jeudi 30 janvier 2014

C’est l’histoire d’un bonus de 2,5 milliards de dollars





Les rapaces du capitalisme

Cette histoire mérite d’être connue par le plus grand nombre tant elle illustre bien les dérives du capitalisme actionnarial. Paradoxalement, c’est The Economist qui me l’a fait découvrir. En novembre 2008, Anheuser-Busch fusionne avec InBev. Le montant important de la dette du groupe pousse le conseil d’administration à donner des stock-options à 40 dirigeants du groupe s’ils parviennent à faire passer le niveau d’endettement du groupe sous un certain niveau. Les dirigeants coupent dépenses et dividendes, émettent des actions et vendent pour 9,4 milliards d’actifs. ABI atteint ses objectifs en 2011.

C’est ce qui déclenche les 2,5 milliards de dollars de stock-options pour les dirigeants (la moitié pouvant être touchée en janvier 2014, le reste en 2019). Problème, les ventes d’actifs pour atteindre les objectifs n’étaient que provisoires. En effet, il apparaît qu’ABI a vendu l’entreprise coréenne, Oriental Brewery en 2009 à KKR, un fonds d’investissement, pour 1,8 milliards de dollars. Mais cette vente était accompagnée d’une option de rachat qu’ABI a actionnée, rachetant Oriental Brewery pour 4 milliards à KKR ! 50% des actifs vendus alors l’étaient avec une telle option, ce qui pose un gros problème moral.

Cette morale que les néolibéraux ignorent

The Economist ne voit pas de problème dans la transaction. Après tout, les actionnaires ont accepté ces bonus aux montants inhabituels. En outre, le cours de bourse d’ABI a été multiplié par 6. De plus, ABI a vendu Oriental Brewery pour 10 fois ses résultats en 2009 et l’a racheté à 11 fois ses résultats 4 ans plus tard. Rappelant que Suntory a payé Jim Beam 20 fois ses résultats, The Economist affirme « beau travail ». D’abord, il devrait rappeler que la performance boursière s’explique aussi par le timing, post crise financière. Ensuite, les marges dans l’alcool sont plus fortes que dans la bière.

Mais surtout, même si les actionnaires d’ABI ont profité d’une multiplication par 6 du cours de bourse, il ne faut pas oublier que si Oriental Brewery n’avait pas été vendue, alors, ils auraient économisé 2,2 milliards payés en supplément lors du rachat et 2,5 milliards de bonus. Cela ressemble à une opération de portage réalisée par KKR pour les dirigeants d’ABI, opération sans doute très lucrative pour ces fonds qui prennent généralement 20% du profit réalisé. En outre, l’histoire ne nous raconte pas comment sont taxés ces stocks options et plus encore s’ils ont été placés dans un parasite fiscal

Le patron d’ABI va empocher 15 700 SMIC pour avoir déplacé temporairement, et à grand coût, des actifs dans un fonds d’investissement. Ceci montre qu’il y a un gros problème de gouvernance dans ce capitalisme actionnarial, qui pousse les dirigeants à des comportements délirants et indécents.

14 commentaires:

  1. Scoop!
    Hors sujet mon Lolo, lire le dernier texte et ses dernières lignes du blog de Sapir. Il donne raison à Malakine (et moi) et prône une tolérance vis-à-vis du FN. Nous, Français, gros gogols, quoi toi répondre?
    jard

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    1. C'est effectivement du lourd et du plus que lourd venant de quelqu’un de plus que respectable.

      C'est preuve que pour lui l'heure est très grave car citer Churchill comme il le fait : « Si Hitler avait envahi l’enfer, je me serai débrouillé pour avoir un mot gentil pour le Diable » en parlant du FN et du « parti unique de l’Euro », j'hallucine et reste bouche bée!

      Ça va m'en demander du temps de réflexion pour digérer une information si saisissante.

