Même une partie des défenseurs habituels de l’UE a exprimé sa sidération face à l’accord signé par Ursula von der Leyen avec Donald Trump. Il faut dire que c’est une reddition en rase campagne : l’UE cède à toutes les demandes des USA. L’alliance européenne ne nous a donné aucune prise dans la négociation, affaiblissant notre main, au lieu de nous aider à peser. Voilà qui en dit long sur l’UE.
L’échec du plus dénominateur commun
Bien sûr, une poignée d’irréductibles défend l’accord, sur l’air « on ne pouvait pas obtenir mieux, et c’est mieux que si c’était pire ». Rexecode a embrayé sur la tribune de Bernard Arnault, qui semble être un recadrage des journalistes des Échos, qui avaient traité l’accord sous un angle parfois peu glorieux. France 2 a fait le service minimum dans ses journaux, y consacrant à peine 2 minutes le 28 juillet à 13 heures, et poussant à 4 minutes le soir, avant de carrément oublier le sujet (pourtant principale actualité économique) le 29 à 13 heures. Mais c’est le traitement sous l’angle de l’impact micro-économique pour des entreprises bien choisies (champagne, cosmétique, Guy Degrenne) qui pose problème. Malgré tout, les trois semblent pouvoir digérer la hausse des droits de douane, et sont satisfaites de sortir de l’incertitude. Ce faisant, France 2 évacue toute considération macroéconomique ou politique… L’UE approuve ce message…
Même les macronistes sont bien plus critiques. Bien sûr, leur discours est souvent mensonger, entre un ministre qui évoque un meilleur accord que celui de la Grande Bretagne (qui a pourtant obtenu des droits de 10% au lieu de 15%), et le président osant annoncer que ce n’est pas la fin de l’histoire. Dans la réalité, cet accord est une véritable débâcle. Et même si certains détails qui ne sont pas tranchés le sont dans un bon sens, la conclusion restera la même : une reddition en rase campagne. L’UE accepte une remontée à 15% des droits de douane des USA (contre 4,8% avant) sur de nombreux produits, même s’il y a des exceptions importantes, comme l’aéronautique, comme le souhaitait Boeing, sans remonter ses droits de douane en rétorsion. Ursula von der Leyen évoque 600 milliards de nouveaux investissements européens aux USA et 750 milliards d’achat d’hydrocarbures en 3 ans, 3 fois le rythme actuel…
Bref, Donald Trump obtient un succès sur toute la ligne. Toutes ses revendications sont acceptées (même si les détails modèreront sans doute ce succès). Louis Vuitton, soucieux de son image outre-Atlantique, a déjà annoncé un deuxième atelier aux USA (le premier avait été inauguré sous le premier mandat Trump). Et comme le dollar a perdu plus de 10% par rapport à l’euro depuis le début de l’année, outre les recettes fiscales venues des douanes, le choc de prix devrait permettre aux USA de rééquilibrer en partie leur commerce extérieur avec l’UE, très largement déficitaire. Mais la question qui se pose, c’est de savoir si une telle issue était inévitable. Bien sûr, les rares défenseurs de l’UE l’avancent, mais c’est surtout l’argument de ceux qui privilégient leurs affaires, que ce soit le monde des entreprises, ou les pays dont les excédents étaient si élevés qu’ils étaient prêts à tous les compromis pour éviter un conflit.
Pourtant, l’UE aurait théoriquement pu aborder cette négociation sur un quasi pied d’égalité avec les USA. Car l’excédent massif sur les biens des pays européens est en grande partie équilibré par l’excédent massif des USA sur les services avec les pays européens. Bref, nous pouvions répliquer œil pour œil dent pour dent et obtenir un accord équilibré. Le problème est que la diversité des situations commerciales des pays européens avec les USA a créé des positions très différentes dans la négociation, l’Allemagne, l’Italie et l’Europe de l’Est étant prêts à un accord à tout prix, même s’ils y perdent, et même si certains (comme la France) voient leurs échanges globaux (biens et services) avec les USA encore plus déséquilibrés. En somme, l’addition des intérêts nationaux créé une position de faiblesse structurelle avec les USA, sans doute d’autant plus quand la présidente de la commission est allemande, nos voisins n’ayant pas de pudeur de gazelle à défendre leurs intérêts nationaux, au contraire des élites françaises.
Mais ce faisant, ce nouvel épisode pose à nouveau la question du caractère profondément nocif de l’UE. Incapable de nous protéger de la crise financière venue d’outre-Atlantique en 2008, elle nous en a rendu plus difficile la sortie, avec la crise de la zone euro. Pendant la crise Covid, ses lenteurs ont paralysé notre approvisionnement et la relance économique a été très limitée. Elle nous impose une politique monétaire rigoriste à contre temps. Et aujourd’hui, sur sa compétence clé, elle se révèle incapable de défendre nos intérêts. Bref, il est vraiment temps de sortir de cette construction mortifère.
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