mercredi 8 août 2018

Hannah Arendt : La crise de l’éducation (billet invité)



Après une pause (salutaire) de presque un an, je reprends les publications sur l’œil de Brutus. Comme je l’annonçais, je m’éloigne du suivi de l’actualité politique dont l’extrême médiocrité a fini par lasser mon goût de l’écriture. Je reprends donc la suite, entamée en septembre 2016, de la recension de l’un des ouvrages majeurs d’Hannah Arendt : La Crise de la culture. Nous avions déjà vu les quatre premiers chapitres : La tradition et l’âge moderne, Le concept d’histoire, Qu’est-ce que l’autorité ? et Qu’est-ce que la liberté ?. Le  cinquième chapitre, sans doute le plus important de l’ouvrage, est consacré à l’éducation. Se basant sur les évolutions de l’éducation dans l’Amérique des années 1950, Hannah Arendt anticipe, avec une clairvoyance impressionnante, l’impact de la rupture avec toutes formes de traditions (sur ce sujet, relire le chapitre 1) sur l’éducation, et surtout sur la déconstruction de l’éducation. Nous sommes en 1961 ; et déjà, Hannah Arendt pressent la dégénérescence de la modernité en une postmodernité (même si elle n’emploie pas le terme) à l’intérieur de  laquelle le règne de l’individu-roi (et par voie de conséquence de l’enfant-roi) atomise tout fonctionnement social et, à contrecourant de ses objectifs proclamés, aboutit à un entremêlement de tyrannies : celle du petit Moi[i], celle de la (supposée) majorité du camp du Bien et celle des minorités agissantes. Cette anticipation est d’une telle actualité vis-à-vis du système éducatif français d’aujourd’hui que je laisse, pour l’essentiel, le lecteur avec des citations intégrales, généralement peu commentées.

Aux Etats-Unis, terre d’immigration, il est évident que l’éducation joue un rôle primordial car « il est clair que c’est seulement par la scolarisation, l’éducation et l’américanisation des enfants d’immigrants que l’on peut tenir cette gageure de fondre les groupes ethniques les plus divers en un seul peuple ». En outre, contrairement à nombre d’idées reçues, le concept d’égalité joue un rôle important dans la vie américaine. Arendt souligne ainsi que l’égalitarisme américain se bat pour effacer la différence entre jeunes et vieux, entre doué et non doués, entra enfants et adultes, entre professeurs et élèves. Et ce nivellement se fait aux dépends de l’autorité du professeur et au détriment des plus doués (page 232). 