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    2. Heu... vous devriez relire ce que dit J Sapir dans son dernier papier à propos du FN. Vous semblez comprendre ce que vous voulez comprendre.
      Il ne prône pas une tolérance ou autre chose vis a vis du FN, il dit juste que c'est pas parce que le FN dit quelque chose que ce quelque chose est "Mal", "Mauvais", "Faux", etc etc...
      Et c'est justement ce que font PS, UMP, et "grand média" quand ils décrédibilisent des idées, positions, propositions sous prétexte que le Grand Satan le FN à les mêmes. Notamment tout le débat sur l'€uro...
      Si le FN dit quelque chose de sensé, il ne faut pas dire que c'est débile sous prétexte que c'est le FN qui le dit. Ce qui ne veut pas dire "être tolèrent avec le FN"

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    3. Autrement dit ce n'est pas parce que M.L.P. dit qu'il fait beau que vous devez sortir votre parapluie.

      Ivan

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    4. @Alain34

      Désolé mais je ne vous suis pas. Les 2 dernières phrases de l'article de Jacques Sapir sont plutôt claires et sans équivoque :

      "Contre le « parti unique de l’Euro » toutes, les forces, j’écris bien TOUTES, seront nécessaires pour que l’on en vienne à bout. Devant le danger qui nous menace, c’est la division et le sectarisme qui constituent nos plus grands ennemis."

      Dans ce "TOUTES" il inclut clairement le FN.

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    5. Oui, mais ca ne veut pas dire suivre toute l'idéologie du FN.
      Tout comme Churchill a pu soutenir Staline contre Hitler en limitant son soutient à cela et a rien d'autre. Sans adhérer à ses thèses, vouloir faire de l’Angleterre un état communiste, etc etc...
      Ce qui me dérangeais dans votre commentaire c'est le mot "tolérance", un peu comme si ca "blanchissait" tout, c'est a mes yeux trop général alors que ca concerne seulement un (gros) ennemi commun.
      Les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis, mais je peux les soutenir, ou du moins ne pas leur mettre de bâtons dans les roues dans leur lutte contre l'ennemi commun, surtout si on considère que c'est la priorité des priorités.
      Par contre, ca veut effectivement dire que clairement pour J. Sapir la lutte contre le « parti unique de l’Euro » est aujourd'hui plus important que la lutte contre le FN

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    6. N'oubliez pas sur quel blog nous sommes : pour Laurent, le FN est le mal absolu placé heureusement sous un plafond de verre incassable et c'est tout.

      Sancelrien

      P.S : Ne m'en veuillez pas, Laurent ; ce n'est que de la taquinerie.

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    7. Ca me fait penser à cette manif "jour de colere". Il y'avait quelques antisémites dans le lot alors les pro-systemes se sont jetés sur l'occasion pour décrédibiliser cette manifestation en la qualifiant "d’extrémiste".

      Alors que dans les manifs moins dangereuses pour le système comme les "bonnets rouges" on s'empresse de signaler le caractère extrêmement minoritaire des extrémistes.
      Pour l'Ukraine aussi aucun grand media français ne parle de la présence des neonazis de Svoboda dans l'opposition pro U.E. Si il y en avait, ne serait ce qu'un seul dans un parti hors UMPS je vous raconte pas la repression de Valls...

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    8. En dehors de son hors sujet, Jard manipule sans scrupules les idées et les mots de Jacques Sapir et il ajoute, l'air de rien, le mot de "tolérance", qui ne se trouve nulle part dans son article.
      Voilà ce qu'a Jacques Sapir a réellement écrit sur son blog :

      1.Le Front National n’a pas le monopole de position anti-Euro,
      2.Il faut ensuite ajouter que le fait que Marine le Pen ait adopté cette position ne lui retire en rien sa pertinence,
      3.Sur le fond, peu m’importe de savoir qui reprend nos positions. Aujourd’hui, l’Euro est la principale cause de misère et de mort en Europe

      Bref, Jacques Sapir appelle celles et ceux qui se divisent, qui sont sectaires à se rassembler pour lutter contre l'euro et, plus largement, contre la politique de l'UE. Ni plus, ni moins.

      Pour ce qui concerne le Front national, la question soulevée par Jard est de savoir si le Front national a besoin de la caution d'intellectuels reconnus pour légitimer son existence ou si ce parti est capable de convaincre les Français par la seule force de ses arguments.

