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lundi 19 octobre 2015

Le sens de la fin du liquide et des chèques

Ce sont des informations qui peuvent passer inaperçues, d’autant plus qu’elles peuvent paraître aller dans le sens du progrès qu’apporterait la modernité : l’argent liquide et les chèques pourraient disparaître. Mais ces évolutions ont un sens, loin d’être aussi positif qu’on peut le penser.



Fin d’un service public

Bien sûr, les partisans de cette évolution, comme Michel Sapin en mars dernier, disent faire « la chasse à l’argent liquide pour lutter contre le financement du terrorisme » et évoquent la lutte contre la fraude ou les pratiques illégales pour justifier cela. C’est ainsi que le gouvernement a baissé le seuil des paiements en liquide de 3 000 à 1 000 euros. En revanche, le seuil passe seulement de 15 000 à 10 000 euros pour les touristes étrangers, qui, outre le fait de ne pas payer la TVA, sont décidemment bien mieux traités que les citoyens français, avec un seuil dix fois plus élevé et qui ne baisse que d’un tiers. Le même Michel Sapin a annoncé cette semaine de nouvelles mesures pour réduire l’utilisation du chèque et promouvoir l’usage des cartes bleues, en réduisant légèrement les frais de transaction.

A première vue, on peut considérer que cela est un progrès, que ce sera plus pratique. Sauf que quand on paie en liquides, ou par chèque, cela ne coûte rien aux usagers, commerçants ou individus, et ne rapporte donc rien aux banques. Alors que quand on paie par carte bancaire, les banques touchent une commission. Derrière ce pseudo progrès, se cache, comme souvent, de simples intérêts financiers, bien discrets. En fait, même si les arguments sur la lutte contre la fraude sont recevables, il s’agit d’un recul du service public de l’argent. On peut aussi douter de la véritable practicité d’une telle évolution pour les petits paiements et quid des risques posés par toutes ces transactions réalisées sur Internet. Enfin, quel paradoxe de laisser utiliser Bitcoin, malgré son utilisation par des réseaux frauduleux !

L’argent Big Brother

lundi 20 avril 2015

Wolfgang Schäuble, petit soldat austéritaire




Arrogance totalitaire et antisociale

Les propos de Wolfgang Schäuble sont graves à plus d’un titre. D’abord, ils sont bien peu diplomatiques et assez inadmissibles dans le cadre traditionnel de l’amitié franco-allemande. Comment travailler avec une personne qui tient de tels propos publics ? Ensuite, il est tout assez effarant qu’il vante les réformes « très réussies » de l’Espagne. Comme ne pas y voir, au mieux, une déconnexion totale du réel, au pire, un mépris tout aristocratique vis-à-vis d’une population espagnole qui vit avec un quart de la population au chômage et qui offre à ses jeunes pour avenir immédiat l’absence d’emploi pour près de la moitié d’entre eux. Bien sûr, cela baisse maintenant, mais en 2007, le taux de chômage était à 8%.

Mais outre le fait d’être anti-social, le propos du ministre allemand est aussi profondément antidémocratique. En effet, il parle tout de même de « forcer le Parlement » et pointe, semble-t-il avec une forme de regret, que « la démocratie est difficile », comme s’il pensait qu’une bonne autocratie était finalement plus efficace que le fait de laisser au peuple et à ses élus un mot à dire dans la marche du pays. Ce n’est peut-être pas totalement étonnant de la part d’un pays qui a sorti sa politique monétaire du cadre démocratique, mais en est d’autant inquiétant et révoltant qu’il s’agit de facto de ce que pense une partie des élites, comme le notait bien Emmanuel Todd dans son livre « Après la démocratie ».

