dimanche 8 janvier 2012

Economie réelle contre économie financière ? (archive)





La récente crise boursière a posé la question de la croissance phénoménale des marchés financiers depuis quelques années, sans que cela soit réellement le reflet de la croissance économique réelle. La « folie » des marchés financiers fait peur car elle aboutit à des crises qui pourraient remettre totalement en cause la croissance économique réelle.

Premièrement, il faut souligner que si nous avons connu une crise financière grave (le Dow Jones a perdu plus de 500 points en une séance, soit plus de 7%, les places européennes ont dépassé les 10% de pertes en une seule séance), nous sommes loin de 1929 et 1987. Il ne s’agissait que d’un mini-krach, comparable à celui de 1989. En 1987, Wall Street avait abandonné plus de 22% en une séance !

De nombreux « économistes » ont rivalisé d’expertise pour estimer la perte de croissance que cette crise allait occasionner : de 0.1 à 1 point de PIB l’an prochain. Les experts ont vraiment un don pour ne pas regarder plus loin que le bout de leur nez. Après le krach de 1987, l’économie a connu deux années de très forte croissance (plus de 4% par an). Pourtant, la saignée financière était sans comparaison possible… Alors, il me semble délicat de tirer la moindre conclusion pour la croissance de l’année prochaine.

En fait, les crises financières peuvent être amorties par des politiques monétaires et budgétaires plus accommodantes. C’est le scénario qui a prévalu en 1987. Pourtant, la crise était comparable à celle de 1929 et les contextes monétaires et budgétaires n’étaient guère favorables à une politique de relance. C’est pourtant ce qui a fonctionné car le précédent de 1929 existait et tout le monde savait qu’une politique déflationniste conduirait à une grave récession. Ainsi, au lieu d’un ralentissement économique, nous avons presque connu une période de surchauffe !

1997 n’est pas 1987. Le contexte monétaire et budgétaire est bien meilleur. La Fed peut baisser ses taux sans risque en cas de crise car l’inflation est plus que contrôlée outre-Atlantique. En outre, en 1987, c’est une tension sur les bons du Trésor qui avait provoqué le krach. A cette époque, les Etats-Unis avaient un déficit budgétaire de plus de 300 milliards de dollars. Aujourd’hui, il atteint péniblement 37 milliards de dollars (0,5% du PIB !) et sera sans doute en excédent l’année prochaine… Bref, les Etats-Unis semblent bien plus en mesure de relancer leur économie en cas de crise financière qu’en 1987.

Ainsi, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une croissance régulière jamais vue auparavant, tant pour sa longévité que son caractère non inflationniste, nous assurerait un futur économique radieux. Cela justifie la croissance – a priori irrationnelle – des bourses occidentales (on ne peut plus prendre en compte les critères économiques habituels puisque nous sommes entrés dans une nouvelle ère économique). Et cette croissance nourrit la croissance réelle (une hausse de 10% de Wall Street provoquerait une hausse de PIB américain de 0,7 point dans les six mois suivants), qui, à son tour, nourrit la croissance des actifs financiers. Le cercle vertueux de l’économie capitaliste enfin atteint !

Cela semble suspect. Dans un sens, la crise boursière a calmé partiellement les ardeurs acheteuses des différents acteurs économiques. C’est une bonne chose. Mais si les leçons ne sont pas retenues et que la croissance des bourses reprend de manière irrationnelle, alors l’ajustement sera plus brutal. A cela, on pourra répondre que les Etats-Unis ont les moyens de relancer l’économie. Scénario idéal ? On aimerait que ce sophisme fonctionne. Mais, cela serait-il réellement humain ? On peut douter de l’existence d’une « perfection économique » dont nous serions proches. Mais ne sait-on jamais…

5 commentaires:

  1. Et maintenant la censure!

    J'espère qu'au moins vous êtes rouge de honte?
    Après la bérézina électorale le "gaulliste libre" que vous êtes va rejoindre tout naturellement l'écurie socialiste(que vous n'auriez jamais dû quitter).
    Un jour,pour plaisanter,je vous avais soupçonné d'être un sous marin de l'extrême gauche cherchant à torpiller le gaullisme de l'intérieur,c'était vous surestimer,vous n'êtes rien d'autre qu'un militant politique(par nature opportuniste,sans aucune conviction,prêt à changer de camp comme de chemise),en somme le contraire d'un résistant.

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  2. @ Balthazar

    Quelle bérézina électorale ? Je n'ai jamais fait partie d'une écurie socialiste.

