jeudi 24 novembre 2011

Affaire Agnès : fait divers, communication et politique



Une séquence habituelle

Cela fait bientôt dix ans que cela dure. Quand un fait divers fait la une de l’actualité, Nicolas Sarkozy a l’habitude de dégainer une nouvelle loi. Comme ministre de l’intérieur, puis comme président de la République, l’ancien premier flic de France semble conserver cette habitude comme un mode de fonctionnement normal. La machine est tellement bien huilée qu’il n’a fallu que quelques jours pour passer une nouvelle loi destinée à éviter une telle récidive.

Il faut dire que le cas a tout pour choquer. Un mineur de dix-sept ans poursuivi pour viol, incarcéré pendant quatre mois en préventive, finit par être libéré, est scolarisé comme un élève lambda, avant de récidiver en violant et même tuant une pauvre victime de quatorze ans. L’horreur et la barbarie, couplées au sentiment que cet acte aurait du être évité en traitant différent l’adolescent, font qu’il était impossible de ne pas réagir d’une manière ou d’une autre de la part du gouvernement.

Des mesures assez justes

Au global, il semble de bon sens d’éviter la scolarisation normale de mineurs ayant avoué des crimes sexuels aussi graves. Et il serait bon que la procédure judiciaire soit accélérée dans ces conditions pour que la sanction ne soit pas trop éloignée des faits. Ensuite, il est bien évident que les conditions de scolarisation doivent être adaptées et le placement en Centre de Détention Fermé semble une solution évidente pour protéger d’autres victimes potentielles.

En cela, la création de vingt centres supplémentaires (en plus des 44 existants) est une bonne décision. Cela offre un sas bienvenu entre la société et la prison pour des jeunes qu’il faut arriver à remettre dans le droit chemin sans forcément les enfermer, tout en prenant en compte la sécurité du reste de la population. Globalement, comme l’écrit bien Philippe Bilger sur Marianne 2, les mesures prises par le gouvernement semblent assez justes.

Malaise communicant

Pourtant, un malaise persiste. N’est-ce pas le même Nicolas Sarkozy qui est en charge de la sécurité nationale depuis presque dix ans ? N’est-ce pas lui encore qui a déjà fait d’innombrables textes sur la délinquance des mineurs ? Pourquoi alors était-il possible qu’un adolescent accusé de viol soit remis en liberté au bout de quatre mois de préventive, dans un établissement mixte ? Comment est-il possible que les textes de loi n’aient pas déjà été modifiés dans ce sens ?

En effet, nous avons déjà eu droit à d’innombrables textes sur la délinquance des mineurs. En fait, ce nouvel exemple nous montre malheureusement pourquoi les textes précédents n’ont guère eu d’effet. Le gouvernement agit tellement vite qu’il semble ne réagir qu’au fait divers précis qui est dans l’actualité, alors que la délinquance des mineurs est un problème majeur. On empile les lois pour réagir à l’actualité sans avoir de réflexion ou de vision d’ensemble…

Non seulement la politique de la France se fait à la corbeille, mais elle semble aussi se faire dans les colonnes faits divers des journaux, sans la moindre vue globale. Encore un exemple des immenses carences du bilan de Nicolas Sarkozy sur la sécurité.

5 commentaires:

  1. Oui, vous avez exactement tout dit sur cette affaire. Malheureusement, ce n'est pas la première et ce ne sera pas la dernière!

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  2. Ce dramatique fait divers devrait imposer une sévère remise en question de l'idéologie sécuritaire qui consiste à s'emparer d'un fait divers pour légiférer à chaque fois dans un sens toujours plus répressif. Elle me semble d'une efficacité douteuse et ne sert qu'à remplir les prisons alors que les peines prononcées ne sont pas accomplies fautes de moyens, c'est un engrenage infernal qui ne résoud rien du tout.
    Je pense qu'une politique politique économique et sociale conduisant à une croissance forte et à une prospérité et une sécurisation de la vie professionnelle produira un changement d'état d'esprit de nos compatriotes tel que ces problèmes sécuritaires n'auront plus la même acuité et donc ne nécessitera plus une inflation législative qui donne à penser que l'on résoud les problèmes ainsi. Sous cet aspect et bien d'autres Sarkozy gouverne depuis 2002 avec les résultats médiocres que l'on connait.Et même certaines lois devront être abrogées parce que ce n'est pas en en remplissant les prisons qu'on règle les problèmes de société. Ouvrez une école et vous fermerez une prison a dit en son temps Victor Hugo!
    Il faut offrir à notre pays une autre perspective que des CDD et mal payés à cause de la concurrence déloyale de la plupart des pays même européens, délocalisation et mondialisation oblige.

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  3. @ Guillaume

    Merci

    @ Cording

    Très juste : je crois que le voile va bientôt se lever sur le bilan calamiteux de Nicolas Sarkozy.

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  4. L'approche des élections Présidentielle va bien sur de plus en plus faire monter en épingle ce genre de cas ; le bilan calamiteux de Sarkozy existe dans tous les domaines ce personnage qu'il faudra oublier le plus vite possible n'a jamais endossé le costume de President. Mais nous devrons de toute façon augmenter les places de prison remettre la France sur les rails est une entreprise de longue haleine d'au moins 10 ans ; j’entends par prison des lieux de réinsertion par l’étude le travail etc et pas forcement totalement fermé selon la gravité des actes et que celle ci ne soit plus un centre de recrutement pour les fondamentalistes ou le grand banditisme

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  5. peut être faudrait-il aussi avoir une réflexion sur le corporatisme de cette justice intouchable, quant à ces psychiatres vacataires qu'ils "redescendent les pieds sur terre" !

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