mardi 29 juillet 2025

Le niveau baisse ? Bradons les diplômes…

Bien sûr, ce n’est pas nouveau, et remonte à plus de 30 ans. Mais il n’est pas inintéressant de constater à quel point, là aussi, il y a continuité entre les trois pôles du bloc central, du PS à LR en passant par les centristes. En somme, les résultats de 2025, avec un taux de réussite du baccalauréat encore en hausse, à 91,8% montrent que rien n’a changé dans la direction délétère de notre système éducatif.


 

Baisser la barre plus vite que le niveau

 

C’est l’effarante course à laquelle joue nos dirigeants et l’administration de l’éducation nationale depuis des décennies. Faute de parvenir à redresser la dégringolade du niveau des élèves français, qui ne cesse de baisser, la barre du niveau exigé aux examens ne cesse d’être abaissée. Chaque année, en juin ou juillet, quelques consignes de l’éducation nationale filtrent, montrant à quel point il s’agit bien d’une direction officielle de tout notre corps étatique. Bien sûr, Gabriel Attal ou Elisabeth Borne tiennent un discours contraire, mais la schizophrénie est une spécialité macroniste, évoquant un prochain plein emploi alors que le chômage de masse n’est masqué que par un sondage artificiel, ou une compétitivité européenne reposant sur un indicateur dérisoire, contraire à tous les indicateurs un peu sérieux

 

Dans la réalité, le niveau des enfants baisse, pour beaucoup de raisons, plus qu’ailleurs dans le monde. La France avait un beau système éducatif. Mais à force de consignes aberrantes, de changements incessants de programme ou de modalités des concours, d’un oubli des fondamentaux pour développer des enseignements plus accessoires, d’un refus de toute discipline, et d’une maltraitance des professeurs, le résultat est calamiteux. Nous étions reconnus pour un enseignement scientifique de qualité ? La performance des élèves français s’est effondrée, même s’il subsiste une petite élite de haut niveau, dans les grandes écoles d’ingénieur ou de statistiques. La France est en queue de peloton dans les classements PISA ou TIMSS. Cela touche tous les milieux, particulièrement les plus populaires.

 

Dans ce contexte, ceux qui nous dirigent ne semblent pas voir de problème à ce qu’en parallèle, les notes aux concours montent ! Difficile de ne pas voir dans ce mode de fonctionnement, et cette contradiction, entre des résultats en hausse et un niveau en basse, une raison de la baisse du niveau. Comment penser qu’en baissant le niveau d’exigence, on monte le niveau ? En fait, la baisse du niveau d’exigence est tellement concomitante à la baisse du niveau que le lien semble évident, même si elle est loin d’être la seule raison. Réduire le niveau d’exigence ne pousse pas à faire mieux, mais permet de faire moins. Et ce faisant, l’écart entre les établissements d’excellence et les autres est devenu un gouffre qui sépare des mondes de plus en plus éloignés. Et au final, ce sont les classes populaires et les classes moyennes qui trinquent car elles ont plus difficilement accès aux établissements d’excellence qui restent…

 

Un des signes éclairants est l’évolution du nombre de mentions. Il y a 30 ans, la mention très bien était si rare (moins d’1%) qu’elle donnait directement accès à Sciences Po. La mention bien, à peine 5% des bacheliers 89, permettait encore de distinguer un bon profil. Aujourd’hui, 13,7% des bacheliers obtiennent la mention très bien, signant l’absurdité d’un système où les notes progressent fortement alors même que le niveau baisse. De toutes ces statistiques, on peut estimer que les notes ont progressé d’environ 3 points depuis les années 1990. Problème, comme le niveau des élèves a sensiblement baissé entre temps, on peut en conclure qu’en réalité, la dérive des notes est comprise entre 4 et 5 points sur 20 pour un même niveau, un chiffre confirmé par l’évolution des seuils d’admissibilité aux grandes écoles.

