jeudi 9 mars 2017

Qui est M. Emmanuel Macron… (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Il ne m’est gère courant de reproduire dans son intégralité un article provenant d’une autre source, mais celui qui suit paraît tellement bien illustrer la personnalité qui se cache derrière le sourire du sieur Macron qu’il m’a semblé indispensable de le transmettre dans son intégralité.

En préambule et pour tous ceux qui nourrissent encore une admiration béate pour ce candidat prétendu « révolutionnaire », on rappellera que :
-        M. Macron refuse toujours de dévoiler l’origine du financement de sa campagne électorale (comment sont payés tous ces meetings qui coûtent chacun des dizaines de milliers d’euros ?) alors même que, tout comme la situation de son patrimoine personnel[i],  ses liens avec les milieux financiers posent question[ii] et que l’on est également à même de s’interroger sur ce qui l’unit à M. Patrick Drahi sachant qu’en tant que ministre des finances il a eu un rôle avéré dans la vente de SFR au consortium de M. Drahi et que BFM TV – propriété de M. Drahi – semble ostensiblement faire campagne en sa faveur[iii].
-        Tout ce qui semble, pour l’instant, découler du programme de M. Macron semble être de grands principes d’ubérisation et de précarisation accélérés du monde du travail ;
-        M. Macron nie l’existence même de la culture française[iv] et accuse, depuis l’étranger, son propre pays de crime contre l’humanité en instrumentalisant l’histoire[v] ;
-        M. Macron se présente comme une personnalité « hors-système » alors même qu’il est sorti de l’ENA, a été inspecteur des finances, a gagné plusieurs millions d’euros avec la banque Rothschild,  s’est fait adouber en politique[vi] par M. Hollande et M. Attali, a été secrétaire général de l’Elysée[vii] avec ce même M. Hollande (et en a profité pour s’exercer au lobbying du grand patronat[viii]) puis ministre de l’économie (avec le succès que l’on connaît[ix] : combien de chômeurs aujourd’hui ? combien de boîtes de bus en faillite[x] ? qu’est devenu Alstom ?) ;
-        M. Macron, ce candidat de « gôche », affiche un mépris de classe proprement hallucinant (n’est pas les Bretons « illettrés » et les Chtis « alcooliques » ?)[xi] ;
Bonne lecture !
Comment Macron m’a séduit puis trahi
 par Adrien de Tricornot, journaliste au « Monde », spécialiste des questions économiques et financières. En 2010, lors de la recapitalisation du « Monde », Adrien de Tricornot est vice-président de la Société des rédacteurs du Monde. Il en deviendra le président de 2011 à 2012.
En 2010, le journal Le Monde est au bord de la faillite et Emmanuel Macron propose son aide « bénévole » aux journalistes. Mais le banquier d’affaires roulait en fait pour un des groupes qui voulait racheter le journal…
Je suis Adrien de Tricornot, je suis journaliste au Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés financières et j’étais vice-président de la Société des Rédacteurs du Monde.
Nous les journalistes, au travers de la Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux actionnaires du groupe*. Nous savions que nous allions devoir faire appel à de nouveaux investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous allions perdre le contrôle actionnarial du journal. Il fallait nous entourer de spécialistes : avocats, banquiers d’affaires.
Macron, jeune banquier d’affaires, propose de nous aider
C’est à ce moment là qu’Emmanuel Macron, jeune banquier chez Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il est prêt à nous aider « pro bono ».
Emmanuel Macron se présente à nous comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens, membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse, ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc prêt à nous aider bénévolement.
Et Emmanuel, puisque c’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un conseiller important pour nous. On allait le voir le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis ou dans des cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait formidable, super brillant…
J’aperçois Macron avec Alain Minc…
Le 2 septembre 2010 après-midi, on se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.
Le 3 septembre au matin, nous avions une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats au rachat de notre journal.
… Macron disparaît et part se cacher
Après notre rendez-vous, nous discutons quelques minutes entre nous avec Gilles Van Kote, président de la Société des rédacteurs du Monde, notre avocat et sa collaboratrice, en bas de l’immeuble. Je vois la porte de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort autour d’Alain Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également ; il échange quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de la porte, puis Macron disparaît derrière la porte cochère et ne sort pas.
Là je dis à mes collègues : « vous n’allez pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis me disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est pas possible.
La partie de cache-cache commence
Je décide d’aller voir si Macron est toujours derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne derrière la porte, personne dans la cour.
Je reviens sans l’avoir trouvé. Mais avant que nous séparions, je décide de faire une autre tentative, et je demande aux autres de m’attendre.
Je monte à l’étage et je sonne au bureau de Minc, mais tout le monde est parti manger. Et je me dis, tiens, si j’allais monter voir aux autres étages.
J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à se cacher. Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché.
Je retrouve Emmanuel au dernier étage
Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié » au moment où il m’avait vu !
Il avait bloqué la porte de l’ascenseur, et je ne sais pas si c’est lui qui m’avait appelé en masqué pour savoir si c’était moi qui montait les marches. On s’appelait beaucoup à l’époque, mais pas en appel caché ! Ceci dit, c’est peut-être juste un hasard.
Surtout, étrangement, quand j’arrive sur le palier du dernier étage, Macron regarde ses pieds et a son portable à l’oreille et fait comme s’il ne me voyait pas. Et précisément au moment où j’arrive sur le seuil du dernier étage, j’entends « Oui allô c’est Emmanuel… » : Il se met à démarrer une conversation au téléphone. Pile au moment où j’arrive. Je ne sais pas s’il y avait vraiment quelqu’un à l’autre bout du téléphone…
Et moi je vois ce type juste devant moi, qui fait comme si je n’étais pas là. Je suis totalement sidéré. Je pourrais être en colère de la trahison, car on voit bien qu’il a essayé de nous cacher quelque chose, mais je suis assez content de l’avoir trouvé !
Je me rapproche à quelques centimètres de lui, mais toujours rien… il continue à « parler » au téléphone. Je lui tends la main et lui dis : « Bonjour Emmanuel. Tu ne nous dis plus bonjour ? Mes autres collègues t’attendent en bas ». J’ai senti à ce moment l’angoisse en lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à l’heure.
Je lui demande ce qu’il fait là. Il me répond :
« – J’attends des clients »
« – Tu attends des clients, comme ça, sur le pas de la porte ? Pourquoi tu ne rentres pas ? »
« – Bah, parce qu’en fait on nous prête des locaux ici, mais j’ai pas encore la clé… »
« – En tout cas mes collègues t’attendent en bas, ça serait bien que tu descendes leur dire bonjour »
« – Non je ne peux pas, j’attends des clients… »
Finalement, je lui force la main pour qu’il descende dire bonjour à mes collègues. Macron retrouve petit à petit son aplomb, pendant qu’on redescend au rez-de-chaussée.
« Tant pis pour l’humanité »
Je repasse la porte d’entrée de l’immeuble, cette fois avec Macron. Là, mes amis, goguenards, s’attendaient à me voir revenir bredouille. Ils passent de l’état goguenard à celui de la sidération. Parce qu’effectivement Macron était bien là !
Macron discute quelques instants avec notre petit groupe. Parmi mes collègues, notre avocat d’affaires, qui est assez rompu aux négociations d’affaires, sait que dans ce domaine tout est permis, mais était sidéré. Et Gilles Van Kote [à l’époque président de la société des rédacteurs du Monde, puis directeur du journal de 2014 à 2015], qui était aussi présent ce jour-là, m’avait dit un jour :
« On a été trahis par tellement de gens que si même Emmanuel nous trahit, c’est à désespérer de l’humanité. »
Quelques minutes plus tard après être parti, Gilles Van Kote m’envoie ce texto :
« Tant pis pour l’humanité. »
Je pense que Macron a été se cacher parce qu’il a été surpris. Le fait qu’il soit surpris avec Alain Minc est une sorte d’aveux qu’il a des relations qui ne sont pas connues de nous avec lui. Or Macron est notre conseiller. Il a le droit de rencontrer Minc, soit pour des dossiers qui ne nous concernent pas et où il ne parle pas de nous. Mais s’il parle de notre dossier, il doit nous en rendre compte.
Cela signifie que, pendant la négociation, Macron avait déjà eu des relations avec Minc, sans nous le dire. Or Minc était le soutien d’une offre qui nous paraissait particulièrement dangereuse, celle de Prisa !
Plus tard, d’autres éléments ont conforté ces très forts soupçons. Dans le livre de Marc Endeweld, L’Ambigu Monsieur Macron, j’ai appris qu’un courrier que nous avions nous-mêmes [la Société des rédacteurs du Monde] adressé à Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse pour demander un délai de 15 jours supplémentaires de négociations avec les différents repreneurs potentiels, avait en fait été rédigé à l’origine par Alain Minc Conseil, la société de Minc. Or, c’est Emmanuel Macron qui nous avait transmis la trame de ce courrier !
Et d’ailleurs, quand Macron propose de repousser le délai de remise des offres de 15 jours supplémentaires, cela permettait à Prisa de rester encore dans le jeu ! Et ensuite, Macron nous a même poussés à ne pas rentrer en négociations exclusives avec Niel-Bergé-Pigasse lors d’une réunion d’information avec les journalistes du Monde où nous l’avions invité, et où sa position a été très mal reçue, compte-tenu du risque qu’il nous conseillait curieusement de courir dans notre situation délicate, puisque nous risquions alors d’être placés sous mandataire de justice par le Tribunal de commerce…
Encore une autre preuve du double jeu de Macron…
En fait Macron roulait pour lui-même
Je pense qu’en cours de route, Macron, en se présentant comme conseil de l’actionnaire majoritaire, a obtenu une certaine visibilité dans Paris, la possibilité de discuter avec des gens… Et puis, il a vu arriver dans la négociation des gens avec qui il était rival, comme le banquier d’affaires Mathieu Pigasse de la banque Lazard.
Et au final, j’ai l’impression que Macron roulait pour lui-même.
C’est d’autant plus choquant qu’il prétendait rouler pour une cause d’intérêt général. Nous étions pour notre part, élus, bénévoles, et on n’a rien retiré de cette opération qui visait à sauvegarder un groupe de médias indépendants !
Je n’ai plus eu de contacts avec Emmanuel Macron depuis ce jour, sauf à un prix du livre d’économie, quelques années plus tard.
Je crois être la seule personne à avoir joué à cache-cache avec un candidat à l’élection présidentielle… et à l’avoir trouvé !
* Au sein du « Pôle d’indépendance », qui était l’actionnaire majoritaire, il y avait la Société des Rédacteurs du 


