lundi 16 janvier 2012

L’AMI contre la démocratie (archive) (2/2)




Après la première partie publiée hier, voici la suite de cet article, publié en juin 1998. Je tiens néanmoins à préciser que je ne souscris plus aujourd’hui à sa tonalité complotiste. Je crois simplement que les uns et les autres défendent leurs intérêts, et que, faute de principes solides et par conformisme intellectuel, les politiques laissent parfois faire ces monstruosités.

Une origine mystérieuse

Autant les négociations commerciales se font dans une assez grande transparence (on sait quand les négociations commencent, sur quels sujets, avec quelles personnes…), autant les origines de l’AMI sont troubles. On sait que les négociations se passent au sein de l’OCDE (en ignorant les pays en voie de développement) et que les origines de ces négociations sont essentiellement américaines. Ce sont les multinationales qui ont poussé ce projet. Mais, devant le manque de clarté, non levé par la presse, on se doute que les origines ne sont pas très belles à voir. Y-a-t-il une coordination cachée derrière ce projet scandaleux ? Sait-on jamais quand on analyse ce projet ? Le manque d’investigation des grands médias est à la fois stupéfiant et inquiétant.

Un projet scandaleux

Ce projet ne verra sans doute pas le jour, mais le fait qu’il trouve une table de négociation est vraiment inquiétant. Il s’agit d’une remise en cause complète de la notion de démocratie. A notre démocratie (le gouvernement des peuples par eux-mêmes) se substituerait une dictature du marché et d’un organisme indépendant qui ne manquerait pas d’être contrôlé par une poignée de multinationales et de fonds de placement.

Une logique connue

C’est la logique selon laquelle les marchés seraient plus compétents que les gouvernants, qui ne pensent qu’aux élections et gouvernent donc mal le pays. C’est cette logique qui nous a fait abdiquer notre souveraineté monétaire aux mains d’experts psychorigides qui chassent un dragon (l’inflation) profondément assoupi pour assez longtemps. Heureusement, cette abdication peut n’être que provisoire. Mais il faut être clair : après avoir rendu le pouvoir monétaire indépendant des hommes politiques (ce qui est parfaitement antidémocratique), le prochain pas est de donner la gestion du budget national à des personnalités indépendantes, puis, nous serons mûrs pour l’AMI. Ces trois décisions relèvent de la même logique. Elles n’ont qu’un but (satisfaire les marchés) et une seule contrainte (l’abdication de la démocratie).

La colère démocratique

Ces projets ont trouvé un début de réalisation dans le passage à des banques centrales indépendantes du pouvoir politique. Un tel passage ne se justifiait qu’en Allemagne, où les hommes politiques avaient trahi par deux fois en 30 ans le pacte avec le peuple que représente la monnaie (avec l’effondrement du mark en 1920 et 1945). Mais, dans les autres pays, cette décision est d’une essence totalement antidémocratique. Elle a été prise pour satisfaire les marchés (on connaît les prochaines étapes) et avec des raisonnements antidémocratiques : les experts indépendants seraient plus efficaces que les hommes politiques pour gérer la monnaie. Mais, si ce raisonnement s’applique pour la gestion de la monnaie, pourquoi ne s’appliquerait-il pas pour la gestion du budget, des lois ?

Toutes ses accusations sous-jacentes sont graves. Elles ne sont pourtant qu’un reflet policé de ce que je crois. Les faits sont là. Le silence des médias n’en est que plus assourdissant. Il a fallu que notre exception culturelle soit menacée pour que l’on daigne aborder le sujet en surface. De toutes les façons, les grands médias vont rarement dans le sens de l’Histoire et de certaines exigences morales et démocratiques. La démocratie est un combat. Ne l’oublions pas ou elle finira par être pervertie par petites touches successives.

1 commentaire:

  1. ...sauf que comploter, c'est d'abord un état d'esprit : les spéculateurs qui font de la spéculation un métier, ne se sentent pas coupables quand ils affament un continent ou brisent un village : ils se croient malins, simplement.Ici, rien ne sert de pleurer : c'est au roi-citoyen de décider...entre ce qui doit être puni comme criminel et ce qui doit être permis...d'arrêter de se vendre au plus offrant : OUI, un peuple peut être corrompu de bout en bout : OUI, le malheur public est parfois amplement mérité...et le double A n'est rien à côté des affres qui attendent nombre d'entre nous !

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