samedi 15 octobre 2011

Hollande, Aubry : le jospino-delorisme, vous le voulez sectaire ou mou ?


L’absence de véritable différence programmatique focalise le second tour des élections primaires du PS en un duel de personnalités. Mais si François Hollande évite globalement de polémiquer, Martine Aubry souligne ses différences avec son adversaire jusqu’aux limites de l’agressivité.

Le rassembleur sympathique contre l’autoritaire cassante

Le fait de se retrouver seuls à débattre a fait davantage ressortir les traits de caractère des deux protagonistes du second tour. Les sourires de François Hollande contrastaient avec la mine renfrognée de la maire de Lille. Mais la plus grande réussite du député de Corrèze est sans doute d’avoir réuni sur son nom les soutiens de tous les candidats éliminés, de Ségolène Royal, qui prend sa revanche du Congrès de Reims à Arnaud Montebourg, qui vole vers la victoire.

L’ancienne première secrétaire n’a pas ménagé sa peine pourtant. Mais à vouloir marquer sa différence, elle a fini par attaquer de manière bien peu confraternelle son camarade de parti. Jean-Michel Apathie a assisté à un démontage en règle assez incroyable jeudi matin suite au débat de la veille. Voilà de belles munitions pour Nicolas Sarkozy et ses troupes. Se faisant, elle a franchement dépassé les bornes, apparaissant comme désagréable voir même agressive.

Les deux faces d’une même pièce social-libérale

Cette issue était sans doute prévisible. Bien sûr, les deux candidats peuvent parfois être en désaccord sur des détails techniques, comme on a pu le voir mercredi soir avec des débats parfois dignes de conseillers techniques d’un secrétaire d’Etat, mais au global, ils sont d’accord sur tout, le libre-échange (même s’ils déclarent être favorables à un juste échange « ouvert mais pas offert »), la libre circulation des capitaux ou une construction européenne de type fédérale.

Dès lors, le seul moyen pour se différencier est d’insister sur les différences de caractère. Là où Hollande a plutôt adopté la posture chiraquienne de 1995, Aubry opte pour la méthode de la voiture bélier, comme l’a souligné Tanguy Pastureau ce matin sur RTL, dénonçant la mollesse, le flou, les revirements, de son adversaire, rappelant étrangement la primaire de 2006. Pourtant, elle aurait pu se contenter d’un portrait en creux, évoquant ses qualités sans critiquer…

Vers la victoire de François Hollande

Il sera intéressant de voir le résultat de dimanche. Théoriquement, François Hollande devrait largement gagner, étant donné qu’il a rallié les quatre autres candidats du premier tour, démontrant une capacité de rassemblement que n’a pas sa rivale. Si le score reste large, cela démontrera que Martine Aubry a eu tort de se lancer dans des attaques ad hominem et que les électeurs sanctionnent un tel manque de solidarité entre membres d’un même parti, ce qui me semblerait logique.

En revanche, si le score est relativement serré et qu’elle fait plus de 45%, alors cela montrera que ses attaques ont porté et qu’elles ont fait du mal à François Hollande qui n’aura alors pas su convertir les soutiens des autres candidats. Nicolas Sarkozy et l’UMP pourront alors s’engouffrer dans cette brèche pour la campagne de 2012 et exploiter tout ce que Martine Aubry a dit pendant la primaire comme cela avait été fait pendant la campagne de 2007 avec Ségolène Royal.

Oui Martine Aubry est déterminée et a du caractère, mais son côté obscur a percé, autoritaire, cassante, agressive, de mauvaise foi. Le ton détestable qu’elle a donné à la fin de cette campagne des primaires fait qu’entre les deux faces de la pièce, une semble plus appréciable que l’autre, malgré tout.

7 commentaires:

  1. "Le ton détestable qu’elle a donné à la fin de cette campagne des primaires fait qu’entre les deux faces de la pièce, une semble plus appréciable que l’autre, malgré tout."
    Je partage, sans doute avec beaucoup, cette conclusion. Nous sommes loin du débat d'idées et MA peut finalement faire perdre son camp en 2012. Si c'est inconscient, c'est grave et elle doit consulter rapidement. Si c'est conscient, c'est innommable. Un communiste bon teint parlerait d'alliance objective avec Sarkozy.

    RépondreSupprimer
  2. On est dans un système politique ou il faut être le plus plat et insipide possible on dirait ! C'est ce qu'il y'a derriere le terme de "rassembleur" non ?
    Hollande va gagner parce qu'il ne touche pas aux acquis de la clique des gros actionnaires, des banquiers... bref ceux qui ont gagné le pouvoir économique grace a Delors, Lamy and co et qui ne veulent a aucun prix le rendre au peuple qui travaille. Elle est belle la gauche hein ? Des imposteurs !
    Montebourg lui, va finir comme De Villiers. En rentrant dans le rang il va disparaitre. Tant pis pour lui.

