lundi 31 octobre 2011

Qui a vu les 1000 milliards du FESF ?


Mercredi dernier, Angela Merkel annonçait que l’Allemagne ne donnerait pas un mark, pardon, un euro de plus en garantie pour le fonds européen. Pourtant, surprise, jeudi matin est annoncée une augmentation drastique des moyens du FESF. Une annonce qui reste bien mystérieuse.

Un serpent de mer

Cela fait des mois que les dirigeants européens et les éditorialistes se posent la question d’une hausse des moyens du FESF. En effet, les 250 milliards d’euros qui restent après les plans grecs, irlandais et portugais paraissent bien légers si jamais il fallait participer au refinancement des dettes publiques espagnole et italienne (respectivement 700 et 1900 milliards d’euros). Pour l’instant, la question a été résolue par la BCE qui rachète ces dettes sur le marché secondaire.

En effet, la Banque Centrale Européenne, qui avait déjà pris en pension plus de 70 milliards d’euros de dettes souveraines au premier semestre, est passée à la vitesse supérieure depuis le mois d’août puisque son encours a augmenté de plus de 100 milliards. Certes, nous sommes loin des 1500 milliards de la Fed, mais, en l’absence d’autres solutions, c’est le seul moyen pour essayer de contenir la montée des taux longs espagnol et italien et éviter un défaut.

Mais l’Allemagne et la BCE sont relativement hostiles à cette forme de monétisation qu’elles voient comme un encouragement aux pays laxistes. L’ancien président de la Bundesbank, Axel Weber, a refusé le poste de Jean-Claude Trichet car il ne pouvait pas cautionner une telle politique. De même, Berlin et Francfort ont refusé l’idée française qui consistait à faire financer le FESF par la BCE pour démultiplier ses moyens et lui permettre de refinancer les créanciers des pays du Sud.

Le tour de magie du sommet européen

Mais avec la hausse des taux longs italien et espagnol, les dirigeants européens voulaient faire une annonce spectaculaire. C’est ainsi qu’ils ont avancé un quadruplement des moyens du FESF, qui passerait de 250 à 1000 milliards d’euros. Pourtant, l’Allemagne a bien annoncé la veille qu’elle ne donnerait pas un centime de garantie supplémentaire et il n’est prévu aucun engagement étatique additionnel. Le miracle viendrait d’un financement par des pays extérieurs à la zone euro.

Dire qu’il y a vingt ans, on nous avait vendu l’euro comme un moyen de rendre l’Europe plus puissante ! Cette monnaie dysfonctionnelle nous contraint aujourd’hui à faire la manche auprès des pays émergents pour refinancer notre dette. Il est tout de même incroyable que le Brésil soit prêt à nous aider à boucler nos fins de mois. Et comme le souligne bien Yann, les dirigeants européens semblent prêts à vendre l’Europe pour sauver l’euro. En outre, le soutien de la Chine à l’euro est suspect.

Mais pire, il est totalement naïf d’imaginer des aides sans garantie : la Chine vient d’ors et déjà d’annoncer qu’il lui faudra des contreparties en échange de son soutien, que Nicolas Dupont-Aignan a bien dénoncé. Certains évoquent un soutien à son entrée dans l’OMC mais elle n’en restera pas forcément là. Dans un papier saignant, le Point a démonté ce « vrai-faux sauvetage de la zone euro », parlant de « pare-feu fictif » ou « d’objectif dont les moyens d’y parvenir ne sont pas définis ».

De manière significative, Nicolas Sarkozy n’a pas répondu jeudi à la question posée sur l’augmentation des moyens du FESF. Il est proprement hallucinant que notre gouvernement et son président aient la légèreté de faire une telle annonce alors que rien ne semble bouclé sur la question.

Vous pouvez désormais retrouver une synthèse des arguments contre la monnaie unique sous la forme d’une vidéo réalisée par le site Enquête et Débats, un espace de liberté et de réflexion bienvenu, qui a besoin de soutien.

11 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec vous.
    Une fois de plus la France s'est incliné devant les revendications allemandes. Enfin on commence à avoir l'habitude avec Nicolas Sarkozy ...

    Concernant l'entrée de la Chine au capital de l'Europe, car c'est finalement un peu ça dont il s'agit, j'aime utiliser une petite comparaison certes vulgaire mais bien représentative je trouve : "l'UE est est une prostituée camée qui est contrainte de brader son cul au plus offrant pour se payer sa dose".

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  2. Samedi 29 octobre 2011 :

    Rien ne va plus pour l'Italie. Les investisseurs ne semblent pas croire à un miracle, redoutant semble-t-il que Rome sombre à son tour dans le chaos financier.

    Alors que le pays doit faire face à un endettement colossal, le coût de son financement s'est à nouveau envolé vendredi lors d'une émission obligataire test.

    De plus en plus inquiétant : les taux d'intérêt des titres à échéance 2022 ont dépassé la barre des 6 %, seuil considéré comme dangereux par les analystes.

