mardi 10 avril 2018

Réforme de la constitution : entre terre brûlée et gadgets d’oligarques

Baisse de 30% du nombre de parlementaires, dose de 15% de proportionnelle aux législatives de 2022 : la majorité ne prend pas trop de risques, avec des idées plutôt populaires. Mais, après le changement des règles aux élections européennes, elle change aussi un peu trop souvent les règles en sa faveur, comme un vulgaire régime autocratique ou une démocratie bien malade.


Des règles sur mesure… pour la majorité de Macron

Que dirait cette même majorité si certains pays changeaient les règles électorales ? Bien sûr, la baisse du nombre de parlementaire et l’introduction d’une dose de proportionnelle peuvent paraître assez anodins, voir même être de bonnes idées, le moyen de faire des économies et d’améliorer la représentativité de nos représentants. Cela emprunte sans vergogne le discours austéritaire qui sévit dans le public et le privé. Mais au global, ces idées sont néfastes. Car la réduction de près de 50% le nombre de circonscriptions va surtout permettre à la majorité en place de rebattre les cartes à sa guise : comment croire une seconde que le dessin des nouvelles circonscriptions sera équitable ?

En outre, cette division par deux du nombre d’élus en circonscription va éloigner les élus de leurs électeurs puisqu’ils devront couvrir un territoire deux fois plus grand, et qui aura été redessiné, cassant les liens créés avec le temps, faute à un bougisme intéressé. LREM, à l’implantation récente, et au nombre limité de figures établies y gagnera d’autant plus qu’elle va envoyer à la retraite certains élus bien implantés. Bref, difficile de ne pas voir gros comme le nez au milieu de la figure que cette réforme sert avant tout les intérêts de la majorité, trop intéressée par la réforme. Et n’est-il pas étrange d’avoir deux classes de députés, ceux qui auront une circonscription, et les autres, les hiérarques ?

Bref, ici encore, LREM ne pense qu’à ses intérêts, sans jamais se soucier de ceux des Français ou du bon fonctionnement de la démocratie. Mais est-ce vraiment surprenant après la réforme du mode de scrutin et du temps de parole pour les élections européennes. Si les listes nationales ont probablement plus de sens, elles servent aussi un parti sans implantation locale forte, ce qui entretient le procès en juge et partie… Pire encore, Marianne révélait il y a quelques mois une subtilité révoltante apportée aux règles de temps de parole, qui va augmenter celui de LREM de plus de 100%, tout en pénalisant celui des autres partis, et qui a même été critiqué par le Conseil d’Etat, sans réaction de la majorité.


Bref, les pratiques démocratiques de Macron sont proprement détestables. Depuis qu’il est au pouvoir, il ne cesse de changer les règles de notre démocratie, toujours en faveur de ses troupes, comme un vulgaire dirigeant autocrate. Et dire qu’il ne cesse de se donner en exemple. A nous de nous en souvenir et de le sanctionner lors de toutes ces élections qu’il aura biaisées en sa faveur…

7 commentaires:

  1. Il faut néanmoins reconnaître que tous les pouvoirs ont toujours découpé les circonscriptions à leur avantage et adopté le mode de scrutin qui leur semblait le plus favorable à leurs intérêts.

    RépondreSupprimer
  2. Il ne fait qu'affirmer et renforcer la constitution de 58.

    RépondreSupprimer
  3. Toute l'économie mondiale n'est qu'une bulle de dette.

    La dette mondiale vient d'atteindre la somme de 237 000 milliards de dollars (192 000 milliards d'euros). Record historique battu.

    Malheureusement, les bulles ne peuvent jamais gonfler jusqu'au ciel.

    Préparez-vous au grand « Plop ! »

    La dette mondiale atteint de nouveaux records.

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0301544450403-la-dette-mondiale-atteint-de-nouveaux-records-2167916.php

    RépondreSupprimer
  4. Je suis moins inquiet que LH : les tripatouillages électoraux existent depuis toujours et ont toujours échoué. Je vais citer cet excellent propos de Gaël Brustier dans Slate: "Il faut rappeler quelques réalités. Le peuple, l’électorat, ne répond pas à des suites de «manipulations», il n’est pas le jouet des élites et n’est pas la victime d’une fausse conscience qui lui serait imposée à lui, corps démuni de toute réflexion et de tout jugement autonome. Le peuple n’est jamais, dans une élection, le sujet passif d’une comédie qui serait écrite sans lui. Il n’est pas qu’un public totalement passif qui ne participerait en rien à la définition de l’issue des scrutins. Dans la vie politique, le public est sur scène. Il est acteur, pas seulement figurant.". Alors certes, là où Macron est habile, c'est qu'il va recevoir de la part de "gaullistes" les reproches que Mitterrand faisait au Général. Et donc les mettre en posture contradictoire (surtout que les gaullistes de façade n'ont jamais non plus été avares en tripatouillages électoraux). Mais selon moi cette habileté n'aura aucune influence, en bien comme en mal, sur son futur électoral. Quelques illustrations de cela. Le succès de Sarko 2007 est le produit d'une tendance lourde régalienne de l'opinion. 2012 fut l'instrumentalisation du bulletin Hollande pour faire payer à Sarkozy une désillusion façon 81 en pire. En 2016, avec un Hollande fini depuis longtemps, un Juppé out et un Fillon perçu comme trop Dame de Fer, les "centres" se sont reportés sur Macron. Si les Français souhaitent majoritairement sanctionner Macron, ils trouveront un moyen de le faire.

    JZ

    RépondreSupprimer
  5. Actuellement 577 députés, 348 sénateurs, 925 parlementaires en tout... ça va, réduire tout cela d'un tiers n'est franchement pas une mauvaise chose.

    15% de proportionnelle, c'est clairement du gadget, ça ne changera rien sur le fond, ça créera de la complexité pour rien, et là c'est vraiment prendre le bon peuple pour des couillons.
    Mais ils pourront dire "et encore une promesse tenue !", en se tapotant le gras du bide, satisfaits d'eux-mêmes.

    Soit dit en passant, si on adopte une dose plus ou moins grande de proportionnelle, je ne vois pas comment on fait pour ne pas avoir 2 "classes" de députés comme tu dis Laurent...

    Les tripatouillages de découpages électoraux, tout le monde l'a fait, ça a peut-être servi certains au début, mais le vent tourne rapidement.

    Le changement des règles du temps de parole est très révélateur effectivement, mais bon, de toute façon les gars de LREM, personne ne les entend ou ne les écoute. L'incipidité à l'état pur.

    Et de toute façon, tous ces subtils changements de règle, c'est vraiment de la branlette.
    Dans le cadre actuel, l'Assemblée est une chambre d'enregistrement au carré de décisions qui viennent d'ailleurs :
    - décisions de l'exécutif
    - réglements de l'UE

    Beaucoup de bruit pour rien.

    ***Jacko***

    RépondreSupprimer
  6. http://authueil.fr/post/2018/04/13/La-r%C3%A9forme-des-institutions-va-capoter

    RépondreSupprimer