    RépondreSupprimer
  3. Je me demande comment ceux qui n'ont pas choisi l'un des deux candidats au premier tour vont pouvoir se déterminer, tant tu as raison de souligner leur accord sur l'essentiel, le reste étant affaire de rhétorique.

    Deux choses ont cependant retenu mon attention: le manque de conviction de Hollande quand il aurait au moins dû essayer de défendre son contrat de générations flingué par Aubry (à mon sens à juste titre), ce qui fait un peu peur lorsqu'on se dit qu'il devra affronter Sarkozy, et l'imposture intellectuelle d'Aubry, dont on connaît l'opposition au protectionnisme, masquée par la notion de "juste-échange". Appeler le protectionnisme, sans autre précision, "fermeture des frontières", c'est ignorer le sens des mots ou (et je retiens pour ma part cette hypothèse) se préparer à renoncer aussi à la notion de "juste-échange" au prétexte que les autres Européens n'en veulent pas. On connaît le procédé, les socialistes nous ayant habitué, entre autres, à "l'Europe sociale". Il reste à Hollande la réforme fiscale (idée commune à tous les socialistes), et à Aubry une agressivité censée faire vraiment à gauche, alors qu'elle s'agenouille devant la non-pensée dominante. On notera malgré tout qu'Aubry, précisément parce qu'elle a su attaquer le contrat de génération, semble mieux maîtriser les sujets économiques que son adversaire (alors que, pour les médias, celui qui se dit "plus à gauche" passe immédiatement pour quelqu'un qui ne comprend rien à rien).

    En résumé, on se demande si Hollande est capable de mener une campagne, s'il ne se contentera pas d'un hypothétique statut de favori décerné par les sondages. Mais on se dit qu'une fois élu, sa plus grande plasticité (il faut bien lui trouver une qualité) pourrait être un avantage, qu'il serait peut-être plus facile à convaincre qu'une présidente sûre d'elle-même, certaine d'incarner "la vraie gauche", qui s'en remettrait à l'Europe pour appliquer son ébauche de programme.
    Cela dit, une victoire d'Aubry pourrait vraiment être perçue comme une délégitimation supplémentaire du système, compte-tenu de l'image de Hollande, et de son avance dans les sondages.
    Comme tu vois, Laurent, je ne sais absolument pas ce qu'il faut souhaiter.

    Archibald

    RépondreSupprimer
  4. Ca ne serait pas plutôt le Doloro-Jospinisme ? ;)

    RépondreSupprimer
  5. Encore un billet sur la Primaires des socialistes... Faut dire, même si ce n'est pas volontaire, qu'un certain suspense perdure.

    L'important devrait être de connaître le nom du candidat (ou de la candidate, bien sûr), mais (est-ce le conditionnement des média ?), voilà qu'après la participation le score relatif de l'une ou de l'autre prend de l'importance.

    Pronostic : FH (55) - MA (45)

    Dans cette hypothèse, score suffisant sans être écrasant, et deux événements pour prolonger la domination territoriale du PS dans les médias : une grandiose fête d'investiture en fin de semaine et une passe d'arme autour du retour ou non de MA au poste de 1ère secrétaire !

    RépondreSupprimer
  6. @ PMF

    Encore un demain...

    @ A-J H

    Très bonne idée

    @ Archibald

    C'est clair qu'aucune des deux faces ne fait envie. Très bon point pour Hollande , qui va devoir bosser un peu plus certains sujets (j'aime beaucoup ta remarque sur la maîtrise de l'économie et les journalistes, tellement juste). Je crois malgré tout qu'Hollande pourra tenir la campagne et qu'il finira par être élu.

    De toutes les façons, à moins d'un évènement exceptionnel (pas impossible, avec la Grèce), je crois que nous devons encore passer par une phase de gouvernement socialiste, qui achèvera de les délégitimiser pour enfin passer à autre chose.

    @ TeoNeo

    Très juste

    @ Nihil

    Elle fait passer son intérêt personnel avant l'intérêt collectif du PS, point significatif et révélateur.

    RépondreSupprimer
  7. @ Pinsolle
    C'est exactement la même tactique qu'avec VGE, les gaullistes lui ont planté un couteaux dans le dos et voilà 14 de mitterandisme. En 2017 on se rappelera que vous avez fait campagne pour battre la droite soyez certains.
    Fiorino

    RépondreSupprimer