vendredi 23 décembre 2011

Europe : le piège venu des années 1930


The Economist a consacré un dossier passionnant sur le parallèle entre la crise que nous traversons et la Grande Dépression des années 1930. L’occasion pour l’hebdomadaire libéral de porter un jugement très sévère sur les politiques menées en Europe.

Une première leçon retenue

Tes banques tu ne laisseras pas faire faillite. C’était pour beaucoup d’économistes une des leçons majeures de la Grande Dépression. Les autorités étasuniennes l’ont questionné en laissant Lehmann Brothers disparaître. Et il faut dire que la promesse implicite d’un sauvetage par l’Etat pose d’immenses problèmes d’aléa moral et de distorsions des marchés, en faveur des établissements systémiques, appelant une réglementation radicalement plus contraignante.

Mais après cette décision, finalement, les Etats ont fini par décider de voler au secours des banques par des mécanismes de recapitalisation et de garanties bancaires qui ont évité que la crise ne dégénère en apocalypse financier. Le passé récent indique que c’était sans doute la bonne décision, mais il est incroyable que la réglementation de la finance ait si peu avancée, notamment en Europe, alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne prennent des initiatives.

Une seconde leçon oubliée

Dans ce papier, The Economist revient également sur les politiques d’accompagnement budgétaire, accréditant in fine le rôle de l’Etat comme le soutien de dernier ressort de la croissance à travers des plans de relance, qui dans un premier temps, ont permis à la croissance de reprendre et d’éviter que la crise ne s’approfondisse comme elle l’avait fait de 1929 à 1932 aux Etats-Unis ou en Allemagne. Finalement, le cycle récessif a été cassé par les politiques contra cycliques.

C’est pour cela que l’hebdomadaire britannique est un critique féroce des plans d’austérité actuels, qu’il compare à l’ajustement de 1936-1938 aux Etats-Unis (un déficit de 5.5% du PIB réduit à zéro en deux ans), qui avait provoqué une violente crise et une contraction de l’économie de 11% et une envolée du chômage. Il faut noter que la magnitude de cet ajustement est comparable à celui réalisé par la Grèce depuis 2009. Pire, l’Europe s’enfonce dans le cercle vicieux de l’austérité.

La zone euro, le continent perdu ?

The Economist souligne que la politique monétaire avait été également restrictive avec un doublement des réserves obligatoires bancaires, alors qu’aujourd’hui, la politique monétaire reste accommodante, avec des taux d’intérêt au plus bas. Néanmoins, certains indicateurs sont très inquiétants, à savoir l’évolution de la masse monétaire par pays de la zone euro depuis deux ans. En France et en Allemagne, elle a cru de plus de 10%, en Grèce, elle a baissé de plus de 15%.

Cette fuite massive des capitaux assèche l’économie grecque et amplifie les plans d’austérité qui renforcent le mal. C’est ce même phénomène qui avait provoqué la fin de l’étalon-or, et, in fine, tous les pays ont fini par réajuster leur parité monétaire. Le magazine souligne que les britanniques avaient alors proposé un fonds d’intervention pour aider à financer les Etats, assez proche du FESF, mais qu’il resta mort-né. Bref, le parallèle avec la situation de la zone euro est assez frappant.

Paradoxalement, The Economist continue à souhaiter la survie de l’euro, par le rachat illimité des dettes souveraines par la BCE en contrepartie d’un contrôle plus strict sur les budgets nationaux. Il ne semble pas vouloir risquer l’acquis libéral européen sur l’autel d’une monnaie pourtant mal conçue.

9 commentaires:

  1. J'espère que The Economist s'en prend aussi vigoureusement à la politique d'austérité du gouvernement britannique à côté de laquelle celle de notre supposé président et de son dir-cab est une bluette. Cela permet de ne pas subir les foudres des agences de notation.

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  2. Un article de Delaigue étonnant :
    http://economistes.blogs.liberation.fr/chiffrage/2008/02/lhystrie-du-dfi.html

    Il a tout simplement oublié que les habitants, de sa fable du pays Neuilly qui n'exporte pas de biens, sont exportateurs de services.