« Trois idées de base, qui ne sont que trop connues, permettent d’expliquer schématiquement ces mesures catastrophiques. La première est qu’il existe un monde de l’enfant et une société formée entre les enfants qui sont autonomes et qu’on doit dans la mesure du possible laisser se gouverner eux-mêmes. Le rôle des adultes doit se borner à assister ce gouvernement. C’est le groupe des enfants lui-même qui détient l’autorité qui dit à chacun des enfants ce qu’il doit faire et ne pas faire ; entre autres conséquences, cela crée une situation où l’adulte se trouve désarmé face à l’enfant pris individuellement (…).
Quant à l’enfant dans ce groupe, il est bien entendu dans une situation pire qu’avant, car l’autorité d’un groupe, fût-ce un groupe d’enfants, est toujours beaucoup plus forte et beaucoup plus tyrannique que celle d’un individu, si sévère soit-il. Si l’on se place du point de vue de l’enfant pris individuellement, on voit qu’il n’a pratiquement aucune chance de se révolter ou de faire quelque chose de sa propre initiative. Il ne se trouve plus dans la situation d’une lutte inégale avec quelqu’un qui a, certes, une supériorité absolue sur lui – situation où il peut néanmoins compter sur la solidarité des autres enfants, c’est-à-dire de ses pairs – mais il se trouve bien plutôt dans la situation par définition sans espoir de quelqu’un appartenant à une minorité réduite à une personne face à l’absolue majorité de toutes les autres. Même en l’absence de toute contrainte extérieure, bien peu d’adultes sont capables de supporter une telle situation, et les enfants en sont tout simplement incapables.
Affranchi de l’autorité des adultes, l’enfant n’a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyrannie de la majorité. En tout cas, il en résulte que les enfants ont été pour ainsi dire bannis du monde des adultes. Ils sont soit livrés à eux-mêmes, soit livrés à la tyrannie de leur groupe, contre lequel, du fait de sa supériorité numérique, ils ne peuvent se révolter, avec lequel, étant enfants, ils ne peuvent discuter, et duquel ils ne peuvent s’échapper pour aucun autre monde, car le monde des adultes leur est fermé. Les enfants ont tendance à réagir à cette contrainte soit par le conformisme, soit par la délinquance juvénile, et souvent par un mélange des deux.
La deuxième idée de base à prendre en considération dans la crise présente a trait à l’enseignement. Sous l’influence de la psychologie moderne et des doctrines pragmatiques, la pédagogie est devenue une science de l’enseignement en général, au point de s’affranchir complètement de la matière à enseigner. Est professeur, pensait-on, celui qui est capable d’enseigner … n’importe quoi. Sa formation lui a appris à enseigner et non à maîtriser un sujet particulier. (…) Cela a conduit à négliger complètement la formation des professeurs dans leur propre discipline, surtout dans les écoles secondaires. Puisque le professeur n’a pas besoin de connaître sa propre discipline, il arrive fréquemment qu’il en sait à peine plus que ses élèves. En conséquence, cela ne veut pas seulement dire que les élèves doivent se tirer d’affaire par leurs propres moyens, mais que désormais l’on tarit la source la plus légitime de l’autorité du professeur, qui, quoi qu’on en pense, est encore celui qui en sait le plus et qui est le plus compétent. (…)
(la troisième) idée de base est que l’on ne peut savoir et comprendre ce qu’on a fait soi-même, et sa mise en pratique dans l’éducation est aussi élémentaire qu’évidente : substituer, autant que possible, le faire à l’apprendre. (…) Dans ce processus on s’est surtout efforcé de supprimer autant que possible la distinction entre le travail et le jeu, au profit de ce dernier. On considérait que le jeu est le mode d’expression le plus vivant et la manière la plus appropriée pour l’enfant de se conduire dans le monde, et que c’était la seule forme d’activité qui jaillisse spontanément de son existence d’enfant. (…)
Cette méthode cherche délibérément à maintenir, autant que possible, l’enfant plus âgé au niveau infantile. Ce qui précisément devait préparer l’enfant au monde des adultes, l’habitude acquise peu à peu de travailler au lieu de jouer, est supprimée au profit de l’autonomie du monde de l’enfance. »

Tout au contraire de ce système (dans lequel on reconnaît tous les traits du pédagogisme qui a saccagé notre système éducatif), « l’enfant a besoin d’être tout particulièrement protégé et soigné pour éviter que le monde puisse le détruire. Mais ce monde aussi a besoin d’une protection qui l’empêche d’être dévasté et détruit par la vague des nouveaux venus qui déferle sur lui à chaque nouvelle génération. Puisque l’enfant a besoin d’être protégé contre le monde, sa place traditionnelle est au sein de la famille. C’est là qu’à l’abri de quatre mures, les adultes reviennent chaque jour du monde extérieur et se retranchent dans la sécurité de la vie privée ».
Dans l’autre sens, l’école est là pour permettre à l’enfant de réaliser, progressivement, le cheminement qui l’insèrera au monde. Mais si l’école ne tient pas ce rôle, « il est clair qu’en essayant d’instaurer un monde propre aux enfants, l’éducation moderne détruit les conditions nécessaires de leur développement et de leur croissance. (…) Normalement, c’est à l’école que l’enfant fait sa première entrée dans le monde. Or, l’école n’est en aucune façon le monde, et ne doit pas se donner pour tel ; c’est plutôt l’institution qui s’intercale entre le monde et le domaine privé que constitue le foyer pour permettre la transition entre la famille et le monde ». Aussi, « les jeunes sont introduits par les adultes dans un monde en perpétuel changement. Qui refuse d’assumer cette responsabilité du monde ne devrait ni avoir d’enfant, ni avoir le droit de prendre part à leur éducation. Dans le cas de l’éducation, la responsabilité du monde prend la forme de l’autorité ». Or, « on ne veut plus demander à personne de prendre ni confier à personne aucune responsabilité, car, partout où a existé une véritable autorité, elle était liée à la responsabilité, elle était liée à la responsabilité de la marche du monde. Si l’on retire l’autorité de la vie politique et publique, cela peut vouloir dire que la responsabilité de la marche du monde est demandée à chacun. Mais, cela peut aussi vouloir dire qu’on est en train de désavouer, consciemment ou non, les exigences du monde et son besoin d’ordre, on est en train de rejeter toute responsabilité pour le monde : celle de donner des ordres, comme celle d’y obéir. (…) L’autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut que signifier une chose : que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants ».

