vendredi 10 août 2012

Le rapport Stiglitz pourfend les excès de la finance


En 2009, les Nations Unies ont demandé un « Rapport sur la réforme du système monétaire et financier international après la crise mondiale ». Une commission s’est réunie sous la présidence de Joseph Stiglitz. L’absence de réforme depuis lui a malheureusement permis de garder toute son actualité.

Un système financier fou et irresponsable

Dans la préface, Joseph Stiglitz souligne que « la crise que nous vivons n’est que la pire d’une série de crises successives qui ont ravagé le monde depuis le début de l’ère de la déréglementation (…). Dans le démi-siècle précédent, en revanche, il n’y en avait eu aucune ». Il dénonce sans surprise les banques « trop grandes pour faire faillite » et les « centres bancaires offshore (parasites fiscaux), qui posaient depuis longtemps un problème pour le système financier mondial ».

Pour les auteurs, « la crise n’est pas un simple accident (…). Elle est due, au contraire, à l’action humaine : elle a été le résultat de fautes du secteur privé et de politiques mal orientées et vouées à l’échec des pouvoirs publics ». Il souligne le rôle de la mondialisation, qui « a facilité la contagion ». Les raisons de la crise sont « le laxisme de la politique monétaire, l’insuffisance de la réglementation et la négligence du contrôle (qui) ont interagi pour créer l’instabilité financière ».

Ils dénoncent les « institutions internationales (qui) continuent à recommander des politiques comme la déréglementation du secteur financier et la libéralisation du marché des capitaux (…) (qui) ont contribué à l’apparition et à la diffusion rapide de la crise ». Suit une critique classique de la crise, des inégalités qu’elle a générées et de la bulle de crédit aux Etats-Unis. Ils critiquent l’aléa moral du sauvetage des banquiers, des actionnaires et des créanciers au détriment des contribuables.

Pour les rapporteurs, « le quart de siècle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale s’est distingué par l’absence de crise financière, et la raison en est à peu près certaine : c’est le résultat des réglementations plus strictes du New Deal et d’autres du même type, qui ont été imposées au lendemain de la Grande Dépression ». Pour eux, « il est possible que l’actuel régime de réglementation doive davantage à l’influence de certains intérêts particuliers qu’aux mérites d’arguments théoriques ».

Une entrave au développement

Cette commission ne comptait que huit « occidentaux » sur ses vingt-un membres. Joseph Stiglitz a voulu un groupe plus représentatif du monde que le G20, avec cinq africains et quatre latino-américains (et un Français, Jean-Paul Fitoussi). Il a également cherché à s’entourer d’économistes un peu « alternatifs », comme l’ancien gouverneur de la banque centrale de Malaisie, un pays qui avait refusé les potions amères du FMI dénoncées dans « La grande désillusion ».

Globalement, elle dénonce « la conditionnalité procyclique (austérité en phase de récession) – réduction des dépenses publiques et relèvement des taux d’intérêt – diamétralement opposée aux politiques keynésiennes qu’ont suivies les pays industriels avancés dans la crise en cours ». Elle souligne que les politiques du FMI poussent les pays en voie de développement à accumuler des excédents commerciaux importants pour constituer des réserves afin de pouvoir se passer de son aide.

La commission dénonce la prédation du système financier actuel où « avant la crise asiatique, les banques des pays industriels avancés s’étaient enrichies dans le grand afflux de capitaux en Asie orientale. Après quoi elles n’avaient pas eu à payer les coûts de leurs erreurs, puisque ce sont les contribuables des pays d’Asie, en définitive, qui ont financé les renflouements, en remboursant avec intérêts le FMI », dans un scénario qui n’est pas sans rappeller la situation actuelle de l’Europe.

Dans son avant-propos, le président de la 63ème session des Nations Unies reprend une citation de Gandhi qu’affectionne NDA : « D’abord, ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, puis vous gagnez ». Souhaitons un tel destin à la réforme de la finance, que je détaillerai demain.

Source : « Le rapport Stiglitz », Joseph Stiglitz, éditions Babel

29 commentaires:

  1. J’ai déjà signalé une étude sur Zone euro intitulée : « l'analyse qui donne froid dans le dos :

    http://blog.turgot.org/index.php?post/Connolly

    D’où il ressort qu’avant la crise la zone euro était un exemple de Chaîne de Ponzi à grande échelle qu’on a laissé fonctionner pendant plusieurs années car tout le monde y trouvait son intérêt. Ceux, par exemple, qui s’endettaient pour acheter de grosses voitures allemandes comme ceux qui les leur vendaient. Les concepteurs de la zone euro expliquaient qu’il n’y avait plus de risque de change en zone euro, mais ils avaient oublié qu’il y avait toujours un risque de défaut.

    Définition par Wikipédia de la Chaîne de Ponzi qui est un montage financier frauduleux:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Cha%C3%AEne_de_Ponzi

    Saul

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  2. Robert Lohengrien10 août 2012 à 12:01

    "Un système financier fou et irresponsable"
    C'est certes vrai et vérifiable (on a l'impression de traverser une époque où une forme de sociopathie est recompensée par le système), mais le problème crucial pour la France et pour toute l'Europe c'est la dette publique. Un pays qui contracte des dettes exorbitantes n'est plus tout libre de ses mouvements; il doit rendre des comptes.
    Les gouvernements n'ont pas su gérer à temps les conséquences financières de la mondialisation économique, ses coûts sociaux, les pertes en terme de revenus fiscaux qu'elle provoque - entre autres. L'objectif premier des gouvernements consistait et consiste toujours à assurer la paix sociale et gagner du temps jusqu'aux prochaines élections.
    A mon avis, le seul remède efficace serait le retour en force de l'état, sortir du carcan "Europe" et euro (qui sert essentiellement aux allemands); ce qui n'exclut pas la conservation d'un bloc économique européen, indispensable dans un monde où les rivalités entre nations et continents ne cessent d'augmenter.

