à la banque française en affirmant qu’après tout, cela ne fait que 30 cents par dollar de transaction litigieuse, que cela ne représente qu’environ une année de profits et ne remet pas en cause la banque. La provenance donne du crédit au jugement, mais l’indigence de l’argumentation incite à la prudence. L’hostilité à l’égard de la finance explique peut être un jugement si lapidaire. Certes, 30 milliards de transactions sont dans le collimateur, mais ne peut-on pas penser que 30% d’amende est un chiffre énorme, pour ne pas dire extravagant ? D’ailleurs, même certains médias étasuniens soulignent que les banques étrangères sont bien plus sanctionnées que les banques étasuniennes, comme le rapporte le Figaro. Il n’a jamais été démontré qu’un tel montant était justifié de manière factuelle, rationnelle et argumentée.

En effet, pourquoi 30% ? Si, par hypothèse, les marges sur de telles transactions sont de 1%, alors la somme est totalement extravagante, représentant 30 fois les profits alors réalisés. Il faut rappeler ici que le bilan de BNP Paribas approche 2000 milliards d’euros, donc ces transactions ne représentent qu’un peu plus d’1% de son bilan et, à supposer que les transactions traitées annuellement par la banque dépasse son bilan, alors, comment ne pas trouver totalement excessif de saisir l’intégralité des profits annuels de la banque pour des transactions qui ne représentent sans doute que moins de 1% des transactions annuelles qu’elle traite… Et outre le problème de mesure de cette amende, il faut noter son caractère arbitraire. Soit le droit étasunien spécifie explicitement qu’en passant de telles transactions, le contrevenant s’expose à des amendes d’une telle magnitude (ce qui ne semble pas le cas), soit il ne le fait pas, et alors, la justice de l’Oncle Sam tombe à nouveau dans un mode de fonctionnement contestable.

Le problème de l’extraterritorialité

dimanche 6 juillet 2014

L’Argentine : l’autre victime de l’impérialisme étasunien ?





Avantage fond vautour ?

Après que l’Argentine ait fait défaut en 2001, les créditeurs détenteurs de 93% de la dette ont accepté, en 2005 puis en 2010, un accord d’échange des titres à un tiers de leur valeur. Un accord complémentaire a été trouvé il y a quelques mois avec le club de Paris, qui réunit les créanciers des Etats, l’organisation habituelle pour régler les cas de défaut. Mais le bel équilibre, qui semblait permettre un plein retour de l’Argentine sur les marchés financiers, a été cassé par une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis le 16 juin, qui a refusé d’entendre le cas déposé par l’Argentine contre NML Capital, un fond vautour qui a acheté les bons du trésor argentin à prix cassés après le défaut du pays, du fait que ces titres ont été émis à New York et dépendent par conséquent de la législation étasunienne.

Ce fond fait partie des quelques créanciers qui ont refusé l’échange proposé et demandent le plein paiement du titre. Une cour de justice et une cour d’appel avaient appuyé la demande argentine, qui s’appuie aussi sur le fait que si Buenos Aires payait le fond vautour, alors les autres créanciers pourraient alors demander les mêmes conditions que NML Capital, ce qui pourrait poser un gros problème à l’Argentine. Dans un autre jugement, la Cour Suprême des Etats-Unis a estimé que NML pouvait saisir les biens que l’Argentine détient, y compris à l’étranger. L’Argentine se retrouve contrainte à choisir entre un paiement rubis sur l’ongle qui pourrait déclencher d’autres demandes, une négociation avec NML et les autres fonds vautour, un nouveau défaut ou une relocalisation des titres en Argentine.

Les leçons de cette affaire

mardi 1 juillet 2014

9 milliards de dollars : le prix du racket étasunien pour BNP Paribas





Washington partial, injuste et excessif

Soyons clair : que la filiale étasunienne de BNP Paribas soit sanctionnée pour ne pas avoir respectée les lois du pays où elle opère me semble tout à fait normal. Une entreprise qui fait des affaires dans un pays a le devoir de respecter la loi de ce pays, et c’est bien normal. Cependant, ici, ce n’est pas de ce dont il s’agit. Déjà, il faut rappeler que BNP Paribas n’a réalisé en 2013 qu’un chiffre d’affaire (le PNB) de 2,2 milliards d’euros dans la banque de détail chez l’oncle Sam et on peut en déduire que son bénéfice se compte en quelques centaines de millions… Du coup, le montant de l’amende est totalement excessif par rapport à l’activité générée aux USA par la banque française. Et soit dit en passant, payer 9 milliards d’amendes pour 30 milliards de transactions semble aussi bien excessif.

