vendredi 28 octobre 2011

Le Sarkoshow tourne dans le vide


Hier soir, Nicolas Sarkozy est intervenu sur France 2 et TF1. Bizarrement, il a choisi un couple de journalistes bien mal assortis avec le pugnace et crédible Yves Calvi qui a totalement éclipsé un Jean-Pierre Pernault dont on se demandait bien ce qu’il faisait là.

Le service après-vente de l’accord européen

Entre mercredi soir et jeudi matin, les dirigeants européens ont conçu le 5ème plan « définitif » de sauvetage de l’euro, après le printemps 2010 (1er plan grec), l’automne 2010 (plan irlandais), le printemps 2011 (plan portugais), l’été 2011 (2ème plan grec). Nicolas Sarkozy a commencé par essayer de dramatiser l’enjeu de la réunion d’hier alors que même les marchés, pourtant très fébriles, n’avaient quasiment pas bronché avant les réunions de la semaine dernière et de mercredi.

Il a ensuite essayé de donner le change en affirmant que la France et l’Allemagne marchaient ensemble alors qu’il suffit de reprendre les journaux de la semaine dernière pour constater que Berlin et Paris n’avaient pas du tout la même position et que c’est Nicolas Sarkozy qui a cédé. De manière révélatrice, il a évité la question de l’augmentation des moyens du FESF, qui n’est toujours pas claire. Comme le dit Jacques Sapir, l’accord ne fait que prolonger l’agonie de l’euro.

« C’est pas ma faute à moi »

Le président de la République a eu le culot de dire qu’il n’était pas du style à rejeter la faute sur les autres. Pourtant, cela a été un festival de critiques de ces prédécesseurs. Nicolas Sarkozy a attaqué le choix d’accepter la Grèce dans la zone euro, oubliant au passage que la crise de l’euro touche aussi l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. En outre, je n’ai pas le souvenir que l’actuel président se soit exprimé contre l’entrée d’Athènes dans la monnaie unique à l’époque.

Ensuite, le président de la République a essayé de vendre l’idée qu’il n’est pas responsable de la situation financière de l’Etat puisque nous sommes en déficit depuis 1974. Outre le fait qu’il passe sous silence la loi de 1973, il faut souligner qu’il a présidé aux destinées de 5 des 6 plus gros déficits de la 5ème République (93,94,95,2009,10,11) et que la Cour des Comptes avait affirmé début 2010 que la crise n’expliquait qu’une moitié de l’augmentation des déficits depuis 2007.

L’impasse économique

Plus globalement, cette émission a démontré l’impasse dans laquelle le gouvernement actuel se trouve. Nicolas Sarkozy a abaissé la prévision de croissance pour l’an prochain, ce qui va accentuer les déficits et a annoncé de nouvelles mesures d’économies. Mais, comme on le voit bien en Grèce ou même en France cette année, les mesures d’économie vont pénaliser la croissance et donc à nouveau accroître les déficits, ce qui nécessitera de nouvelles économies… Il a repris son discours contre les banquiers mais il n’a quasiment rien fait depuis 2008.

Cette impasse s’illustrait également par son discours sur le commerce. Comment exiger une plus grande réciprocité dans les échanges commerciaux tout en dénonçant le protectionnisme et alors qu’il n’a absolument rien fait sur le sujet depuis quatre ans et demi ? Bref, le discours économique du président de la République était totalement inintelligible. Comme l’a bien écrit David Desgouilles récemment, Philippe Séguin avait malheureusement vingt ans d’avance.

Cette émission a été également l’occasion de lever les moindres doutes qui pouvaient encore exister sur la candidature de Nicolas Sarkozy, qui rode déjà son discours de candidat. Mais il butera sur le fait qu’il n’est absolument pas crédible et s’est fracassé sur la réalité.

13 commentaires:

  1. C'est un peu hors sujet, mais pendant qu'on discute de l'Argentine, de l'euro ou de Sarkozy, un énorme accord commercial est en passe d'être signé entre le Canada et l'union européenne. Cet accord menace entre autres les intérêts canadiens sur la gestion de l'eau.

    Un premier article pro-accord mais c'est de la presse... (On y parle de la société canadienne RIM que vous aimez bien...)

    http://www.cyberpresse.ca/opinions/201009/21/01-4317746-accord-commercial-avec-leurope-le-canada-doit-y-aller-a-fond.php

    En revanche, le Conseil des Canadiens pointe les problèmes liés à cet accord et les syndicats ne sont déjà pas certain que l'ALENA ait été profitable aux travailleurs canadiens.

    http://www.canadians.org/francais/commerce/enjeux/AECG/index.html

    Je vous laisse mener votre propre enquête en me permettant de rappeler que le Grand marché transatlantique est toujours prévu pour 2015 et que cet accord montre que rien ne freine le processus...

    Don't cry for me Argentina...

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  2. Assez nulle sa prestation, son leitmotiv c'est "la faute des 35 heures ". Dénonçant les subprimes, alors que ça faisait partie de son programme 2007.

    http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=12358

    Pitoyable, et dire qu'il y en a qui ont voté, et qui vont encore voter pour "machin".