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  3. Nous sommes tombés bien bas ! La vision d’une Europe de coopération, qui a commencé dans les années 1950 avec le charbon et l’acier, s’est aujourd’hui réalisée sous la forme d’une collection de pays faibles ou forts, pris dans une spirale de politiques de désinflation compétitives et d’austérité, dans lesquels les 99% de la population sont les perdants (même en Allemagne). La gouvernance autoritaire de l’UE a atteint sa pleine expression dans ces catastrophes de la dette du 21e siècle, qui entraînent le continent vers une dépression. L’idéologie qui a justifié cette dépression inutile et consciencieusement produite est celle d’une pure économie néo-libérale.

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3225

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    1. Robert Lohengrien10 août 2012 à 21:05

      Il n'arrive pas tous les jours que les politiques ont une idée géniale. L'Europe du charbon et de l'acier était sans doute une belle initiative après une guerre sans précédent. Le commencement du projet européen était encore dans les main de la politique, de gens sérieux; aujourd'hui, l'Europe appartient aux banques, à l'industrie et au commerce. Voilà la différence.
      On aurait dû suivre les consignes du visionnaire Général de Gaulle. Il n'a jamais parlé des "états unis d'Europe", sachant que cela serait impossible ni souhaitable. Si la France veut continuer à élargir son influence en Europe, il faut qu'elle se démarque des allemands et demande, dans un premier temps, un référendum concernant l'abandon prévu ou en discussion de certaines compétences liées à sa souveraineté. Je pense que les allemands feraient une chose analogue.
      Il ne faut pas oublier que les lobbys de la finance visent à affaiblir les états pour les rendre malléables.

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  4. Monsieur Pinsolle tout comme M. Stiglitz oublient bien évidemment de parler du principal: les banques "too big to fail", les "crony capitalists" et toute la crise que nous traversons ne sont que la conséquence logique du constructivisme économique mis en place par les gouvernements occidentaux et de leurs "régulations" -comprendre politique monétaire expansioniste. Des banquiers qui déconnent, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. En temps normal on les laisse faire faillite, ça leur fait les pieds , ça fait peur aux autres et ça régule très bien le marché. Maintenant grâce à nos chers interventionnistes et autres keynésiens, quand un banquier devient fou, on le renfloue. Et vous vous étonnez des conséquences ?

    Vous avez voulu de l'interventionnisme étatique dans l'économie, vous l'avez, et en grand. C'est exactement ce que vous avez cherché, alors ne venez pas vous plaindre !

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  5. @ Anonyme

    Manque de chance, c'est une problématique que j'ai abordé sur le blog et que le rapport aborde également (j'en parlerai demain). Plusieurs points :
    - oui, il ne faut pas laisser les banques faire faillite comme dans les années 1930, sinon cela détruit l'économie car tout le système financier et économique se serait effondré
    - mais non, il ne faut pas le faire comme on le fait (ce que NDA a dit, ce que j'ai dit, et ce que Stiglitz dit) car il n'y a pas de sanctions avec les aides actuelles
    - et oui, il faut changer le système financier pour éviter que les Etats aient à renflouer les banques (j'ai proposé des idées, le rapport en propose beaucoup)

    @ Olaf

    Complètement d'accord. C'est le thème du dernier Stiglitz, que je suis en train de lire (c'est un de ses articles qui a lancé l'expression du 1%).

    @ Robert

    D'accord avec les deux commentaires. Tout va finir par s'effondrer.

    @ Saul

    D'accord également. Le coup de créer de nouveaux fonds, avec de nouvelles dettes pour financer les dettes des pays qui ne peuvent pas rembourser les leurs est ubuesque.

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  6. Désolé, mais c'est du dogmatisme interventionniste, rien de plus.

    La monnaie est un bien comme un autre, et les banques des entreprises comme les autres. Si certaines font faillite, laissons les disparaître, l'Etat n'a pas à s'ingérer dans ces affaire privées (ce n'est déjà pas son rôle, et en plus il ne fait que tout détraquer, cf les choix publics). Ça laisse la place à une concurrence plus responsable, à l'innovation, et donc avantage les clients. Si on commence à excuser l'échec avec des chèques en blanc, on a pas fini de payer, c'est trivial. Et non, des faillite bancaires ne détruisent pas l'économie, pas plus que les faillites d'usines ou de la boulangerie du coin, cf les expériences de free banking de l'histoire. Ce qui détruit l'économie, outre la planche à billets, c'est l'interférence étatique dans le fonctionnement libre des prix, la manipulation des taux d'intérêt et donc de la perception du risque qui entraîne des mauvaises allocations de capital. Que les banques déconnent tant qu'elle veulent tant que leurs actionnaires en subissent effectivement les conséquences, voilà la seule "régulation" qui fonctionne, celle d'un marché libre. Le reste n'est que poudre aux yeux de technocrates essayant de justifier leurs scandaleux émoluments de parasites.

    Ce qu'il faut bien dire par contre, c'est que c'est bien les manipulation monétaristes des banques centrales qui viennent dramatiquement amplifier des cycles économiques autrement normaux, et transformer ce qui ne devrait être qu'un ralentissement économique en grosses récessions. Il n'existe aucune sortie par le haut d'une crise issue d'une inflation du crédit, n'attendons pas de miracle. Les délires keynésiens des fous dangereux comme Krugman ayant été maintes fois démontés (cf http://azizonomics.com/2012/04/28/krugman-inflation-target/ ), il ne reste plus qu'à accepter l'évidence: les politiques ont une fois de plus prouvé leur nocivité, et donc l'illégitimité de leurs actions et de leurs prérogatives actuelles. Le fautif ce n'est pas le banquier, c'est bien le politique qui le pardonne. L'éternel dindon de la farce, l'individu lambda, est sur le point de se faire spolier par l'Etat, que ce soit par le fisc ou par l'inflation. On dit merci messieurs les élus !

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    1. Ces arguments ont été maintes fois ressortis ce texte sent la naphtaline

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  7. Anonyme

    On connait votre mantra : Bastiat, Bastiat, Bastiat...

    C'est daté, le monde a changé depuis.

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  8. "La monnaie est un bien comme un autre, et les banques des entreprises comme les autres."

    On ne saurait mieux mettre en évidence le parfait tropisme et aveuglement idéologique des libéraux, coutumiers du fait. On ne doit s'étonner dans ces conditions de pensée hors sol, et de diagnostic erroné, que les solutions de sortie de crise soient aussi irréalistes puisque découplée de réalités pourtant élémentaires.

    Par exemple, nier (ou alors négliger) le caractère et le rôle éminemment structurant de la monnaie est une penchant typique du courant libéral. Or le premier d'entre eux n'est-il pas d'agir sur le taux de change, c'est à dire la parité monétaire entre les différentes devises afin d'ajuster (par une action sur les taux directeurs principalement) la valeur de la monnaie en cela qu'elle est chargée de refléter le plus fidèlement possible les capacités réelles de production de la zone sur laquelle elle s'applique ?

    Les libéraux ignorent également (ou feignent d'ignorer) certaines conditions objectives que doit nécessairement recouvrir ce que les économistes nomment une "zone monétaire optimale", conditions qui une fois atteintes permettent, en fonction du degré qualitatif de l'intégration monétaire, d'aggraver ou d'atténuer la probabilité de chocs asymétriques.

    Or c'est seulement lorsque ces conditions sont remplies que l'on peut normalement envisager une monnaie unique chapeautant des économies convergentes et non plus disparates. Nous avons fait en Europe exactement l'inverse ! Croire que la crise, qui accentue dangereusement ces divergences qui préexistaient, va permettre par effet d'opportunité (et de surcroit en un laps de temps très court) de faire converger ces économies est purement déraisonnable.

    Sur l'interventionnisme des Etats les libéraux sont également pris en défaut sur leur corpus idéologique même : oui les Etats ont fait preuve d'interventionnisme, mais aussi et surtout dans l'intention qu'ils ont eu de démanteler méthodiquement, certainement sur pression de puissants lobbys et soutenus en cela par le discours légitimateur de "brillants" théoriciens, des pans entiers de leurs législations et réglementations financières. Cela en droite ligne, encore une fois, du néolibéralisme le plus cristallin. La contradiction est massive.

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    1. Passons outre les ambages pompeux et inutiles visant à camoufler l'absence de fond, en bon interventionniste paternaliste vous avouez vouloir placer les individus sous la coupe forcée d'une "monnaie unique", c'est à dire dans l'esprit sous le "chapeau" d'un planificateur technocratique. Au mépris de la liberté de créer sa propre monnaie par exemple. Ne venez pas me parler de démocratie ou de subsidiarité après ça !

      Même en supposant qu'un tel constructivisme économique puisse avoir des répercussions bénéfiques sur la société (et on sait très bien que ce n'est jamais le cas), cela constitue une ingérence bureaucratique et autoritaire dans les libertés individuelles des individus, donc le premier pas sur la route de la servitude.

      Ensuite, votre "néolibéralisme" tant honni n'est rien d'autre qu'un constructivisme de plus: avec son cortège de dette, de dépense publique et de collusion big business - big governement, vous aurez du mal à faire passer un tel mouvement comme défenseur des droits et des libertés individuelles.

      Entendons nous bien: le libéralisme ne défend pas tant la liberté par utilitarisme que par déontologie; les individus sont libres, et il est de la plus haute moralité que de respecter et défendre cette liberté. Votre ingénierie sociale, en plus de créer des crises en poussant de mauvaises allocations de capital, est surtout une négation de la liberté de choix et du droit de propriété des individus, voilà là matière à s'indigner bien plus légitime.

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    2. Par déontologie ? Bien sûr. Mais ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ? Voilà qui vous va comme un gant.

      Le libéralisme fonctionne déjà à partir du principe, très simple et très faux (empiriquement s'entend), selon lequel "les vices privés font la vertu publique".
      Ce miracle étant permis par l'intervention d'une Providence divine (Smith) caractérisée par l'idée de prédestination, parfaitement bien identifié en son temps par Weber ("L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme").

      C'est ce principe sous-jacent à un Marché devenu conquérant, et venant ô combien lui donner une légitimation, qui lui permet dans un second temps de justifier l'ensemble des aberrations politiques, économiques et sociales, que vous venez ici complaisamment relayer (sans peut être même avoir conscience de votre assujettissement). Bien loin d'être sortis de la religion, nous sommes en définitive tombés sous l'emprise d'une nouvelle religion à vocation universelle, du moins ses apôtres en sont convaincus, ce qui contraste d'ailleurs fortement avec leur ambition affichée de se rallier à la raison humaniste.

