dimanche 23 octobre 2011

Le roman de la fin de l’euro, partie 1 : la surprise du 22 avril


22 avril 19H : les mines déconfites des représentants de l’UMP sur tous les plateaux laissent augurer un très mauvais score de Nicolas Sarkozy…

22 avril 20H : à la surprise générale, François Hollande affrontera Charles Delacroix au second tour de l’élection présidentielle. En effet, le président de la République sortant a été éliminé. L’heure du bilan a été très dure pour lui, les Français se rappelant toutes ses outrances, ses promesses non tenues, et ses contradictions. Avec seulement 17% des voix, il termine en 3ème position. Mais l’immense surprise vient du second finaliste, que les sondages n’attendaient pas si haut, et clairement pas au second tour. La campagne officielle lui a donné une forte couverture médiatique qui l’a amené à 18% des voix. François Hollande est arrivé en tête avec 26% des suffrages.

23 avril 2012 9H : « Le choc », « La surprise », les médias traduisent leur étonnement face à ce second tour que personne n’avait anticipé. Les bourses européennes baissent de 5% à l’ouverture car elles n’aiment guère l’idée qu’un candidat opposé à l’euro soit au second tour de l’élection présidentielle en France. Mais la parution de trois sondages pronostiquant une victoire assez nette du candidat socialiste ramène les pertes à 2%.

23 avril 14H : en une du Monde, Jean-Claude Trichet et Jacques Delors co-signent une tribune où ils appellent à « Sauver l’Europe pour sauver la paix », s’en prenant vivement à Charles Delacroix et appelant à un front pour soutenir la candidature de François Hollande. Ils pronostiquent qu’une fin de l’euro est le meilleur moyen d’avoir de nouveau des guerres.

23 avril 15H : Charles Delacroix parvient enfin à avoir le ministre de l’économie au téléphone. Complètement estomaqué, ce dernier se voit demander une réunion de crise avec les fonctionnaires de Bercy pour anticiper les conséquences d’une éventuelle victoire et préparer les décisions urgentes qui devront être prises, y compris avec nos partenaires. N’en croyant pas ses oreilles, le ministre raccroche rapidement après avoir promis d’en parler avec le président de la République.

23 avril 15H30 : Nicolas Sarkozy refuse la demande du candidat et envoie balader son ministre de l’économie : « Les Français ont voulu de lui, alors, qu’ils se démerdent ! Je ne vais pas l’aider quand même ! ».

23 avril 17H (QG du PS) : le candidat socialiste vitupère contre la tribune des « deux fossiles », excessive. Il sent qu’elle est plus contre-productive qu’autre chose et que les excès ne marcheront pas face à un opposant sérieux. Heureusement, il a obtenu le ralliement de François Bayrou, qui s’exprimera ce soir sur TF1 pour expliquer qu’il votera Hollande le 6 mai.

23 avril 19H : le vent tourne, le ministre de l’économie accepte de monter la réunion. Rendez-vous est pris demain matin pour débroussailler les sujets à traiter. Une petite équipe est montée pour travailler sur le sujet. Des premiers contacts sont pris avec les principaux partenaires européens pour une conférence téléphonique qui aurait lieu vendredi 27 avril. Le ministre demande un maximum de discrétion pour éviter que l’Elysée ne soit au courant.

23 avril 20H : sur le plateau de France 2, Charles Delacroix remercie les Français pour la confiance qu’il lui ont porté. Il balaie les sondages qui le donnent perdant en soulignant qu’ils s’étaient déjà trompés pour le premier tour. Calme et posé face à un journaliste qui ne l’épargne pas, il fait une grosse impression.

23 avril 23H : la réunion s’éternise au Front de Gauche. Le débat est vif car une minorité refuse absolument d’appeler à voter pour François Hollande. Le soutien de François Bayrou n’a pas arrangé les choses et certains camarades sont tentés de franchir le Rubicon et d’appeler à voter pour Delacroix. Ils ont été particulièrement agacés par les soutiens donnés par certains membres du mouvement dimanche soir à François Hollande et menacent de lancer un appel rassemblant les dissidents. Jean-Luc Mélenchon décide de clôturer les débats, commencés à 14H pour les reprendre le lendemain à la même heure.

24 avril 8H : les audiences TV d’hier tombe. Le journal de France 2 a réuni 35% des téléspectateurs contre 21% pour celui de TF1.

24 avril 9H : la réunion commence à Bercy, avec le ministre, le Directeur du Trésor, le Directeur de la Banque de France. Le conseiller économie de Charles Delacroix vient accompagné de Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau et Jean-Jacques Rosa. Au bout de quelques minutes, les participants concluent qu’il faudrait prendre des mesures conservatoires dès maintenant car les capitaux fuient et tout le monde a conscience qu’une progression de Charles Delacroix dans les sondages risquerait de provoquer une panique des marchés. Mais comment faire ? TRACFIN suggère un contrôle temporaire des mouvements de capitaux. Le ministre en exercice convient d’en parler au président de la République.

