dimanche 23 janvier 2022

Macron : le président détestable

Bien sûr, tout ou presque a déjà été dit ou écrit au sujet des déclarations fracassantes du président aux lecteurs du Parisien, qui a donc « très envie d’emmerder les non vaccinés jusqu’au bout », ainsi que d’être candidat. Sa déclaration, soigneusement orchestrée, jusqu’à la ligne de défense de ses troupes, et le fait qu’il l’assume quelques jours après, n’en est pas moins un révélateur particulièrement puissant du caractère totalement détestable de cette présidence, qui dépasse encore les précédentes.

 


Faute politique, mais aussi erreur tactique

 

Ses vœux bien tièdes n’avaient pas imprimés à force d’être creux, ne permettant pas au président de reprendre la maîtrise de l’agenda politique, alors que l’explosion du nombre de cas plaçait l’exécutif face à une partie de ses contradictions. Il est très clair qu’il s’agissait d’un coup de communication, aussi cynique que machiavélique, une forme de « trumpisme des élites » pour reprendre le terme bien vu d’Arnaud Benedetti, qui a parfaitement décrypté la manœuvre de l’Elysée. Le but de Macron était multiple : dominer l’actualité politique par une déclaration choc, et, comme l’a remarquablement pointé Vincent Trémolet de Villers dans un bel éditorial, à lire, du Figaro, et tenter abusivement de faire porter la responsabilité de la crise actuelle sur les non vaccinés, pour s’en exonérer, tout en mettant en difficulté Valérie Pécresse, par une stratégie de bouc-émissaire classique des extrémistes et des régimes totalitaires.

 

Avec 90% de vaccinés, dont une partie qui incrimine agressivement les non vaccinés, jusqu’à suggérer qu’ils ne soient plus soignés, que leurs soins ne soient plus pris en charge, ou même qu’ils ne touchent plus d’allocations-chômage, comme a osé le suggérer Christian Estrosi, ce discours peut paraître gagnant, d’autant plus que la majorité des grands médias soutient ce narratif, en présentant la réalité d’une manière pas moins biaisée que certains antivax. D’où le discours de Jean Castex qui affirme que les non vaccinés occuperaient l’essentiel des places de réanimations pour incriminer, s’appuyant parfois sur des staistiques extrêmement parcellaires, parfois d’un seul hôpital. Pourtant, comme l’a montré le Figaro, les données globales, si elles confirment que la vaccination permet une forte réduction des cas graves, sont moins caricaturales, avec 43% des hospitalisations, 55% des entrées en réa et 40% des décès.

 

Mais si l’outrance a le mérite, tout trumpien, de créer un effet de souffle sur l’actualité, pas sûr que le calcul présidentiel ait été le bon. D’abord, comme la plupart des commentateurs l’ont souligné, cela était totalement contradictoire avec sa très longue interview de décembre où il faisait une forme de mea culpa de ses propos chocs du passé. A quoi bon dire ce qu’il a dit en décembre pour retomber dans ses travers trois semaines après seulement ? Cette contradiction pose un triple problème. D’abord, elle ancre jusqu’au 10 avril l’image d’un président agressif et irrespectueux à l’égard des Français. Ensuite, elle souligne ses contradictions et son manque de sincérité, qui sont la réalité de son « en même temps », comme le montre sa sortie sur la citoyenneté, alors même qu’il refusait de la dénier à des terroristes !

 

Enfin, cela pointe son caractère assez détestable, comme s’il était un enfant mal éduqué incapable de se maitriser, alors que la représentation est tout de même un élément majeur de la fonction qu’il occupe. Cela est d’autant plus le cas, comme quelques uns l’ont souligné, que Macron parle de son « envie », tout autant d’emmerder certains Français qui respectent pourtant la loi, que d’être candidat. Le mot a son importance et renvoie à une vision finalement bien puérile des choses. Il aurait pu dire que sa stratégie consistait à faire peser les contraintes sur les non vaccinés et qu’il continuerait sur cette ligne. Le terme envie, par-delà son caractère puéril renvoit à quelque chose qui n’est pas rationnel, une forme de pari politique qui consiste à faire des non vaccinés les bouc-émissaires commodes de la crise sanitaire. Idem sur sa candidature : parler d’envie est assez aterrant et montre le manque de hauteur du personnage.