    Ça me parait incroyable qu'un économiste puisse faire une telle erreur sur le point central de son raisonnement.

    Olaf

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  3. Sinon, j'encourage les électeurs français à ne voter ni pour l'UMP qui a démontré son incompétence et sa malhonnêteté, ni pour le PS qui vote de plus en plus les lois débiles de l'UMP pour ne pas perdre de voix. Au second tour, idem, même si le FN s'y trouve, ne pas voter non plus pour le FN, mieux vaut s'abstenir de tout vote dans ce cas et avoir un taux d'abstention maximal. Ce sera le plus gros signal envoyé par les électeurs.

    Les politiques font la grève de la compétence depuis 40 ans, aux électeurs de faire la grève du vote.

    Olaf

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  4. Laurent,
    C'est pas le sujet ici mais que pensez vous du stock d'or de ka BdF gagé par Sarkozy pour le FMI ?
    Le stock d'or gagé est t'il physiquement
    encore à la BdF, a t'il encore une valeur ou est t'il expédié par fourgon au FMI ?

    Pourriez-vous faire un papiet pour nous informer ? Si oui, merci.
    GAIA

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  5. Un excellent texte de Jean Robin qui donne des pistes pour sortir la France du merdier

    http://www.enquete-debat.fr/archives/la-strategie-de-la-france-en-3-mots-liberte-qualite-et-puissance-89494

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  6. @Gaia

    Je n'ai pas réellement suivi cette histoire d'or, mais un commentaire sur la page http://ladettedelafrance.blogspot.com/2011/12/scandale-la-france-gage-lor-de-la.html
    me semble intéressant et documenté

    //" La France (via la Banque de France) met à disposition du FMI les fonds (31 Mds€) sous la forme de droits de tirage spéciaux (DTS)

    En contrepartie de cette créance qu'elle détiendra sur le FMI, elle sera rémunérée au taux du DTS (environ 0,1 %).

    C'est une simple écriture comptable qui aboutit au relèvement du plafond d'emprunt de la France auprès du Fonds.
    Tant que cette somme n'est pas utilisée, ce transfert n'exerce aucune répercussion sur les comptes de la nation. En revanche, si le FMI décide d'utiliser cette créance de la Banque de France versée sur son compte général, par exemple en la mettant à disposition d'un pays qui en aurait fait la demande pour des raisons de crise, il est possible que la masse monétaire augmente en France.

    En effet, détenteur de cette créance en DTS, le pays incriminés pourrait se présenter au guichet de la banque centrale française pour la convertir en euros. « Il y aurait dans ce cas création monétaire pour l'équivalent de 31,4 milliards d'euros le temps de la durée du prêt obtenu par ce pays auprès du FMI.
    Une fois remboursé ce prêt, la création de monnaie momentanée s'éteindrait.

    char1000
    22 décembre 2011 22:23
    //

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  7. @ Olaf
    Delaigue compare surtout la France à Neuilly, c'est-à-dire une ville qui vit (grassement) de revenus gagnés ailleurs. Pour un pays cela revient à une pure économie de rente - 60 millions de Monégasques ?- ce qui est le rêve de tous les néolibéraux !

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  8. @ Cording

    Ils disent en effet qu'ils pourraient être plus modérés.

    @ Olaf

    Là, je ne vous suis pas. Attendons de voir ce qui se passe mais sur le principe, je préfère voter malgré tout.

    @ Gaia

    Avez-vous un lien vers un papier sur ce sujet ?

    @ A-J H

    Merci pour l'info.

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  9. A Laurent

    Non, sinon par Google génériques : banque france gage or.

    J'ai mis un lien sur le blog NDA concernant la vente de l'or gagé en 2004 par NS alors Ministre de l'Eonomie, Finances et Industrie. Une question posée par un député du PS à l'Assemblée parue au J.O.

    A A-j Holbecq
    Merci. J'ai du mal à compredre les rouages. Faut que je réfléchise posément.

    GAIA

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