lundi 9 janvier 2012

Sarkozy parie sur l’agitation pour échapper à son bilan


Un temps, l’Elysée avait envisagé une fin de quinquennat calme, dédiée à la campagne pour la réélection. Sea France, TVA sociale, réforme de l’éducation nationale, taxe sur les transactions financières : que cache cet activisme inédit pour une fin de mandat ?

Des initiatives tous azimuts

Il y a quelque chose d’assez étonnant à voir une majorité en fin de mandat prendre autant d’initiatives. Sur le principe, cela semble plutôt une bonne chose. On pourrait dire que Nicolas Sarkozy gouverne jusqu’au bout, qu’il ne se laisse pas perturber par le début de la campagne présidentielle. Nous aurions un président qui agit pendant cinq ans et pas pendant quatre ans ou quatre ans et demi. Cependant, cet activisme ressemble plus à de l’agitation que du gouvernement.

Sur Sea France, le président multiplie les annonces contradictoires et les propositions qui ne semblent pas très bien étudiées et qui révèlent des failles profondes, ce qui ne fait pas très sérieux. Le gouvernement vient aussi d’annoncer qu’il était prêt à mettre en place la Taxe sur les Transactions Financières tout seul, contrairement à l’Allemagne ou l’Italie. Pourtant, sans contrôle sur les mouvements de capitaux, cette mesure ne fera que faire fuir les capitaux de France.

Le grand débat sur la TVA sociale est aussi assez surprenant. En effet, il est pour le moins paradoxal qu’une équipe qui y pensait en 2007, attende début 2012 pour la mettre en chantier. N’aurait-il pas fallu la lancer bien plus tôt pour donner du temps au débat et à l’explication d’une réforme aussi importante (puisque l’on parle de transférer environ 50 milliards de cotisations sociales) ? La précipitation du gouvernement sur un dossier aussi important est stupéfiante.

Raison et limites de cette agitation

La première question qui vient est pourquoi le président mise sur un tel activisme pour la fin de son mandat alors qu’il prévoyait de faire une pause législative à l’automne il y a encore quelques mois. La raison semble assez simple. Il y a six mois, on pensait que la croissance allait s’accélérer avant la campagne, que le chômage allait être en baisse et que par conséquent, il pourrait s’appuyer sur de bons chiffres pour vendre son bilan et s’appuyer dessus pour être réélu.

Au final, la situation se détériore juste avant la campagne (tout en sachant qu’elle n’a pas été brillante avant). Le chômage bat des records, comme le déficit commercial ou les violences aux personnes. Bref, le bilan du président est totalement calamiteux sur le fond, en plus de l’être sur la forme. Or, en février mars, ce sont les traditionnels marronniers de la presse sur le bilan du quinquennat. Le président préfère produire de l’actualité plutôt que d’être laissé en tête-à-tête avec son bilan.

La manœuvre est habile : en continuant à prendre des initiatives et faire des lois, le gouvernement va laisser moins de place pour l’examen de son bilan. Chapeau l’artiste ! Qu’importe que les lois soient mal préparées, ou les débats mal menés, il s’agit juste de conserver la maîtrise de l’agenda médiatique pour éviter qu’il tourne autour du bilan du président. C’est ce qui explique sans doute les initiatives du président, qui s’est également exprimé sur l’éducation jeudi dernier

Toute la question est de savoir si un président sortant peut échapper à son bilan. Nicolas Sarkozy a compris qu’il ne sera pas réélu sur son bilan. Il lui faut donc bouger le plus possible pour essayer de le faire oublier. Le pari est extrêmement osé mais c’est le seul qu’il lui reste.

5 commentaires:

  1. Cela signifie donc de l'agitation quasiment jusqu'au bout. Les mesures devraient être mal ficelées, cela rappelera le début stérile du quinquennat. Je ne crois pas que cela réussira et pourrait même donner le contraire.
    Jard.

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  2. je ne crois pas que sarkozy échappera a son bilan calamiteux mais la bête est pugnace et ira jusqu’au bout ; sur la TTF pourquoi pas nous savons bien que l'allemagne et l'italie n'ont pas l'intention de mettre en place une telle taxe et l'ue est un formidable prétexte pour ne rien faire . Ceux ci sont donc face a leurs responsabilités par rapport a leur opinion publique

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  3. Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy bientôt saisis par la justice.