      C'est en somme la dictature d'un marché devenu foncièrement totalitaire, absolutiste (contradiction encore). Et soutenu en cela par deux catégories bien définies:

      1/ Des intellectuels, pour la plupart économistes, et des politiques, jouant le rôle d'idiot utile en servant de vecteur d'auto-légitimation par le discours qu'ils déploient à l'attention de l'opinion publique, qui a pour vocation d'aliéner un peu plus les masses qu'elles ne le sont déjà,

      2/ une oligarchie, composante sociale détentrice du capital, comptant les véritables usufruitiers à cette gigantesque entreprise d'aliénation aux soubassements profondément anti-démocratiques (illégitimes puisque violant les principes démocratiques les plus élémentaires), et portant pour folle ambition de mettre en coupe réglée les nations et chacun des peuples les composant, ainsi que leurs particularismes et patrimoines culturels respectifs.

      C'est donc aussi, surtout je dirais même, un projet de mise en conformité, de normalisation, d'uniformisation, tout comme il se révélera dans les faits (et se révèle déjà) éminemment éradicateur des différentes cultures qui font notre richesse.

      Je rajouterai, pour bien vous enfoncer, qu'entre autre les libéraux, par la baisse inconsidérée des prélèvements que leur corpus idéologique encourage ou suscite, sont à la racine même de la crise systémique actuelle. Crise qui est aussi, en ce qui concerne les nations occidentales, une crise de recettes induite par une pression à la baisse sur les impôts notamment des ménages (et entreprises) parmi les plus riches..

      Bastiat n'a-t-il pas assimilé l'impôt à une forme de "spoliation" et est un "principe de haine et de désordre" ?
      Von Mises n'a-t-il pas sévèrement critiqué la progressivité de l'impôt en déclarant qu'il était un "mode exagéré d'expropriation" ?
      Dans le même ordre d'idée Hayek n'a-t-il pas exprimé que "la progressivité (de l'impôt) n'est rien de plus qu'une invitation ouverte à la discrimination" ?

      Les libéraux qui prétendent que pour relancer la croissance, la meilleure chose à faire serait de réduire le fardeau fiscal de tous les particuliers et des entreprises fait peu de cas du passé. Durant les Trente Glorieuse, aux Etats-Unis, le taux marginal de l’impôt sur le revenu atteignait 80% (voire 92% jusqu'en 1963) et le taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés un taux de 50%. La croissance économique ne semble pourtant pas en avoir pâti à l'époque.

      Ce qui achève d'invalider totalement l'approche libérale, et ruine sa propension à qualifier toute pensée contradictoire de pré-scientifique, le tout mâtiné d'une commisération bien mal-venue.

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    3. Pour être honnête, et ne pas accabler nos chers libéraux, il faut pouvoir dire que leur corpus idéologique a été manipulé par les tenants du Capital, au vue de servir exclusivement leurs intérêts de classe. Quand je dis exclusivement, ce n'est pas incompatible avec l'idée qu'un certain nombre appartenant à d'autres classes sociales aient pu en profiter, dans le temps et dans l'espace, indirectement.

      En revanche j'affirme ici que le discours libéral, théorisé par les Hayek, von Mises, Friedman et consors, a servi de justification en ce sens par la politique de défiscalisation, déréglementation, désétatisation qu'il promouvait. C'est à dire afin de pérenniser les structures objectives de domination.

      Ce qu'il faut retenir c'est que toute la théorie n'a pas été usitée de la même manière, seulement une partie qui fournissait l'assise intellectuelle nécessaire à cette pérennisation. Et en balayant allègrement au passage l'ensemble des contreparties (démocratiques, économiques et sociales) - viables ou non par ailleurs - que le corpus ne manquait pas effectivement d'associer.

      Le parallèle avec Keynes est sur ce point éclairant (notamment en ce qui concerne l'idée qu'il se faisait des déficits en période de crise et des excédents en période de croissance afin d'équilibrer les finances publiques) puisqu'elle aussi fut détournée de sons sens originel afin de servir les mêmes intérêts.

      En résumé et pour faire court: la non-prise en compte des rapports de domination au sein des structures productives se révèle, pour le courant de pensée libéral, dramatique !

      Car à la fois il lui a fait endosser - de manière objective - le rôle d'idiot utile du capitalisme mondialisé et des dérives morales qui lui sont, selon moi, consubstantielles (par les déséquilibres des structures macro-économiques qu'il engendre, des distorsions de concurrence qu'il implique, et des bouleversements de nos modèles politiques, sociaux et démocratiques qui en résulte) ; mais en cela, et chacun pourra le constater, il le décrédibilise durablement par devant l'opinion publique.

      Errare humanum est, perseverare diabolicum.

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    4. je ne peux conclure sans deux rapides objections concernant l'interprétation - votre interprétation - de la notion de Liberté :

      1/ Votre vision est manichéenne, dans la mesure qu'elle nie assez largement l'ambivalence au coeur de la nature des choses, et en premier lieu de celle liée, non pas spécifiquement d'ailleurs, à la nature humaine. Chacun (et chacune) est tour à tour en potentialité de se trouver prédateur puis proie, en fonction des aléas qui fluctuent, des conditions d'existence en continuelle évolution, et des rapports de force qui se renversent incessamment. Dans ces conditions je ne vois pas comment une société viable pourrait reposer sur l'idée de rapports exclusivement contractuels (ou transactionnels) basé uniquement sur l'individu.

      Surtout, et nous revenons à notre inévitable dialectique de l'histoire, lorsque ses partisans ont pour obsession de garder de l'Etat uniquement les institutions qui défendent leur "propriété": la justice, la police et l'armée (après tout ces institutions nécessitent aussi un gouvernement et des dépenses). Ce qui est pour le moins suspect de partisianisme, pour ne pas dire de sectarisme...

      2/ La notion de Liberté au sens où vous l'entendez fait preuve d'un parti pris éminemment philosophique. Et, en l'état, réduite à sa notion transcendante fort déraisonnable de "pure volonté", à opposer à l'idée spinoziste ancrée dans le réel de liberté qui serait contrainte par la nature des choses. Soit une illusion collective du libre-arbitre et qui ferait pourtant consensus.

      Il est kafkaïen pour ignorer encore que cette liberté que vous prêchez se révèle en pratique, dans le contexte précis mis en évidence précédemment, essentiellement la liberté du plus fort. Elle oppresse et spolie si manifestement ses contemporains que de ne pas le constater défie le sens commun. Elle ne s'oppose pas seulement à l'idée d'égalité, mais plus encore fondamentalement, à celle de justice.

      Et la liberté est un concept qui recouvre des acceptions plurielles, les libéraux n'en ont donc pas, et c'est fort heureux, le monopole exclusif :

      "Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le Maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit." (Lacordaire)

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    5. Merci pour ce grand moment de rigolade, votre prétention suffit à vous discréditer au moins autant que la vacuité de vos propos.

      Pour répondre rapidement et balayer votre arrogance, je commencerai par rappeler ceci: "il n'est point de vertu contrainte". Je n'ai jamais affirmé que les marchés étaient la solution parfaite et idéale à tous nos problèmes (même si on voit les merveilleux résultats de l'interventionnisme étatique ;-)), mais il est évident que l'on ne change pas la société par décret, il vous serait bien utile de le comprendre.

      Partant de là (et passons ici aussi outre vos lacunes en matière de compréhension du libéralisme), il convient de rappeler que les libéraux ne veulent pas "organiser" la société, apporter la croissance ou je ne sais quoi d'autre, il ne veulent que défendre la liberté de choix des individus, quand bien même ceux-ci choisiraient de s'aliéner volontairement à un système communiste décroissant. Personne ne parle de nier le collectif, au contraire il s'agit de choisir librement quel collectif et sous quelles conditions, ce qui est la liberté de choix la plus élémentaire qu'il convient de respecter à tout un chacun. L'individualisme n'est pas une défense de l’égoïsme ou de l'atomisation des groupes d'individus, mais au contraire la défense de l'égalité entre les individus.

      Pour ce qui est de vos considérations macro-économiques, le simple fait que la part de prélèvements obligatoires n'a jamais été aussi élevée qu'aujourd'hui (pour des "performances" d'utilisation de l'argent public toujours aussi désastreuses) suffit à ridiculiser votre approche anti-libérale: le peuple n' a jamais autant craché au bassinet fiscal qu'aujourd'hui, et tout le monde voit bien à quel point la situation est formidable. Pas besoin de m’appesantir là dessus, le jour où l'impôt sera légitime il n'y aura pas besoin de flics pour le collecter.

      Bref, je ne me fatiguerai pas à démonter vos argumetns utilitaristes un par un, cela a déjà été fait suffisamment de fois, je ne remarquerai que le plus important: votre conception du monde est celle d'un ingénieur névrosé qui croit manipuler les individus et leurs droits comme des pions dans une expérience, au mépris total de leur liberté de choix. Vous pouvez toujours argumenter sur des détails techniques, l'immoralité qui sous-tend l'expérimentation demeure, et donne tout son crédit à la défense de la liberté. Les humains sont libres de s'organiser comme il veulent (même de manière non optimale, tant pis pour eux), et en aucun cas on ne saurait justifier une main mise d'une poignée de décideurs politiques sur des transactions privées, c'est à dire une nouvelle forme de despotisme.

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    6. "il n'est point de vertu contrainte".

      Prouvez-le !

      Pensez-vous agir par pure volonté, croyez-vous votre libre arbitre non-contraint par des déterminismes et d'autres causalités sous-jacentes ? Sachez alors que vous vaqueriez dans la pensée magique des scolastiques. Il n'y a définitivement pas de création de pensée ex-nihilo, donc pas liberté au sens stricte, qui n'est en réalité qu'une illusion commode. C'est tout de même malheureux, soit dit en passant, de devoir le rappeler à des partisans du monétarisme...

      Spinoza va étayer un peu plus l'idée bien mieux que je ne le ferais moi-même :

      J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité.

      Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans son mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.

      Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent.

      Lettre à Schuller, LVIII, 1674

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    7. Vous avez le chic pour persister dans le hors sujet. À croire que vous êtes masochiste!
      Determinismes ou non, qui êtes vous pour nier à autrui sa liberté de choix ? Qu'un réel libre arbitre existe ou non, peu m'en chaux, un individu reste un être doué de volonté, au même titre que son voisin, et seuls les contrats volontaires entre eux peuvent avoir une quelconque valeur et une quelconque légitimité.
      Quel que soit le côté duquel vous abordez la question, la coercition est injustifiable, ce qui donne la encore tout son intérêt au libéralisme. C'est la le sens de mon accroche il n'est point de vertu contrainte puisquavec un flingue sur la tempe vous obtiendrez tout sauf un comportement volontaire. L'humanisme commence par faire confiance aux individus, l'étatisme fait linverse et cela suffit à le disqualifier.

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  9. @ Anonyme néolibéral

    Sur la banque libre :

    http://www.gaullistelibre.com/2011/12/la-banque-libre-un-delire-neoliberal.html

    http://www.gaullistelibre.com/2011/12/la-banque-libre-un-delire-neoliberal_29.html

    La monnaie n'est pas un bien comme un autre. C'est un bien collectif qui détermine de manière importante le fonctionnement de l'économie.

