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mercredi 27 février 2019

Taxe carbone, automobile et empreinte CO2 (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus


Une automobile diesel courante produit 92 grammes de CO2 par kilomètre[1]. On vous explique que cela est mauvais pour la planète et que ce doit donc être taxé. Soit.
Un aller-retour en avion Paris-New York produit 1 tonne de CO2 (par passager !)[2], soit 11 000 km d’automobile (ou, si vous pour reprendre le mode de calcul par passager, 44 000 km si vous voyager à 4). Mais son kérosène n’est pas soumis à la taxe carbone.

mardi 19 février 2019

Le portrait de Dorian Macron (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus


Il se voyait beau, jeune, flamboyant. Il prétendait incarner le « nouveau monde ». L’espérance de la réforme. L’émergence de la « start-up nation ». Et ils étaient nombreux à le voir ainsi.
Puis le portait s’est déchiré. Et il est apparu tel qu’il est. Narcissique. Arrogant et hautain. Méprisant avec les faibles et servile avec les puissants. Avec comme programme social le retour à un droit du travail du 19e siècle. Comme programme fiscal, le rétablissement de la taille et de la gabelle pour les plus pauvres et les exemptions d’impôt pour les privilégiés. Le plein représentant d’un monde ancien. A tel point qu’à force d’arrestations arbitraires et de projets de loi liberticides, on finira par se demander s’il ne finira pas par nous reconstruira la Bastille[1].

Inspiré du Portait de Dorian Gray du grand Oscar Wilde.

samedi 15 décembre 2018

Dédé, le gilet jaune (comme tant d'autres) - billet invité

Billet invité de L'Oeil de Brutus


Dédé a derrière lui toute vie de droiture. Il a durement travaillé et ne doit rien à personne. Bien qu'il ne le regrette absolument pas, un seul choix de vie lui laisse un goût d'amertume. Ce fut lorsqu'il annonça à son père qu'il ne reprendrait pas l'exploitation agricole familiale. Une vie complète asservie à la terre et aux bêtes pour gagner trois fois rien voire pour finir par se pendre au fond d'une grange, très peu pour lui. Et d'ailleurs, quand il regarde ce que sont devenus ses copains d'enfance qui ont essayé, souvent en vain, de vivre de leur ferme, il se dit qu'il a bien eu raison. Mais la dispute avec son père fut violente et cassa quelque chose pour toujours dans leur relation. Le vieux n'admettait pas que ces terres qui se transmettaient de père en fils depuis quatre générations partent à vau-l’eau. Lorsque deux ans plus tard Dédé obtint son bac C et une admission en BTS, il put lire une grande fierté dans les yeux de son père, lui qui avait arrêté l'école à 16 ans. Mais le vieux ne lui dit rien. Quelque chose était brisée.

mercredi 8 août 2018

Hannah Arendt : La crise de l’éducation (billet invité)



Après une pause (salutaire) de presque un an, je reprends les publications sur l’œil de Brutus. Comme je l’annonçais, je m’éloigne du suivi de l’actualité politique dont l’extrême médiocrité a fini par lasser mon goût de l’écriture. Je reprends donc la suite, entamée en septembre 2016, de la recension de l’un des ouvrages majeurs d’Hannah Arendt : La Crise de la culture. Nous avions déjà vu les quatre premiers chapitres : La tradition et l’âge moderne, Le concept d’histoire, Qu’est-ce que l’autorité ? et Qu’est-ce que la liberté ?. Le  cinquième chapitre, sans doute le plus important de l’ouvrage, est consacré à l’éducation. Se basant sur les évolutions de l’éducation dans l’Amérique des années 1950, Hannah Arendt anticipe, avec une clairvoyance impressionnante, l’impact de la rupture avec toutes formes de traditions (sur ce sujet, relire le chapitre 1) sur l’éducation, et surtout sur la déconstruction de l’éducation. Nous sommes en 1961 ; et déjà, Hannah Arendt pressent la dégénérescence de la modernité en une postmodernité (même si elle n’emploie pas le terme) à l’intérieur de  laquelle le règne de l’individu-roi (et par voie de conséquence de l’enfant-roi) atomise tout fonctionnement social et, à contrecourant de ses objectifs proclamés, aboutit à un entremêlement de tyrannies : celle du petit Moi[i], celle de la (supposée) majorité du camp du Bien et celle des minorités agissantes. Cette anticipation est d’une telle actualité vis-à-vis du système éducatif français d’aujourd’hui que je laisse, pour l’essentiel, le lecteur avec des citations intégrales, généralement peu commentées.

mardi 6 juin 2017

Comprendre le régime oligarchique : comment la France en est arrivée là ? (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus

Article initialement publié le 14 avril 2013, révisé à l’aune de la (lamentable) campagne des élections présidentielles de 2017.
 