 

D’ailleurs, des enquêtes d’opinion indiquent que son pari ne sera pas forcément gagnant en vue du 24 avril. S’il y a 20% des Français qui sont d’accord sur le fond et la forme, solidifiant probablement son socle du premier tour, en revanche, les sondages montrent un rejet très majoritaire de la forme, et jusqu’à 50% en désaccord sur le fond et la forme (selon un sondage de  Marianne), refusant tout autant la forme indigne de la fonction, que le fond des mesure de discrimination des non vaccinés. Pour les Echos, seuls 19% ne les trouvaient pas du tout choquants, et 57% les trouvaient choquants, dont 35% très. Et si une enquête du Figaro pointait un accord majoritaire sur le fond, elle pointait aussi que 59% des Français trouvaient le président brutal, et 65% qu’un président ne devrait pas dire cela. D’ailleurs, sa popularité globale a reculé dans la plupart des enquêtes réalisées après son coup de communication.

 

Tout le discours de la majorité s’est révélé détestable à cette occasion. Tenter d’amoindrir l’importance du mot « emmerder » en faisant un parallèle avec Pompidou était totalement ridicule, et montre à nouveau que la macronie prend les Français pour des imbéciles et n’hésite jamais à tenter de faire passer des vessies pour des lanternes. D’une part il s’agit d’un propos public, revu et validé par le président dans le cadre d’un entretien bien calibré, de l’autre d’un propos privé. D’une part un président qui veut « emmerder » certains Français, de l’autre un qui souhaitait ne pas le faire... Cette ligne de défense est aussi indigente que malhonnête et rend cette majorité encore plus détestable. Et que dire de la gestion de la crise sanitaire d’un Macron qui a supprimé plus de 17 000 lits d’hôpitaux depuis 2017, et qui n’a révélé qu’une propension aux monstruosités bureaucratiques pour compenser ses retards opérationnels.

 

En outre, en parlant de la sorte, Macron s’est créé un sparadrap du capitaine Haddock, le terme étant même repris aujourd’hui par Edouard Philippe à son égard… En parlant de la sorte, s’il a pu consolider sa position auprès du bloc élitaire, qui devrait le porter au second tour, il pourrait bien avoir contribué à souder une majorité prête à vouloir l’emmerder le soir du 24 avril, quelque soit son opposant…

20 commentaires:

  1. "D’où le discours de Jean Castex qui affirme que les non vaccinés occuperaient l’essentiel des places de réanimations pour incriminer, s’appuyant parfois sur des staistiques extrêmement parcellaires, parfois d’un seul hôpital. Pourtant, comme l’a montré le Figaro, les données globales, si elles confirment que la vaccination permet une forte réduction des cas graves, sont moins caricaturales, avec 43% des hospitalisations, 55% des entrées en réa et 40% des décès."

    Laurent, êtes-vous bien conscients qu'en écrivant cela comme ça, vous alimentez les délires de certains qui relativisent l'intérêt de la vaccination ?

    De toute évidence, Castex s'est pris les pieds dans le tapis en choisissant mal ses mots pour exprimer la réalité. Mais il n'a rien caricaturé :

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/01/04/covid-19-la-majorite-des-patients-en-reanimation-sont-bien-non-vaccines_6108190_4355770.html

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @ Anonyme

      Je dis tout de même que la vaccination permet une forte réduction des cas graves, ce qui ne risque pas d’alimenter le point de vue des opposants à la vaccination. Ce n’est pas dire la vérité sur l’hospitalisations qui nourrit leur discours, c’est au contraire le travestissement de la réalité par Castex & Co qui créé pas illégitimement des doutes à l’égard du discours officiel.

      Supprimer
  2. Je n'apprécie pas du tout Macron qui est un petit merdeux un peu habile, mais la vaccination est indispensable pour limiter les dégâts.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Is it though? Africa, the least vaccinated continent, has far less cases and deaths.I am not an anti vaxer but there needs to be proper analysis of this - the agenda now appears to be driven by the massive rewards for the big pharmaceuticals and reluctance of our leaders to admit to any other viewpoint.

      Supprimer
    2. Mais oui bien sûr. D'ailleurs en France nous n'appliquons pas les protocoles africains de lutte contre le paludisme. C'est bien la preuve que nos dirigeants sont manipulés par Big Pharma et n'acceptent pas un autre point de vue.

      Supprimer
    3. @ Unknow :

      L’objectif du gouvernement est de dé-saturer les hôpitaux. Il y a deux ans, il a eu recours au confinement. Aujourd’hui, il parie sur la vaccination. A ce stade, les chiffres lui donnent raison, car un non vacciné a beaucoup plus de chances de se retrouver à l’hôpital qu’un vacciné, dans des proportions telles qu’on a du mal à comprendre qu’on puisse encore avoir des doutes sur le rapport bénéfice / risques de cette solution, puisque les hommes et les femmes de métier nous ont démontré qu’elle était sure.

      C’est difficile à admettre pour ceux qui détestent ce gouvernement et ses manières, mais c’est la réalité.