    Si on avait laissé les banques faire faillite après Lehman, l'ensemble du secteur bancaire mondial aurait fait faillite du fait de la libéralisation du secteur bancaire. Et nous serions rentré dans un scénario comparable à celui des années 1930. Le dogmatisme néolibéral avait envoyé 25% des Etats-Unis au chômage, avant que des remèdes inspirés de Keynes ne permettent de redresser la situation.

    Le public peut faire de bons choix (Airbus, Ariane...) comme de mauvais (Crédit Lyonnais...). Mais cela est aussi vrai du privé (Lehman, Alcatel, Enron...). Il est complètement absurde de partir du principe que le privé prend systématiquement de meilleures décisions que le public. Regardez la situation de l'éducation supérieure et de la santé aux Etats-Unis.

    @ Julien

    Je suis bien d'accord.

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    1. Merci M. Pinsolle de votre réponse, hautement instructive sur votre déconnexion relative d'avec la réalité, et surtout votre méconnaissance de certains faits. J'aimerais susciter le débat avec vous sur quelques points, je pense que vous pouvez être ouvert à ces éléments. En substance :

      1/ Le "néolibéralisme", s'il est à rapporter à un courant de pensée, ça serait celui de Milton Friedman, c'est à dire un monétariste, donc un partisan de l'action des banques centrales... a l'opposé du free banking. Si vous voulez critiquer le libéralisme (amusez vous ^^), alors ne le confondez pas avec le "néolibéralisme" (et je ne parle même pas de la stupidité gauchiste qu'est l'ultra-libéralisme).
      Je ne défend pas le free banking parce que ça marche mieux (même si les expériences de free banking se sont bien passées), mais tout simplement parce qu'il n'y a pas de raison pour interdire à une banque d'émettre sa propre monnaie si ça lui chante et si ses clients l'acceptent. C'est là encore une question de droit: qui êtes vous pour m'interdire d'échanger des bout de papier avec mon voisin ? De quel droit divin vous viendrait une telle prérogative paternaliste ? L'Etat est au service de la liberté des citoyens, pas l'inverse, et un tel autoritarisme me parait injustifiable.

      2/ Je suis libéral classique, pas "néo-libéral". Je défend la liberté, pas des théories fumeuses qui supposent que l'on puisse prévoir l'avenir ou mettre l'économie en équations. L'Etat a un rôle à jouer (pourquoi pas dans l'anti-trust également !), mais ce n'est certainement pas celui de planificateur central. Je pense qu'on pourra être d'accord là-dessus.

      3/ Libéralisation du secteur bancaire ? On croit rêver ! L'Etat a le monopole de la création monétaire, distribue les licences bancaires, fixe les taux d'intérêt, définit les fonds propres, juge les produits. Où est le marché dans ce système? Vous ne faites pas sérieux là, le secteur bancaire est un des moins libres qui soit ! (à l'opposé, trouvez moi une crise sur le marché à peu près libre des poêles à frire ou des plantes en pots, et on reparle inefficience des marchés ;-)). Les banques ont depuis des lustres la caution implicite de tous les gouvernements pour prendre tous les risques sans jamais en supporter les conséquences, et vous vous étonnez d'une crise de solvabilité ? Quand on traite les gens comme des gamins irresponsables, faut pas s'étonner qu'ils se comportent comme tels. Les gouvernements, par une politique expansionniste du crédit, ont poussé tous le système à l'endettement irraisonné, et aujourd'hui ça serait l'Etat le sauveur ? Mais LOL ! Pompier, pyromane, tout ça. Entendons nous bien, les crises existeront toujours, l’irrationalité des marchés débouchera toujours sur des cycles économiques (kondratieff, etc), mais ce sont des phénomènes tout à fait normaux contre lesquels l'épargne permet de se protéger. Ce qui est grave, c'est que sous prétexte d'une futile quête du "risque zéro" (qui n'existera jamais) de la part des politicards clientélistes on laisse l'interventionnisme des banques centrales causer des mauvaises allocation de capital et ainsi dramatiquement accentuer ces cycles économiques, transformant des ralentissements en récessions. C'est bien l'Etat et la FED qui sont à la racine de la crise de 2008, pas les banques, on ne se lassera jamais de la rappeler.

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    2. Je me permets d'intervenir : vous avez absolument raison lorsque vous pointez du doigt la responsabilité de la FED lors de l'explosion du crédit hypothécaire aux Etats-Unis, explosion précédée d'une politique de taux plancher les années auparavant favorisant la bulle.

      Malheureusement pour votre démonstration vous avez tord en assimilant la FED à un organisme public ou à l'Etat. En effet la FED est statutairement de droit privé, indépendante et financièrement et du pouvoir politique, dont les actionnaires sont, en dernière instance, constitués par un conglomérat de banques privées dites fondatrices, à travers les parts (et donc la nécessaire influence) qu'elles détiennent au sein des banques régionales. Ce fait évidemment ruine votre postulat.

      « La liberté dans une démocratie n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’état démocratique lui-même. Ce qui, fondamentalement, est le fascisme. » Franklin D. Roosevelt, Avril 1938.

      D'autre, et c'est fondamental, vous nierez sans doute que la crise dite des subprime est non une cause, mais une conséquence d'une situation macro-économique pervertie qui lui préexistait.