24 avril 15H : le président de la République refuse catégoriquement tout contrôle des mouvements de capitaux : « les Français l’ont voulu, ils n’ont qu’à assumer ! »

24 avril 16H : Charles Delacroix appelle Angela Merkel. Des contacts avaient été pris avec son équipe dès le début de la campagne. Du coup, la chancelière accueille positivement le besoin de coordination à l’échelle européenne en cas d’une éventuelle victoire du candidat. Malgré les blocages et les conseils donnés par l’équipe au pouvoir en France, elle donne son accord pour la réunion de vendredi et promet d’appuyer l’équipe du candidat auprès de l’Italie et de l’Espagne.

24 avril 18H : le premier sondage prenant en compte la prestation du journal télévisé d’hier indique un fort resserrement des intentions de vote puisque François Hollande n’est plus donné gagnant que par 51% des voix. L’issue semble désormais encore plus incertaine.

24 avril 20H : c’est un François Hollande assez crispé qui intervient sur France 2. Il répète en boucle que l’euro a protégé les européens, que nous en avons besoin pour l’avenir. Il ne semble même pas totalement convaincu de ce qu’il dit.

La semaine prochaine, le PS contre-attaque

11 commentaires:

  1. Excellent! La seule interrogation est de savoir s'il s'agira de Ririne ou de Nini. Ce genre de fiction me permet de décompresser.
    Jardidi

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  2. excellent ; ce Delacroix fait t'il parti de la famille d'Eugène ou du grand Charles ?

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  3. Cela donne envie de rêver... Pour arriver à un tel scénario, il faudrait sans doute que les mouvements de révolte contre l'austérité se multiplient en Europe dans les mois qui viennent. Il faut guetter les prochains sondages sur l'euro. Les Allemands sont déjà très majoritairement hostiles à la monnaie unique, mais une bonne partie des Français croient encore en cette chimère. Pour combien de temps?

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  4. Il faut toujours croire en ses rêves et les accompagner pour qu'ils se concrétisent.
    La cote de ce Delacroix va monter, monter dans son exposition médiatique des présidentielles dans lesquelles il ne sera plus possible de le bâillonner,
    de bâillonner la Liberté guidant le Peuple.
    Ce Delacroix, c'est notre liberté chérie que nous devons défendre avec âpreté.
    La Ré-évolution est en marche dans les esprits.
    Fenêtre de tir, très, très favorable.
    De quoi se faire décomposer une certaine Elisabeth sur un plateau.
    GAIA

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  5. En ce moment c'est plutôt Géricault avec le radeau de la méduse, façon gauche molle flamby.

    Aux US, il y a bataille protectionniste sur les panneaux solaires, les chinois ne sont pas d'accord, ils veulent être les seuls à tricher :
    http://www.reuters.com/article/2011/10/21/us-china-us-solar-idUSTRE79K2GB20111021

    Olaf

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  6. Sinon, MLP devient de plus en plus ridicule, elle regrette peut être de ne pas être la marraine :
    http://www.liberation.fr/politiques/01012367292-marine-le-pen-aurait-prefere-un-prenom-francais-pour-la-fille-sarkozy

    Olaf

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  7. @ Olaf

    Elle est vraiment nulle. La bourde sur François Lamy, les déclarations occidentalistes sur la bi-nationalité, et là, le coup du prénom. C'est pitoyable. Pas étonnant qu'elle ne soit qu'à 14-16% dans les sondages alors que dans un tel contexte, elle devrait être au moins 10 points au-dessus.

    @ Jardidi

    Rien à voir entre Charles Delacroix et MLP : lui est un candidat sérieux et non extrémiste.

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  8. Marrant... Il est pas interdit de rêver...

    Et c'est la qu'on voit le role nefaste de Marine Le Pen qui sterilise les voix contestataires.

    Ce scenario serait beaucoup plus probable si les medias donnaient a ce mysterieux "Delacroix" plus de visibilité, au lieu de n'en donner qu'a Marine Le Pen.

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  9. Normal, Marine Le Pen, comme son père jadis sert de faire valoir aux deux partis sclérosés que sont l'UMP et le PS (UMPS). C'est l'épouvantail qui permet de ramener les agneaux dans la noire bergerie... Et en plus, par son exposition médiatique décuplée, avec la bénédiction de l'UMPS, et son culot à voler toutes les idées sérieuses des candidats souverainistes (de droite comme de gauche), elle s'agrège un nombre non négligeable de voix qui auraient été normalement vers d'autres formations plus sérieuses (DLR, MRC... )! Voilà la réalité des fait, un UMPS omniprésent maniant dans la coulisse un FN qui leur permet de garder le pouvoir !

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  10. Charles Delacroix... !

    Bonne anticipation. Qui va gagner ce second tour !

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  11. "au train où vont les choses, l’euro explosera avant que le débat idéologique soit arrivé à maturité" dans cette interview récente d'Emmanuel Todd :
    http://www.revueforum.fr/2011/09/emmanuel-todd-demographe-entretien/

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