dimanche 25 septembre 2011

Gérard Lafay, un économiste qui propose une alternative


Là où beaucoup d’économistes s’arrêtent à un constat, aussi brillant soit-il, Gérard Lafay a la particularité de développer de nombreuses propositions dans « 12 clés pour sortir de la crise », rendant ce livre d’autant plus intéressant, pour ne pas dire indispensable.


Une révolution monétaire et financière


Gérard Lafay est un partisan des solutions de Maurice Allais, qui va beaucoup plus loin que le simple Glass Steagall Act qui sépare banques de dépôts et banques d’investissements. Il est favorable au 100% money, théorie défendue notamment par Christian Gomez. Cette réforme suppose que la banque centrale reprenne le contrôle total de la création monétaire, abandonnée aujourd’hui aux banques privées. Elle interdit aux banques de se financer à court terme pour prêter à long terme.


Dans ce système, ce ne sont pas deux mais trois types de banques qui coexisteraient, outre la Banque Centrale : des banques de dépôt, qui ne pourraient faire aucun crédit et qui se feraient rémunérer leur service ; des banques de crédit qui récolteraient les dépôts pour les replacer sur des échéances égales ou inférieures ; des banques d’affaires qui s’occuperaient des opérations de marché. Ce système doit « éradiquer la prolifération financière du tournant néocapitaliste ».


Après un éloge des « stabilisateurs automatiques » keynésiens, il attribue la situation délicate de nos finances publique à « la politique de concurrence extrême et à une accumulation de règles bureaucratiques (qui fait perdre) tous les bienfaits que la libre concurrence est susceptible d’apporter ». Il épingle notamment les 80 000 pages de réglementation issue de l’Europe. Malgré tout, il dénonce la « rigueur extrême (actuelle) qui ignore délibérément les leçons (…) du passé ».


Gérard Lafay prend position en faveur de la monétisation, interdite depuis 1973. Il propose un retour aux monnaies nationales, soulignant que « l’euro a accentué les divergences entre pays membres », et notamment les déficits extérieurs. Favorable à un nouveau système monétaire européen ainsi qu’à la mise en place d’une monnaie commune, une UEC (Unité Européenne de Compte), il recommande, comme Jean-Jacques Rosa, une parité où un nouveau franc égale un euro.


Préserver notre modèle social


Parce qu’il est illusoire de vouloir conserver les activités à haute valeur ajoutée (« les capitalistes étaient assez cupides pour vendre les cordes qui allaient permettre de les pendre », citant Lénine !), Gérard Lafay appelle à maîtriser le taux de change, se protéger du dumping et investir massivement dans la recherche et le développement. Il en profite pour dénoncer la surévaluation de 40% de la monnaie unique européenne et appelle à revenir aux monnaies nationales.


Il soutient finement que « le néocapitalisme masque ses travers derrière un idéalisme mondialiste » et appelle de ses vœux « des montants compensatoires antidumping ». Il souligne le rôle de l’Etat dans la recherche fondamentale et critique la dégradation de notre éducation nationale. Pour éviter un démantèlement de notre modèle social, il propose une TVA sociale et une maîtrise du coût de la protection sociale. Il souligne néanmoins que le manque de croissance explique aussi les déficits.


Il prend fermement position pour la retraite par répartition, citant Jacques BIchot qui dénonce le « court-termisme immoral et la gestion spéculative » de la retraite par capitalisation. Mais il recommande une grande simplification et la mise en place d’un régime par points comme en Suède. Il critique la réforme « bâclée et politicienne » de Nicolas Sarkozy. Pour lui, les règles définies démocratiquement ne doivent pas pouvoir être contestées par les multinationales ou les technocrates.


Gérard Lafay fait également un long plaidoyer gaullien et de nombreuses propositions pour développer la participation. Il dénonce la réforme de Nicolas Sarkozy. Il propose de supprimer l’IS pour tripler la réserve de participation dans les entreprises, et faire monter les salariés (devenus « travailleurs propriétaires ») dans le capital (jusqu’à atteindre une minorité de blocage par exemple) et non pour distribuer uniquement du pouvoir d’achat. Il évoque les propositions de SGAP de Patrick Guiol.


Entre un « étatisme envahissant et le néocapitalisme », Gérard Lafay dessine les contours d’un « néo-corporatisme, progressiste libéral et démocratique ». Merci pour cette belle contribution.


Source : Gérard Lafay, « 12 clés pour sortir de la crise », L’Harmattan, texte publié en août 2011

2 commentaires:

  1. A-J H: les doutes qu'il a suscités sur son approche du multiplicateur de crédit (ºC).

    RépondreSupprimer
  2. Postjorion : Vous perdez votre temps avec cette loi de 1973 (ºC).

    RépondreSupprimer