Quel que soit la manière de voir les choses, le montant de l’amende apparaît totalement excessif. Et cela est d’autant plus vrai qu’à aucun moment il n’a été évoqué quelle part de ces transactions a été réalisée sur le sol étasunien. Car si cette part là ne respecte pas la loi (et peut donc être sanctionnée), en revanche toutes les transactions qui n’ont pas été faites par la filiale étasunienne de BNP Paribas ou aux Etats-Unis ne doivent pas être sanctionnée, la loi étasunienne ne s’appliquant que sur leur territoire. Or il y a fort à parier que l’essentiel (si ce n’est la totalité) des transactions incriminées n’ont pas été faites sur le sol de l’Oncle Sam. Dès lors, d’un point de vue du droit, les sanctions sont totalement illégitimes. Les lois d’un pays ne pouvant simplement pas s’appliquer sur les entreprises d’un autre pays.

Refuser l’impérialisme étasunien

mardi 17 juin 2014

Michel Sapin avoue que le traité transatlantique favorise les Etats-Unis


Mais qu’est-t-il passé dans la tête du ministre du budget, qui n’est pourtant pas un perdreau de l’année, pour affirmer qu’une sanction injuste de BNP Paribas « pourrait affecter les discussions en cours sur le traité de libre-échange » ? Quelques mots très révélateurs…



Une admission révélatrice

En effet, ces quelques mots sont très riches de sens. En utilisant le traité transatlantique en cours de négociation entre l’Union Européenne et les Etats-Unis pour menacer Washington alors que BNP Paribas pourrait être soumise à une amende délirante, Michel Sapin indique de facto que ce traité va davantage profiter aux Etats-Unis qu’aux pays européens. Car si le traité profitait davantage au vieux continent, ce devrait être les Etats-Unis qui menaceraient d’interrompre la négociation devant l’interférence du gouvernement français et il n’aurait aucun intérêt à évoquer une telle option dans le cadre du dossier BNP Paribas. Là, parce que le gouvernement français menace la négociation, cela signifie de facto que cette négociation représente un bénéfice potentiel pour Washington, et donc globalement que le traité transatlantique favorise les Etats-Unis.

Voilà une admission effarante de la part d’un ministre de la République qui est tout de même sensé défendre les intérêts de la France et des Français. Bien sûr, les plus libéraux affirmeront que tout le monde a à gagner au libre-échange et que ce que gagneraient les USA ne serait pas au détriment de la vieille Europe. Mais un tel raisonnement ne tient pas parce que dans ce cas-là, la France y perdrait aussi, ce qui rendrait la menace non crédible. En outre, personne n’a démontré sérieusement les bénéfices de l’anarchie commerciale et le développement des pays asiatiques montre au contraire l’intérêt du protectionnisme, partie intégrante de leur modèle économique. Bref, soit Michel Sapin est un néolibéral dogmatique de la pire espèce, soit il était prêt à sacrifier les intérêts du pays dont il est le ministre jusqu’à ce que les abus caractérisé de l’Oncle Sam sur le dossier BNP Paribas ne le pousse à un peu moins de docilité à l’égard de Washington.

Un traité révoltant

jeudi 5 juin 2014

BNP Paribas : le gouvernement doit durcir le ton


Suite à l’annonce que la justice étasunienne pourrait infliger une amende de 10 milliards de dollars à BNP Paribas pour des transactions réalisées en dollars avec l’Iran et le Soudan, le gouvernement a fini par monter au créneau. Mais il doit être beaucoup plus ferme.



Une saisie qu’on appelle amende

Bien sûr, on peut s’abriter derrière le fait qu’il s’agit d’une amende infligée par la justice et non par le pouvoir politique. Néanmoins, elle est du même acabit que les saisies arbitraires faites par certains Etats sur des avoirs étrangers. Les Etats-Unis se croient tellement tout permis qu’ils ne se rendent même pas compte de l’énormité de la sanction envisagée, pour des faits qui, il faut le rappeler, ne contreviennent pas au droit international, mais seulement au droit étasunien, dont l’autorité ne dépasse logiquement pas le territoire étasunien. Il faut rappeler ici que BNP Paribas réalise environ 3 milliards d’euros de PNB outre-Atlantique et que cette amende dépasse largement les précédents récents.


