On ne pourra pas dire que le COR n’a pas servi le message de mise à contribution des retraites pour le budget austéritaire à venir. Alors que le conclave voulu par François Bayrou ne parvient pas à se mettre d’accord pour des ajustements à la réforme Borne, la pression austéritaire se renforce, avec une révision des hypothèses qui va dans le sens d’une dramatisation de la crise budgétaire qui serait à venir.
Renforcer le narratif austéritaire
Alors que le rapport 2024 anticipait une légère baisse du poids des pensions dans le PIB, de 14 à 13,2%, le nouveau rapport anticipe une quasi-stabilité, avec un niveau de 14% en 2030, et 14,2% en 2045 comme en 2070. Il faut reconnaître que les raisons de cet ajustement sont en partie justes : la prise en compte de revalorisations récentes plus importantes que prévues il y a un an, et des hypothèses de croissance et de gain de productivité un peu plus faibles. Sans écarter complètement l’agenda politique derrière ces choix, on peut penser qu’ils ne sont pas totalement injustifiés. En revanche, je pense encore et toujours que les hypothèses démographiques du scénario central du COR sont totalement irréalistes sur l’évolution de l’espérance de vie des retraités, ce qui biaise profondément ses conclusions.
Le COR anticipe une hausse de l’espérance de vie à 65 ans de 3,1 ans pour les femmes d’ici à 2070, et de 5 ans pour les hommes (contre 0,5 et 2,4 ans pour le scénario bas). Ces chiffres sont totalement irréalistes au regard de l’évolution de notre démographie et de celles des grands pays occidentaux comparables. Partout, l’espérance de vie semble atteindre un plateau, et recule même dans quelques uns. De 2014 à 2024, l’espérance de vie des femmes n’a progressé que de 0,2 an, et celle des hommes de 0,8 an. Le scénario central repose donc sur une accélération de la hausse de l’espérance de vie totalement irréaliste. Car sur un temps plus long, ce qui est frappant, c’est le ralentissement très net qui se produit. En clair, l’espérance de vie devrait, malheureusement, sensiblement moins progresser dans les décennies à venir que sur les dix dernières années. Autant dire que le scénario bas est le plus crédible.
Autre problème posé par les hypothèses du COR : les déficits du régime des retraites n’étant pas le produit d’une hausse du poids des dépenses, que seules des hypothèses démographiques irréalistes parviennent à maintenir, il vient d’une baisse arbitraire des ressources. Le COR a choisi de prévoir une baisse sensible, de 13,8 à 12,8% du PIB : plus de deux tiers du déficit projeté (exagérément pessimiste) vient d’un recul de la contribution de l’État ! Et de toutes les façons, si on considère une hypothèse démographique réaliste sur l’espérance de vie, les dépenses du système de retraite devraient baisser à 13% du PIB, sous l’effet des réformes Touraine et Borne, et le déficit serait au pire de 0,3% du PIB, avec un recul d’un point de PIB de la contribution de l’État. En clair, si l’État diminue un peu moins sa contribution, il n’y a pas de problème de déficit des retraites à horizon 2070.
Ce n’est pas parce qu’il y a un rapport de plus de 200 pages fait des personnes relativement intelligentes qu’il s’agit de la vérité. La situation actuelle est beaucoup moins préoccupante qu’on ne le dit. Il n’y a pas besoin de mesures complémentaires, d’autant plus que les retraités ont déjà perdu près de 10% de pouvoir d’achat depuis une dizaine d’années et que les réformes Touraine et Borne, dont le plein effet est encore largement à venir, devraient faire reculer le niveau des pensions de 100 à 85% du salaire moyen des salariés. A contrario, difficile de ne pas imaginer un agenda politique derrière le discours exagérément pessimiste et si politique du COR, qui évoque carrément une hausse de l’âge de départ à 66,5 ans pour équilibrer le système, conséquence de son hypothèse irréaliste d’une hausse de l’espérance de vie de 4 ans ! Bref, il faut garder un regard critique sur ces rapports et les étudier pour les remettre en question.
Au global, une campagne médiatique redoutable est en place pour saigner à nouveau les retraités, après les désindexations et les réformes Touraine et Borne. Devant les manipulations des faits et des chiffres, je continuerai à décrypter les arguments des oligarchistes quand ils me semblent faux. Et pas de parti-pris ici : j’ai du temps avant d’être à la retraite et je vote en général dans un sens contraire du leur…
Le FMI mettra tout le monde d'accord !
RépondreSupprimerAustérité comme fondation, accompagnée par une recomposition politique profonde à savoir une éléction présidentielle anticipée de même que des éléctions législatives. Le pays va tanguer fort...des hommes nouveaux inconnus à ce jour feront surface, bref un mal pour un bien...