lundi 30 juin 2014

Coupe du Monde, le football au service du néolibéralisme (billet invité)


Billet invité d’Enfant de la Patrie

Depuis maintenant plus de deux semaines, la terre semble vibrer aux matchs de la coupe du monde du Brésil. Chaque JT à sa rubrique dédiée. Les spectateurs répondent présents, avec des records d'audience. Pas moins d'un milliard de personnes ont regardé la cérémonie d'ouverture. Mais, derrière cette compétition prestigieuse, on retrouve les dérives du néolibéralisme mondialisé actuel. L'argent y règne en maître, autorisant tous les excès. L'évènement sportif, devenant une vitrine idyllique, masquant des réalités économiques et humaines bien différentes.


L'inégale répartition des richesses créées

Impossible de regarder un match, sans être agressé constamment, par un flot continuel de logo, de nom de marque. Derrière, des multinationales qui payent des millions d'euros en contrat publicitaire, les joueurs dont nous aimons apprécier les passements de jambes et autres ailes-de-pigeon. Mais, au final, les pigeons c'est nous, et plus encore, les confectionneurs de ces produits dérivés. Travaillant à des conditions humainement inimaginables, et socialement déplorables. Payés une misère, ces salariés n'auront jamais les moyens de posséder les produits qu'ils fabriquent, réservés aux pays développés. Pourtant, les consommateurs ne profiteront en aucun cas de ce moins-disant sociale, mais en subissent les conséquences néfastes en matière d'emploi que cela implique ; un chômage de masse durable.

L'agent, lui est englouti dans les salaires des principaux acteurs du foot mondial, qui joue les effigies de marque. Là encore, une répartition inégale des richesses, entre joueurs issus des grands clubs européens, et ceux, plus modestes d'Amérique latin ou d'Afrique, comme nos adversaires Honduriens, lors de la première rencontrent en poule. L’ancienne star britannique, David Beckham, a ainsi perçu 33 millions d’euros de contrat publicitaire pour la saison 2012-2013. Les multinationales du sport n'oublient pas leur part du gâteau, engendrant des profits mirobolants. Ainsi, Adidas – marque qui a notamment délocalisé sa production de Chine au Laos ou au Pakistan, pour cause d’augmentation des coûts salariauxa vu son chiffre d'affaires progresser de 16 %, soit 11.99 milliards d’euros, l'année de la précédente coupe du monde, en Afrique du Sud.

Combien sur les 80€ d'un maillot de supporter, reviennent aux travailleurs, ou même, sont réinvesti dans l'amélioration des outils de production ? Quel montant sont dédiés aux efforts marketing et de communication démesurés des marques ? Et surtout, quel part sera par la suite redistribué sous forme de dividendes aux actionnaires ?


Travailleuses pakistanaises, confectionnant le ballon officiel de la coupe du monde, du fabricant Adidas. Leurs coûts salariaux extrêmement bas – inférieur à la Chine – en font des salariés compétitifs.

De puissantes institutions, aux activités opaques

Au-delà même des acteurs qui profitent de ce marché, les institutions ne sont guère plus louables. Le président de l'UEFA, représentant le football européen – l'intouchable Michel Platini – demandait au Brésilien de « se clamer ». Comme si les contestations sociales n'avaient pas leur place dans l'antre du football mondial, qui pourtant laisse la part belle aux enjeux commerciaux et économiques démesurés. Des milliards sont dépensés dans la construction de stades, alors même, que des infrastructures nécessaires aux besoins des populations manquent. De plus, les inégalités perdurent, dans un pays qui connaît une croissance régulière et soutenue, dont les richesses peinent à être redistribuées. L’écart de richesse pour la ville de Sao Paolo – capital économique du Brésil – est de 1 à 100. La Commission économique pour l'Amérique latine estimait en 2013, que 37% de la population pouvait être considéré comme pauvre.

Pendant ce temps, les soupçons de corruption concernant l'attribution de la coupe du monde au Qatar pour 2022 perdurent, laissé sans réponse, passée sous silence. Le même silence dans lequel sont morts des travailleurs, sur les chantiers des futurs stades climatisés, implantés dans ce milieu désertique du golfe Persique. L'enquête de The Guardian, en septembre 2013, nous apprenait que certains travailleurs n'étaient pas payés, ou que leurs passeports furent confisqués, dans l'objectif de les retenir contre leur gré. À cela, s'ajoutent des conditions de travail déplorables, notamment dû aux chaleurs insoutenables. Cet élément météorologique a d'ailleurs interrogé, notamment sur les effets qu’elles pourraient avoir sur les joueurs. Mais, peu se sont outré des conséquences physiques, que cela engendrerait, sur les bâtisseurs des stades, devant supporter des heures durant, ces conditions climatiques difficiles.

On pourrait encore s'étendre, sur les différentes dérives qui gangrènent la petite sphère du foot business, les budgets colossaux des clubs qui cachent en réalité des dettes abyssales, sans oublier les scandales des matchs truqués, ou encore, les différents fonds d’investissements, qui n'hésitent plus à acheter des joueurs, en guise de produits financiers.

Le foot, une belle vitrine du néolibéralisme mondialisé, au profit de quelques-uns, quand la majorité est oubliée. L'argent a pris le pas sur l'esprit du sport, la culture de la gagne, dans le respect de son adversaire. Si on ne devait porter qu'un rêve, ou même un espoir pour le football mondial, se serait celui du réalisme et du partage, tant sur le terrain, que dans les affaires qui le gouvernent.

1 commentaire:

  1. Avant, c'était du pain et des jeux...

    Maintenant, ils continuent avec les jeux mais retirent le pain, avec l'austérité néolibérale. Et ça marche, tant notre société est dégénérée par ce que Philippe Muray appelait la festivocratie. On a ce soir une belle démonstration d'abrutissement des masses dans nos rues.

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