Il s’agit donc de défendre une forme de « conservatisme (qui), pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation ». A contrario, souligne Arendt, en politique, le conservatisme qui vise à maintenir le statu quo dans un monde qui, quoi qu’il arrive, est en perpétuel mouvement, est une impasse[ii]. Toutefois, la nécessité de se raccrocher au conservatisme pour perpétuer l’éducation se heurte à l’abandon de la tradition et au rejet de de tout ce qui rattache au passé. Nous sommes donc à l’exact opposé du principe de l’éducation antique dans laquelle, selon Polybe, il s’agissait de « vous faire voir que vous êtes tout à fait digne de vos ancêtres ». L’autorité de l’éducateur s’inscrivait alors dans l’autorité de la transmission de ce qui nous rattache au passé afin de permettre à l’enfant de s’insérer progressivement dans l’évolution du monde. C’est ainsi que « le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants ce qu’est le monde, et non pas leur inculquer l’art de vivre. (…) C’est également avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais les préparer d’avance à la tâche de renouveler un monde commun ».



[ii] Mais l’on assimilerait davantage cela à une politique réactionnaire qu’à un conservatisme.

13 commentaires:

  1. En France avec la réforme de la carte scolaire entamée en 2007 après l'élection de N.Sarkozy (mais rassurons-nous S. Royal était sur la même longueur d'ondes), l'autonomie développée pour les directeurs de lycées puis de collèges, la réforme des universités auxquels s'ajoutent un égalitarisme appliqué sur des critères parfois obscurs ou inavouables (ou pas appliqué d'ailleurs), qu'obtient-on ?
    Une sélection des enfants des classes ouvrière et moyennes à qui le système scolaire public et républicain doit s'adresser en particulier. Réorientation mal ficelée mais sur lesquelles les parents ne peuvent plus revenir, barrage à l'entrée de certaines universités, filières abandonnées ou maintenues de façon totalement artificielles, publicité quasi mensongère sur une majorité de filière professionnelle etc...etc...
    Quelle tristesse
    MP

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas faux ce que vous dites. On voudrait privatiser l'école en jetant les classes moyennes dans les bras d'établissements privés (car populaires....pas sûres qu'elles puissent assurer un financement purement privé sur leurs propres deniers)qu'on ne s'y prendrait pas autrement !
      Ma fille a vécu l'expérience de l'assouplissement de la carte scolaire et de l'autonomie donnée aux directeurs dans son ancien lycée de grande banlieue (pas de problèmes graves, un lycée pas mal mais on n'était pas non plus à Henri IV)! Elève tournant en seconde à 13.5-14/20 de moyenne générale (13/20 au bac c'est la mention assez bien !). Elle demande à aller en 1ère ES (éco-sociale) car elle voulait intégrer après le bac un institut supérieur de formation aux métiers du para-juridiques (qui lors des portes ouvertes lui avait bien expliqué qu'ils ne prenaient que des bacs généraux en particulier filière littéraire et ES pas nécessairement S et que si elle passait un bac techno' type STG la mention était obligatoire). Bah non...son lycée pouvant faire venir des élèves d'autres établissements avec des moyennes plus florissantes et souhaitant booster sa réputation avec des classes mieux pourvues en option en particulier en langues (type russe et portugais) et en informatique, ma fille s'est retrouvée avec un dossier caviardé par ses professeurs tout ça pour qu'elle dégage en fin de seconde générale en lycée pro' pour laisser sa place à un(e) élève mieux coté(e) en terme de moyenne (coté est le terme que nous a sorti la conseillère d'orientation). Lycée pro' filière assistante de direction, filière poubelle dans un établissement qui accueille des élèves à qui il faut absolument donner un bac. Mon mari et moi avons eu beau protester rien à faire. Évidemment les autres lycées ne voulaient pas de ma fille. Vu le dossier avec la phraséologie des professeurs, d'autres passaient avant elle et largement. Nous avons fini par la mettre dans une vulgaire boîte à bac' à Paris (pas loin de mon travail, je suis responsable de gestion dans un cabinet d'experts comptables). Cette petite plaisanterie m'a coûté sur 2 ans 4500 euros (hors frais de pass navigo et de repas) pour que ma fille se retrouve avec un bac ES mention...BIEN 15.25/20 de moyenne générale au bac'!!!! Et alors le choix des options pas très développées pour sa 1ère et sa terminale ! Elle a pu faire son institut. Elle en est sortie avec une double licence pro' études notariales/rédacteur juridique ! A la rentrée elle commence un master I en alternance - management des organisations option juriste d'entreprise !
      Mais où va l'école et la formation républicaine qui ont fait la réputation et l'honneur de la France !