      Certes sont responsables nos politiques, mais aussi et surtout dans la mesure où ils ont soutenu, ou se sont soumis, à une idéologie libérale qui pousse de manière doctrinale à une baisse inconsidérée des impôts et alimente un peu peu une spirale malsaine (économiquement s'entend) déflationniste sur les revenus du travail, et donc le pouvoir d'achat. Ce dernier ne pouvant plus qu'être compensé afin de maintenir un semblant de consommation - et donc de croissance (pour partie virtuelle) - par une augmentation toujours plus déraisonnable de l'endettement des entreprises et des ménages. Nous récoltons à présent les dividendes, si j'ose dire, de ce cercle vertueux.

      Ils sont responsable, de nouveau, dans la mesure où ils ont soutenu, ou se sont soumis, à un processus libre-échangiste parfaitement délétère puisqu'à l'origine de la modification, du bouleversement devrait-on dire, des termes du rapport de force capital/travail, et de la remise en cause d'un consensus historique entre ces derniers. En jouant notamment sur le curseur de la répartition des richesses produites (perte de près de 10 points de PIB en France, au cours des années 80, en défaveur de la rémunération du travail), à la fois par le chantage à l'évasion fiscale désormais opéré par le capital et rendu possible par une totale liberté d'établissement des capitaux, et par un découplage entre croissance de la productivité et des salaires, observable - de manière irréfutable - à partir de 1978/79 en Occident.

      Le libre-échange, en permettant une mise en concurrence des travailleurs appartenant à des sphères économiques totalement hétérogènes par l'abandon de protections douanières aux frontières, a crée les conditions de déséquilibres macro-économiques entraînant eux-mêmes une compression de la masse salariale - une déflation donc - au sein des pays occidentaux.

      En conséquence de quoi nous ne pouvions plus qu'assister à un phénomène bien connu et prévisible de suraccumulation du capital et l'instauration d'une économie de rentes favorisés grandement par une politique de baisse des impôts. Suraccumulation qui n'a pu engendrer à terme qu'une surproduction par le jeu d'un surinvestissement en provenance des pays émergents, et d'une sous-consommation chronique des nations développées, c'est à dire d'une insuffisance structurelle de la demande. L'octroi massif de crédit venant ici comme substitut palliatif avec les conséquences que nous connaissons désormais sur la création de bulle inflationniste.

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    3. La crise des subprimes est la conséquence logique d'une politique publique expansionniste du crédit initié par le gouvernement clinton et relayée les banques, trop contentes de pouvoir aligner les crédits en étant certaines d'êtres renflouées le jour ou tout l'édifice se casserait les dents. Ce n'est un secret pour personne.

      Le libéralisme ne se bat pas contre l'Etat mais pour la liberté. Et il se trouve que la FED, aussi privée soit-elle, est le bras armée d'une oligarchie privée en collusion directe avec l'Etat qui vise à inonder le marché de liquidité dans un seul but: détruire le dollar (-96% de valeur depuis 1913, ça marche bien), sachant que seule une minorité de gens bien introduits ont la possibilité de profiter de cette dévaluation à leur avantage. Et, comme par hasard, la majorité des 7 trilliards de dollars de liquidité ont servi à inflater des actifs à l'immense majorité détenus par une poignée de milliardaires. L'entrepreneur de base, lui, se retrouve avec les impôts, des réglementations soviétiques qui l'empêche de gagner sa vie honnêtement, et la vindicte populaire sur le dos alors que c'est lui qui maintient encore l'édifice. Les politiques ont réussi leur pari: foutre la merde et mettre la faute sur le dos des méchants patrons.

      Ensuite, arrêtez avec votre marotte sur les baisses d'impôts: les prélèvements n'ont jamais été aussi élevés qu'aujourd'hui. Non seulement c'est du vol, mais en plus l'innovation aidant il n'y a aucune raison pour qu'ils ne baissent pas dans le temps: seule la jalousie de son prochain et l'égalitarisme purement idéologique peut justifier une hausse des impôts, et ce point là ne fait pas débat. Ensuite, le rapport capital/travail est relativement stable depuis 50 ans, prendre 1980 comme année de référence étant particulièrement de mauvaise fois puisque cela correspond à un pic local de rémunération du travail. La baisse effective du pouvoir d'achat des gens n'est pas imputable au capitalisme, mais bien aux politiques monétaires inflationnistes keynésiennes menées depuis 30 ans par les banques centrales au seul profit des "crony capitalists" alliés objectifs de l'Etat.

      Enfin, je l'ai déjà fait remarquer et vous semblez ne pas le voir, mais c'est précisément une crise de sous-investissement et de manque d'épargne dont souffre l'occident, cf les sources données plus haut. C'est parce que l'ont a le crédit trop facile que l'épargne vient à manquer, et le capital productif avec. Il va falloir sérieusement revoir votre diagnostic, la doxa keynésienne vous a aveuglé et vous vous trompez entièrement sur ce point

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    4. @ Anonyme néolibéral

      Je maintiens le terme néolibéral car il me semble très bien vous convenir. Libéral ultra ou néo, opposé à toute contrainte étatique par opposition aux libéraux humanistes et pragmatiques. Je ne pensais pas à MF pour le néolibéralisme, mais plus aux gens comme vous. Le free banking est une absurdité qui aboutit à des crises énormes, et dont les fondements théoriques relèvent au mieux des contes pour enfants, comme je l'ai développé dans mes papiers.

      Je suis néanmoins d'accord sur le problème de responsabilité que posent les renflouements des banques. Il faut créer un système où cela ne serait pas nécessaire (d'où mon intérêt pour les théories du 100% monnaie) car cela créé un aléa moral inacceptable. D'accord également pour dire que l'action des banques centrales a été défaillante étant donnés certains excès des banques privées.