    Pire encore, un niveau record a été enregistré avec un taux de 6,06 %, contre 5,86 % le 29 septembre, date de la dernière opération de même type.

    Les analystes considèrent la situation d'autant plus préoccupante, estimant qu'un tel niveau ne peut être longtemps soutenable pour l'économie italienne, cette dernière affichant une très faible croissance et le stock de dette demeurant très élevé, s'établissant désormais à 1900 milliards d'euros , soit environ 120 % du PIB. Des chiffres vertigineux qui pourraient effectivement en effrayer plus d'un ...

    Les taux des titres à échéance 2014 ont quant à eux progressé à 4,93 %, contre 4,68 % lors de la précédente émission, ceux des titres à échéance 2019 s'élevant désormais à 5,81 % contre 4,03 %, tandis que ceux des titres à échéance 2017 s'établissaient à 5,59 %, contre 2,33 %.

    http://www.leblogfinance.com/2011/10/italie-les-taux-dinteret-depassent-le-seuil-de-risques.html

    Lundi 31 octobre 2011 :

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 6,148 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Plus les jours passent, plus l'Italie emprunte à des taux de plus en plus exorbitants.

    Plus les jours passent, plus l'Italie se rapproche du défaut de paiement.

    L'Italie sera le quatrième domino à tomber.

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  3. On est bien d'accord les 1000 milliards du FESF sont virtuels comme l'accord du 21 juillet sur le "sauvetage" de la Grèce. Bientôt quand il faudra les avancer pour secourir soit une nouvelle fois la Grèce puis enfin l'Italie puis l'Espagne ce montant sera difficile à mettre en oeuvre puis vite insuffisant d'où un nouveau bricolage comme la semaine dernière. Et bien sûr un appel accru à la tutelle chinoise. Etant donné que depuis 1945 les européens ont toujours eu besoin d'un maître, hier c'était les américains aujourd'hui les chinois!

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  4. Normalement, ces 1000 G€ sont des obligations émises sur le marché par la FESF.. ils n'ont nul besoin d'exister pour le moment ni d'être seulement financés par les Etats (lesquels ne sont "que" (sic) caution). La question "qui a vu...?" me semble sans objet pour le moment.

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  5. Les 250 Mia qui restent seront utilisés pour faire une sorte de CDS garantissant 20% à 25% des nouvelles émissions souveraines, ce qui porte la capacité du FESF à 1000 (ou 1250 Mia) Mia de nominal mais dont seulement 250 Mia seront assurés.

    Le fait d'impliquer des pays tiers va permettre de lever des moyens supplémentaires pour relever ce plafond de 1000 Mia mais le rendement versé sera plus important.

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  6. D'autres économistes analysent l'Euro :

    http://www.liberation.fr/politiques/01012368802-et-si-l-union-monetaire-europeenne-n-etait-pas-une-si-bonne-idee

    http://www.optimum-blog.net/post/2011/10/25/Pour-un-retour-de-la-drachme

    Olaf

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  7. http://www.liberation.fr/politiques/01012368802-et-si-l-union-monetaire-europeenne-n-etait-pas-une-si-bonne-idee

    Ca y'est il commence a sortir de l'oeuf cet Alexandre Delaigue.
    Peut être que dans un an il va decouvrir qu'il faut de la demande pour que les entreprises travaillent.

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  8. Sur asi :
    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4427

    Karine Berger veut des TGV partout, alors que même le patron de la SNCF reconnait qu'il y a trop de TGV et que les usagers des autres trains, majoritaires, en pâtissent.

    Olaf

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  9. @ TeoNeo

    Libération qui publie des papiers qui questionnent l'existence de l'euro : les choses bougent !

    @ Olaf

    Merci pour les liens.

    @ Anonyme

    Oui, j'ai vu une évocation de ce mécanisme. Mais il me semble un peu nébuleux. Qui acceptera de fournir de tels capitaux ? Tant qu'il n'y a pas d'accord avec des créanciers potentiels, tout ceci reste très virtuel.

    @ A-J H

    Tant que les mécanisme ne sont pas clairs, la question n'est pas neutre (cf baisse de la bourse aujourd'hui).

    @ BA

    Merci pour l'info

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  10. La Grèce reprend la main, l'Elysée et les allemands pas contents :
    http://elysee.blog.lemonde.fr/2011/10/31/sarkozy-consterne-par-lannonce-de-referendum-en-grece/

    Les marchés vont avoir des sueurs. Là, on rentre dans des zones mouvementées d'ici Février...

    Olaf

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  11. De toute façon les marchés sont la pour mettre tous le monde d'accord après chaque annonce les bourses montent les petits malins prennent la monnaie (je m'y suis essayé modestement ça fonctionne ) et dégringolade tant que ce système pervers totalement déconnecté des réalités du besoin des entreprises sera en place aucune amélioration possible . in fine le "marché" a besoin de casse c'est son moteur

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