mardi 2 octobre 2012

Montebourg cède à la doxa néolibérale


Il faut reconnaître à Arnaud Montebourg un certain panache quand il va à la rencontre des salariés menacés de licenciements. Mais dimanche sur France 2, il a surtout étalé son impuissance et celle du gouvernement devant une mondialisation qu’il ne semble même plus remettre en cause.

La démondialisation abjurée à 20 heures

Dimanche soir, le ministre du redressement productif était interviewé sur France 2. Qu’il semble loin le temps où il était un avocat de la démondialisation ! Jacques Sapir, à qui il avait repris le terme, était sans doute aterré par le discours servi par le ministre au sujet de Florange. Sans doute refroidi par le précédent de l’usine PSA d’Aulnay, où il s’était beaucoup avancé en juillet, avant de battre piteusement en retraite fin août, le gouvernement adopte le service minimum.

Déjà, Jean-Marc Ayrault a refusé de s’engager sur la remise en service de l’aciérie lors de l’émission Des Paroles et Des Actes. Dimanche soir, Arnaud Montebourg s’est retrouvé bien gêné aux entournures face à une question sur le possible rachat de l’usine par l’Etat. Et là, surprise ! L’avocat de la démondialisation n’a eu aucun scrupule à reprendre une partie du petit bréviaire néolibéral en avançant que l’Etat n’était pas toujours un bon actionnaire et n’avait pas les moyens.

Cette réplique, plus digne d’Alain Minc ou Jean-Marc Sylvestre a de quoi désespérer de la part d’un homme qui reprenait Jacques Sapir et avait demandé à Emmanuel Todd de faire la préface de son livre pour la primaire socialiste. Pire, il y a quelque chose d’assez incroyable à voir le ministre dire qu’il est du côté des salariés contre les méchants patrons, symbolisant jusqu’à la caricature l’impuissance du pouvoir socialiste, réduit à mendier des aménagements aux plans sociaux.

La démondialisation est pourtant la clé

Le rôle qu’Arnaud Montebourg tient est l’exact inverse de ce qu’il proposait il y a un an. En 2011, il expliquait (justement) que le problème du chômage venait de la mondialisation, de la libéralisation des mouvements de capitaux et de biens qui instaure une compétition déloyale et consacre la victoire du moins-disant salarial, social et environnemental. Du coup, la solution était la mise en place de mesures protectionnistes pour que le système économique ne pousse pas aux délocalisations.

Le ministre Montebourg fait l’inverse car, prenant acte de cette mondialisation qu’il dénonçait naguère, il se transforme en ministre infirmier qui va au chevet des usines menacées de fermeture pour essayer d’adoucir les plans sociaux. Bien sûr, il théâtralise son soutien en attaquant et convoquant les patrons qui licencient, mais il ne s’agit plus que d’un cirque destiné à masquer son impuissance. Bref, cela démontre bien qu’il n’y a rien à espérer du PS pour remettre en cause le système.

D’ailleurs, lundi, sur Europe 1, Nicole Bricq s’est faite la zélatrice parfaite du néolibéralisme en défendant le désendettement et la mondialisation. Mais comment des ministres socialistes peuvent-ils promouvoir un tel discours ? C’est le niveau zéro de réflexion économique. Tout ceci ne relève plus de la raison, mais plus d’une croyance religieuse dans les bienfaits du libre-échange et du danger supposé du protectionnisme, malgré une abondante littérature démontrant l’inverse.

Que pense Arnaud Montebourg ? Bien sûr, l’exercice du pouvoir impose des compromis. Mais en passant ainsi de la démondialisation aux poncifs éculés du néolibéralisme, on peut s’interroger sur les motivations du ministre. Etait-il sincère il y a un an ou s’agissait-il uniquement d’une posture ?

22 commentaires:

  1. si vous pensez que l'Etat a les moyens d'acheter des usines, c'est que vous êtes prêt à envoyer encore plus de chèques au 139 rue de Bercy, 75012 Paris ?

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    1. Quand on veut faire quelque chose il y a toujours de l'argent ce n'est qu'un choix politique. Une fois au pouvoir les socialistes oublient bien rapidement leurs idées originales par exemple le projet de loi permettant l'expropriation d'une usine rentable que son propriétaire voulait fermer. La vente en 2006 d'Arcelor à Lakshmi Mittal a été un crime économique entériné par la lâcheté de nos hommes politiques.

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    2. Arcelor avait un proprietaire (les actionnaires). Une personne a acheté leur bien, personne n'a volé personne. Ils ont vendu librement. QU'est ce que les politiciens ont à voir la dedans ?

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    3. Un Politique, un vrai! ne peut se désintéresser de l'industrie et laisser faire le capitalisme apatride.

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    4. @Le Parisien Liberal

      Certes... Le crime économique dont il est question fut la privatisation d'Usinor-Sacilor en 1995

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    5. @ Parisien Libéral

      Il y a une autre solution, moins coûteuse : le protectionnisme (cf billet de demain)

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    6. @ Parisien Libéral

      Vous raisonnez comme si le rachat d'une usine qui crée de la richesse était forcement de l'argent jeté par les fenêtres.

      Comme souvent avec les libéraux dogmatiques dès que l’État fait quelque chose c'est systématiquement du gaspillage. Alors que dès qu'un capitaliste fait quelque chose c'est systématiquement une création de richesse même il s'est contenté de faire de la plue-value predatrice.

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  2. Montebourg est pieds et poings liés dans "un système", celui qu'il mettait tant d'ardeur a décrier il a peu encore.

    Je crois que quoi qu'il fasse il ne pourra rien face à des multinationales,

    Le politique ne l'emporte pas toujours, loin s'en faut, contre la finance et les choix des actionnaires voulant maintenir ou accroitre leurs dividendes.

    Cette dure réalité lui saute à la tête tous les jours et l'on est effectivement loin des primaires socialistes où il guerroyait, par le verbe, avec les financiers et les délocalisateurs.

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  3. Des paroles aux actes...
    De la théorie à la pratique...
    Mais bon, un fauteuil de ministre, quoi qu'il en soit, c'est confortable.

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  4. Vous avez grandement raison. Pendant combien de temps Montebourg va-t-il supporter de prendre des "claques" comme dit Fillon? On l'ignore.

    Le seul calcul gagnant pour Montebourg serait d'apparaître comme un recours quand l'austérité associée à Ayrault aura manifestement échoué et que Hollande sera obligé de changer de direction, mais il se peut bien qu'il soit complètement démonétisé avant ce moment-là et que le gouvernement PS soit vomi par les Français à un degré qu'il n'imagine peut-être pas...

    Emmanuel B.

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  5. Le PS et l'UMP ne sont que deux équipes d'un drôle de sport où le but est de remporter des matches l'un contre l'autre. Tout le reste n'est que paroles en l'air.

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    1. L'un contre l'autre? Peut-être!
      Les deux contre la population française, surement!

      http://www.dailymotion.com/video/xjz0gs_todd-vs-hollande-ko-en-moins-d-une-minute_news

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  6. @Le parisien libéral
    Vous devriez ouvrir un peu votre culture économique auprès des néochartalistes ou des circuitistes... (je vous laisse faire l'effort de chercher sur google)

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  7. Montebourg comme Chevènement, un faux dur qui se couche! Comme tous les socialistes!

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  8. Je rappelle que Jean-Pierre Chevènement a démissionné par deux fois lorsqu'il estimait que le seuil de l'intolérable avait été dépassé. Je pense qu'Arnaud Montebourg devrait faire de même pour éviter de paraître sous l'habit peu reluisant de caution de gauche à la politique impulsée et voulue par les puissants de ce monde qui contrôlent l'Union Européenne.
    Plutôt que subir le diktat de la doxa monétariste, je pense qu'il faut au contraire affirmer du courage politique et donner l'impulsion nécessaire pour sortir du carcan ultralibéral dans lequel on veut enfermer la France pour faire mourir notre République sociale. Je veux parler de l'urgence du moment à savoir sortir de l'euro et sortir de l'Union Européenne.
    Devant la puissance médiatique des chantres de la mondialisation heureuse il faut créer un mouvement nouveau à l'instar du Conseil National de la Résistance. En effet, dans une France pillée et dévastée par les ennemis de notre pays et les traîtres, de véritables patriotes de toutes les sensibilités politiques se sont unis dans l'urgence pour sortir la France de l'impasse.
    Je crois que Jean-Pierre Chevènement, lorsqu'il proposa en 2002 le rassemblement de tous les français au travers du fameux "¨Pôle Républicain", avait raison. Il était en avance de 10 ans comme d'habitude.
    Le lion de Belfort n'a plus à être en première ligne, la génération qui suit doit relever le défi. Je crois qu'il est un des rares homme politique allié de la majorité présidentielle à prendre des positions claires et déterminées contre les orientations du gouvernement lorsqu'il les juge mauvaises. Je veux parler de ses prises de position sur la non ratification du TSCG et sur son opposition à une intervention en Syrie.
    Pour conclure sur une note optimiste, voici une citation de Jaurès:

    "Il y a dans notre France, sur les problèmes vitaux, une inertie de la pensée, une somnolence de l'esprit qui nous exposent à toutes les surprises jusqu'au jour où se produisent ces lumineux réveils qui viennent heureusement quoique à de trop longs intervalles, sauver notre pays".

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  9. "Chevènement démissionna"... en effet.

    Mais pour quel candidat a-t-il piteusement appelé à voter, et donc contribué à faire élire, au premier tour des dernières présidentielles déjà ?

    Le Général ne disait-il pas que la vieillesse était un naufrage...

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    1. Si ce n'était que la vieillesse qui expliquait le cas Chevènement on pourrait dire comme un humoriste qu'il était vieux dès son plus jeune âge. Il a toujours les mêmes conseillers et amis politiques que depuis 40 ans et il ne s'est jamais vu qu'au service de la gauche même la plus aux antipodes de son républicanisme. Comme Tchernenko fût le porte-serviette de Brejnev au temps du soviétisme déclinant, il n'est que le porte-serviette de la gauche néolibérale et européiste!

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  10. @ Melcalex

    L’option protectionniste serait pourtant très simple et contournerait les exigences des actionnaires.

    @ Emmanuel B

    Prend-il des claques ? Etaient-ce ses idées ? Bien d’accord sur le recours mais je ne crois pas que Hollande soit capable d’abjurer l’austérité, le libre-échange et l’euro. Il en restera le parfait petit soldat. Montebourg a intérêt à rester suffisamment longtemps pour se faire connaître bien claquer la porte pour devenir un recours après la défaite de Hollande.

    @ JYB

    Très juste

    @ Cording

    Je rejoins Lucien. Le Che a démissionné 3 fois sur des sujets de fond quand il n’était pas d’accord. Il s’est même présenté contre Jospin en 2002. On ne peut pas dire qu’il a manqué de courage ou qu’il s’est couché. Pour Montebourg, on verra, mais j’ai des doutes sur sa pensée. Et irait-il jusqu’au bout ou s’agit-il seulement d’une posture comme Mitterrand.

    @ Lucien

    En effet, il était en avance. Malheureusement, les circonstances n’étaient pas encore là.

    @ Julien

    On peut aussi comprendre son choix comme une volonté de peser dans le camp gagnant. Chacun voit ce qu’il fait comme le meilleur moyen de servir ses idées. Mais à différentes personnes, différentes interventions. Je pense que les siennes sont nobles, comme le personnage.

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  11. C'était tellement prévisible.
    J'ai envie de dire que c'est bien fait pour sa pomme car il a choisi sa carrière a court terme plutôt que ses convictions.

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  12. -Mais quelle devrait être l'échelle de ce protectionnisme (national ou européen)?
    Notre déséquilibre commercial le plus important est avec l'Allemagne (Tous les pays de l'UE ont d'ailleurs plus ou moins ce problème)

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  13. @ LP
    JPC a été plus loin dans ses tentatives de secouer "le cocotier" que Philippe Seguin, mais c'est pour mieux rentrer dans le rang! Je partage la sévérité d'anonyme 21h25.
    Montebourg est en train de se dévaluer à grande vitesse, il n'y aura pas de repreneur de Florange!

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  14. @ TeoNeo

    Je suis bien d’accord

    @ Anonyme

    Il faut être capable de faire du protectionnisme à l’échelle nationale

    @ Cording

    L’essentiel est que nous partageons les mêmes idées. Il y a des désaccords sur le moyen de les faire parvenir au pouvoir. Je persiste à croire dans la voie que je suis, mais pour l’instant, faute est de constater que ni lui, ni nous n’avons trouvé la voie qui fonctionne. Match nul.

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