Bien sûr, ce
n’est pas une découverte, mais en l’espace d’une semaine et de trois articles, le Monde s’est transformé en succursale
de The Economist, développant
sans nuance les arguments des néolibéraux atlantistes, à mille lieues du
journal de gauche de référence qu’il est sensé être.
Apologie
anti-sociale
Il y a une
dizaine de jours, j’avais sursauté en lisant un papier du Monde affirmant que « la
Société Générale dégraisse ses effectifs ». J’avais alors
interpellé le journal sur les réseaux sociaux, sans provoquer la moindre
réaction. Pourtant, l’emploi du terme « dégraisser » n’est pas neutre. Par delà le fait de reprendre
le vocabulaire des néolibéraux les plus durs, il est profondément
anti-humaniste de l’employer car cela dit que des salariés sont de la mauvaise
graisse. Qu’Alain Madelin ou Denis Kessler l’utilisent, soit, mais qu’un
journal qui se dit de gauche le fasse montre à quel point sa pensée n’est pas
claire. Les mots ont un sens, comme
le montre Eric Hazan, et ceux-ci ne devraient pas utilisés ici.
Il faut
également lire cet éditorial assez hallucinant « le
malheur du sud ne fera pas notre bonheur » dont on ne sait à qui
il s’adresse, personne n’ayant, me-semble-t-il, développé une telle théorie. En
fait, cela revient à prévenir ceux qui se réjouiraient du ralentissement de la
croissance des pays émergents « qui
nous ont méthodiquement dépouillé de nos industries et de nos emplois depuis
décennies » qu’ils ne doivent pas trop se réjouir, en clair que cela
va continuer ! Passons sur l’admission que la mondialisation
est une calamité pour notre économie, il ressort de ce papier d’un
caricatural monstre une
forme de haine de soi et de glorification de l’autre systématique et sans la
moindre nuance.
BHL, sort
de cette plume !