mardi 13 octobre 2015

Etats-Unis : avis de hold up sur les médicaments




Robin des bois inversé


The Economist précise qu’il ne faut pas s’attendre à ce que des concurrents viennent perturber les plans très lucratifs de Turing puisqu’il s’agit d’un médicament à faible volume, et les coûts des tests nécessaires seraient rédibitoires. La pratique de Turing n’est malheureusement pas nouvelle puisque Valeant a acheté les droits de deux médicaments pour le cœur avant d’en monter le prix. Horizon a multiplié par 7 le prix du Vimovo, un médicament anti-douleur après l’avoir racheté à Astra Zeneca en 2013. Selon The Economist, les prix des médicaments ont augmenté de pas moins de 127% depuis 2008, contre 11% pour les prix à la consommation. Avec les systèmes de santé publics et les mutuelles, certains laboratoires pharmaceutiques semblent prendre la collectivité pour un distributeur d’argent.

Le néolibéralisme n’est pas libéral

Il n’est pas inintéressant de constater que les actions des entreprises de biotechnologie ont baissé suite aux polémiques déclenchées par cette information, et la critique venue d’Hillary Clinton. Elle a annoncé vouloir faciliter les importations de médicaments étrangers équivalents, une plus grande capacité de négociation, ainsi que de nouvelles règles sur les dépenses marketing et de R&D des laboratoires. Ainsi, on découvre que derrière le buzz des biotechnologies, se cachent aussi de simples vautours du capitalisme pour qui la science n’est qu’un prétexte pour essayer de trouver des rentes juteuses au frais de la collectivité, sans rien inventer d’autre qu’une simple copie des monopoles sans scrupule du passé. Un point commun avec cette nouvelle économie qui recherche si souvent la rente de situation.

Cela pose aussi la question des règles publiques, qui laissent faire de tels comportements, et qui peuvent mêmes les nourrir, de manière directe ou indirecte, dans le cas des médicaments, payés par la collectivité ou des mutuelles, qui y gagnent en voyant leur chiffre d’affaire augmenter aussi vite que leur intérêt pour des citoyens qui ne peuvent plus payer les rançons médicamenteuses demandées par certains gangsters du médicament comme Turing. Même si on ne peut pas nier les progrès apportés à notre santé par certains laboratoires, ces comportements totalement abusifs amènent à se poser la question du cadre réglementaire à mettre en place pour éviter de tels abus. En effet, il y a une responsabilité des Etats qui ont mis en place ce système, où la privatisation de la santé n’en baisse pas le coût.


Ce faisant, le néolibéralisme révèle aussi qu’il finit par s’éloigner du libéralisme en privilégiant la rente, le monopole et l’abus sans la moindre vergogne. Il faudra se souvenir de ces pratiques pour construire un système qui ne les permet plus, ou, a minima, les sanctionne à leur juste mesure.

3 commentaires:

  1. Une telle politique n'est possible que dans une société ultra-inégalitaire. Pour soutirer un maximum d'argent aux plus riches il faut pratiquer des prix qui placent les plus pauvres dans l'impossibilité de se soigner. Dans une société où les inégalités seraient restées raisonnables un tel modèle économique ne marcherait pas.

    En retour cette politique commerciale aggravera encore les inégalités dont elle se nourrit.

    On a un problème très similaire en France avec le logement. Pour pouvoir extorquer aux classes moyennes et supérieures des loyers vraiment monstrueux il faut organiser une pénurie telle que nombreux sont les pauvres qui ne peuvent pas se loger du tout. Si tous les français avaient un revenu identique cela ne marcherait pas, et il serait plus lucratif pour les spéculateurs d'autoriser la constructions de tous les logements nécessaires pour satisfaire les besoins du peuple, afin d'avoir un maximum de clients qui paieront tous à peu près le même loyer.

    En retour la pénurie de logements aggrave encore les inégalités qui fondent son modèle économique.

    Ivan

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  2. Monsieur Herblay,

    Le "néolibéralisme" ne s'éloigne pas du libéralisme... il est la stricte application du libéralisme. Rien de plus, rien de moins.

    Quand l'Etat se tait réellement (comme le veut la doxa libérale), quand l'Etat ne fait pas son boulot (réglementer), quand l'Etat n'arbitre plus entre les différents intérêts particuliers ; il y a le véritable libéralisme.

    Il n'y a pas plus de bon libéralisme qu'il n'y a de bonne monarchie absolue.

    A l'origine, le libéralisme avait pour but de lutter contre les abus du pouvoir ; mais une fois que le libéralisme triomphe, que le libéralisme est la seule doctrine qui a voix au chapitre : le tyran est le libéralisme.

    C'est le principe même du libéralisme que de penser que les intérêts privés feront une société juste du seul fait qu'il y a des intérêts particuliers libres ! (les vices privés font la vertu public, parait-il)

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  3. Cette affaire illustre aussi à quel point il est ridicule de culpabiliser les citoyens qui gaspillent les médicaments. En aucun cas il ne sera possible de faire des économies sur les médicaments en réduisant les quantités consommées, puisque les laboratoires riposteraient immédiatement en augmentant leurs prix.

    Ivan

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