La double face du Parti Socialiste

samedi 21 mars 2015

Salaires : le PS, c’est le #PartiantiSocial




C’est l’histoire d’une trahison

Ce n’est pas vraiment une surprise. L’épisode récent sans doute le plus significatif, c’est le minuscule coup de pouce au SMIC de mi-2012 : comme un nobliaud donnant quelques pièces aux passants, François Hollande avait accordé, royal, 0,6% de hausse de plus que l’inflation. Pour mémoire, le Jacques Chirac de 1995 avait accordé un coup de pouce trois fois plus important ! Deux ans et demi après, Michel Sapin, déjà ministre de Mitterrand, dit devant le Medef que « c’est la responsabilité de chaque chef d’entreprise de faire en sorte que les salaires n’augmentent pas considérablement plus que la productivité de cette entreprise, surtout dans des périodes où le taux d’inflation est très faible ».

Le papier du Monde « les salaires continuent d’augmenter en France » est révélateur. L’opinion du Monde y est transparente : parce que l’inflation est nulle, cette hausse des salaires n’est pas la bienvenue. D’ailleurs, il la met en parallèle avec la hausse du chômage. Et ce n’est pas la première fois. Déjà, mi-2012, il critiquait le dérisoire coup de pouce au salaire minimum, et fin 2013, il persistait. Mais, outre le fait d’être anti-social et digne de la droite la plus bête, la moyenne n’est pas sans limite. Elle peut cacher de grands écarts : en Allemagne, Olivier Berruyer a montré que les 30% les moins riches avaient vu leur salaire baisser de 15% et aux Etats-Unis, il stagne pour 99% de la population depuis 40 ans.

Pourquoi la « gauche » trahit ?

jeudi 5 mars 2015

Budget : le ridicule jeu de chat de la France et l’UE




Entre souk et prison


Mais les discussions ne s’arrêtent pas là. D’abord, la France doit trouver quatre milliards d’économies de plus en 2015, ce qui semble davantage répondre à un objectif politique, à savoir montrer que le pays va dans la direction souhaitée notamment par l’Allemagne. Car ce montant n’aura pas d’impact majeur. En revanche, Bruxelles pense que Paris doit trouver 80 milliards d’économie de 2015 à 2017 au lieu des 50 avancés par le gouvernement pour tenir les mêmes objectifs. Le gouvernement annonce que cela aurait un effet désastreux sur la croissance et refuse de changer son plan, d’autant plus que François Hollande vient tout juste d’annoncer qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts

Les traités ne sont que des bouts de papier

jeudi 18 décembre 2014

Taxe Tobin : Hollande, l’ami de la finance


Bien sûr, je n’ai jamais cru le président alors candidat, quand il faisait de la finance son adversaire, quelques jours avant de rassurer la City. Malheureusement, sur le dossier de la taxe Tobin européenne, il démontre qu’il est, depuis qu’il est élu, l’un des meilleurs amis de celle qui était censée être son adversaire.



Histoire d’une trahison

Il faut remercier Marianne et Bruno Rieth, qui résume parfaitement l’incroyable histoire d’une trahison. Mais comment François Hollande a-t-il pu dire pendant la campagne électorale que « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance » avant de mener une telle politique ? Il faut dire que quelques jours après, il confiait au Guardian : « la gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir ». C’est le second texte qui faisait foi, comme le démontre Bruno Rieth dans Marianne. Depuis deux ans et demi, l’Elysée et Bercy ne cessent de défendre l’agenda des banques et de la finance.

Et quelle meilleure illustration que la position de la France sur la taxe Tobin. L’idée a trouvé une seconde jeunesse avec la grande crise, soutenue par Joseph Stiglitz, qui y voit un moyen de réguler la finance mais aussi de davantage la faire contribuer à la collectivité, motivation qui semble d’autant plus juste aujourd’hui que les Etats ont déversé des milliards pour la sauver et qu’ils accumulent les déficits. Même l’UE, pourtant souvent influencée par les intérêts des multinationales, a fini par y céder et pousser un projet, farouchement combattu par le Royaume-Uni et les banques. Si la France fait partie du groupe de onze pays qui avancent, elle semble y être pour ralentir le mouvement et en réduire la portée.

Dépasser la droite par la droite

mardi 21 octobre 2014

Macron et Sapin à Berlin : le Munich économique de la France


Quelle humiliation pour Paris ! Le gouvernement se comporte comme le mauvais élève qui vient quémander à Berlin le soutien du meilleur élève pour amadouer la maîtresse, la Commission, qui est paradoxalement repréésentée par celui qui a mené notre pays dans cette situation, Pierre Moscovici.