      Supprimer
    2. J'ai eu des problèmes similaires avec mon fils aîné. Pour lui, la problématique s'est posée dans un autre sens voire le sens inverse. Il a voulu après la 3ème partie en filière professionnelle "négociation -relation - clientèle" ex-force de vente. Dès la 4ème nous l'avons accompagné dans ses recherches. Il avait trouvé 2 établissements privés sous contrat avec l'Etat et financé par le secteur (apprentissage - subventions etc...). Ce qui fait que la scolarité n'était pas excessif et les 2 établissements bénéficiaient d'un pensionnat et de conventions avec des particuliers pour des locations de chambres "chez l'habitant". Les 2 établissement sont sélectifs : dossier, entretien et tests. Durant ses années collèges, il se défendait plutôt pas mal. Quand il a annoncé qu'il voulait partir en filière pro' il était devenu "champion du monde" auprès des professeurs et le directeur. UN élève avec un bon dossier dont ils allaient pouvoir présenter la candidature à u des lycées professionnels du département. Sauf que ledit lycée déjà à mon époque et celle de mon mari était très, très mal vu car mauvaise réputation sur tous les plans. Cela n'avait pas changé et les parents continuaient à le fuir si possible. Quand l'équipe enseignante et le directeur ont su que mon fils postulait sur 2 établissements dans 2 départements différents privé sous contrat, subventionné par des entreprises du secteur, sélectif, ils lui ont fait la misère. Du jour au lendemain, ses bulletins comportaient des appréciations très passables voire bizarres sans aucun lien avec les moyennes. Mon fils se prenait des réflexions régulièrement par certains de ses professeurs. La CPE l'a convoquée 2 fois pour discuter de ses candidatures en lui disant "tu n'as pas le niveau. Tes résultats sont en chute libre. Tu ne te rends pas compte la sélection ultra-sévère des 2 écoles que tu as choisies. Le lycée professionnel du département travaille aussi avec des entreprises. Même si tes parents peuvent te payer une école privée tu ne pourras pas y rentrer à cause du niveau des tests etc...". Sans compter qu'elle avait pris la peine et surtout la liberté de téléphoner aux 2 établissements où mon fils voulaient postuler. Si bien qu'à la 3ème convocation de la CPE avec le professeur principal nous avons dû intervenir auprès du directeur en le menaçant de plaintes. Il a réfléchi surtout il a repris le dossier de mon fils et a effectivement constaté que les professeurs et la CPE allaient un peu loin. Et le mot "plainte" l'a fait reculer !

      Supprimer
    3. .../... suite

      Les 2 établissements professionnels où mon fils avait postulé nous ont expliqué qu'ils avaient l'habitude de ce genre de problèmes et que le dossier n'était pris en compte que pour peu car il y avait des élèves comme mon fils qui arrivait avec des dossiers plombés (quand ils ne les recevaient pas). Or, les élèves avaient largement le niveau. Mais carte scolaire oblige, il faut favoriser le(s) lycée(s) professionnel(s) public(s) du département (alors que dans le même temps les lycées pratiquent de la sélection). Sans compter cette marotte qui court et a largement gagné les professeurs : allez hop ! élève dans la moyenne en lycée professionnel. Ne garder que les excellents éléments. Une sélection qui ne dit pas son nom. Mon fils a été pris dans son établissement de 1er choix et le second l'avait mis sur liste d'attente. Il a eu son brevet du collège avec mention bien. Ce qui a conforté le choix de l'établissement de retenir sa candidature. Après le bac, il a continué ses études en alternance (BTS - licence professionnelle et master I et II). En septembre, il commence son 1er travail en CDI après avoir décroché son master II en juin. Il entame en parallèle un master II - parcours recherche - à distance dès octobre. En fait, les professeurs de son collège et le directeur n'acceptaient pas que des élèves comme mon fils puissent aller voir ailleurs et décider de l'établissement professionnel où ils voulaient partir étudier. Bah oui...il faut un quota d'élèves de plus en plus nombreux en filière professionnelle pour libérer les lycées généraux et technologiques pour ne garder que les meilleurs ! Les lycées pro' pour leur part sont trop heureux de récupérer des élèves qui torunent à 12-13-14/20 de moyenne générale. Ca les change ! Or qui pâtit d'une telle vision ? Les élèves qui sont dans cette fameuse moyenne nationale. Jusqu'à aujourd'hui les parents peuvent encore agir mais avec les nouvelles mesures prises (les professeurs qui auront de plus en plus un droit de regard sur l'orientation, le nouveau système post-bac, l'assouplissement acquise de la carte scolaire, l'autonomie des collèges après celle des lycées etc...), ils auront moins de poids et cela va faire des dégâts sauf si les parents peuvent payer ou se saignent aux 4 veines pour gonfler les effectifs des établissements privés. Certains sont largement de meilleure qualité que le secteur public (ce fut le cas pour mon fils, après le BTS il est revenu sur la filière universitaire publique. Parcours normal et classique). Mais combien vont faire leur beurre sans aucune plus-value sur le dos de parents désespérés ?
      Sandrine

