Billet invité de Patrick Guiol, chercheur en retraite du CNRS, adhérent de DLR 34, membre du conseil national de Debout la République , candidat sur la liste "Debout la France" pour la région SO et auteur de plusieurs ouvrages sur la participation

En 1992, les thuriféraires du traité de Maastricht, c’est-à-dire les partisans de l’utopie d’une Europe fédérale, tentaient de rassurer les Français avec un argument unique : le distinguo entre identité et souveraineté. Selon eux, accepter des abandons partiels de souveraineté ne pouvait nuire à notre identité. « Ne vous inquiétez pas, répétaient-ils à souhait, les abandons de souveraineté ne porteront aucune atteinte à notre identité. La France restera la France ». Faux ! Archi-faux ! Pour une raison simple : l’identité française est consubstantielle d’un certain modèle social - par répartition et non par capitalisation - qui fait consensus auprès de tous les Français, à gauche comme à droite. Nos compatriotes y sont viscéralement attachés. Or, ce modèle dont les principes furent élaborés dans la douleur durant la Résistance (programme du CNR) et dont la mise en œuvre incombe dès 1945 au général de Gaulle, est aujourd’hui battu en brèche par l’impasse dans laquelle nous a conduit l’aventure du passage à l’Euro de monnaie commune à monnaie unique, toute entière dédiée aux intérêts de la finance mondialisée et des grands groupes délocalisateurs. Non seulement la France a perdu sa souveraineté mais elle est en train de perdre son identité. Grâce à toutes les dérégulations signées par l’Union européenne conformément à l’idéologie libérale de ses maîtres, la suprématie de fait accordée au système par capitalisation favorise les délocalisations dans les pays à bas coûts. L’euro fort accélère cette pente dangereuse. Une spirale infernale en résulte entre une population active qui, chez nous, s’étiole à mesure que le travail s’enfuit et, a contrario, une population inactive qui s’accroît et pèse toujours plus lourd sur le besoin de prestations sociales, retraites et chômage obligent. A défaut d’être enrayée, cette spirale conduira inexorablement à l’asphyxie de notre modèle. Fondé sur la solidarité entre les générations mais, aussi et surtout, sur la solidarité entre actifs et inactifs, ce pacte républicain nécessite, pour être viable, un taux d’emploi élevé. C’est tout l’inverse qui se produit. Le dépassement du point d’équilibre est déjà consommé, masqué par la dette. C’est la mort assurée de la France que nous aimons.