    Olaf

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  3. Et il nous vante le modèle allemand... : http://fr.myeurop.info/dossier/le-miracle-allemand-a-quel-prix

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  4. Moi il m'a bien fait rire... comme on dit, "mieux vaut en rire qu'en pleurer"...
    Vous ne vous rendez pas compte! il a sauvé le monde !!!!
    Quand à la France.. on est TROP fort ! rendez vous compte, malgré la retraite a 60ans, les 35heures, trop de fonctionnaires, etc etc... on est le pays qui a le mieux passé la crise !!!! On a même fait du pognon sur le dos des Grecs quand ils étaient au plus mal !!!
    Imaginez sans tout ces "boulets" ! on serait au moins capable de racheter la Chine !!!

    Et j'ai bien aimé sa franchise :
    "etre candidat c'est dire des choses qui font plaisir, et là, je ne peux pas !" ... misère.

    Bref, aucune solution n'a été trouvée/apporté.. ils ont juste repoussé un peu l'inévitable, espérant sans doute que ca suffise pour arriver aux élections... ce qui ne sera pas le cas... mais au final, ca va faire encore plus mal et couter encore plus cher aux peuples.

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  5. Hier soir, j'ai eu des envies lubriques.

    AAA, qu'elle était jolie la chèvre de Monsieur Seguin attachée à son piquet chinois.

    L'herbe était si grasse, le yuan si léger mais
    notre chèvre avait troqué ses Monboutin pour des sabots d'euro-scaphandrier.

    Prosternes, yop la boum, c'est le chéri de ses maîtres ...

    Affligeant !

    Et la Méluche qui nous fait le coup du protectionnisme européen à négocier avec un train soviet à sustentation de retard.

    Indécrottable !

    GAIA

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  6. Yves CALVI va se faire lourder.
    Trop incisif, le mariol va avoir une
    dent contre lui.

    Pépé le Pernaud a été plus prudent.

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  7. Armageddon par JQ. Si il n'existait pas, il ne faudrait pas l'inventer :
    http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2011/10/fiction-1-leuro-enterr%C3%A9-lex-ue-bascule-dans-le-chaos.html

    Olaf

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  8. le problème est de savoir si la réalité va se fracasser avant ou après les élections 2012 .
    Après le risque d'un Sarkholande ou d'un Holakozy n'est pas exclus

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  9. Bon choix du titre.
    Visiblement le sujet n'attire pas les foules, les français en ont ras la touffe de se faire pigeonner.

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  10. @ Olaf

    Amusant, Quatremer, avec qui j'ai échangé quelques tweets hier (il critiquait le protectionnisme...) qui lance un roman de la fin de l'euro concurrent...

    @ Ovide

    Merci pour l'info

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  11. J'ai regardé l'émission pour savoir ce qu'il allait nous dire sur le dossier Dexia (le pourquoi du comment, les têtes qui devraient tombées, les emprunts toxiques, etc...) et avec quels mots il allait nous expliquer le FESF version 3 (moi même, j'ai un peu de mal à comprendre et, lui, il a des conseillers en com payés à prix d'or, non ?). Accessoirement, mais cela aurait été plus exigeant, une perspective sur le futur modèle économique des banques dans un nouvel environnement réglementaire aurait été un plus. Cette question n'est pas mineure car elle inclue les conditions de financement de l'Etat dont il est le chef, des entreprises et des particuliers.

    J'ai perdu mon temps, car je rêve encore de politiques compétents qui maîtrisent les sujets.

    Comment peut-il encore faire illusion, s'il le fait ?

    Par curiosité, je suis allé regardé sur le net la première ministre danoise, sur laquelle Berlusconi s'était retourné lors du sommet, Mme Helle Thorning-Schmidt. Sur le trombinoscope, son gouvernement m'a paru bien jeune.

    http://www.stm.dk/_a_2819.html

    Calcul fait, la moyenne d'age du gouvernement danois est de 43 ans !!!!!

    Dans un environnement nouveau, sans doute faut-il des gens nouveaux.

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  12. I dont' get item 3. of Jacques Sapir's. See my blog. If someone has a good explanation...

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  13. A propos du sommet européen :

    L’accord du jeudi 27 octobre n’a pas du tout rassuré les investisseurs internationaux. L’Italie est toujours obligée de payer des taux d’intérêt qui continuent à augmenter.

    Les taux d’intérêt de l’Italie sont repartis à la hausse.

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 6,023 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Vendredi 28 octobre 2011 : l'Italie a lancé un emprunt sur les marchés internationaux. Et ça a été un carnage.

    Malgré l’accord européen pour tenter de juguler la crise, le coût de financement de la dette colossale de l’Italie a encore grimpé vendredi lors d’une émission obligataire test, les marchés continuant de douter de la crédibilité du gouvernement Berlusconi.

    Signe le plus inquiétant, les taux d’intérêt des titres à échéance 2022 ont dépassé la barre symbolique des 6 %, seuil considéré comme dangereux par les analystes, en s’inscrivant à un niveau record de 6,06 %, contre 5,86 % le 29 septembre, date de la dernière opération similaire.

    Les taux des titres à échéance 2014 ont eux progressé à 4,93 %, contre 4,68 % lors de la précédente émission, ceux des titres à échéance 2019 à 5,81 %, contre 4,03 %, et ceux des titres à échéance 2017 ont progressé à 5,59 %, contre 2,33 %.

    http://www.romandie.com/news/n/CRISELe_cout_de_la_dette_italienne_grimpe_encore_malgre_l_accord_europeen281020111510.asp

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