dimanche 5 mars 2023

Emplois non pourvus : l’autre arnaque de Macron sur l’emploi

Avec la complicité de média complaisants et superficiels, le discours de l’exécutif sur l’emploi sature l’espace : le chômage serait au plus bas depuis 15 ou 40 ans, et le plein emploi serait proche. Le problème serait plutôt les emplois non pourvus... Outre le fait d’être mensonger sur les statistiques du chômage, ce discours l’est aussi sur les emplois non pourvus, pour qui va au-delà des cas particuliers. Le chômage de masse reste très important et infirme l’agenda de casse sociale du Medef et Macron.

 


Besoins surévalués et mal compris face à un chômage minoré

 

Bien sûr, il existe vraiment des entreprises qui ont du mal à recruter, dans de nombreux domaines. Certains métiers manuels notamment, pas toujours mal rémunérés, manquent simplement de personnes formées. Mais les arbres de cette réalité ne doivent pas cacher la forêt des déséquilibres du marché du travail. D’abord, le nombre d’emplois non pourvus (372 000 selon les dernières estimations de la DARES) est finalement très faible par rapport au nombre d’emplois créés dans l’année (5,1 millions de CDI) : à peine 7,3%, moins d’un mois de nouveaux contrats ! Sachant que sont comptés dans les emplois non pourvus toutes les offres d’emploi, et qu’il y a un délai entre la parution des annonces et le fait de trouver et faire signer le bon candidat, la majeure partie des dits emplois non pourvus sont juste des annonces qui seront prochainement comblées, en aucun cas le stock d’emplois en souffrance depuis longtemps.

 

Et d’ailleurs, c’est bien ce qu’explique la DARES : 21% des emplois dits vacants sont encore occupés et vont se libérer, et un gros quart sont des postes nouvellement créés. En clair, seulement 50% des emplois dits vacants, soit moins de deux cent mille, sont des emplois inoccupés, pour la plupart occupés récemment mais qui ne le sont plus. Cela correspond à seulement 4% des CDI signés sur une année et moins de 4% du total des demandeurs d’emplois… Bien sûr, il y a des hôtels et des restaurants qui ont besoin de saisonniers dans les stations de ski ou sur la côte en été, ou des exploitants agricoles qui ont aussi besoin de saisonniers pour les récoltes. Mais il faut souligner que ces emplois sont souvent à durée limitée, mal payés, et peuvent se situer dans des zones où il y a moins de chômage.

 

Un restaurateur de la Côte Basque ou la Côte d’Azur peut manquer de serveurs en saison, mais s’y loger à relative proximité est alos souvent hors de prix et ne justifie pas une installation à plein temps…Le problème ici, ce sont aussi les attentes de certaines entreprises, qui, avec l’uberisation, s’attendent à pouvoir disposer de salariés jetables et à bon marché, et font tout un cinéma quant elles n’y arrivent pas. Bien sûr, certaines petites entreprises peuvent être contraintes et ont peu de marges de manœuvre pour payer plus cher leurs salariés, mais cela reflète les déséquilibres globaux de notre économie. C’est parce que les classes moyennes sont appauvries qu’il y a une pression à la baisse sur certains prix, qui se transmet aux salaires du secteur, d’autant plus que dans d’autres secteurs certains oligopoles peuvent monter leurs prix en toute impunité, imposant la course au discount salarial dans les autres secteurs.

 

Et cette pénurie d’emplois, temporaires ou pas, mal payés est exploitée politiquement pour pousser un agenda de casse sociale. C’est ce que Paul Krugman dénonçait dans son livre de 2012, quand il opposait à ceux qui tenaient ce discours le fait que McDonald’s avait reçu pas moins d’un million de candidatures pour les cinquante mille postes proposés aux Etats-Unis. Dans un étrange parallèle avec la situation française actuelle, il dénonçait alors une sous-estimation chronique du taux de chômage. Encore un coup des statistiques bidon du BIT ? Les partisans de l’agenda du Medef ne reculent devant aucun mensonge pour pousser leurs idées, tel Dominique Seux, le chroniqueur qui devrait faire honte à France Inter, qui avançait faussement que les difficultés de recrutement étaient particulièrement elevées en France.

 

Ce sont ces discours, malheureusement trop rarement remis en perspective et contredits, qui justifient tout le programme de casse sociale de la macronie depuis une dizaine d’années. C’est bien parce que le marché du travail est faussement présenté comme en tension, que ceux qui nous gouvernent ont pu s’attaquer aux allocations chômage, en réduisant leur montant, les critères d’éligibilité, puis la durée. Le prétexte que cela inciterait les chômeurs à retrouver un emploi est juste mensonger, comme le démontre Olivier Bouba-Olga et est fondamentalement choquant alors que plus d’un quart des chômeurs éligibles ne touchent rien et 75% touchent moins que le SMIC… Pour couronner le tout, c’est ce qui justifie une immigration de travail alors même qu’il y a toujours plus de 5 millions de demandeurs d’emploi…

 

Mensonges sur le niveau du chômage, mensonges sur les emplois dits non pourvus. Le problème est que tout cela permet de favoriser la déconstruction des droits sociaux, notamment des plus vulnérables. Voilà pourquoi il est critique de décrypter tous les faux arguments avancés par ce gouvernement d’escrocs.

2 commentaires:

  1. Le projet oligarchique, chaque jour, se révèle un peu plus.
    Mensonges pour manipuler la population par le peur et bientôt dressage de la jeunesse par la junte en perspective !

    RépondreSupprimer
  2. 1) L'éducation nationale continue de dévaloriser TOUS les métiers de production, surtout manuels ....
    2) Pendant les 30 glorieuses, les entreprises formaient elles même les apprentis: ils étaient parfaitement adaptés aux besoins.
    Dans les IUT (par exemple) la formation donnait le priorité au réel et non pas aux théories .....
    -

    RépondreSupprimer