Un gouvernement trop timide

samedi 31 mai 2014

BNP Paribas, PSA : l'insupportable impérialisme économique étasunien


C'est une information absolument stupéfiante qui a été révélée hier : les Etats-Unis pourraient imposer une amende de plus de 10 milliards de dollars à BNP Paribas pour avoir effectué des transactions en dollars pour des clients en Iran, au Soudan et à Cuba. Une telle sanction serait un véritable scandale, une nouvelle illustration de l'impérialisme coutumier de Washington.



Une sanction injustifiée

Bien sûr, les Etats-Unis ont décidé de sanctionner les entreprises qui font des affaires avec l'Iran et Cuba mais les lois étasuniennes ne sont pas les lois de la planète. Et donc, on ne voit pas pourquoi elles devraient s'imposer à des entreprises qui ne sont pas du ressort de leur juridiction. Car BNP Paribas ne dépend pas des Etats-Unis. Son siège social est en France. Et même si on regarde plus largement, son actionnariat, dont on trouve le détail dans son rapport annuel, est principalement européen. Enfin, même d'un point de vue de son activité, les Etats-Unis pèsent moins de 10% dans le total : seulement 8,2% des collaborateurs du groupe sont aux Etats-Unis (contre 30,8% en France et 76,7% en Europe) et seulement 2,2 milliards d'euros du Produit Net Bancaire de la banque de détail est réalisé aux Etats-Unis, sur un total de 24,9 milliards...

Bref, quel que soit le bout par lequel on le regarde, la perspective d'une amende de 10 milliards de dollars (plus que les bénéfices annuels de la banque) semble totalement injustifiée. S'il est normal que la filiale étasunienne de BNP Paribas respecte la loi de son pays (et soit sanctionnée si elle ne la respecte pas), il serait totalement anormal que la banque soit pénalisée par des activités qui ne sont pas du ressort de la législation de l'Oncle Sam. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis prétendent faire leur loi sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi que parce que General Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à notre constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant un de ses premiers marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur la seule année de 2011.

Un impérialisme insupportable

vendredi 11 janvier 2013

Les banques dans le viseur de la justice


Ce n’est pas trop tôt ! La justice commence enfin à s’intéresser plus sérieusement aux dérives des banques. L’affaire de la manipulation du LIBOR n’en finit plus de rebondir avec l’amende de 1,5 milliards de dollars à UBS. Et en France, BNP Paribas est poursuivie pour ses pratiques commerciales.



Le grand scandale du LIBOR

J’en avais parlé début juillet, avec la condamnation de Barclays à payer une amende de 450 millions de dollars au titre de la manipulation du LIBOR. Et encore, comme pour UBS, la banque britannique bénéficie du fait qu’elle collabore avec la justice, ce qui en dit long sur les bénéfices tirés par les banques avec cette manipulation. Le LIBOR est un taux de référence sur lequel sont basés pas moins de 800 000 milliards de dollars de contrats, 10 fois le PIB de la planète !

Ce taux est fixé tous les jours en compilant le coût de financement déclaré par 16 banques en prenant les 8 taux médians. Tout ceci pose beaucoup de problèmes puisque les 16 banques sont à la fois juges et parties, que les chiffres donnés sont purement déclaratifs, sachant qu’en outre, déclarer un chiffre élevé revient à dire que l’on a du mal à se financer. Dans son numéro du 5 janvier, The Economist révèle que 2000 documents révèlent la manipulation des taux au sein d’UBS !

L’hebdomadaire britannique soutient que RBS devrait écoper d’une amende de 500 millions de dollars et que plus de vingt banques sont aujourd’hui sur le banc des accusés. Tout ceci est un nouvel exemple extrêmement grave, et dont on ne parle vraiment pas assez, des dysfonctionnements de ce système financier où les banques sont juges et parties, où elles créent de la monnaie assez librement et où l’Etat finit par assumer leurs erreurs quand la crise devient trop grave.

Les banques en accusation