vendredi 22 mars 2013

La Suisse et l’Europe s’attaquent (un peu) aux très hauts salaires


On peut juger que cela n’est pas assez, mais l’envolée des inégalités a fini par faire réagir les politiques. Alors qu’on attend toujours le second projet de la taxe à 75%, la Suisse et le Parlement Européen viennent de voter des initiatives visant à réduire certains excès.

Les Suisses contre les rémunérations excessives



Le 3 mars, près d’un Suisse sur deux a voté pour lors d’un référendum proposant une réglementation des rémunérations excessives. 68% des électeurs helvétiques s’y sont déclarés favorables dans tous les cantons de la confédération, ce qui impose au gouvernement, qui y était défavorable, de mettre en place une loi d’ici un an. Le scandale provoqué par le parachute doré du patron de Novartis (la bagatelle de 72 millions de francs suisses !) explique en partie ce résultat.

Le texte comportait plusieurs mesures : l’obligation d’un vote des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants des entreprises, une limitation de la durée du mandat des membres du conseil d’administration à un an, l’interdiction des parachutes dorés, des bonus d’accueil, ainsi que des primes pour les achats d’entreprises, comme le rapporte l’Expansion. Certains proposent d’aller plus loin : les jeunes socialistes demandent à limiter les salaires à douze fois le salaire minimum.

Ce texte a été soutenu par la gauche de la gauche mais aussi par la droite dite populiste, comme l’explique cette tribune publiée dans Marianne. Bref, alors que Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé et pas fait grand chose (à part quelques règles étalant les bonus) et que François Hollande s’est emmélé les pinceaux avec son projet de tranche d’imposition à 75% pour les revenus au-delà d’un million d’euros par an, cela montre que même un pays qui vit de l’argent des multinationales peut chercher à mettre fin aux pratiques les plus extravagantes de rémunérations, sous la pression populaire.

Le dérisoire progrès voté au Parlement Européen

Mais la Suisse n’est pas la seule à vouloir mettre des limites aux rémunérations excessives. Le Parlement Européen s’est également emparé du dossier. Néanmoins, cette assemblée n’est guère révolutionnaire et les propositions faites par les euro députés sont beaucoup moins radicales que celles acceptées par les électeurs suisses. Malgré tout, The Economist mène une campagne féroce contre le texte préparé par le Parlement et qui est encore en cours de négociation.

Le projet consiste à limiter le montant des bonus au niveau de la rémunération fixe (ou au double avec l’accord de 75% des actionnaires). Le très libéral hebdomadaire britannique souligne que des bonus trop importants deviennent rapidement asymétriques car ils incitent à des comportements risqués pour les toucher, sachant qu’il n’y a pas de pertes dans le cas inverse. Mais, pour lui, cela risque surtout de pousser les rémunérations à la hausse et de limiter la flexibilité des banques.



Il souligne ainsi que les bonus sont passés de 11,6 milliards de livres au titre de 2007 à 1,6 milliards pour 2012. Londres n’est pas parvenu à s’y opposer, malgré le soutien de la Commission Européenne. The Economist a calculé que pour maintenir le salaire global des traders stars de la City, cela imposerait de doubler ou quadrupler leur rémunération fixe, comme le montre ce graphique. Mais cet argument amène surtout à se demander pourquoi les traders gagnent plusieurs millions.

Si ces initiatives vont dans le bon sens, elles n’en demeurent pas moins extrêmement limitées puisqu’elles n’influent le montant global de la rémunération et la nécessaire réduction des inégalités. Et la France ne semble pas plus inspirée. Bref, Joseph Stiglitz a encore du travail à faire sur ce sujet

3 commentaires:

  1. Il semble que la crise de l'euro n'attende pas 2017 pour être terminale. De deux choses l'une soit Chypre capitule dans sa guerre monétaire avec la BCE mais crise politique à l'islandaise soit Chypre sort ou est expulsée de la zone euro et cela crée un précédent avec le risque de domino sur les autres pays en crise, la Grèce notamment! Ou encore un accord bâtard pour gagner du temps! Un replâtrage!

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  2. L'homme occidental va mourir parce qu'il s'est accroché à un coffre fort qui tombe a l'eau.

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