dimanche 16 novembre 2014

Hausse du dollar et conséquences


Depuis quelques années, le dollar reprend des couleurs, après avoir atteint un point bas peu après la crise. La relative bonne forme économique des Etats-Unis, la fin du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed et la baisse du pétrole accélèrent une hausse qui n’est pas anecdotique.



Un mouvement structurel

La hausse du dollar devrait sans doute se poursuivre. En effet, de puissants facteurs l’expliquent. D’abord, la fin du programme de rachat d’actifs de la banque centrale étasunienne alors même que la BCE et la Banque du Japon semblent vouloir accélérer le leur, va limiter la croissance de l’offre de dollar alors même que l’offre d’euro et de yen va augmenter, poussant à la hausse le prix du premier. Et, même si elle n’est pas sans grandes limites, la croissance semble solide outre-Atlantique, alors que l’Europe n’échappe pas à sa torpeur et que les pays émergents semblent moins prometteurs. Du coup, les investisseurs sont attirés par les placements en dollar.



Bien sûr, on pourra répliquer que cela est contradictoire avec la persistance du déficit commercial de Washington. Mais d’abord, il est moins important qu’il y a quelques années, du fait, entre autres, de l’exploitation des gaz et pétrole de schistes, qui a eu aussi pour effet de diminuer le coût de l’énergie et donc attirer des industries fortement consommatrices. Certes, il est vrai que cela pourrait contribuer à augmenter à moyen terme le déficit en poussant les délocalisations, mais les Etats-Unis le tolèrent depuis longtemps, d’autant plus que ce déficit vient en bonne partie de l’achat de produits fabriqués à l’étranger par des entreprises étasuniennes, ce qui fait relativiser.

Les conséquences d’un dollar plus cher

En outre, quand on se réfère à l’histoire, on constate que les périodes d’appréciation du dollar n’ont pas spécialement pesé sur la croissance du pays, la première moitié des années 1980 débouchant au contraire sur un renforcement de la puissance des Etats-Unis. Idem, la hausse de la deuxième moitié des années 1990 a coïncidé avec une très bonne conjoncture économique, une forte croissance et une forte baisse du taux de chômage. Il faut noter que ces phases ont été accompagnées d’une bulle des actifs qui a débouché sur une crise boursière forte, L’appréciation du dollar n’est donc sans doute pas annonciatrice de lendemains qui chantent à moyen terme.

Mais à court terme, la hausse du billet vert peut apporter un petit bol d’air à la conjoncture maussade de l’Europe, du Japon et des pays émergents. En effet, la plus grande richesse relative des Etats-Unis peut leur permettre d’importer plus et donc de soutenir les économies des autres pays, d’autant plus que les prix des importations diminuent relativement. Beaucoup d’économistes voient un lien entre la forte croissance de l’Europe à la fin des années 1990 et la force  d’alors du dollar (l’euro étant alors tombé à un peu plus de 0,8 dollar !). Bien sûr, cela n’enlève rien aux problèmes posés par l’anarchie économique. Cela peut même les accentuer à terme. Mais cette hausse du dollar pourrait apporter un léger euphorisant temporaire.

La conjoncture économique actuelle pousse fermement le dollar à la hausse, qui devrait continuer à s’apprécier dans les prochains mois, voir les prochaines années. Si cela nous apporte quelques bénéfices, il ne faudra pas oublier que cela peut être porteur de graves déséquilibres.

2 commentaires:

  1. Pour l'instant, nous sommes encore loin des 0.8 $ pour un euro.

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  2. @ Moi

    Bien sûr, mais les mouvements sont lents. Et il est possible que le mouvement actuel n'atteigne pas le même niveau que le précédent.

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