La France, sans la grandeur, et même l'honneur

Il est tout de même extrêmement humiliant pour notre pays que François Hollande ait carrément envoyé à Berlin Emmanuel Macron et Michel Sapin pour tenter d'allumer un contre-feu aux menaces que font peser sur notre pays les accords européens qu'il a acceptés. A minima, pour la forme, il aurait pu trouver un terrain plus neutre pour une telle rencontre. Là, le fait que les ministres de l'économie et du budget se déplacent de concert à Berlin pour quémander le soutien de notre voisin face au front de critiques créé par la présentation du budget 2015, qui affiche un déficit de 4,3% du PIB, comme en 2013, alors que Pierre Moscovici avait promis de le réduire à 3% du PIB au printemps 2013...

Bien sûr, les ministres, ces communicants de la pensée néolibérale, ont trouvé une bonne grosse ficelle pour essayer de faire passer la pillule. Emmanuel Macron propose une baisse des dépenses de 50 milliards en France et un plan de 50 milliards d'investissements en Allemagne, façon de faire comme s'il s'agissait d'un 50/50. Mais la rustine est un peu grosse. On peut d'ors et déjà soupçonner que les 50 milliards d'investissements de l'Allemagne ne seront pas 100% additionnels, comme le dérisoire plan de croissance européen négocié par Hollande contre la ratification du TSCG en juin 2012 (dont on a bien vu l'effet...) et qu'il portera sur plusieurs années. Et on peut imaginer que le plan Allemand profitera essentiellement à Berlin, notre voisin n'étant pas le dernier en matière de protectionnisme subtil.

L'UE, c'est l'Europe de la loi du plus fort

jeudi 9 octobre 2014

Hollande accélère sur le laisser-faire, et freine (un peu) sur l’austérité


De l’agenda néolibéral et austéritaire, notamment promu par l’UE, François Hollande avait donné la priorité à la réduction des déficits. Devant l’échec de cette politiques, et malgré la pression de nos partenaires, il a décidé depuis l’automne 2013 d’inverser ses priorités.



Laisser-faire et laisser-passer

L’évolution du discours de la majorité est stupéfiante. Déjà, le virage eurolibéral et le fait de parier tout son mandat sur l’amélioration de la compétitivité sont assez stupéfiants pour une majorité se disant de gauche. Mais c’est tout le discours économique du gouvernement qui se droitise depuis la rentrée. Après s’être fait applaudir à l’université d’été du Medef, Manuel Valls a poursuivi dans la même veine à Londres, en vouant la taxe à 75% aux gémonies, en vantant les « réformes structurelles » (comprendre, le démontage de notre modèle social), et en s’attaquant aux allocations chômage en s’appuyant sur les emplois non pourvus alors que les études sérieuses montrent qu’ils ne sont pas nombreux en France.

Le Premier Ministre a résumé sa pensée en se déclarant « pro-business ». On aimerait juste qu’il défende aussi l’emploi, le pouvoir d’achat et les classes populaires… Quel chemin parcouru depuis que François Hollande avait fait de la finance son ennemi, même s’il s’était à l’époque empressé de rassurer la City dans une interview au Guardian. François Rebsamen, le ministre du travail a déclaré « qu’il se bat depuis longtemps pour une vision libérale de l’économie », en cohérence avec ses propos sur les chômeurs, mais il n’assume pas encore ses idées, puisqu’il est intervenu pour supprimer l’interview qu’il avait réalisée dans un magazine. Bref, le PS n’assume pas encore pleinement son virage néolibéral.

Pédale moins dure sur l’austérité

jeudi 2 octobre 2014

Austérité molle, façon Hollande, ou dure, façon Fillon ?


Hier, le gouvernement a présenté son projet de budget pour 2015. Même si le déficit prévu l’an prochain sera comparable à celui de 2013, c’est bien la logique austéritaire qui s’impose. Et François Fillon propose d’aller encore plus loin, même s’il n’était pas allé aussi loin que le PS aujourd’hui.



