vendredi 4 avril 2014

Où loger le ministre du commerce extérieur ? (billet invité)


Billet invité de Jean-Louis Porry


Un des premiers couacs du gouvernement "resserré et professionnel" de Manuel Valls porte sur la tutelle du commerce extérieur, réclamée par Laurent Fabius au titre de la "diplomatie économique".
Avant de revendiquer ce nouveau domaine, il serait souhaitable que le Quai d'Orsay fasse ses preuves et que nos ambassadeurs cessent de se considérer prioritairement comme des attachés culturels chargés d'organiser des événements artistiques et ne se limitent pas, dans le secteur économique, à se manifester quand un patron du CAC 40 visite leur pays de résidence pour négocier un "grand contrat" ou pour préparer une délocalisation.

De façon plus générale, on peut s'interroger sur l'utilité d'un ministre du commerce extérieur, dans la mesure où notre souveraineté en matière de négociations commerciales a été abandonnée à Bruxelles avec des effets désastreux, résultant du libre-échangisme dogmatique de la Commission et des pressions des lobbys :
·       conclusion à tout va d'accords de libre-échange déséquilibrés, hier avec la Corée qui peut inonder notre marché de ses voitures, alors que son marché reste fermé ; demain avec les USA qui ouvrira l'Europe aux viandes aux hormones et aux OGM.
·       refus d'appliquer des mesures de rétorsion aux pays qui opposent des obstacles non-tarifaires à nos produits ou pratiquent le dumping pour s'assurer le monopole d'un secteur (à 28, il y a toujours quelqu'un qui ne veut pas faire de peine au pays-tiers en cause, cf. les panneaux solaires chinois).
·       impossibilité pour le gouvernement français de négocier sérieusement avec les pays-tiers pour y faciliter l'accès de nos produits, dans la mesure où la contrepartie -l'accès à notre marché- est du seul ressort de la Commission qui ne songe qu'à ouvrir le marché européen. L'argument selon lequel on serait plus fort sur la scène internationale en étant groupés a largement démontré sa vacuité, dans ce domaine comme dans les autres.

Si François Hollande et Manuel Valls souhaitent vraiment réduire le format du gouvernement, ils devraient s'interroger sur la nécessité de maintenir un tel poste d'utilité douteuse.

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