[iii] Lire Mais pourquoi Macron est-il si soutenu par BFM TV?, entreprise.news, 17 novembre 2016.
[iv] Lire Emmanuel Macron et le reniement de la culture française, Yves Jégo, Figarovox, 06-févr.-17 ;
Voir aussi :
République et multiculturalisme, 7 Juin 2016 , L'oeil de Brutus ;
Le multiculturalisme ou la fin du citoyen, 29 octobre 2012, l’œil de Brutus.
[v] Emmanuel Macron et la colonisation, Jacques Sapir, Russeurope, 20/02/2017.
[vii] Dis-moi qui te conseille..., Laurent Mauduit, Marianne, 27-oct.-12
[viii] Cf. Les lobbies ont table ouverte à l’Elysée, Lundi 29 Juillet 2013, Emmanuel Levy – Marianne
[ix] Macron, un bilan calamiteux, Julien Barlan, La Tribune, 12-sept.-16.

2 commentaires:

  1. Bref, un ego qui rassemble des égos pour travailler pour des égos de la finance! Pauvre France!

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  2. Lien vers streetpress très révélateur en effet : http://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde

    Le lien vers cet interview de François Henrot, directeur à la Banque Rothschild, vient compléter le propos, il est d'ailleurs un peu léger sur la comm le François, il va se faire taper sur le doigt : https://www.youtube.com/watch?v=j6JXHXmsdVU

    Allez, une petite vidéo de l"UPR pour se faire plaisir :
    https://www.youtube.com/watch?v=hIQ4Itmj7YE

    Même Complément d'Enquête s'y met : https://www.youtube.com/watch?v=vfOxOXJCbFo

    Je ne retrouve plus le passage où l'un des condisciples de Macron disait quil était brillant mais qu'il avait aussi une forte tendance à pipoter et à se défausser à la première difficulté.

    Mais bon, voilà le visage de notre prochain président !

    ***Jacko***

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