L’austérité molle

Les chiffres présentés par le gouvernement peuvent paraître extrêmement paradoxaux. D’une part, Michel Sapin affiche 21 milliards de réduction de dépenses, mais en réalité la baisse des crédits en valeur absolue ne serait que de 2,5 milliards, la réduction s’exprimant par rapport à la tendance. Malgré tout, il s’agit d’un effort historique, rarement réalisé, s’il est tenu. Tout le monde est mis à contribution : Etat, Sécurité Sociale et collectivités territoriales. Cependant, le déficit budgétaire prévu ressort à 4,3% du PIB, soit à peine 0,1 point de mieux que ce qui est prévu cette année et le même niveau que l’an dernier. A quoi bon faire 21 milliards d’efforts pour un résultat si minuscule ?

La logique, reconnue par le FMI, est simple : en augmentant les impôts ou en coupant dans les dépenses, l’Etat pèse sur la croissance, ce qui réduit ses rentrées fiscales, et annule une grande partie de l’effort de réduction des déficits. Les rendements de l’austérité sont très faibles, comme on le voit depuis 2011 en France. Quatre euros d’efforts de réduction du déficit ne produisent en général qu’une baisse du déficit d’un euro, du fait de la réduction de la croissance : chaque euro d’effort de baisse du déficit produit entre 0,9 et 1,7 euros de baisse du PIB selon les études du FMI, ce qui pèse sur les recettes budgétaires, et donc la réduction du déficit. Pourtant, Hollande persiste dans l’erreur.

L’austérité vacharde

lundi 15 septembre 2014

L’incroyable second report de l’objectif de réduction du déficit de 2015 à 2017


La semaine dernière, Michel Sapin a annoncé que le déficit budgétaire pour l’année 2014 sera à 4,4% du PIB, contre 3,8% prévu, plus qu’en 2013, du fait de l’absence de croissance et de la très faible inflation. Il a aussi annoncé vouloir repousser l’objectif d’atteinte des 3% de 2015 à 2017.



L’incroyable révision des objectifs

Le psychodrame budgétaire de la dernière semaine est absolument effarant. En 2012, lors de la campagne présidentielle, François Hollande, comme Nicolas Sarkozy, avait annoncé l’objectif de réduire le déficit à 3% du PIB en 2013. Les deux finalistes ne se distinguaient que par l’horizon auquel ils pensaient pouvoir atteindre un déficit nul, 2016 pour l’un, 2017 pour l’autre. Du coup, assez logiquement, François Hollande a mené une politique budgétaire assez proche de celle de son adversaire, à base de hausses d’impôt (près de 30 milliards en 2012, comme en 2011) et de coupes dans les dépenses. Malheureusement, PS comme UMP ont négligé les leçons désormais même admises par le FMI.

En effet, la réduction des déficits, qu’elle passe par des hausses d’impôts ou coupes de dépenses, pèse fort sur la croissance, au point de compromettre la réduction des déficits, comme l’avait anticipé Jacques Sapir à l’automne 2012. Résultat, en mai 2013, devant l’évidence, Pierre Moscovici avait été contraint de négocier avec nos partenaires européens un report de l’objectif d’un déficit à 3% du PIB de 2013 à 2015. En réalité, le déficit atteint alors 4,3%, ce qui en dit long sur l’échec de la politique menée. Il est donc totalement effarant de constater qu’à peine 16 mois plus tard, le gouvernement constate à nouveau l’échec de sa politique et se retrouve contraint de demander un nouveau report de deux ans.

Ce que cela dit du gouvernement

mardi 26 août 2014

Logique et paradoxes de la démission du gouvernement


Les salves d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon sur la politique économique de la majorité ont provoqué une grave crise politique qui a poussé François Hollande et Manuel Valls à démissionner le gouvernement. Une issue assez logique, à l’organisation chaotique, mais plus paradoxale qu’on peut le penser.