      L’expérience africaine est très intéressante, elle pose question, et vous avez bien raison de la soulever. Il y a énormément de facteurs qui peuvent expliquer ces différences : le climat, la culture, l'économie, la façon dont les gens vivent, se déplacent, interagissent, en intérieur ou en extérieur, etc ... Si vous avez une réponse, il serait bon de la documenter. Sinon, vous allez passer pour un troll.

      Supprimer
    4. Et une population plus jeune, donc moins immunodéprimée ça vous dit quelque chose ? Un climat plus doux qui permet d'aérer en permanence un logement et de vivre en extérieur, ça vous parle ou bien ? Ces comparaisons entre pays très différents n'ont aucun sens scientifique.

      Supprimer
  3. L'Espagne avait vacciné quasiment toute sa population âgé en juin 2021 sans avoir recours au passe dit sanitaire, comme quoi la contrainte n'est pas nécessaire dans une démocratie. De plus en fin d'année, certaines régions espagnoles ont instauré le passe et la comparaison des résultats sanitaires entre les régions ne démontre pas un effet positif du passe.

    L'instauration du passe en France a accéléré la vaccination de la population jeune, qui attendait depuis 6 mois et en rappelant que les délais entre les doses changeait beaucoup et qu'il fallait faire les 2 doses au même endroit (pendant les vacances d'été). Donc la vaccination a été accélérée par les mêmes qui venaient de la faire ralentir.

    Par contre quel a été l'effet du "passe" sur les personnes habitants dans les déserts médicaux et/ou n'utilisant pas internet? Un étude récente est sortie où voit que 40% des non vaccinés sont dans ce cas et pas du tout parce qu'ils seraient contre les vaccins. Qui pense que les récentes déclarations du méprisant vont convaincre des personnes non vaccinés? Le "passe" est politique depuis le départ et sert seulement à hystériser le débat. Pendant ce temps-là on ne parle pas de la ruine d'EDF et notre "ministre de l'économie" qui brûle 8 milliard pour sauver les voleurs d'électricité (ou vendeurs alternatifs d'électricité - les dits vendeurs ne produisant pas un Joule d'énergie mais seulement des factures).
    John

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'expérience espagnole ne montre pas que la contrainte n'est pas nécessaire dans une démocratie. Elle montre seulement qu'elle n'est pas nécessaire en Espagne.

      https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/l-espagne-le-pays-ou-le-pass-sanitaire-ne-fait-pas-debat-et-qui-vaccine-a-toute-allure-890500.html

      Supprimer
  4. Dans la semaine du du 10 au 16 janvier 2022, les non vaccinés représentent 93% des nouvelles entrées en soins critiques (14 fois plus que les vaccinés avec dose de rappel, toutes choses égales par ailleurs).

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/05/05/coronavirus-age-mortalite-departements-pays-suivez-l-evolution-de-l-epidemie-en-cartes-et-graphiques_6038751_4355770.html

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En voilà un qui ne comprend rien aux statistiques. Les non vaccinés ont 14 fois plus de probabilité d'entrer en soins critiques, mais comme ils sont beaucoup moins nombreux, ils représentent sans moins de la moitié des entrées.

      Supprimer
    2. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans "toutes choses égales par ailleurs" ?

      Supprimer
    3. Factuellement, les non vaccinés ne représentent pas 93% des entrées en soins critiques. C'est une Infox qui montre bien le mode de fonctionnement des gens comme vous, qui ne valent pas mieux que Trump.

      Supprimer
    4. Tronquer une citation pour lui donner le sens que vous voulez est une belle leçon de sagesse, en effet.

      Supprimer
  5. Tronquer une citation pour lui donner le sens que vous voulez est une belle leçon de sagesse, en effet.

    RépondreSupprimer
  6. 성인웹툰 very great information same stuff as this great website

    RépondreSupprimer
  7. 먹튀검증 very nice post, i actually enjoyed this web site, carry on it


    RépondreSupprimer
  8. Bien sur, l'encombrement des hôpitaux par les non-injectés ne serait pas arrivé si le sbire de l'enfant roi véreux n'avait pas empêché les soignants de soigner avec des médicaments archi connus et reconnus. Ils ont même interdit la vitamide D, c'est super dangereux la vitamine D, tout le monde le sait. L'injection d'un produit dont personne ne connais le contenu et en phase de test est préférable, même pour les femmes enceintes, le quoi ? Principe de précaution ? Voyons, pour quoi faire quand les cobayes ne demandent que cela...
    Les injectés n'auront qu'a voir ce qui arrive aux singes soumis...

    RépondreSupprimer