    Et je veux bien qu'on me reproche des choses, mais l'absence de conviction me semble tout de même un peu fort de café...

    Bref, comme d'habitude, vous dites n'importe quoi sur un ton désagréable.

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  3. Monsieur Pinsolle,
    Bonne année 2012 et merci pour votre travail.
    Les "trolls" rodent ! Bon signe: vous gênez.

    Cordialement,
    José du Vaurais
    Adhérent DLR81

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  4. Le gros problème, c'est la situation de l'Italie.

    Jeudi 5 janvier 2012 :

    Italie : la Bourse de Milan lâche 3,65 %, la banque UniCredit dévisse encore de 17 %.

    La Bourse de Milan a terminé la séance jeudi sur une chute de 3,65 % à 14.767 points, plombée par les craintes des investisseurs au sujet des banques, et en particulier d'UniCredit qui a dévissé de 17,27 % à 4,48 euros, après s'être effondrée de plus de 14 % mercredi.

    UniCredit a entraîné dans sa chute les autres valeurs bancaires. Banca Popolare di Milano a ainsi abandonné 10,74 % à 0,2735 euro, UBI Banca a chuté de 8,90 % à 2,928 euros, et Intesa Sanpaolo 7,33 % à 1,189 euro.

    Vendredi 6 janvier 2012 :

    Italie : la Bourse de Milan chute de 0,82 %.

    A Milan, le FTSE Mib a perdu 0,82 %, le marché craignant que Rome ne doive faire appel aux fonds de l’Union Européenne et du FMI comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal.

    Le secteur bancaire a particulièrement souffert, avec UniCredit en tête des baisses pour le troisième jour consécutif (- 11,12 %). Banco Popolare Milano a perdu 4,39 %, et Intesa Sanpaolo a baissé de 4,37 %.

    (Dépêche AFP)

    Le problème, c'est cette phrase : "le marché craignant que Rome ne doive faire appel aux fonds de l’Union Européenne et du FMI comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal."

    Quand il ne s'agissait que du défaut de paiement de la Grèce, l'Union Européenne et le FMI étaient suffisamment puissants pour placer la Grèce sous perfusion.

    Mais ensuite, d'autres dominos sont tombés, les uns après les autres.

    Mais ensuite, il y a eu l'Irlande : aujourd'hui, l'Irlande est incapable d'aller emprunter sur les marchés internationaux pour des emprunts à 1 an, à 2 ans, à 3 ans, etc. L'Irlande a été placée sous perfusion.

    Mais ensuite, il y a eu le Portugal : aujourd'hui, le Portugal est incapable d'aller emprunter sur les marchés internationaux pour des emprunts à 1 an, à 2 ans, à 3 ans, etc. Le Portugal a été placé sous perfusion.

    L'Italie, c'est autre chose.

    Demain, si le domino italien tombe, l'Union Européenne et le FMI ne seront pas assez puissants pour placer l'Italie sous perfusion.

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  5. Italie : taux des obligations à 10 ans : 7,159 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Italie : la Bourse de Milan perd 1,67 %.

    La banque italienne UniCredit a chuté en Bourse lundi du fait de la forte décote attachée à son augmentation de capital. L'action de la première banque d'Italie par les actifs a chuté de 12,81 % à 2,286 euros pour le premier jour de sa levée de fonds.

    L'action UniCredit a fondu de plus de 37 % en trois jours la semaine dernière, lorsque la banque a annoncé que l'augmentation de capital serait proposée avec une décote de 43 %, au prix de 1,943 euro par action.

    L'indice Eurostoxx 50 du secteur bancaire a reculé de 2,2%, les investisseurs redoutant que des banques européennes ne soient dissuadées de faire appel au marché après l'expérience difficile que connaît leur concurrente italienne.

    "Le plongeon de l'action UniCredit, après l'annonce de son augmentation de capital la semaine dernière, indique qu'il est quasi impossible pour les banques européennes d'envisager l'option augmentation de capital pour trouver des capitaux frais", commente Franklin Pichard Directeur Barclays Bourse.

    L'opération d'UniCredit, qui cherche à lever 7,5 milliards d'euros, fait figure de test pour l'ensemble du secteur bancaire européen pressé par l'Autorité bancaire européenne (ABE) d'améliorer ses volumes de fonds propres.

    L'ABE exige que les banques européennes parviennent à un ratio de 9% d'ici la mi-2012 afin qu'elles soient en mesure d'encaisser le choc d'une éventuelle aggravation de la crise de la dette de la zone euro.

    (Dépêche Reuters)

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