Le fil a fini par casser

Depuis sa nomination au gouvernement, Arnaud Montebourg a entretenu une parole assez libre pour un ministre, faisant fi de la maxime chevènementiste « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Les propos qu’il a tenus dimanche, entre critique de l’austérité et volonté de soutenir la demande, sont justes. Même le FMI est revenu de ces potions amères européennes, violemment dénoncées par le New York Times récemment. En outre, l’inflexion eurolibérale du discours du président accentue le fossé qui existait déjà entre les deux hommes. Dès lors, on peut considérer que le président a raison de se séparer de ce ministre trop remuant qui ne cesse de critiquer sa politique, qui n’était que le ministre de la parole, qui a laissé Alstom se faire dépecer par General Electric en juin.

Mais, malgré la rapidité de la réaction, on peut néanmoins considérer qu’encore une fois, la séquence n’a pas été bien gérée. En effet, quelle drôle d’idée de démissionner l’ensemble du gouvernement plutôt que de purement et simplement débarquer les ministres déloyaux. Cela a permis aux rebelles d’occuper les ondes lundi et, pour trois d’entre eux, d’avoir l’inélégance républicaine d’annoncer leur départ en avant-première ou même pour certains d’avoir le culot de présenter leur départ comme une initiative personnelle plutôt que d’accepter la réalité de leur pur et simple renvoi. Ce faisant, la ligne eurolibérale de François Hollande devrait sortir renforcée de cette séquence puisque le gouvernement devrait désormais présenter une ligne plus cohérente et uniforme, même si le débat subsiste au PS.

Les paradoxes de la crise

mardi 19 août 2014

Le sens des jérémiades de Michel Sapin


La tribune du ministre des finances dans le Monde, « Pourquoi il faut réorienter les politiques économiques européennes », publiée en même temps que l’annonce des mauvais résultats de croissance n’a pas été bien saisie. En effet, elle est parfaitement cohérente avec le discours du Premier Ministre.



Outil de négociation européenne

Cet outil dans le dispositif de communication gouvernementale autour du mauvais résultat de la croissance au second trimestre sert un double objectif. Le premier est d’adapter le discours à l’égard des Français. Je vais y revenir. Mais le second, plus important encore sans doute, est à destination de l’Europe. En effet, la conjugaison d’une moindre croissance et d’une inflation plus faible va peser sur le déficit budgétaire. Alors qu’il était sensé atteindre 3% en 2013, objectif renvoyé à 2015 l’an dernier, il « sera donc supérieur à 4% du PIB en 2014 » pour reprendre les mots du ministre. Mais celui-ci précise aussi que « nombre de nos voisins européens n’atteindront pas non plus les objectifs qu’ils s’étaient fixés », après une litanie indigeste qui décrit la situation économique, davantage digne d’un journaliste que d’un ministre.

A première vue, après les déclarations de François Hollande sur une réorientation politique en Allemagne, et qui s’est logiquement fait recadrer par le porte-parole d’Angela Merkel, on pourrait croire que la majorité s’est fixée comme objectif une réorientation des poltiques européennes. Mais, la tribune de Michel Sapin est finalement très légère sur cette réorientation. En conclusion, il dit «  l’Europe doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent ». En clair, la seule chose que demande la France, c’est un nouveau report de ses objectifs de réducation du déficit budgétaire. Bref, alors que les politiques menées ne donnent aucun résultat, Michel Sapin demande d’assouplir les objectifs au lieu de changer de politique !

Faux parler-vrai

samedi 9 août 2014

Bitcoin : l’effarante complaisance de nos dirigeants


Malgré les nombreux scandales, Bitcoin poursuit son chemin, notamment en France, où, coup sur coup, le ministre Michel Sapin dit que « réguler n’est pas museler » suite à un rapport du ministère et où un rapport du Sénat PS-UMP prend plutôt position en faveur de bitcoin et des monnaies virtuelles.


