jeudi 6 octobre 2011

Grèce : le naufrage de l’idée européenne


L’Europe, cela devait être la paix, la prospérité, l’harmonie entre les peuples. Aujourd’hui, des technocrates apatrides et irresponsables ont pris les commandes en Grèce, provoquant des manifestations et un ressentiment grandissant entre les peuples européens.

Honte sur l’Europe !

Comme le rapporte le Monde, un grand quotidien grec a évoqué « la torture chinoise de la goutte d’eau ». Cela fait maintenant des mois que la troïka misérable du FMI, de la BCE et de la Commission Européenne ne cesse de faire des demandes à la Grèce. Bien sûr, les privatisations n’ont pas beaucoup avancé mais dans le contexte économique actuel, cela reviendrait à brader les actifs du pays. Bien sûr, le déficit ne baisse pas aussi vite que prévu.
c’est la potion amère technocratique qui tue le pays, comme le montre le fait que le déficit commercial reste abyssal (11% du PIB) malgré l’effondrement de l’économie du pays. Cette austérité mortifère est une honte absolue comme on constate le dégât social qu’elle provoque. Et ce n’est pas une baisse du salaire minimum qui va améliorer quoique ce soit.

Ce qui est proprement insupportable, c’est cette négociation interminable et ces nouvelles hausses d’impôt ou coupes dans les dépenses publiques annoncées tous les quinze jours. Cela donne l’impression de saigner à petit feu un peuple pour essayer de payer ses créanciers. Et c’est au nom de l’idée européenne que l’on fait cela ! Le plus incroyable est que les eurocrates ne se rendent même pas compte qu’ils sont en train de détruire la cause qu’ils prétendent servir.

La Grèce fera défaut et sortira de l’euro

Bien sûr, aujourd’hui, la grande majorité de la population grecque veut rester dans l’euro, mais cela était prévisible. Pendant plus de deux décennies, l’Europe a été synonyme de subsides et de développement économique pour la Grèce. Donc la population ne peut pas se retourner en quelques mois contre la main qui l’a nourrie pendant si longtemps. Malgré tout, on peut penser que le point de rupture approche quand on voit la mobilisation des fonctionnaires.

De manière très intéressante, il semblerait que le premier ministre ait évoqué en septembre trois scénarios pour la Grèce. Et même s’il a refusé le scénario d’un défaut similaire à celui de l’Argentine ou d’un défaut de 50%, le fait d’évoquer ces hypothèses est un immense progrès qui ne fait qu’annoncer les prochaines étapes de la crise de la zone euro. Car la Grèce va finir par quitter cette camisole budgétaire et financière qui étouffe son peuple et a fait exploser le chômage de 7 à 16%.

La fin est déjà écrite. La question est de savoir quand le déclic aura lieu à Athènes entre une population qui n’en pourra plus de cette cure d’austérité sans fin et qui n’a aucun sens, et un parti politique qui aura le courage de proposer une véritable alternative. Il faut juste espérer qu’à ce moment, la Grèce trouvera plutôt un Lula qu’un Chavez ou un Poutine. Si l’on suit le calendrier argentin, il faudrait attendre début 2013 pour qu’elle se décide enfin à en finir.

Le seul point positif de cette histoire est de lever le masque sur cette Europe antisociale et antidémocratique qui étouffe un pays sans le moindre espoir de le redresser. Ainsi, quand la Grèce brisera ses chaines, elle tuera sans doute pour longtemps ces mauvaises chimères européennes.

8 commentaires:

  1. Bonjour Laurent. Félicitations pour ton nouveau blog, il est plus classe et plus professionnel que le précédent. J'ai lu dans ton billet que tu as affirme que "Bien sûr, aujourd’hui, la grande majorité de la population grecque veut rester dans l’euro"... Est-ce encore vrai? L'interview suivante me pousse à penser de plus en plus le contraire: http://www.marianne2.fr/Une-fonctionnaire-grecque-raconte-l-austerite-au-quotidien_a210922.html

    RépondreSupprimer
  2. On pourrait évoquer aussi les manifestations de ces derniers jours au Portugal, où la population semble elle aussi de plus en plus révoltée. Mêmes causes, mêmes effets... Je regrette cependant que, dans le cas de la Grèce comme dans celui du Portugal, les manifestants prennent pour cible leurs dirigeants sans voir que tout se joue à un niveau européen. L'explication que vous donnez est plausible, mais il faut espérer que les peuples d'Europe comprendront que l'Europe de Bruxelles n'est pas la solution: elle est le problème.
    Je suis également surpris que les Italiens n'aient pas davantage protesté lorsque la presse a révélé le contenu de l'incroyable lettre envoyée par Trichet à Berlusconi. Cet homme qui n'a jamais été élu par personne exigeait, avant toute intervention sur la dette italienne, des réformes drastiques allant toutes dans le sens d'une casse sociale: privatisations de grande ampleur, assouplissement des règles de licenciement, hausse de l'âge de la retraite, baisse des salaires dans la fonction publique, et j'en passe... Comment un peuple souverain, ou qui imagine encore l'être, peut-il supporter cela ? Tout se passe pour l'instant comme si les Européens se tournaient encore contre leurs dirigeants nationaux (c'est la même chose pour Sarkozy en France) sans voir que leur démocratie est confisquée par les technocrates de Bruxelles et de Francfort. J'espère que ces peuples finiront par se réveiller, mais je trouve que cette réaction est longue à venir.

    RépondreSupprimer
  3. First, the recent debt exchange deal negotiated to bail-in Greece’s private creditors was an outright rip-off for the country: The net present value (NPV) debt reduction was formally only 21% when the country needs at least 50% debt relief, based on RGE’s analysis of debt sustainability. And even that 21% headline is not a true measure of debt relief as a massive sweetener for creditors in the form of a Brady-style principal collateral guarantee will increase Greece’s gross public debt by another €30 billion. So, doing the math right and considering a likely rather than optimistic exit yield, the true debt relief for Greece out of this deal is at best close to zero or, at worst, possibly an NPV increase in its debt burden. — Nouriel Roubini, Greece Should Default and Abandon the Euro , 9/2011

    http://www.economonitor.com/nouriel/2011/09/22/full-analysis-greece-should-default-and-abandon-the-euro/

    RépondreSupprimer
  4. @ Aturnel

    Merci beaucoup. Merci de mettre le lien vers ce papier. Il faut que je le rajoute dans le texte. C'est dommage que je l'ai oublié. En revanche, même si cela bouge dans la population, je n'ai pas l'impression qu'une majorité veuille quitter l'euro pour l'instant.

    @ °C

    Complètement d'accord avec l'analyse de Roubini. 50% est un minimum.

    RépondreSupprimer
  5. Mercredi 5 octobre 2011 :

    Grèce : à Athènes, des manifestants ont brûlé le drapeau de l'Union Européenne.

    C'est la quatrième photo :

    http://www.zougla.gr/page.ashx?pid=2&aid=392905&cid=4

    RépondreSupprimer
  6. Pourquoi les pays développés doivent renoncer à leur AAA :
    http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=440

    RépondreSupprimer
  7. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer