dimanche 16 octobre 2011

Quand The Economist dénonce les esprits animaux du marché


Après être brièvement passé sous les 2700 points, le CAC 40 a clôturé au-delà de 3200 points cette semaine. Une hausse de plus de 500 points en trois semaines qui illustre bien l’exubérance irrationnelle des marchés, évoquée par Alan Greenspan et expliquée par The Economist récemment.

Un journal utile et passionant

The Economist, c’est déjà un style élégant et un véritable humour. Dans le numéro du premier octobre, ils illustrent un papier critiquant le projet de mettre en place une taxe Tobin par une photo de Robin des Bois sous-titrée « Every Financial transaction I do, I to it for you ». Mais même s’ils défendent les idées libérales, ils le font en exposant souvent des arguments contradictoires qui minent leur défense, sans qu’ils semblent véritablement s’en rendre compte.

C’est ainsi qu’ils ont récemment consacré deux papiers passionnants aux pratiques protectionnistes du Brésil et de l’Argentine. Le problème est que ces pays connaissent une forte croissance, ce qui mine leur argumentaire de défense du libre-échange. Et dans un dossier consacré à la fiscalité des riches, où ils critiquaient les hausses d’impôt comme des manœuvres politiciennes, ils donnaient tous les arguments pour justifier une plus grande contribution des plus riches.

Le procès fait au marché

Nouvel épisode dans son numéro du 24 septembre, où il décrit les expériences d’un neuroscientifique de l’université de Cambridge, qui avait été trader sur les marchés dérivés. Il rapporte cette étude qui montre pourquoi les traders ont des comportements exubérants. Sous l’effet des hormones, quand les marchés montent, ils ne voient plus les risques, ce qui conduit à des bulles. De même, en cas de baisse, les excès de cortisol conduisent à un excès de pessimisme.

Dans le numéro du 1er octobre, The Economist dénonce les mouvements irrationnels des marchés des derniers mois (que les mouvements récents illustrent bien) en soulignant que la baisse des marchés émergents n’est pas logique. Il critique également le fait que les investisseurs placent leur argent en Bons du Trésor étasuniens, dont le rendement est inférieur à 2%, ce qui n’est guère cohérent avec la situation financière des Etats-Unis ou le yo-yo inconsistant du prix de l’or.

Une main invisible aveugle et folle

Bref, il n’est pas inintéressant de constater que le journal de référence des élites globalisées dénonce à ce point le caractère totalement incohérent et irrationnel des marchés. Car pourtant, c’est bien à ces marchés aux humeurs décrites comme un peu délirantes que The Economist veut confier une part toujours grandissante de nos économies. Le journal britannique avait également décrit il y a quelques mois les excès d’un enseignement supérieur privé déréglementé.

Bizaremment, l’hebdomadaire britannique apporte à nouveau de l’eau au moulin de ceux qui pensent que les marchés peuvent être profondément dysfonctionnels. Et en partant de ce postulat, comment ne pas conclure qu’il revient alors à l’Etat de donner un cadre plus stable et plus rationnel à l’économie. The Economist démontre trop bien que la main invisible du marché est instable, exubérante et irrationnelle pour vouloir lui confier l’existence de l’homme. Et pour cela merci.

Encore une fois, Keynes avait bien raison en évoquant les « esprits animaux des marchés ». Il est dommage que l’hebdomadaire britannique ne soit pas allé jusqu’à rappeler les dires de l’économiste pour lui accorder un satisfecit bien mérité.

2 commentaires:

  1. Tout ça est bien connu. Je signale à tout hasard que Fitch officialise le modèle de Glass-Steagall dans sa mesure du risque : les banques universelles seront pénalisées pour leur «business model». Cf ºC.

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  2. Mardi 18 octobre 2011 :

    Standard & Poor's abaisse les notes de 24 banques italiennes, dont BMPS et UBI Banca.

    Standard & Poor's a abaissé mardi les notes de 24 banques italiennes, la plupart de taille moyenne à l'exception de Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), d'UBI Banca et de Banco Popolare, en raison de la dégradation de la situation économique de la péninsule.

    http://www.boursorama.com/actualites/s-p-abaisse-les-notes-de-24-banques-italiennes-dont-bmps-et-ubi-banca-7e081abb4e7ced0f3a8be10996d9edc3

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,867 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Italie : il va falloir surveiller les taux des obligations de l'Etat italien.

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