Unanimisme administration-PS-UMP

Comme le rapporte le Monde, Michel Sapin considère que, si « les monnaies virtuelles sont une réalité qu'il ne faut pas grossir (...), elles témoignent d'une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir » et « le système doit être régulé par la puissance publique ». Le rapport du ministère alerte néanmoins sur les utilisations frauduleuses, favorisées par l’anonymat, qu’il faudrait donc pouvoir lever, et souligne aussi la nécessité de mieux protéger les utilisateurs. Le directeur de Tracfin précisait en effet que « les utilisateurs ne profitent d'aucune garantie d'un tiers ou de l'Etat lorsque, par exemple, une plate-forme étrangère comme MtGox met la clé sous la porte ». Bref, les dangers sont pointés mais pas traités.

Le ministre s’est presque fait le promoteur des monnaies virtuelles en disant dans le Monde : « elles ont d'abord un intérêt pratique car elles offrent des possibilités de transactions à coût plus faible que les services de paiement classiques. Elles offrent également une alternative aux consommateurs, une autre philosophie de l'échange, moins institutionnel. C'est un modèle que je respecte, et qui repose sur une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir. Pour ce faire, le système doit être régulé, au bon sens du terme, sans jugement de valeur. Réguler n'est pas museler ».


Oui oui au pays de la fausse monnaie

mercredi 16 juillet 2014

Finance, code du travail : les blagues révélatrices de Michel Sapin


Michel Sapin occupe aujourd’hui le poste qu’il occupait en 1992 sous François Mitterrand, au ministère du budget. Il est sans doute un représentant parfait de ce PS qui n’a plus de socialiste que le nom, comme il le démontre peut-être malgré lui à travers deux sorties sous forme de boutades.



De la finance et du code du travail

Il y a quelques mois déjà, le ministre s’était fait remarquer par une réponse assez surprenante à une question sur la lourdeur du code du travail, en disant que pour en réduire le nombre de pages, il suffisait de diminuer la taille de la police de caractère. On reste perplexe devant une telle déclaration, pas très drôle et qui ne semble pas avoir sa place dans la bouche d’un ministre de la République dont on pourrait attendre qu’il explique que le code du travail permet aussi de protéger les salariés en ces temps de loi de la jungle économique, mais qui aurait aussi pu reconnaître qu’il était prêt à étudier des simplifications si celles-ci facilitaient la vie de tous sans déconstruire notre modèle social, et que, par conséquent, cela devait être fait d’un commun accord entre le patronat et les syndicats par exemple.

Il y a quelques jours, le ministre du budget a fait une étonnante déclaration en se déclarant « l’ami de la finance » mais en précisant qu’il parlait de « la bonne finance ». Cette introduction d’un qualificatif au terme « finance » est sans doute un moyen d’embrouiller le débat. Néanmoins, cela contredit une nouvelle fois la déclaration de campagne de François Hollande qui avait fait de la finance son ennemi. Certes, il n’y avait pas grand chose à y attendre puisque, quelques jours après, le candidat avait donné une interview au Guardian à Londres pour rassurer les milieux financiers en soulignant à quel point les gouvernements socialistes précédents avaient encouragé la libéralisation.

Ce que cela dit sur le gouvernement

mardi 17 juin 2014

Michel Sapin avoue que le traité transatlantique favorise les Etats-Unis


Mais qu’est-t-il passé dans la tête du ministre du budget, qui n’est pourtant pas un perdreau de l’année, pour affirmer qu’une sanction injuste de BNP Paribas « pourrait affecter les discussions en cours sur le traité de libre-échange » ? Quelques mots très révélateurs…



Une admission révélatrice

En effet, ces quelques mots sont très riches de sens. En utilisant le traité transatlantique en cours de négociation entre l’Union Européenne et les Etats-Unis pour menacer Washington alors que BNP Paribas pourrait être soumise à une amende délirante, Michel Sapin indique de facto que ce traité va davantage profiter aux Etats-Unis qu’aux pays européens. Car si le traité profitait davantage au vieux continent, ce devrait être les Etats-Unis qui menaceraient d’interrompre la négociation devant l’interférence du gouvernement français et il n’aurait aucun intérêt à évoquer une telle option dans le cadre du dossier BNP Paribas. Là, parce que le gouvernement français menace la négociation, cela signifie de facto que cette négociation représente un bénéfice potentiel pour Washington, et donc globalement que le traité transatlantique favorise les Etats-Unis.