      Supprimer
  2. Sur ce plan Hannah Arendt est pas loin des trotskistes de ma jeunesse, qui dénonçaient le remplacement du ministère de l'Instruction Publique par celui de l’Éducation Nationale.

    Ils estimaient que le rôle de l’État était d'instruire les enfants, pas de les éduquer, et que c'était un truc de fasciste de vouloir court-circuiter la famille.

    Ivan

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Ivan pour ce petit rappel ;-)
      Il me rappelle ce ma mère (loin d 'être trotskiste) disait toujours à mes instit' et profs : mes impôts vous payent pour instruire mes gamines, le code civil m'obligent à éduquer mes gamines.
      Aujourd'hui j'ai repris cette litote à mon compte que j'expose aux enseignants de ma progéniture (en des termes plus diplomates et toujours dans le dialogue...mais bon Maman est issue de petit peuple parisien du côté de Belleville, avec sa gouaille, son franc-parler etc...). Et ô surprise ! les enseignants sont tout à fait sur cette longueur d'ondes !
      Bonne journée à vous
      L'Anonyme du Jour

      Supprimer
    2. Gamin(e)s ou gamin.e.s décidément j'ai du mal avec l'écriture inclusive ou je ne sais quoi !

      Supprimer
    3. Il me rappelle ce QUE ma mère ....et en plus j'oublie des mots !
      C'est l'été il fait beau
      ;-)
      L'Anonyme du Jour

      Supprimer
    4. Bonjour l'Anonyme du Jour,

      moi j'ai beau expliqué gentiment et calmement aux enseignants de mon enfant que l'éducation est de mon ressort rien n'y fait. Elles/ils sont investis d'une mission, donnée par le Ministère : l'éducation de nos enfants ! Alors quand je leur dis de se remettre en question sur les thématiques comme la discipline en classe ou l'égalitarisme mal placé appliqué à tous les élèves nivelant par le bas le niveau. Non surtout pas ! les problèmes de discipline : vos enfants sont mal élevés. Le nivellement par le bas : une vue de l'esprit (une m'a même dit que je devais sûrement être ultra-conservatrice avec l'école !).
      Or, l'école que fréquente mon enfant n'est pas du tout une école à problèmes disciplinaires et comportementaux. Ce n'est pas une école classée REP. Les élèves présentant des difficultés sont très bien encadrés par les parents etc...
      Le système marche sur la tête car même les enseignants ne savent plus vraiment où se situer. Ils ne veulent plus être de simples "instructeurs" d'où le rejet (du moins par chez moi) de l'idée qu'ils sont uniquement en charge d'instruire nos enfants et non pas les éduquer. Et dans le même temps, dès qu'ils sont confrontés à un problème, à des élèves hors moule scolaire ou à difficultés, ils ne sont pas là pour éduquer les enfants mais pour les instruire. Alors d'aucuns diront qu'il faut entendre éducation dans un sens plus large que celui donné par le code civil et les us et coutumes qui prédominaient dans la société jusqu'il y a peu. Et que l'éducation se partage entre différents corps. Oui sûrement ! dans le même temps les parents font valoir, à tort ou raison, leur rôle de parents et la tâche essentielle qui leur incombent : l'éducation de leurs enfants. Ce qui est opposable aux enseignants les mettant dans une position inconfortable car finalement les parents ayant légalement la charge de l'éducation de leurs enfants si l'EN prône l'éducation des enfants et non plus l'instruction eh bien les parents ont toute légitimité de regarder ce qui se fait. Dilemme toujours dilemme pour le corps enseignant !
      Enfin, lorsqu'un(e) enseignant(e) se plaint de la mauvaise éducation de nos enfants et du comportement des parents vis-à-vis du corps enseignant et professoral je réplique toujours : j'espère que vous-même en tant que parent vous vous incluez ainsi que vos enfants dans ce que vous dénoncez. Généralement...un ange passe ! Car les enseignants sont aussi des parents qui réagissent comme des parents et peut-être encore plus car ils sont au coeur du système en voient les bienfaits mais aussi les dérives. Peut-on leur en vouloir quand nous mêmes réagissons, à tort ou à raison, souvent en opposition à l'école ?
      Bon WE
      Sylvie