      Car il y a aussi une forte part de responsabilité dans les marchés et les banques privées (dont l'action a été libérée depuis une trentaine d'années). Quand les banques privées créent toutes sortes de prêts moins clairs les uns que les autres pour les emprunteurs immobiliers US, quand elles titrisent ou prennent des CDS pour s'assurer contre le risque de défaut (ce qui leur permet théoriquement d'empocher la prime de risque en se défaisant du risque), cela illustre le manque de réglementation. Idem sur l'utilisation délirante de l'effet de levier.

      Enfin, n'oubliez pas que dans une période de plus forte réglementation (après la Grande Dépression et la guerre), pas de crise financière grave. Depuis, on a libéralisé (pas totalement bien sûr), et de plus en plus de crises, de plus en plus graves.

      Sur les entreprises, voir. Je pense que les petites entreprises ne sont pas forcément bien traitées, mais que les grandes multinationales jouent avec les règles pour leur plus grand bénéfice. En revanche, au global, la part des profits des entreprises dans le PIB est très élevée (pic historique au USA en 2012, nettement plus haut qu'en 2007).

      Les impôts sont élevés en proportion du PIB dans les pays dits développés car il n'y a pas de croissance, que la hausse du chômage provoque des coûts. Mais les plus riches paient de moins en moins d'impôts.

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    5. @ Laurent

      "Je suis néanmoins d'accord sur le problème de responsabilité que posent les renflouements des banques. Il faut créer un système où cela ne serait pas nécessaire (d'où mon intérêt pour les théories du 100% monnaie) car cela créé un aléa moral inacceptable."

      Une solution simple serait que le refinancement direct par la Banque Centrale se fasse par émission d'actions. Le risque de faillite disparaîtrait mais pas celui de perte du capital... La séparation stricte des activités de gestion des dépôts et d'intervention sur les marchés permettrait par ailleurs de laisser sereinement faire faillite les banques qui auraient pris des risques démesurés.

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  10. Tout cela a été écrit moult fois et vu a la télé est ce que quelqu'un peut écrire original ?
    ou non ?

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  11. @ Anonyme ultra libéral (!)

    "qui êtes vous pour m'interdire d'échanger des bout de papier avec mon voisin ? "

    rassurez-vous, personne ne vous l'interdit ; essayez. Et revenez nous dire si vous avez réussi à créer une nouvelle monnaie...

    @ Patrice

    Ce discours ultralibéral se déroule avec constance depuis au moins deux siècles. Son formatage et sa virulence dénote son caractère sectaire, finalement assez similaire au discours des sectes gauchistes. Que dire d'autre ? Le free banking suppose l'étalon or, c'est-à-dire remplacer le contrôle institutionnel par ces aléas de la production d'un métal précieux; Où est la liberté là-dedans ? Si la dynamique de la production ne produit plus la monnaie, c'est la déflation qui devra ajuster les revenus ou la production à la pénurie de numéraire : on retrouve exactement la croyance monétariste qu'un tel ajustement serait possible sans sacrifier le progrès économique. Notre visiteur ultralibéral nous présente finalement une version exacerbée de la pensée néolibérale version Merkel qu'on nous inflige en remplaçant l'étalon or par l'euro.

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    1. Ultra-libéral ça n'existe pas, laissez ce genre de néologisme débile aux sectes gauchistes justement.

      Si, créer sa propre monnaie est interdit, regardez l'exemple du Liberty Dollar aux USA. La pègre étatique n'aime pas la concurrence, je ne vous l'apprends pas. Aujourd'hui j'ai bon espoir qu'une monnaie dématérialisée (type BitCoin) puisse remplir ce rôle, empêchant ainsi toute banque de risquer l'argent de ses clients, et bien entendu empêchant tout gouvernement de taxer quoi que ce soit. La fin de la spoliation est proche !

      Quant au free banking, il ne suppose pas forcément l'étalon or, ce dernier étant bien trop rigide pour s'adapter aux variations locales de productivité. Laissez les monnaies se concurrencer, et celle qui sera la plus stable finira par l'emporter. Ce qui importe surtout c'est d'empêcher les banques centrales de détruire la monnaie en rachetant des bons du trésor, c'est à dire en cautionnant les gaspillages publics à l'infini. Si on arrive à ça ça sera déjà pas mal. Reste encore à réduire la dépense publique au minimum, mais c'est une autre histoire.

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    2. Le free banking, ce serait une économie encore plus instable avec la privatisation totale de la création monétaire au profit des banques...

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    3. je pense qu'en économie tout a été dit et qu'aucune des théories n'a fonctionné ; nous le lisons ici nous tournons en rond ; c'est donc une erreur de s'accrocher a cela si nous voulons progresser il faut s'appuyer sur autre chose .
      A voir !

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  12. @ anonyme libéral intégriste

    Je vous qualifiait d'ultralibéral pour vous distinguer des néolibéraux qui, en effet, ne s’embarrassent guère de théorie pour pratique la collusion entre grandes entreprises et État. Leur libéralisme n'a guère de contenu théorique spécifique, c'est juste un habillage de la prédation. Le vôtre, comme tous les discours dogmatiques, oppose la corruption du réel à la pureté de la doctrine. Mais je reconnais après réflexion que "libéral intégriste" serait plus juste qu'"ultralibéral"...

    "celle qui sera la plus stable finira par l'emporter"
    La monnaie la plus désirable n'est pas la plus stable, mais celle qui prend toute seule de la valeur, et qu'on thésaurise plutôt qu'investir...

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