Voilà une admission effarante de la part d’un ministre de la République qui est tout de même sensé défendre les intérêts de la France et des Français. Bien sûr, les plus libéraux affirmeront que tout le monde a à gagner au libre-échange et que ce que gagneraient les USA ne serait pas au détriment de la vieille Europe. Mais un tel raisonnement ne tient pas parce que dans ce cas-là, la France y perdrait aussi, ce qui rendrait la menace non crédible. En outre, personne n’a démontré sérieusement les bénéfices de l’anarchie commerciale et le développement des pays asiatiques montre au contraire l’intérêt du protectionnisme, partie intégrante de leur modèle économique. Bref, soit Michel Sapin est un néolibéral dogmatique de la pire espèce, soit il était prêt à sacrifier les intérêts du pays dont il est le ministre jusqu’à ce que les abus caractérisé de l’Oncle Sam sur le dossier BNP Paribas ne le pousse à un peu moins de docilité à l’égard de Washington.

Un traité révoltant

jeudi 5 juin 2014

BNP Paribas : le gouvernement doit durcir le ton


Suite à l’annonce que la justice étasunienne pourrait infliger une amende de 10 milliards de dollars à BNP Paribas pour des transactions réalisées en dollars avec l’Iran et le Soudan, le gouvernement a fini par monter au créneau. Mais il doit être beaucoup plus ferme.



Une saisie qu’on appelle amende

Bien sûr, on peut s’abriter derrière le fait qu’il s’agit d’une amende infligée par la justice et non par le pouvoir politique. Néanmoins, elle est du même acabit que les saisies arbitraires faites par certains Etats sur des avoirs étrangers. Les Etats-Unis se croient tellement tout permis qu’ils ne se rendent même pas compte de l’énormité de la sanction envisagée, pour des faits qui, il faut le rappeler, ne contreviennent pas au droit international, mais seulement au droit étasunien, dont l’autorité ne dépasse logiquement pas le territoire étasunien. Il faut rappeler ici que BNP Paribas réalise environ 3 milliards d’euros de PNB outre-Atlantique et que cette amende dépasse largement les précédents récents.


Un gouvernement trop timide

jeudi 8 mai 2014

La fausse taxe Tobin européenne




La mort d’une belle idée

Depuis le début du blog, j’ai toujours plaidé pour la mise en place d’une taxe Tobin. Dans son livre de 2001, Joseph Stiglitz plaidait en faveur de son instauration d’une manière particulièrement convaincante, en soulignant qu’elle n’aurait pas uniquement pour bénéfice de pénaliser la spéculation, mais également de permettre une plus grande contribution du monde de la finance à la collectivité, argument qui a pris du poids depuis la dernière crise et les nombreuses plans de sauvetage des banques… Un projet a donc émergé dans le magma européen. Mais comme le note Oxfam, les 34 milliards de recettes fiscales de sa première version (0,1% sur les actions et les obligations et 0,01% sur les dérivés) se sont transformés en un bien maigre 5 à 6 milliards, au fur et à mesure des compromis…

En effet, aujourd’hui, le projet ne concerne plus que 11 pays. Il est largement restreint aux actions, et n’est donc pas une nouveauté puisque cela existe depuis longtemps. La Grande Bretagne a depuis longtemps un impôt de bourse et la France en a instauré un en 2012, qui a rapporté un peu plus de 700 millions d’euros. Les acteurs du secteur ont lutté contre ce projet, en affirmant que cela risquait de faire fuir les capitaux (une conséquence logique de la libre-circulation), personne ne semblant s’être dit que cela montrait justement l’intérêt de réglementer leur circulation pour pouvoir ensuite les taxer. De nombreux échos indiquent que la position de la France était loin d’être entousiaste sur ce dossier.