 

Sans faire de fétichisme sur une manière de noter (peut-être un peu dure avant), on peut se demander si la schizophrénie entre la manière de noter et le niveau est encore aggravée par le grand écart entre la douceur actuelle de la façon de noter les enfants et la dureté toujours plus grande de notre société pour la jeunesse. Tant de contradictions et de grands écarts sont aussi dangereux pour la santé de nos jeunes.

3 commentaires:

  1. @LH:

    Rien à voir mais "l'accord" Von Der Leyen montre une fois de plus l'inutilité de l'UE. L'Allemagne qui a eu peur parce qu'elle est excédentaire? Un pays en déficit commercial chronique dictant sa loi à un pays avec lequel il est en excédent, c'est quand même le comble. Les pays de l'Est ont aussi capitulé... par peur de donner une excuse à Trump pour se désengager de l'Ukraine! Décidément leur adhésion à l'UE pour faire plaisir à Berlin fut une aberration (et actuellement la corruption du pouvoir serbe est passée sous silence, le pays à l'image autrefois sulfureuse pourrait adhérer à l'UE au nom du cordon sanitaire anti-Poutine). Quant aux politiques français qui taclent Von Der Leyen (qui semble avoir pris pour argent comptant la partie de poker menteur d'un Trump demandant plus pour avoir ce qu'il veut, un classique pourtant que Sarkozy pratiquait avec les syndicats français), on n'a pas oublié leur posture capitularde du temps de Merkel donc... Je me demande si tout cela n'est pas un coup porté à l'UE plus fort que le Brexit car Trump a relégué l'UE au rang de farce.

    JZ

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  2. Ne soyons pas trop naïfs: notre industrie ,notre agriculture ont été sacrifiées au nom d'une mondialisation heureuse que le Président Trump s'est empressé à démolir...On ne voit pas pourquoi on n'aurait pas sacrifié également notre protection sociale ;et notre enseignement????Dans ces démolisseurs de la France nous trouvons deux catégories d'abord ceux qui en profitent ,par exemple ceux pour qui les barrières douanières gênent leurs entreprises ,ils sont dans une certaine logique et l'autre catégorie est constituée d'une bande de naîfs qui croient que détruire l'exception française nous aidera à nous intégrer dans le meilleur des mondes .D'où multiplication des anglicismes, abandon des règles de grammaire... .Pourquoi préserver notre langue puisque nous sommes destinés à devenir protectorat américain...Heureusement Mr Trump a rappelé certaines réalités avec son franc-parler...

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  3. Laurent Herblay3 août 2025 à 10:52

    @ JZ

    Plus que l’inutilité, c’est même la nocivité, tant l’UE nous pénalise dans les négociations. Je ne suis même pas sûr que l’Allemagne seule aurait négocié de la sorte… Bien d’accord sur le coup porté à l’UE (cf papier d’hier). L’UE est constamment un boulet pour les pays européens. Même Attali et Quatremer sont durs sur cet accord

    @ Anonyme

    Trump ne détruit pas (encore ?) la mondialisation heureuse. Il la tempère à l’échelle de son pays en voulant rééquilibrer son commerce et imposer une réindustrialisation de son pays aux multinationales pour répondre aux attentes d’électeurs stratégiques pour lui, qui ont quitté les démocrates pour lui. Mais son big beautiful bill est de nature profondément oligarchiste et très négatif pour les classes populaires. Que fera la somme des deux ? C’est tôt pour le dire, mais je crains qu’il reste plus oligarchiste que populiste (ce qui peut être suffisant face à des démocrates qui resteraient trop oligarchiste, comme l’était Kamala Harris).

    Sur l’éducation, j’y vois la folie d’élites qui diggèrent mal certaines théories et semblent laisser faire finalement l’administration de la rue de Grenelle tant il y a eu de continuité du PS à LR en passant par Macron. Et les technos qui nous gouvernent semblent avoir une science pour manipuler les statistiques officielles de manière à servir leur narratif. On pourrait croire que c’est une matière de l’ENA

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