      Demos

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  2. Effectivement l'heure est grave, et sortir de l'euro ferait tellement de bien à l'économie que ça vaut sans doute le coup (cout?) de mettre le FN au manette quelques temps. Si la sortie de l'euro est conforme aux prévisions des économistes, le gain d'emploi (1.5M minimum) sera suffisant pour mettre de l'air dans les comptes et engager les réformes de fond nécessaire (toute réforme étant un investissement, elles ne sont pas possible dans le cadre d'une politique de rigueur en plein marasme économique).

    Il ne faut pas perdre de vue que c'est la médiocrité et l'enfermement idéologique profond des politiciens de l'UMPS (et même du FdG, Mélanchon n'arrive pas à avoir un discours clair sur l'euro et le protectionnisme) qui a abouti à cette situation. C'est lamentable, mais ils ont sans doute besoin d'un bon choc psychologique pour les réveiller d'une part, et faire dégager toute une génération de guignols incapables de faire autre chose que des beaux discours à la télé.

    Voir ou revoir le pathétique débat entre Todd, Lemaire et MLP permet de comprendre l'océan qui sépare les hommes politiques classiques d'une pensée réfléchi, s'appuyant sur des connaissances réelles, et non pas sur des postures. Quelle rigolade quand Lemaire considère que les français peuvent vivre, travailler et produire comme des allemands. On va tous vendre de BMW et des machines outils, tient à se demander pourquoi les allemands ne vendent pas du pinard, des réacteurs nucléaires et des produits de luxe histoire de nous la mettre bien profond, vu que c'est si facile de faire fi des traditions, de l'appareil industriel, de l'image et de la culture nationale.

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  3. Je suis d'accord avec un-ci-toyen quand il dit que c'est le consommateur qui paie tout cela.

    Mais pas quand il dit que le patronat ne joue qu'un rôle d'intermédiaire, de caisse enregistreuse. Ou alors c'est une caisse enregistreuse géante en or massif plaquée diamants.

    Dans une chaîne d'intermédiaires il y en a presque toujours un qui est placé au bon endroit pour extraire la valeur à son profit. C'était beaucoup moins grave à l'époque où les taux marginaux d'imposition atteignaient 80 %, permettant à l'état de limiter les dégâts et de redistribuer des revenus aux plus nécessiteux.

    Et les riches n'étaient pas à plaindre loin de là, même à cette époque.

    Ivan

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    1. Ecrire que le patronat joue le rôle d'un "intermédiaire", d'une "caisse enregistreuse" est aussi vrai que d'écrire que Mme Liliane B. reverse ses plus-values aux petites sœurs des pauvres. Vous noterez d'ailleurs que nos caissiers du CAC 40 ont bonne mine et sont grassement payés pour tenir leur caisse.

      Demos

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  4. L'actionnariat ne serait qu'une gentille caisse enregistreuse qui repartit les flux financiers et l'Etat un trou noir ou l'argent des impots se perdent ? Le monde à l'envers...
    Même si l'Etat se met à acheter des Ford pour la police et verse la plupart de ses interêts à l’étranger, les capitaux sont tellement mondialisés que verser de l'argent à l'Etat reste une meilleure garantie que cet argent reste en grande majorité dans l’économie réelle du pays.

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  5. @ Jard et Red 2

    Je suis bien d’accord avec Alain34, je trouve votre interprétation des propos de Sapir assez exagéré. Il ne dit pas non plus qu’il faut le défendre ou s’allier. Et il y a un contexte : cela vient après un long développement de questions / réponses sur l’euro pour répondre à la dernière question, qui est que c’est la position du FN et il prend la peine de rappeler que le FN est loin d’être le seul à avoir cette position.

    Dire que toutes les forces seront nécessaires est logique. Mieux vaut qu’il y ait un maximum de partis qui défendent cette position. Après, il n’appelle pas à une alliance.

    @ Alain34

    Assez d’accord.

    @ Sancelrien

    Rendez-vous fin mai.

    @ TeoNeo

    Pas faux

    @ Démos

    Bon résumé

    @ Karg se

    Pas d’accord. De toutes les façons, je ne crois pas qu’il puisse y arriver, et de loin.

    @ Ivan

    Bien d’accord

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