Pour une vraie taxe Tobin

mercredi 7 mai 2014

Services publics et progrès social, l’Europe telle que nous la voulons (billet invité)


Billet invité de Patrick Guiol, chercheur en retraite du CNRS, adhérent de DLR 34, membre du conseil national de Debout la République , candidat sur la liste "Debout la France" pour la région SO et auteur de plusieurs ouvrages sur la participation

En 1992, les thuriféraires du traité de Maastricht, c’est-à-dire les partisans de l’utopie d’une Europe fédérale, tentaient de rassurer les Français avec un argument unique : le distinguo entre identité et souveraineté. Selon eux, accepter des abandons partiels de souveraineté ne pouvait nuire à notre identité. « Ne vous inquiétez pas, répétaient-ils à souhait, les abandons de souveraineté ne porteront aucune atteinte à notre identité. La France restera la France ». Faux ! Archi-faux ! Pour une raison simple : l’identité française est consubstantielle d’un certain modèle social - par répartition et non par capitalisation - qui fait consensus auprès de tous les Français, à gauche comme à droite. Nos compatriotes y sont viscéralement attachés. Or, ce modèle dont les principes furent élaborés dans la douleur durant la Résistance (programme du CNR) et dont la mise en œuvre incombe dès 1945 au général de Gaulle, est aujourd’hui battu en brèche par l’impasse dans laquelle nous a conduit l’aventure du passage à l’Euro de monnaie commune à monnaie unique, toute entière dédiée aux intérêts de la finance mondialisée et des grands groupes délocalisateurs. Non seulement la France a perdu sa souveraineté mais elle est en train de perdre son identité. Grâce à toutes les dérégulations signées par l’Union européenne conformément à l’idéologie libérale de ses maîtres, la suprématie de fait accordée au système par capitalisation favorise les délocalisations dans les pays à bas coûts. L’euro fort accélère cette pente dangereuse. Une spirale infernale en résulte entre une population active qui, chez nous, s’étiole à mesure que le travail s’enfuit et, a contrario, une population inactive qui s’accroît et pèse toujours plus lourd sur le besoin de prestations sociales, retraites et chômage obligent. A défaut d’être enrayée, cette spirale conduira inexorablement à l’asphyxie de notre modèle. Fondé sur la solidarité entre les générations mais, aussi et surtout, sur la solidarité entre actifs et inactifs, ce pacte républicain nécessite, pour être viable, un taux d’emploi élevé. C’est tout l’inverse qui se produit. Le dépassement du point d’équilibre est déjà consommé, masqué par la dette. C’est la mort assurée de la France que nous aimons.

jeudi 3 avril 2014

Nouveau gouvernement, même mauvaise direction




Manuel Valls, premier communiquant

C’est à se demander si ce changement d’équipe n’avait pas pour seul but de faire oublier les résultats des municipales. En choisissant Manuel Valls, outre le fait de le mouiller, François Hollande reprend en main sa communication, le nouveau titulaire de Matignon ayant été responsable de la communication de Matignon de 1997 à 2001 et ne gérant pas trop mal son image si on s’en fit aux sondages. Et depuis, une actualité chassant l’autre, les municipales sont presque oubliées. Lundi a été consacré au changement de premier ministre. Mardi à la passation et aux spéculations sur la future équipe. Hier à l’annonce des nouveaux ministres. Et il reste encore les passations de ministres, le premier conseil, la nomination des secrétaires d’Etats et le discours de politique général. Que de nuages de fumée !

Pourtant, la nouvelle équipe n’est vraiment pas révolutionnaire. Les départs marquants sont limités aux Verts, Vincent Peillon et Pierre Moscovici, qui viserait un poste à la Commission. Et les nouvelles arrivées sont au nombre de deux : François Rebsamen et Ségolène Royal. Paradoxalement, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon prennent du galon, mais il est fort possible que cette montée en grade des deux principaux représentants de l’aile gauche du PS soit son chant du cygne. En effet, dans le détail, la nouvelle équipe est recentrée sur les proches du président, comme le montrent l’accession de Bernard Cazeneuve au ministère de l’intérieur, la nomination de Michel Sapin au budget ou le passage de relais entre Najat Vallaud-Belkacem et Stéphane Le Foll au porte-parolat du gouvernement.

Plus eurolibéral que jamais