samedi 1 octobre 2011

Le Bundestag prolonge la vie de l’euro


C’était prévisible : le parlement Allemand a très largement voté en faveur des modifications des dispositions du FESF décidées au printemps dernier, malgré l’augmentation substantielle de la caution allemande. Une décision qui va prolonger la vie de la monnaie unique.

Hypocrisies européennes

Le Figaro d’hier titrait « Le feu vert de l’Allemagne pour sauver la Grèce » : voici une présentation des faits audacieuse. Comme beaucoup d’économistes et votre serviteur le répètent depuis longtemps, ce n’est pas la Grèce qui est sauvée mais beaucoup plus ses créanciers. Il est tout de même culotté d’appeler « sauvetage de la Grèce » une politique qui va faire entrer le pays dans sa 4ème année de récession, provoquant une saignée sociale et une baisse de 15% de son PIB.

Ensuite, si on ne peut dénier le fait de parler de l’Allemagne quand on évoque le vote du Parlement, il faut nuancer. Certes, plus de 520 députés ont voté pour (et seulement 80 contre), avec le soutien des socio-démocrates et des verts. Néanmoins, comme le souligne les Echos, la proportion est inversée au sein de la population puisque 75% des Allemands s’opposaient à ces modifications et 19% les soutenaient, 80% s’opposant même à toute aide à destination de la Grèce.

Mais cet épisode aura au moins permis de révéler au grand public les mécanismes du FESF, que j’avais en partie déflorés cet été. En effet, pour prêter 440 milliards, le Fonds dispose d’une garantie des Etats de 780 milliards (60 milliards de versement, le reste en garantie). Les Etats ont donc été contraints d’avaler une augmentation de leur caution, qui est passée de 120 à 165% au printemps dernier. L’Allemagne voit donc sa garantie passer à plus de 200 milliards d’euros…

L’impasse européenne se prolonge

En fait, cet épisode révèle deux choses. Tout d’abord, l’Allemagne n’est pas prête à prendre la décision qui provoquera la mort de la monnaie unique. Il faudra soit le départ volontaire de la Grèce (suivant le modèle de l’Argentine) lassée par la potion amère qu’on lui demande d’avaler, soit la décision unilatérale d’un autre pays (Espagne, Italie ou France). En effet, il est tout de même difficile d’être celui qui sifflera la fin de cette expérimentation hasardeuse qu’est la monnaie unique.

En revanche, comme le montrent le récent arrêt de la cour de Karlsruhe et le refus déterminé de Berlin d’émettre des euro obligations ou d’augmenter les moyens du FESF, l’Allemagne met une limite à sa contribution financière au système. Après tout, 200 milliards, 8% du PIB (dont on ne sait pas s’ils seront perdus) peut paraître un prix raisonnable pour bénéficier d’une large zone avec laquelle le pays encaisse plus de 100 milliards d’excédents… tous les ans.

Bref, aujourd’hui, le coût de maintien de la zone euro est raisonnable par rapport à ses bénéfices. Ce serait une autre histoire s’il fallait aider l’Espagne et l’Italie, ce qui a imposé à la BCE de racheter les dettes souveraines de ces pays cet été en absence d’autre solution. Bref, si la spéculation reprend sur la dette de ces pays (ce qu’elle fait sur l’Italie), l’Europe sera de nouveau dans une impasse, qui ne pourra être temporairement résolue que par l’action de la BCE sur les marchés.

Mais cela ne peut pas durer : la BCE ne va pas racheter toute la dette italienne et espagnole. Et surtout, le vieux continent a besoin de croissance et plus encore de politiques monétaires adaptées à des réalités nationales trop disparates, et donc d’un retour aux monnaies nationales.

1 commentaire:

  1. Il y a surtout (et c'est là, entre autres, que l'Allemagne a beaucoup de responsabilités dans la crise actuelle), un double discours :
    - D'un côté "Oh, nous sommes obligés de nous sacrifier pour sauver les pays inconscients et dépensiers, regardez tous les efforts que nous consentons pour vous au terme de mélodrames politiques et institutionnels, on devrait presque partir de l'euro car ça nous coûte trop cher et nous, nous sommes les bons élèves"
    - De l'autre "L'euro est formidable, l'Europe aussi, mais il faut que tout le monde (surtout vous) fassiez des efforts"


    Ca permet à l'Allemagne de se donner le beau rôle tout en faisant un chantage à mots couverts. Le seul parti de gouvernement allemand qui veut réellement la sortie de la zone euro, pour la Grèce ou pour l'Allemagne, c'est le Parti Libéral. Mais il est très affaibli, n'a pas réellement la voix au chapitre et ne survivra pas aux prochaines élections. Ni le CDU, ni le SPD ne sont pour une sortie de la zone euro, même si ça peut valoriser l'égo d'un dirigeant de croire qu'il est indispensable à tout un continent. C'est comme le PS et l'UMP en France.

    RépondreSupprimer