      Supprimer
  3. Je fais partie des opposants au pédagogisme et donc rejoins en partie ce texte. Le pédagogisme est à l'enseignement ce que la publicité et l'emballage sont à un produit : la forme devient plus importante que le fond. Il est évident qu'il faut remettre le savoir à l'honneur et liquider toutes les lubies et le jargon des pédagogistes, qui cachent leur médiocrité et leur faible niveau académique derrière une bouillie pseudo-scientifique.

    En revanche, je ne me reconnais pas du tout dans le conservatisme d'Arendt. Opposer enfants et adultes n'a que peu de sens, si on oublie toute la transition : l'adolescence. J'ai toujours traité les lycéens en jeunes étudiants et en jeunes citoyens. Mais, à un moment, vous dites bien qu'il ne faut pas infantiliser les élèves les plus âgés.

    L'éducation est intrinsèquement conservatrice : déjà, je n'adhère pas. Ensuite, je ne suis pas là pour "éduquer" mais pour expliquer la tectonique des plaques et la biologie évolutive, de Darwin à nos jours. Et, éventuellement, pour éveiller le sens de la citoyenneté (je suis effectivement engagé dans cette optique, notamment auprès des Conseils de Vie Lycéenne). On donne des connaissances aux étudiants, après ils font CE QU'ILS VEULENT de ces connaissances.

    Je suis donc à la fois antipédago (syndiqué au SNALC) et anti-vconservateurs, anti-SOS-éducation, anti maison d'éducation de la légion d'honneur, anti uniforme à l'école et autres fantasmes bourgeois qui sont dans l'orientation du ministère actuel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce partage de point de vue. En tant qu'enseignante (anglais en BTS) je m'y retrouve plus tôt pas mal.
      " Et, éventuellement, pour éveiller le sens de la citoyenneté ". Je suis plus dans le fait que je donne des clés qui ouvre des portes vers la citoyenneté car je pense que d'autres canaux y conduisent aussi : la famille, l'entreprise, les activités associatives, le sport etc...

      Supprimer
    2. 1) Est-ce que "éveiller le sens de la citoyenneté" n'est pas déjà participer à l'éducation ?

      De même, faire intervenir des préférences politiques (opposition au conservatisme, à la maison de la légion d'honneur, etc) semble a priori plutôt se rattacher à l'éducation qu'à l'instruction.

      2) Par ailleurs, je pense que vous vous trompez sur ce que dit Arendt sur le conservatisme. Voici un extrait un peu plus long de son texte :

      http://www.hansen-love.com/article-toute-education-est-conservatrice-hannah-arendt-121564319.html

      qui, il me semble, n'est pas très éloigné de votre phrase "on donne des connaissances aux étudiants, après ils font CE QU'ILS VEULENT de ces connaissances" (même si elle parle d'éducation et pas de connaissances).

      Pour Arendt, l'éducation doit être conservatrice (au sens où elle l'entend) justement pour que les "éduqués" puissent décider librement de la manière de continuer le monde. Donc c'est assez proche de votre phrase, semble-t-il.

      Supprimer
  4. Les porteuses de burka ressemblent-elles à des boites aux lettres ?

    https://www.telegraph.co.uk/politics/2018/08/10/no-wonder-tory-establishment-attacking-boris-johnson-leadership/

    La chasse au Boris Johnson est ouverte, en tout cas.

    Parmi les (déjà plus de 500) commentaires, celui-ci :

    "In a time of crisis (will happen periodically), will a predominantly monoculture pull together better or worse than a multicultured one?

    Just a thought, worth considering I think."

    RépondreSupprimer