    La justice va examiner les comptes de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy.

    Les comptes de campagne pour l'élection présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy font désormais l'objet d'une réquisition judiciaire.

    Le millier de documents déposés à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) retraçant les dépenses et surtout les recettes déclarées par le candidat devrait être prochainement passé au peigne fin par des juges d'instruction.

    Selon nos informations, ces réquisitions toucheraient un des volets de la tentaculaire affaire Bettencourt instruite à Bordeaux.

    Depuis près d'un an le juge Jean-Michel Gentil mène des investigations tous azimuts ayant notamment conduit avant Noël à la mise en examen de François-Marie Banier et du gestionnaire de fortune Patrice de Maistre.

    Mais le nom d'Eric Woerth, ancien président de l'association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy et trésorier démissionnaire de l'UMP (chargé de récolter des dons) est également abondamment cité depuis le début de l'affaire, notamment par la comptable Claire Thibout qui avait affirmé avoir assisté à des remises d'enveloppes contenant de l'argent liquide au maire de Chantilly au sein de la maison Bettencourt.

    L'ex-ministre du Budget pourrait par ailleurs être prochainement entendu par les juges.

    http://www.sudouest.fr/2012/01/10/les-comptes-de-campagne-de-nicolas-sarkozy-bientot-saisis-par-la-justice-601017-4705.php

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  4. Doucement vers l'abîme.

    En ce début d'année, les dix-sept pays de la zone euro cheminent plus que jamais vers l'abîme. Aucune des deux urgences ayant fait l'objet de plusieurs « sommets historiques » ces derniers mois n'ont été traitées : la Grèce se dirige vers un défaut total d'ici au mois de mars, et l'Europe n'a toujours pas mis en place de mécanisme de sauvetage crédible.

    De ce fait, alors que la crise grecque entre dans sa troisième année, la parole politique est sérieusement décrédibilisée. Il y a longtemps que les dirigeants européens ont perdu leur triple A auprès des marchés financiers ou plutôt, devrait-on dire, des épargnants qui, dans le monde entier, se demandent s'il est bien raisonnable de leur faire encore crédit.

    Comment en serait-il autrement ? Depuis plus de deux ans, les Européens répètent que le sauvetage de la Grèce est une question de survie pour la zone euro. Que le projet européen lui-même serait en ruine si l'on échouait à Athènes. Que c'en serait fini du rêve d'une Europe puissante, capable de faire jeu égal avec les autres grands blocs économiques de la planète... Or que font-ils face à l'obstacle ? Ils renâclent, tergiversent, posent des conditions, gagnent du temps, bref se montrent incapables de résoudre la crise d'un pays représentant à peine 3 % de la richesse du continent. Hier, à Berlin, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont une fois de plus sonné l'alarme. Mais ils ont aussi donné un sentiment d'impuissance alors que quatre signes inquiétants, en ce début d'année, montrent que la catastrophe n'est pas loin.

    Le premier, on l'a vu, est l'imminence d'un défaut grec. Le second est la montée de la défiance vis-à-vis de tous les pays de la zone euro à l'exception de l'Allemagne : hier, pour la première fois, des investisseurs ont prêté à des taux négatifs à Berlin, autrement dit ils ont préféré payer l'Etat allemand pour placer leurs liquidités auprès de lui plutôt que de prendre le risque de les conserver ailleurs. Le troisième est le gel des transactions entre banques, celles-ci ne se faisant plus confiance entre elles. Le quatrième est le repli sur le court terme : pour les Etats comme pour les entreprises, les horizons de prêt se raccourcissent.

    Un sursaut massif est indispensable pour éviter que tout le système financier européen ne se grippe et n'entraîne le continent dans l'abîme. Il sera vite trop tard.

    Nicolas Barré.

    http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201832353127-doucement-vers-l-abime-272970.php

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  5. L'UMP sait depuis longtemps que Sarko perdra probablement face au nullissime candidat socialiste... et pourtant, pour ne pas vexer l'orgueil du président, on préfère le laisser se représenter au grand risque de laisser la France à la gauche (si l'ump peut être considéré de droite). Vous imaginez : le sort de a nation se joue sur des questions d'égo...

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