Sans rentrer dans les rhétoriques populistes du « tous pourris », de M. Cahuzac à M. Fillon en passant par tant d’autres, le sentiment d’une classe politicienne déconnectée et présente bien plus pour se servir que pour servir est en passe de faire une quasi-unanimité. Si certains ne se trouvent pas forcément en infraction vis à vis de la Loi, leurs petits arrangements avec l'éthique politique la plus élémentaire, entre conflits d'intérêts et sociétés offshore, ne font qu'accroître la défiance des Français à l'égard d'une classe politique corrompue, si n'est dans les faits, par l'argent, sinon dans l'esprit, par le pouvoir. S’accrocher à la légalité des choses ne fait alors que démontrer la désormais absence de légitimité de ces messieurs qui n’ont plus ni éthique de responsabilité[i] ni éthique de conviction[ii]. Or, pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut revenir quelque peu en arrière.

dimanche 14 mai 2017

Propagande de L’Express et de BFM pour Emmanuel Macron ? (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



A la veille du scrutin du 1er tour des présidentielles, le magazine l’Express[i] et BFM  Business ont conjointement publié un dossier d’analyse des conséquences économiques des programmes des (supposés) principaux candidats[ii]. Trois semaines plus tard, avec le recul des résultats, il n'est pas inutile de revenir sur ces analyses pas si anodines.

lundi 27 mars 2017

Le « match » Fillon-Macron n’est qu’une réédition du « match » Hollande-Sarkozy (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus


Rappelons simplement quelques éléments.

M. Macron, ce « révolutionnaire » « hors système », fut adoubé en politique par Jacques Attali, ancienne éminence grise de François Mitterrand avec qui il rédigea en 2010 le rapport « pour la libération de la croissance française » (sic !) à destination de Nicolas Sarkozy. Ce rapport préconisait déjà, entre autres, de baisser les cotisations sociales des entreprises et la fiscalité « pesant » sur le secteur de la finance.

jeudi 9 mars 2017

Qui est M. Emmanuel Macron… (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Il ne m’est gère courant de reproduire dans son intégralité un article provenant d’une autre source, mais celui qui suit paraît tellement bien illustrer la personnalité qui se cache derrière le sourire du sieur Macron qu’il m’a semblé indispensable de le transmettre dans son intégralité.

mardi 31 janvier 2017

Arrogances sondagières (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus

Tout esprit critique se doit de confronter ses idées avec des lectures a priori discordantes de sa propre pensée. C’est ainsi qu’il m’arrive de temps à autres de feuilleter des magazines proches de la doxa néolibérale tels que Challenges. Une lecture qui, parfois, vaut le détour !


dimanche 20 novembre 2016

Hannah Arendt : Qu’est-ce que la liberté ?

Billet invité de l’œil de Brutus


Suite d’articles sur La Crise de la culture, d’Hannah Arendt.

Chapitres précédents :

« Soulevez la question : qu’est-ce que la liberté ? semble une entreprise désespérée »  s’interroge Hannah Arendt. « Tout se passe comme si des contradictions et des antinomies sans âge attendaient ici l’esprit pour le jeter dans des dilemmes logiquement insolubles, de sorte que, selon le parti adopté, il devient aussi impossible de concevoir la liberté ou son contraire, que de former la notion d’un cercle carré. »

dimanche 30 octobre 2016

Hannah Ardent : qu’est-ce que l’autorité ? (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus

Suite d’articles sur La Crise de la culture, d’Hannah Arendt.
Chapitres précédents :

Hannah Arendt commence ce chapitre par un simple constat : « l’autorité a disparu du monde moderne », ou plutôt la conception de ce qu’est l’autorité a disparue. En effet, « puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité, d’autre part, est incompatible avec la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. (…) S’il faut vraiment définit l’autorité, alors ce doit être en l’opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments ».

dimanche 16 octobre 2016

Hannah Arendt : Le concept d’histoire

Billet invité de l’œil de Brutus



Suite d’articles sur La Crise de la culture, d’Hannah Arendt.
Pour revenir à l’article précédent : la tradition et l’âge moderne.

Fort logiquement, Hannah Ardent entame ce chapitre avec Hérodote, le « père de l’Histoire », pour qui la fonction de l’histoire est de « sauver les actions humaines de la futilité qui vient de l’oubli ». Il s’agit alors d’échapper à la mortalité, de ne plus « se mouvoir en ligne droite dans un univers ou tout, pour autant qu’il se meut, se meut dans un ordre cyclique ». Le thème des récits historiques devient donc des cas particuliers, des gestes singulières, qui perturbent le cycle : « la substance de l’histoire est constituée par ces interruptions autrement dit par l’extraordinaire ».  Pour les mortels, réussir à imprimer leurs actes, leurs œuvres, dans la trame de l’histoire est alors le moyen de pénétrer la mémoire humaine, Mnémosyne – la mère de toutes les muse -, et donc d’accéder à l’immortalité.

mercredi 28 septembre 2016

Hannah Arendt : La tradition et l’âge moderne (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Cet article initie une série de recensions sur La Crise de la culture d’Hannah Arendt. La lecture de cet ouvrage n’est pas des plus accessibles. La pensée d’Arendt ne fait en effet pas système. Quand on constate comment les systèmes de pensée uniformisée et se voulant une cohérence d’ensemble ont pu dégénérer en totalitarismes de part une lecture réductrice du monde, on ne saurait faire grief à celle qui fut l’une des plus grandes critiques de tous les totalitarismes de ne pas s’être laissée enfermer dans une case philosophique. Si Hannah Arendt entame son ouvrage par une allégorie de la caverne de Platon, ce n’est pas pour rien : rien ne serait plus vain et dangereux que de se laisser cloîtrer au fond d’une caverne avec quelques schémas réducteurs (la lutte des classes, l’inégalité des races, la concurrence « libre et non faussée », l’ « ordre spontané », la main invisible, etc.) en guise de représentations du réel.